MOVE, manifestation culturelle annuelle lancée en 2017, s’inscrit à l’intersection de la danse, de la performance et de l’image en mouvement en imaginant un espace et un temps de réflexion sur les modes d’exposition de la performance : dans la durée, avec la participation des publics et dans des espaces traditionnellement non dévolus à la danse. MOVE propose du 7 au 24 juin, un programme de performances, d’expositions, de projection, de conférences et un séminaire « Performer les savoirs ».
MOVE aborde la question du corps critique au sein d’un monde où il semble de plus en plus urgent pour les artistes de se confronter aux enjeux actuels, crise politique ou crise identitaire, ainsi qu’aux conditions néolibérales de vie et de production auxquelles nous sommes confrontés. Les artistes, chorégraphes et performers investissent le corps comme des sites pour imaginer, pratiquer et mettre à l’épreuve ces conditions.
Parmi les temps forts de l’édition 2018, Maria Hassabi présente en continu au Forum -1 une performance jouant sur la lenteur des gestes, STAGING: Solo#2. Liz Magic Laser propose Handle/Poignée un projet regroupant performance, film et ateliers qui fait surgir un point de vue critique sur les codes du discours public des politiciens. Dans le Forum -1, Vidéodanse croise films de danse et films d’artistes en posant la question de la danse comme pratique de résistance (Anna Halprin, Robyn Orlin, Latifa Laâbissi…). MOVE présente différentes propositions d’artistes opérant une forme de « singularité » (selon le concept du théoricien de la performance André Lepecki) et réagissant aux différents rapports de domination et systèmes d’oppression à l’œuvre aujourd’hui. Face à ces traumas, il est également question de réparation et de soin, de revendication et de réappropriation de son corps par l’action physique ou de danse thérapie et de gestes qui soignent.
Parmi les artistes présents, Paul Maheke propose une performance autour des rapports de pouvoir ou de contrainte qui s’exercent sur le corps noir et queer et explore les formes de la représentation, usant de références visuelles allant de Michael Jackson aux cosmologies Bantu. Hannah Black présente une performance alliant expériences personnelles et méditation poétique autour d’une figure appelée Anxietina concentrant les flux collectifs d’un âge de l’anxiété et travaillant des concepts tels que périphérie/centre, le pardon ou la réparation.
Invité en résidence au Centre Pompidou par le service de la Parole durant toute l’année 2018, Philippe Mangeot s’entretient avec le philosophe, critique et curator Paul B. Preciado et le chorégraphe Volmir Cordeiro sur la passion d’être soi, c’est-à-dire peut-être la passion d’être un autre.
Le séminaire Performer les savoirs / Performing Knowledge permettra de réfléchir à la manière dont une pratique performative de recherche peut concevoir, modéliser et produire des objets de pensée singuliers. MOVE s’associe cette année avec la Fondation Calouste Gulbenkian qui traite dans une exposition présentée dès le mois de mars, « Talismans – Le désert entre nous n’est que du sable » des questions de résilience et de reconstruction.
AU FORUM ET AU FORUM -1
11h-21h : Maria Hassabi
11h-22h : Paul Maheke
11h-22h : Lili Reynaud-Dewar
11h-22h : Vidéodanse
11h-22h : Liz Magic Laser (Projection)
14h-19h : Liz Magic Laser (Performance
VENDREDI 8 JUIN
19h Move (PS) : Frédéric Nauczyciel : Voguing et corps critique
SAMEDI 9 JUIN
17h Move (F-1) : Francisco Tropa
18h Move (PS) : boychild + Jack Halberstam
DIMANCHE 10 JUIN
17h Move (PS) : Hannah Black
18h Move (PS) : Pedro Barateiro
19h Move (PS) : Paul Maheke
DIMANCHE 17 JUIN
17h Move (PS) : Paul B. Preciado / Philippe Mangeot / Volmir Cordeiro
18h30 Move (PS) : Pedro Barateiro
19h Move (PS) : Laetitia Badaut-Haussmann
VENDREDI 22 JUIN
11h-21h Move (PS et C2) : Performer les savoirs / Performing Knowledge
Séminaire conçu par Chloé Dechery et Marion Boudier
DIMANCHE 24 JUIN
15h Move (F -1) : Workshop avec France Schott-Billmann, Danse-thérapeute
19h Move (PS) : Rencontre autour d’Anna Halprin et du travail de Liz Magic Laser
Performance de PAUL MAHEKE « A Familiar Familiar Place of Confusion (channel) », 2018
MARIA HASSABI « STAGING: Solo#2, 2017 »
Forum -1 I 11h-21h
Les œuvres de Maria Hassabi se caractérisent par leur physicalité sculpturale, leur silence et leur tranquillité, agissant contre notre appréhension du temps qui, dans la culture contemporaine, semble s’accélérer à un rythme croissant. Dans « STAGING: Solo#2 », une silhouette isolée vêtue d’une tenue aux motifs vifs effectue des mouvements à un rythme mesuré sur la grande étendue d’un tapis rose vif. Le corps se métamorphose lentement selon un rythme parfois imperceptible, effectuant une boucle chorégraphique de deux heures qui s’enchaîne pendant les heures d’ouverture du musée, créant une forme récurrente qui occupe un espace spécifique et un temps apparemment ininterrompu.
