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arts et cultures Madagascar

Biennale de Venise : Pour la première fois, un artiste malgache présenté et soutenu par le projet socio-culturel Ndao Hanavao

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L’artiste malgache Joël Andrianomearisoa sera présenté pour la première fois au Pavillon de Madagascar de la Biennale de Venise 2019, avec le soutien de Rubis Mécénat, à travers une aide à la production et à l’édition. Soutien qui s’inscrit dans le cadre de la création à Madagascar de son nouveau projet socio-culturel initié à Antananarivo : Ndao Hanavao.
 
Pour la première fois de son histoire, Madagascar participera avec son pavillon à la 58e édition de La Biennale de Venise, du 11 mai au 24 novembre 2019. Joël Andrianomearisoa a été choisi pour représenter son pays, accompagné des commissaires Rina Ralay Ranaivo et Emmanuel Daydé, en raison de l’invention et de la maturité de son travail et de sa notoriété à l’international.
Cette première participation à la Biennale de Venise constitue un événement historique pour Madagascar. Elle est un signe de dynamisme et de modernité pour la nation malgache, tout en renvoyant une image positive du pays au niveau national et international. C’est un message d’espoir, qui témoigne de la volonté d’inscrire les forces créatrices de Madagascar dans les grands courants mondiaux.
 
The labyrinth of passions, Joël Andrianomearisoa Textile, 2017 Courtesy Primo Marella Milan
 

Intitulée « La Matérialité des émotions », l’exposition du pavillon malgache se déploiera « autour des émotions, que tout le monde perçoit sans pouvoir nommer. Il est probable que la théâtralité se cache dans les plis d’une cascade de papier noir, enveloppant finalement chacun des visiteurs dans le manteau d’un esprit empli de lumière », selon les commissaires, Rina Ralay Ranaivo et Emmanuel Daydé. Portée par le Ministère de la Culture, de la Promotion de l’Artisanat et de la Sauvegarde du Patrimoine, la participation de Madagascar à la Biennale de Venise est produite par les associations Kantoko et Revue noire.
 
The labyrinth of passions , Joël Andrianomearisoa Installation, mix média, papier de soie, 2016. Courtesy Sabrina Amrani Madrid © Rijasolo
 
Né en 1977 à Antananarivo, Madagascar, Joël Andrianomearisoa vit et travaille entre Paris et Antananarivo. Diplômé de l’École Spéciale d’Architecture de Paris, ses œuvres sollicitent de nombreux supports : performance, dessin, couture, design, vidéo, photographie, architecture. Andrianomearisoa a notamment exposé à l’Institut français de Madagascar, à la Biennale de Dakar (Sénégal), au Maxxi à Rome (Italie), à l’Hamburger Bahnhof à Berlin (Allemagne), à la Smithsonian à Washington (Etats-Unis), ou encore au Centre Pompidou à Paris. Il est représenté par les galeries Sabrina Amrani (Madrid), Primo Marella (Milan) et Rx (Paris).

 
Exposition du 11 mai au 24 novembre 2019 – Pavillon de Madagascar à la Biennale de Venise
Inauguration du Pavillon de Madagascar Jeudi 9 mai à 11h00 – Arsenal, Venise

Ndao Hanavao, laboratoire d’innovation et de création pour le design social à Antananarivo -Madagascar  

Troisième projet socio-culturel de Rubis Mécénat, Ndao Hanavao (Allons innover) est une initiative locale initiée par Rubis Mécénat en association avec Vitogaz Madagascar à Antananarivo, Madagascar.
Laboratoire d’innovation et de création conçu par des designers invités pour des jeunes malgaches en formation professionnelle, avec des artisans, ingénieurs et acteurs locaux, Ndao Hanavao cherche à trouver des solutions viables et pérennes, à travers la conception d’objets de design, à certaines problématiques sociétales auxquelles est confrontée la population malgache vivant en grande précarité.
 
