Je vous recommande cet article de Forbes du 28 juin 2012 : « When Innovation Fails » qui se résume ainsi : le chemin vers l’innovation passe par moins de contrôle et plus de chaos.
Il explique qu’on mélange innovation avec amélioration… parce qu’on n’innove pas … tout en pensant réellement innover !! D’où le titre de l’article « Quand l’innovation échoue ».
Il relate une expérience et les trois raisons de l’échec :
1. La nomination des personnes en charge de l’innovation : groupe de travail composé de 15 personnes désignées en raison de leur supposée capacité à innover.
>>> c’est l’inverse du crowdsourcing et du principe même du management de l’intelligence collective dans lequel on choisit les personnes en fonction de l’objet et non par avance avant de connaître l’objet.
2. Des cadres seniors majoritaires dans les processus d’innovation donc loin du terrain, des clients, des opérations, … des seniors qui ont beaucoup à perdre d’un changement puisque ce sont eux qui devront le conduire alors que des juniors sont beaucoup plus prêts à relever des défis et à « questionner » l’existant. Pourquoi un senior remettrait-il en cause ce qu’il a contribué à créer et qui a fait sa réussite dans l’organisation ?
>>> Ma citation fétiche : « Ce n’est pas avec ceux qui ont créé des problèmes qu’il faut espérer les résoudre » Einstein
3. La déresponsabilisation du reste de l’organisation : à partir du moment où on désigne des « responsables » pour innover au sein d’un groupe de travail et bien le reste de l’organisation devient passif et attend gentiment les résultats du groupe de travail. Par ailleurs, on envoie aussi le message que certains sont aptes à innover et d’autres non.
>>> Chacun est capable d’apporter une valeur ajoutée intellectuelle dans n’importe quel processus de réflexion collective. C’est une croyance et malheureusement, elle n’est souvent pas partagée par l’élite dirigeante qui va préférer se tourner vers des cadres… seniors. L’innovation est forcément le fruit d’une co-construction collective. Je comprends qu’on se tourne vers 15 seniors plutôt que vers l’intelligence collective. A chacune de mes formations sur les techniques de réflexion collective, j’ai l’impression de montrer la planète Mars alors que ce n’est pas que la planète Terre
L’auteur de l’article propose ensuite 3 conseils pour créer plus de chaos :
1) Faire appel à des volontaires
>>> Oui, c’est mieux mais… c’est largement insuffisant. L’innovation est l’affaire de tous et non uniquement des volontaires. Laissez ça au « bon vouloir », cela veut dire qu’on peut s’en remettre à un groupe de travail. Il se contredit par rapport à son constat numéro 1 ! La seule différence, c’est qu’ils sont volontaires au lieu d’être désignés. Pour moi, ce n’est pas une « grosse » différence…
2) Encourager la prise de risque
>>> Oui… mais ce genre de conseil relève du management incantatoire et gesticulatoire… C’est une transformation en soi de l’organisation et non un simple conseil qu’on peut lancer à ses collaborateurs. Par ailleurs, dans un processus de co-construction, à partir d’un certain seuil spatio-temporel dans le processus de réflexion collective, la volonté de co-créer est plus forte que les calculs de gestion de carrière (à condition de constituer les groupes d’une façon adéquate).
3) Faire des brainstorming
>>> De nombreux articles montrent les limites du brainstorming même si cela reste une méthode utile. Par ailleurs, il s’agit d’une technique de créativité et non d’innovation. Cela ne peut pas faire de mal mais c’est très insuffisant. Ce conseil renvoie à l’innovation participative qui doit, à mon avis, être complétée par un dispositif d’innovation collaborative.
Cela dit, derrière ces conseils « légers », l’auteur nous invite à plus de chaos et moins de contrôle. C’est l’esprit général de l’article que je trouve très intéressant. Si je reprends ma matrice de l’organisation paradoxale, on pense que pour résoudre les problèmes de la logique Ordre, il faut plus d’ordre. Alors, on investit des budgets consulting dans une meilleure organisation de l’ordre (réorganiser, couper des têtes, couper des budgets et réorganiser encore et toujours façon tonneau des Danaïdes). C’est exactement l’inverse qu’il faut faire. Aujourd’hui, il faut se tourner vers le chaos (le créer, le valoriser et l’organiser).
Lire la suite de l’article d’Olivier Zara : http://www.blog.axiopole.info/2012/07/03/innovation-chaos/#more-1330
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