Danseurs : Hristoula Harakas, Maria Hassabi, Mickey Mahar, Oisín Monaghan.
Composition sonore : Marina Rosenfeld.
Costumes : Victoria Bartlett. Production : Natasha Katerinopoulos
STAGING: Pink Floor (2017), Carpet Style ZA948 BRILLIANT STAR, Color DIVA
Maria Hassabi, née à Chypre, est une artiste et chorégraphe basée à New York. Au fil des années, elle a développé une pratique distincte, utilisant la lenteur et l’immobilité comme technique dans des chorégraphies qui oscille entre la danse et la sculpture, le sujet et l’objet, le corps vivant et l’image fixe. Les performances et les installations de Maria Hassabi sont présentées internationalement dans des théâtres, des festivals, des espaces publics, des musées, des galeries tels que la Documenta14, Kassel (2017); le Walker Art Center, Minneapolis (2017); le Museum of Modern Art, New York (2016); le Hammer Museum, Los Angeles (2015); le Stedelijk Museum, Amsterdam (2015); La 55eme Biennale de Venise, Venise (2013); le Kunstenfestivaldesarts, Bruxelles (2017 et 2013); Performa, New York (2013, 2009); et The Kitchen, New York (2016, 2013, 2011, 2006); entre autres. Elle est diplômée du California Institure for the Arts.
LIZ MAGIC LASER « Handle/Poignée », 2017
Forum et Forum -1 I 14h-19h
Liz Magic Laser présente un nouveau projet, « Handle/Poignée », regroupant une performance, un film et des ateliers qui apportent une vue critique sur les codes du discours public et des gestes des politiciens.
S’inspirant des théories du célèbre linguiste George Lakoff ayant classifié notre façon de voir le monde selon deux systèmes, celui des conservateurs et celui des démocrates, elle propose une performance interactive avec le public qui pourra découvrir sa typologie de pensée et expérimenter la chorégraphie qui lui est reliée.
« A l’entrée du musée, les visiteurs choisis seront salués par les danseurs qui pressentiront leur type de personnalité par leur poignée de main. Ils réagiront par une chorégraphie faite d’une posture et d’un mouvement thérapeutique, destinée spécifiquement au type de personnalité décelé, pour conduire les visiteurs vers un décor en sculpture souple qui met en évidence trois domaines d’expérience : le foyer, le travail et la politique ainsi que les rapports de chaque personnalité avec ces domaines. Les danseurs utiliseront ces accessoires pour faire apparaitre le potentiel de chaque personnalité et tenter d’améliorer la fonctionnalité des rapports familiaux et sociétaux. Une installation vidéo contenant des consignes, placée au niveau inférieur du musée, procurera un lieu de pratique où les spectateurs seront guidés au fil de la séquence d’exercices. J’envisage ce projet comme un espace thérapeutique qui nous permet de gérer notre relation avec les dirigeants de notre monde occidental qui, à l’image de la dynamique des familles dysfonctionnelles, est toujours plus instable. De même qu’un astrologue se sert de l’horoscope, mes danseurs interviendront en tant qu’agents d’une thérapie somatique qui fait du mouvement une voie vers la réalisation et l’amélioration de soi. » Liz Magic Laser
Avec Lise Benoit, Carisa Bledsoe, Yun-Chen Chang, Célia Chauviere, Fabiana Gabanini et Martina Musilova.
Développé à travers des ateliers de danse thérapie donnés par France Schott-Billmann et Mandoline Whittlesey; et avec le conseil chorégraphique de Cori Kresge.
Costumes par Slow and Steady Wins the Race.
Scénographie et costumes réalisés grâce au généreux soutien de Lafayette Anticipations – Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, Paris.
Handle/Poignée est coproduit par le Centre Pompidou, Paris, la Fondation Gulbenkian, Paris, et le Confort Moderne, Poitiers. Développé en partenariat avec ACTS / Ecole de danse contemporaine de Paris® et Micadanses.