© Rijasolo

 
Ndao Hanavao est un projet adapté aux problématiques liées au territoire de Madagascar qui figure parmi les pays les plus pauvres du monde. Plus de 1,5 million d’enfants ne sont pas scolarisés ou ont abandonné l’école après les trois premières années. Afin de réduire les inégalités, de nombreuses associations et ONG interviennent afin de les réinsérer scolairement et professionnellement. Déjà actif dans le pays, le groupe Rubis soutient, avec ses filiales Vitogaz Madagascar et Galana, l’association Graines de Bitume à Antananarivo et l’école primaire Toamasina à Tamatave.
 
Workshop Polyfloss, laboratoire Ndao Hanavao, 2018 © Rijasolo

 
Pour rendre son soutien plus actif, Rubis Mécénat a fait le choix, en 2018, de mettre en place avec Vitogaz Madagascar ce programme de formation au design social à destination de jeunes adultes malgaches en réinsertion professionnelle. Lieu de formation, d’expérimentation et de développement, le laboratoire Ndao Hanavao s’est donné pour mission, dans le cadre de sa première édition, de trouver des solutions viables au traitement des déchets plastiques mais également de permettre aux jeunes en formation de créer leurs propres structures commerciales et de collaborer avec un artisanat local florissant.
 
Pour sa première édition, Ndao Hanavao a invité les designers français Christophe Machet et Émile de Visscher, de The Polyfloss Factory, à développer le concept de leur machine Polyfloss à Antananarivo afin de mettre en place de manière pérenne un premier atelier d’incubation, d’expérimentation et de formation destiné à la transformation de déchets plastiques, problématique locale majeure.
Le projet Polyfloss Factory naît au sein du Royal College of Art de Londres en 2011. L’équipe, constituée d’Audrey Gaulard (designer textile et robotique), Nick Paget (designer industriel), Christophe Machet (ingénieur en systèmes mécaniques et designer) et Émile De Visscher (ingénieur en science des matériaux et designer), se questionne sur l’écologie et décide d’imaginer un procédé de recyclage de plastique à échelle locale.
Après différents tests, les designers découvrent que l’un des grands intérêts du plastique réside dans sa capacité à former de la mousse – propriété qu’aucun des autres matériaux usuels ne peut acquérir facilement. Ceux-ci décident alors de produire des mousses de plastiques recyclées, fabriquées à la manière d’une barbe à papa. The Polyfloss Factory a collaboré avec de nombreuses institutions et écoles au Royaume-Uni et à l’étranger en mettant en place des ateliers et en développant de nouveaux usages.
 
Machine Polyfloss, exposition HyperVital à la Biennale du design de Saint-Étienne, 2015, commissariat Benjamin Loyauté  © Rijasolo
 
Procédé innovant de recyclage de plastiques qui s’inspire de la barbe à papa, The Polyfloss Factory permet d’obtenir une laine flexible qui peut être réutilisée de différentes manières sous la forme d’isolant thermique, d’emballage, d’objets de design, et peut également servir aux créations textiles et artisanales, au moulage, et à la conception d’objets à valeur d’usage.
 
Production de Polyfloss, dans le cadre de Waste Not Want It 3, Bloomberg Headquarters, Royaume-Uni, 2013 © Elisabeth Molin
 
Dans le cadre des collaborations mises en place avec des artistes, l’artiste Joël Andrianomearisoa, réalisera une œuvre entièrement conçue à partir de la laine Polyfloss pour son exposition personnelle au Frac Réunion en septembre 2019.
 
