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Saodat Ismaïlova. Double horizon au Fresnoy

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Saodat Ismaïlova développe une œuvre filmique singulière, qui embrasse d’un seul geste l’histoire et le mythe. Elle traverse la grande tradition du cinéma d’observation pour construire un nouveau langage, qui cherche à rendre compte de cultures et de croyances enfouies, rendues invisibles par la table rase du XXe siècle. « Saodat Ismaïlova. Double horizon » est la première exposition consacrée à l’artiste ouzbèke en France, réunissant autour de ses pièces majeures un riche réseau de conversations artistiques au sein de l’Asie Centrale et au-delà.

La recherche visuelle et sonore de Saodat Ismaïlova pénètre des lambeaux d’histoires, des réalités sociales dérobées. Ses œuvres interrogent une mémoire divisée où se superposent les croyances ancestrales et l’empreinte de la domination russe puis soviétique. La sévérité de la condition féminine, le déclin des ressources naturelles, l’énigme persistante du vivant, les pratiques magiques et le désir d’absolu, nouent autant de fils dans son écriture filmique lumineuse, bercée des savoirs ancestraux, souvent invisibles, qui passent aujourd’hui encore d’une génération à l’autre.

L’exposition présente six grandes pièces parmi les plus importantes de l’artiste : Zukhra (2013), The Letters (2014- 2017), Stains of Oxus (2016), Two Horizons (2017), The Haunted (2018) et Chillahona (2022), récemment créée pour la 59e Biennale de Venise, ainsi qu’un espace de laboratoire, où l’on peut découvrir son work in progress.

A partir de cet ensemble, le parcours se ramifie en diverses rencontres artistiques qui accompagnent la pensée d’Ismaïlova, réunissant des œuvres majeures de Chingiz Aidarov, Vyacheslav Akhunov, Andrius Arutiunian, Maja Bajevic, Joseph Beuys, Mona Hatoum, Babur Ismailov, Gulnara Kasmalieva, Rustam Khalfin, Sergey Maslov, Henri Michaux, Deimantas Narkevicius, Sara Ouhaddou, Zineb Sedira, Fiona Tan, Yelena et Viktor Vorobyev. Certaines sont visibles pour la première fois en Europe.

Saodat Ismailova, Two Horizons, Installation, 2017, Production Le Fresnoy – Studio national

Née à Tashent en 1981, Saodat Ismaïlova se forme en études cinématographiques et télévisuelles à l’Institut national des Arts de Tachkent, lieu de transmission de l’héritage russe sous l’ère soviétique. L’exploration des diverses cultures qui façonnent l’Asie Centrale est au cœur de sa pratique dès ses premiers courts-métrages réalisés au milieu des années 2000.

Elle porte une attention particulière aux pratiques rituelles de la musique et de la danse, ainsi qu’aux transformations du paysage par l’exploitation intensive et l’industrie lourde tout au long du XXe siècle. Son œuvre intègre peu à peu des objets, fruits de recherches de terrain sur les traditions vernaculaires qui ont survécu à la domination soviétique. En 2013, elle représente l’Asie Centrale à la Biennale de Venise avec une pièce vidéo, Zukhra, s’intéressant aux mythes qui entourent la planète Vénus. L’artiste trouve là le premier nœud d’une conjonction de l’intime, des mythes collectifs et de la macro-histoire. L’œuvre semble ausculter l’inconscient onirique d’une jeune fille assoupie : elle témoigne d’une étude des récits de rêves qu’Ismaïlova a collecté auprès des communautés rurales.

En 2018, l’artiste est diplômée du Fresnoy – Studio national où elle crée deux installations à projections multiples : Stains of Oxus (2016) dresse un portrait du fleuve Amou-Darya, qui traverse l’Asie Centrale du Pamir à la Mer d’Aral, tandis que Two horizons (2017) relie la station spatiale russe de Baikonur aux premiers shamans qui vivaient autrefois sur le même site.

La série de photographies The Letters (2014-2017) puis le film The Haunted (2018), récemment entrés dans la collection du Centre Pompidou, élaborent subtilement l’idée d’une mémoire chiffrée que l’extinction menace, entre le palimpseste linguistique constant de l’Asie Centrale et l’image totémique du tigre de la Caspienne, espèce autrefois sacrée qui n’a pas résisté à l’exploitation intensive des sols. En 2022, l’artiste participe à la Biennale de Venise et à la Documenta de Cassel et reçoit le Eye Prize décerné par le Eye Film Museum, Amsterdam.

Artistes : Saodat Ismaïlova avec Chingiz Aidarov, Vyacheslav Akhunov, Andrius Arutiunian, Maja Bajevic, Joseph Beuys, Muratbek Djumaliev & Gulnara Kasmalieva, Mona Hatoum, Rustam Khalfin, Sergey Maslov, Henri Michaux, Deimantas Narkevicius, Sara Ouhaddou, Fiona Tan, Zineb Sedira, Viktor Vorobyev.

Commissariat : Marcella Lista, conservatrice en chef au Centre Pompidou, Paris, Pascale Pronnier, responsable des programmations artistiques au Fresnoy – Studio national des arts contemporains.

Exposition « Saodat Ismaïlova. Double horizon », du 10 février au 30 avril 2023 – Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains, 22 rue du Fresnoy – 59200 Tourcoing

www.lefresnoy.net

Photo d’en-tête : Saodat Ismailova, Zukhra, 2013, Courtesy of the artist

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