Liz Magic Laser (née en 1981 à New York) vit et travaille à Brooklyn. Ses performances et vidéos sont souvent exposées dans des espaces semi-publics (vestibules de banques, cinémas, salles de rédaction, etc.) et impliquent la collaboration de participants divers, acteurs, danseurs, chirurgiens ou membres de gangs de motards. Dans ses travaux récents, elle s’approprie des techniques et des stratégies d’influence d’opinion issues du monde médiatique et politique comme les méthodes de coaching ou de thérapie cognitive et comportementale.
Elle a exposé au Kunstverein Göttingen (2016), à Mercer Union, Toronto (2015), au Whitney Museum, New York, (2015) ou à PERFORMA, New York (2011).
PAUL MAHEKE « Mutual Survival Lorde Manifesto », 17’50, video HD, couleur, son
Forum -1 I 11h-22h
L’installation « Mutual Survival Lorde Manifesto » montre sur deux écrans posés au sol, la danseuse Jamila Johnson-Small et la troupe du Tropical Isles Carnival Dance Group répétant leur performance pour le Notting Hill Carnaval. Ce carnaval fut initié à Londres dans les années 60 par la communauté noire issue des caraïbes. Cette pièce raconte les subjectivités noires à travers des images de la danseuse Jamila Johnson-Small associées à un manifeste composé de plusieurs textes de Audre Lorde, poétesse noire, lesbienne et militante féministe. La puissance tout à la fois désespérée et déterminée des mots, des mouvements de Jamila et des vibrations de la basse, nous insufflent l’énergie féroce du carnaval.
Paul Maheke est né en 1985 à Brive-la-Gaillarde, il vit et travaille à Londres. Ses recherches actuelles, Becoming a Body of Water, partent des réflexions de la philosophe Luce Irigaray sur l’« Hydrofeminisme » reprises par Astrida Neimanis et imaginent le corps comme une archive utilisant ses propres « eaux » comme des voies de transmission de savoir et d’information.
Cette investigation occupe un espace métaphorique où le corps résonne et fait écho au contexte géographique, socio-politique et historique qui l’a engendré. Avec une attention particulière portée à la danse, il tente de désamorcer les rapports de pouvoir qui façonnent les imaginaires occidentaux et de reformuler les représentations du corps queer racisé-e qui en découlent, en interrogeant l’Histoire par le biais de subjectivités non-humaines. Son travail a été montré récemment à la Tate Modern, Londres (2017), au CA2M, Madrid (2017) et à la South London Gallery, Londres (2016).
LILI REYNAUD DEWAR « My Epidemic (Teaching Bjarne Melgaard’s class) », New York, Bruxelles
2015, 6’59, HD video, couleur
Teeth, gums, machines, future, society (Gironcoli) 2017, 4’34, HD video, couleur
Forum -1 I 11h-22h
Lili Reynaud-Dewar a initié en 2011 cette série de vidéos où elle danse seule et nue, le corps entièrement recouvert d’une couleur qui peut varier de noire, à rouge en passant par différentes versions argentées. Conçues au départ au cœur de son atelier, ces vidéos ont ensuite été réalisées dans ses propres expositions ou dans celles, collectives, auxquelles elle participe. Parfois tournées dans des espaces vides, parfois dans les expositions adjacentes d’autres artistes comme celle de Pierre Huyghe au Centre Pompidou ou de Bruno Gironcoli à Clearing (Bruxelles). Ces vidéos constituent ainsi une sorte de journal dansé de son travail et des lieux dans lequel il circule. Puisant ses origines dans différentes influences, des chorégraphies de Josephine Baker à la gestuelle de Cosey Fanni Tutti, ses œuvres témoignent d’une forme de résistance féministe, oscillant entre pratique d’empowerment, critique institutionnelle et position de vulnérabilité.
Lili Reynaud-Dewar travaille à partir de matériaux autobiographiques ou empruntés à des figures transgressives de la production culturelle du vingtième siècle, tels que Joséphine Baker, Guillaume Dustan, Bjarne Melgaard, Cosey Fanni Tutti… Elle s’intéresse à l’histoire des émancipations raciales et sexuelles, à la circulation et l’interprétation des œuvres, aux motifs biographiques dans la production culturelle, à la figure mouvante de l’artiste dans un monde globalisé. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions monographiques, notamment à la Kunsthalle de Bâle (2010) ou au New Museum de New York (2014). Elle a aussi exposé au Centre Pompidou (2010, 2013), au Witte de With de Rotterdam (2011,2014). Elle a fait partie des artistes sélectionnés pour la 56e Biennale de Venise (2015), la Biennale de Lyon (2013) et la 5e Biennale de Berlin (2008). En 2013, elle reçoit le Prix Fondation d’entreprise Ricard.