En invitant deux inventeurs à faire voyager et à adapter leur Polyfloss Factory, qui propose un nouveau procédé de recyclage des plastiques à échelle humaine, Rubis Mécénat entend façonner le point de départ du projet Ndao Hanavao, « allons innover ». Du rêve à l’initiative visible, de la résolution à la force factuelle, le projet permet de concevoir des solutions de transformation de déchets en objets de nécessité et de créativité, offrant « un cycle économique court et pérenne destiné à, et mené par, des malgaches ». Émile de Visscher et Christophe Machet s’attèlent à la question des outils comme acteurs d’émancipation. Le projet Ndao Hanavao accueille The Polyfloss Factory pour inaugurer une démarche du « faire » autour d’un constat : les déchets sont des ressources importantes de la ville et il est nécessaire de pouvoir les traiter localement. Le procédé Polyfloss permet d’obtenir une « barbe à papa » de laine recyclée pouvant être tricotée, formée, pressée ou refondue à l’infini. Le déployer et le réinventer sur le sol malgache permet d’investir le réel face à la pollution plastique à laquelle est confrontée la population malgache. Sans se détourner des usages et des enjeux formels contemporains, Ndao Hanavao crée une économie de l’attention qui va à la rencontre de cultures autres et de manière plus interindividuelle, à la rencontre de nos propres actions (…). En recyclant le plastique de manière innovante et en apportant cette matière habituel – lement industrielle à l’échelle de la re-création artisanale, The Polyfloss Factory se veut une forme de réponse tangible, exploratoire, ludique et collaborative face à la pollution des déchets de la ville. Car depuis plus d’un an, les deux créateurs et l’équipe constituée sur place ont pu évaluer, analyser, identifier un ensemble de sources de déchets plastiques disponibles, évaluer les besoins et comprendre les habitudes, les modes de vie par les usages courants. Ces données ont permis « d’évaluer le marché et de repérer des applications pertinentes » que le projet Ndao Havanao porte aujourd’hui.
Benjamin Loyauté, commissaire du projet Ndao Hanavao Extrait du texte « L’Entreprise du Faire », 2019 »

Les plastiques : enjeu du projet Ndao Hanavao

Madagascar est l’un des pays les plus riches en matières premières. Pourtant, il semble que ses habitants n’y aient pas accès. Elles sont vendues à l’étranger. À l’inverse, le plastique, lui, entre sur le territoire et n’en ressort pas. L’île est vidée de toute sa richesse et remplie de matières plastiques. Comment changer la donne ? Comment faire de cette matière une nouvelle ressource s’intégrant aux savoir-faire artisanaux et à l’identité malgache plutôt qu’un rebus pauvre et sale ? Voilà l’enjeu du projet Ndao.
 
De la collecte des déchets plastiques triés par un réseau de collecteuses sur les déchetteries d’Antananarivo, à la phase de production dans l’atelier organisée par les deux designers invités et par les jeunes en formation, le plastique recyclé est transformé sur place en produits finis : objets à valeur d’usage et produits de première nécessité. Ce même plastique transformé peut aussi être revendu (sous la forme de panneaux, de laine, de rouleaux de feutre, etc.) en tant que matériau de construction ou comme matière première pour un artisanat local.
 
Nous avons hâte de mettre au point des techniques innovantes tirant parti du savoir-faire des artisans et des qualités thermoplastiques du matériau et des pièces qui mettent en jeu une matière performante, quoique recyclée.
Christophe Machet, designer, The Polyfloss Factory »
 
Aujourd’hui, le projet accueille en formation dix jeunes malgaches, âgés de 17 à 20 ans, en réinsertion professionnelle auprès d’associations locales, telles que Enda, Manda et Graines de Bitume. Les participants bénéficient de cinq à dix jours de formation par mois avec des cours d’introduction au design, de français et de compétences de vie ainsi que des formations à l’entreprenariat. De la phase d’implantation du projet Polyfloss à Madagascar à sa phase de développement, les jeunes participants sont invités à entreprendre et à se responsabiliser, notamment en développant des initiatives collaboratives avec l’artisanat local. Ils auront ainsi toutes les clés en main à l’issue de leur formation pour faire perdurer la production de la laine Polyfloss à Madagascar et développer leurs propres économies sociales et solidaires autour du laboratoire d’incubation et d’expérimentation Ndao.
 
