Depuis plusieurs années, les expositions de la Fondation groupe EDF abordent les sujets de société : les fake news, le voyage, la sobriété ou encore notre relation au vivant, avec, en ce moment même, Âmes vertes, quand l’art affronte l’anthropocène à la Friche la Belle de Mai (Marseille). Avec Ce que l’horizon promet, ouverte jusqu’au 28 septembre, elle interroge notre rapport à l’avenir, entre croyance et rationalité, incertitude et maîtrise.
Toujours dans une démarche visant à donner à voir, à penser et à encourager le dialogue, avec l’espoir de nous (é)mouvoir collectivement, la Fondation groupe EDF invite à découvrir Ce que l’horizon promet. Plus qu’une simple projection dans le futur, cette nouvelle exposition nous confronte à des questionnements profondément humains et sans doute universels, suscités par ce temps à venir, inconnu par essence. Ce que l’horizon promet interroge l’avenir, ce « fantôme aux mains vides, qui promet tout et
qui n’a rien ! » (V. Hugo), mettant en lumière notre inclination à le prévoir de manière rationnelle ou à le prédire de façon plus intuitive, voire magique, face aux désirs et aux craintes qu’il éveille.
« Fidèle à sa mission de stimuler la réflexion et l’action face aux grands enjeux d’un monde en transition, la Fondation groupe EDF donne à nouveau la parole à des artistes contemporains. À travers leurs œuvres toujours inspirantes, ils nous rappellent que l’avenir est peut-être, avant tout, ce que nous choisissons d’en faire. Il devient ainsi un formidable terrain d’expression de notre libre arbitre, à la fois individuel et collectif. » plaide Alexandre Perra, Délégué Général de la Fondation groupe EDF.
Pour Samantha Barroero, Commissaire artistique, » L’art contemporain agit à la fois comme un miroir et un prisme, révélant et amplifiant les tensions qui façonnent notre rapport à l’avenir. À la croisée des prévisions rationnelles et des spéculations imaginaires, il explore, déconstruit et recompose notre vision du temps à venir. Les artistes interrogent nos futurs possibles, remettent en question les systèmes de contrôle et d’anticipation qui influencent nos sociétés contemporaines. C’est cette dynamique féconde entre art, science et prospective que l’exposition Ce que l’horizon promet cherche à mettre en lumière. Conçue à partir d’une réflexion collective menée par Nathalie Bazoche, co-commissaire artistique, et Gérald Bronner, sociologue et commissaire scientifique, elle propose un dialogue entre les œuvres et les questionnements issus des sciences humaines, soulignant le caractère visionnaire de certains artistes. Nous avons ainsi sélectionné vingt-sept artistes français et internationaux dont les créations éclairent notre rapport aux prévisions et aux prédictions.
Tantôt critiques, tantôt poétiques, leurs œuvres entrent en résonance avec les travaux de Gérald Bronner. Dans Apocalypse cognitive (2021), ce spécialiste des croyances analyse l’influence des réseaux sociaux sur la prolifération des prédictions spéculatives, qui altèrent, selon lui, notre perception du réel et notre capacité à faire des choix éclairés. Il met en garde contre ce qu’il nomme La démocratie des crédules (2013), où les récits sensationnalistes et les prophéties hasardeuses prennent le pas sur l’analyse rigoureuse des données. Face à ce constat, il plaide pour une éducation renforcée à l’esprit critique, favorisant des anticipations nuancées et rationnelles de l’avenir.
L’exposition s’inscrit dans cette réflexion en explorant comment l’art et la pensée critique peuvent contrer les pièges de la spéculation pour mieux imaginer les futurs possibles. »

Courtesy de l’artiste et de la Galerie Eva Vautier
Photo © François Fernandez – Adagp, Paris, 2025
Parcours de l’exposition
En entrée d’exposition, une expérience interactive invite les visiteurs à livrer leur vision du futur en 2100 et à visualiser au travers d’images générées par une intelligence artificielle leur univers futuriste.
Les informations collectées serviront à une étude sociologique sur la perception de l’avenir par les visiteurs avant qu’ils ne découvrent l’exposition. Ce projet a été conçu par Gérald Bronner, en collaboration avec le département Recherche et Développement d’EDF.
CERTITUDE ET INCERTITUDE
Ce premier chapitre démontre que l’incertitude peut devenir une force mobilisatrice et créative. À travers les œuvres choisies, se dessine un parcours où le visiteur est encouragé à embrasser l’indétermination et à reconsidérer ses propres certitudes. La polarité entre notre quête de certitude et l’acceptation de son contraire représente un
grand dilemme. En confrontant les visiteurs à des œuvres qui interrogent la projection dans un futur incertain ou remettent en cause nos croyances, nous sommes invités à considérer le hasard, l’aléatoire et le doute non plus comme des sources d’anxiété, mais comme des leviers d’action sur notre destin.
Les artistes montrent que l’art, en révélant les failles de la rationalité et de la connaissance, nous aide à identifier des points d’équilibre entre l’ordre et le chaos, la projection et l’acceptation de l’inconnu. Toutes ces œuvres, en somme, nous rappellent que l’incertitude est non seulement inévitable, mais qu’elle permet de créer un espace où l’imagination, l’intuition, voire l’humour, aiguisent notre esprit critique et nous accompagnent dans la découverte de nouvelles façons d’appréhender notre destin.