PAROLE
8, 17, 22 et 24 juin : FRÉDÉRIC NAUCZYCIEL : VOGUING ET CORPS CRITIQUE
Vendredi 8 juin 19h, Petite Salle
Une soirée avec Frédéric Nauczyciel viendra souligner la charge politique émancipatrice du Voguing, danse performative née dans les années 1960 à Harlem. Frédéric Nauczyciel est allé à la rencontre des voguers de Baltimore, puis de Paris, qui ne cessent d’inventer les formes contemporaines du voguing.
Leur flamboyance de lucioles (« fireflies »), que l’artiste confronte à la sophistication baroque, évoque les lueurs de résistance des cultures en marge, ainsi que leurs dimensions aussi expertes que savantes.
Projection de son film The Fire Flies, Baltimore suivie d’une discussion avec l’artiste, le vogueur Vinni Revlon et Anne Crémieux, enseignante chercheuse à l’Université de Nanterre.
Avec Philippe Mangeot, Paul B. Preciado et Volmir Cordeiro
Dimanche 17 juin 2018 I 17h, Petite Salle
Invité en résidence au Centre Pompidou par le service de la Parole durant toute l’année 2018, Philippe Mangeot lance un nouveau projet « L’Observatoire des Passions ».
Dans le cadre de ce projet, il s’entretient avec le philosophe, critique et curator Paul B. Preciado. Constatant que chacun a accès sur internet à l’infini catalogue des passions humaines contemporaines, Philippe Mangeot reconfigure et repense le « traité des passions ». Il questionne Paul B. Preciado et Volmir Cordeiro sur la passion d’être soi, c’est-à-dire peut-être la passion d’être un-e autre.
Philippe Mangeot est ex président d’ACT-UP-Paris, co-scénariste du film « 120 battements par minute » de Robin Campillo.
Paul B. Preciado est philosophe, critique et curator. Il a été curator de la dernière Documenta de Kassel (2017).
Volmir Cordeiro est chorégraphe. Il a été artiste associé à la Ménagerie de Verre en 2015, et à partir de 2017, artiste associé au Centre National de la Danse (CND) à Pantin.
Conçu par Chloé Déchery (maître de conférences à l’université Paris 8) et Marion Boudier (dramaturge et maître de conférences à l’UPJV)
Vendredi 22 juin 2018 I 11h-19h30 – Petite Salle et Cinéma 2 simultanément
Comment une pratique performative de recherche peut-elle concevoir, modéliser et produire des objets de pensée singuliers qui, conséquemment, exigent des outils d’analyse et méthodologiques adaptés ?
Comment, a contrario, l’œuvre artistique contemporaine peut-elle « performer », c’est-à-dire, mettre en acte et en scène, un geste et une activité de recherche ?
Comment, enfin, les figures de l’artiste et du chercheur, de l’acteur et de l’expert, du bricoleur et du savant, peuvent-elles se répondre et se constituer l’une en regard de l’autre dans des logiques de croisement et de fertilisation plutôt que dans des logiques concurrentielles ou de différenciation ?
Ces questions seront posées et discutée tout au long d’une journée, au cours de workshops, de conférences et de tables rondes présentés dans le cadre de MOVE. Cette valorisation des échanges entre artistes et chercheurs s’incarnera également dans la mise en place d’une résidence d’artiste pendant toute la durée de la manifestation. Performer les savoirs / Performing Knowledge s’annonce comme un séminaire transdisciplinaire au contenu éditorial ambitieux qui devrait permettre des échanges fructueux pour les intervenants (artistes et universitaires) et le public.
Artiste invitée en résidence : Claudia Triozzi
Programme en cours d’élaboration / avec : (sous réserve) : Laurence Corbel Tim Etchells, Barbara Formis, Julien Fournet, Arthur Igual, Yvain Juillard, Alix de Morant, Laurent Pichaud, Yves Rossetti et Claudia Triozzi
RENCONTRE AUTOUR D’ANNA HALPRIN ET DU TRAVAIL DE LIZ MAGIC LASER, AVEC LIZ MAGIC LASER ET LA THÉRAPEUTE FRANCE SCHOTT-BILLMANN
24 juin 2018 I 17h, Petite Salle
En relation avec Handle/Poignée, œuvre de Liz Magic Laser présentée dans le cadre de MOVE, le portrait d’Anna Halprin par Jacqueline Caux Out of Boundaries est proposé suivi d’une discussion à propos de l’évolution des thérapies par la danse, notamment à travers le travail de Mary Starks Whitehouse sur la pratique du Mouvement Authentique. Liz Magic Laser s’entretient avec la thérapeute France Schott-Billmann sur la création de son projet.
MOVE 2018 – Centre Pompidou du 7 au 24 juin 2018
Photo d’entête : MARIA HASSABI « STAGING: Solo#2, 2017 »
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