Production de  laine Polyfloss- Photo © The Polyfloss Factory
[J’ai été] sollicitée entre autres pour dispenser des cours d’initiation au design dans le cadre du projet Ndao Hanavao qui permet aux jeunes d’appréhender une discipline pour laquelle ils n’avaient aucune prédisposition. Ce chemin qui leur était au début plutôt étranger prend du sens au fur et à mesure de l’avancée de nos interventions. Nous mettons ce travail de transmission auprès des jeunes en corrélation avec leurs besoins. Carine Ratovonarivo, designer et coordinatrice du projet. »

L’association Rubis Mécénat

Dans le cadre de son soutien à la création artistique contemporaine, Rubis Mécénat développe des initiatives artistiques et sociales de long terme avec les filiales du groupe Rubis afin d’agir au sein de communautés locales et permettre aux filiales de se positionner comme acteurs sociaux et culturels, parallèlement au rôle économique joué dans les pays.
Trois initiatives sont aujourd’hui portées par Rubis Mécénat : Of Soul and Joy, projet photographique en Afrique du Sud (depuis 2012), InPulse Art project, plateforme créative autour des arts visuels en Jamaïque (depuis 2015), et Ndao Hanavao (depuis 2018).
 
Véritables plateformes créatives, situées au sein de communautés locales, ces programmes éducatifs proposent à des jeunes en réinsertion, des workshops dirigés par des artistes reconnus, ainsi que des cours de remise à niveau général qui permettent aux élèves d’acquérir des compétences académiques et artistiques.
Par son engagement, Rubis Mécénat crée ainsi des liens durables de solidarité et de confiance. En allant au plus près de ceux qui sont les plus éloignés de l’art, affirmant sa croyance dans les vertus éducatives et sociétales. Un rayonnement qui ne touche pas seulement les élèves, mais invite aussi la communauté locale à entrer dans un dialogue constructif autour des arts visuels et du design.
 
Prochaine exposition :
 
Ndao Havanao invite la designer française Laureline Galliot à venir à l’automne 2019 expérimenter la laine Polyfloss et à réaliser une série de dessins numériques inspirés du projet.
 
Après avoir étudié le design textile à l’ENSAAMA (École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art), Laureline Galliot choisit d’étudier le design produit et sort diplômée de l’ENSCI –Les Ateliers en 2012. Influencée par sa pratique intuitive, compulsive, tactile de la peinture sur iPad, Laureline Galliot explore les nouvelles formes de picturalités offertes par les logiciels de sculpture et coloration virtuels. Combinés à une imprimante 3D, ils lui permettent notamment de produire des objets directement peints en trois dimensions donnant naissance à une nouvelle forme de « chalkware » ; artisanat du plâtre.
Elle est lauréate du prix de design de vase à la Villa Noailles en 2013 ; ses pièces rejoignent les collections nationales de design français du CNAP. Son travail est exposé dans des musées et centres d’art tels que le Swiss Institute de New York, le Mudam au Luxembourg, la galerie SEEDS à Londres, le Madd à Bordeaux, le Centre Pompidou à Paris et plus récemment le MAD à Paris.
Depuis 2015, elle édite des designs avec le fabricant italien de tapis Nodus et développe des séries de textiles avec des fabricants autrichiens, italiens et japonais (dans le cadre de sa résidence à la Villa Kujoyama encadrée par l’Institut français et la Fondation Bettencourt Schueller, Kyoto, 2017).
Photo Prototype de Pichet « Jug » Laureline Galliot, 2012 Impression 3D poudre minérale jet d’encre. Acquisition CNAP 2015  © Laureline Galliot
 
Photo d’entête : Joël Andrianomearisoa, The labyrinth of passions, (détail). Installation, mix média, papier de soie, 2016. Courtesy Sabrina Amrani Madrid
 

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