Les artistes de cette section
Evariste RICHER
Márcia TIBURI, Catarina GUSHIKEN, Fernanda BUENO
BEN
Philippe RAMETTE
Tom BARBAGLI
Christine REBET
Brognon ROLLIN
Gérald PANIGHI
Pierrick SORIN
MAGIE ET SCIENCE
Dans un monde en perpétuelle mutation, se révèlent les tensions entre science, magie et quête de sens. Alors que les technologies de pointe, comme l’intelligence artificielle, promettent des prévisions toujours plus précises, leur abstraction et leur complexité nous confrontent souvent à un vide émotionnel. En réaction, la pensée magique refait surface, intuitive et symbolique, apportant un réconfort face à l’incertitude, mais au prix de biais et de simplifications parfois hasardeuses, voire dangereuses.
Les œuvres interrogent ici cette dualité et révèlent comment la science et la magie s’entrelacent pour créer des récits hybrides, où rigueur méthodologique et intuition poétique se répondent. Elles mettent en évidence la porosité entre ces deux domaines, nous rappelant que notre compréhension du monde repose autant sur la raison et
l’expérimentation que sur notre imagination et notre capacité à rêver l’inconnu.
Les artistes de cette section
Mounir FATMI
Franck SCURTI
Anthony CUDAHY
Pierrick SORIN
Alice GAUTHIER
Morgane TSCHIEMBER
Didier CLAIN
Dorothy IANNONE
William S. BURROUGHS
LIBRE ARBITRE
À l’ère des algorithmes prédictifs, de l’intelligence artificielle et des Big Data, le libre arbitre semble plus que jamais remis en question. Ces technologies, capables d’anticiper nos comportements et de modeler nos choix, suscitent des inquiétudes concernant la perte d’autonomie individuelle. Toutefois, lorsqu’elles sont intégrées dans une dynamique collective et éclairée, elles offrent des opportunités inédites pour enrichir nos prises de décision et imaginer des futurs alternatifs.
Le libre arbitre n’est-il qu’une illusion ? Ou reste-t-il un espace de résistance et de création ? Les récentes avancées en neurosciences révèlent des processus inconscients
influençant nos choix, brouillant les frontières entre ce que nous contrôlons et ce qui nous échappe. La troisième partie de cette exposition explore ces paradoxes, mettant en lumière des œuvres qui interrogent notre capacité à agir dans un monde où les probabilités, les prédictions et la mémoire collective occupent une place centrale.
Les artistes de cette section
Ange LECCIA
Agnieszka KURANT
Mircea CANTOR
Benoît BARBAGLI
Joanna HADJITHOMAS & Khalil JOREIGE
Zdeněk KOŠEK
Un commissariat artistique et scientifique
Pour établir un dialogue entre l’art et les sciences, un commissariat collectif réunissant Nathalie Bazoche et Samantha Barroero pour l’expertise artistique, et le sociologue Gérald Bronner a sélectionné, ensemble, les œuvres de cette nouvelle exposition.
L’expertise artistique
Samantha Barroero, Commissaire d’exposition
Samantha Barroero est auteure, commissaire d’exposition et productrice de projets artistiques depuis 1999. Engagée dans le conseil aux artistes et aux entreprises culturelles, elle collabore avec des artistes de renommée internationale et émergents. Son approche curatoriale privilégie l’expérimentation et la pluridisciplinarité.
Membre de l’ONG Yesterday Today Tomorrow, elle développe des programmes artistiques et pédagogiques en faveur des populations marginalisées et intervient régulièrement dans des camps de réfugiés en Ouganda.
Nathalie Bazoche, Responsable du Pôle Culture de la Fondation
Nathalie Bazoche a rejoint la Fondation groupe EDF en 1997 et en est aujourd’hui la responsable du développement culturel et de la programmation. À ce titre, elle a piloté de nombreuses expositions pour la Fondation, à Paris et en itinérance. Sa double formation en école de commerce et à l’École du Louvre lui permet d’avoir un regard éclairé sur l’art dans la société.
L’expertise scientifique
Gérald Bronner, Professeur de sociologie
Gérald Bronner est sociologue, professeur à la Sorbonne et membre des Académies des technologies et de médecine. Spécialiste des croyances collectives et des erreurs
de raisonnement, il est l’auteur de nombreux ouvrages traduits internationalement, dont La démocratie des crédules (Puf, Paris, 2013), La pensée extrême – Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques (Puf, Paris, 2016), Apocalypse cognitive (Puf, Paris, 2021), plusieurs fois primés. En 2021, il a été nommé président de la commission La démocratie à l’âge du numérique, remettant un rapport sur l’impact des fausses informations sur la vie démocratique.
Assisté par Erell Guégan, Doctorante en sociologie
Erell Guégan est doctorante en sociologie des croyances sous la direction du sociologue Gérald Bronner et de la psychiatre Hélène Vulser.
Les interviews vidéo de trois experts, le mathématicien Cédric Villani, le chercheur Emile Servan-Schreiber et le médecin-psychiatre et écrivain Raphaël Gaillard, apportent leurs regards scientifiques sur deux approches du futur : d’un côté, les prédictions issues de l’imaginaire et des croyances – astrologie, magie, divination ; de l’autre, les prévisions fondées sur des calculs et des méthodes scientifiques.
L’intelligence artificielle y occupe une place centrale, interrogeant jusqu’à quel point nous sommes prêts à lui confier nos décisions.
En entrée d’exposition, une expérience interactive invite les visiteurs à livrer leur vision du futur en 2100 et à visualiser au travers d’images générées par une intelligence artificielle leur univers futuriste. Un projet conçu par Gérald Bronner, en collaboration avec le département Recherche et Développement d’EDF.
Exposition Ce que l’horizon promet, jusqu’au 28 septembre 2025 – Fondation groupe EDF, 6 rue Juliette Récamier – 75007 Paris
Entrée gratuite sur réservation