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« Bénin aller- retour. Regards sur le Dahomey de 1930 » au musée Albert-Kahn

Aux confins du temps et des regards, le musée départemental Albert-Kahn nous invite à un voyage singulier : Bénin aller-retour. Regards sur le Dahomey de 1930. Dans la lumière fragile des autochromes et la vibration retrouvée des films, s’ouvrent les portes d’un Dahomey en pleine effervescence, saisi entre traditions, rites et réinventions. Cette exposition événement tisse un dialogue entre hier et aujourd’hui, entre les voix du missionnaire Francis Aupiais, de l’opérateur Frédéric Gadmer, et celles d’artistes béninois contemporains qui réenchantent les images du passé. Un parcours sensible et immersif, où le visiteur devient passeur de mémoire et témoin d’un récit partagé, à la croisée des mondes et des regards.

Exposition événement de la saison 2025-2026 au musée départemental Albert-Kahn, Bénin aller- retour. Regards sur le Dahomey de 1930 propose une relecture des films et photographies produits au cours d’une mission des Archives de la Planète menée par le missionnaire catholique Francis Aupiais et l’opérateur Frédéric Gadmer au Dahomey (actuel Bénin) de janvier à mai 1930. Une immersion en forme de dialogue franco-béninois qui questionne le regard porté sur les cultures extra-européennes, dans un contexte d’emprise coloniale et de naissance de l’ethnographie. En amont de l’exposition, des missions de documentation de terrain ont été réalisées en 2023-2024 par le musée départemental Albert-Kahn en partenariat avec des experts du patrimoine béninois, dans le cadre du programme de coopération entre le Département des
Hauts-de-Seine et la Communauté de communes du Zou au Bénin.

Une mission singulière des Archives de la Planète

Bronwyn Lace © photo Zivanai Matangi

Dans la continuité d’un cycle de réouverture consacré au voyage, puis d’une exposition qui mettait à l’honneur les images des jardins, le musée départemental Albert-Kahn poursuit l’exploration des axes fondamentaux de ses collections, cette fois autour du regard porté sur l’autre et de la dimension ethnographique des Archives de la Planète, récemment inscrites au registre Mémoire du monde de l’UNESCO.

La mission de 1930 au Dahomey est singulière à plusieurs titres : seule incursion des Archives de la Planète en Afrique sub-saharienne, dernière expédition d’ampleur avant l’arrêt du projet du fait de la faillite de la banque Kahn, elle résulte de l’initiative d’un homme d’Église atypique, le père Francis Aupiais (1877-1945). Ce père missionnaire, engagé dans une entreprise au long cours pour une meilleure connaissance des cultures africaines, entre en contact avec Albert Kahn en 1927 et le convainc de financer sa démarche de documentation des pratiques culturelles et religieuses dahoméennes, qui s’inscrit naturellement dans la lignée du projet humaniste du philanthrope.

Ishola Akpo © Ishola Akpo, courtesy Collection Zinsou

Un des premiers corpus filmiques de l’ethnographie française

Le but du père Aupiais est d’aider à une « reconnaissance africaine » en documentant l’évangélisation mais surtout la culture traditionnelle du Dahomey, en particulier les cérémonies royales et les rites vodún, qu’il tient en haute estime. La mission dure quatre mois et demi au cours desquels Frédéric Gadmer réalise 1 102 autochromes (photographies en couleurs) et tourne 140 bobines de film, sous la direction d’Aupiais. Ces films, les premiers de cette ampleur tournés au Dahomey, constituent le plus vaste ensemble de films des Archives de la Planète et l’un des premiers corpus filmiques de l’ethnographie française, cinq ans après la fondation de l’Institut d’ethnologie de Paris et un an avant la mission Dakar-Djibouti.

Récemment numérisés en haute définition (4K), ces films constituent le fil rouge de l’exposition qui vise à présenter le déroulement, les enjeux et la postérité, un siècle plus tard, de cette mission atypique. Projetés en grand format tout au long d’un parcours immersif, ils offrent une qualité d’image inédite et plongent les visiteurs dans l’intimité des cérémonies et des cultes dahoméens, tissant des liens entre les protagonistes d’hier et le public d’aujourd’hui, entre la France et le Bénin.
De nombreuxobjets, prêtésnotammentparlemuséedu quai Branly –Jacques Chirac, fontécho aux images fixes etanimées : emblèmesdepouvoir,attributsvodún, nécessairesà divination frappent par leur sophistication, qui rejoint celle des usages auxquels ils étaient destinés et que documentent les films. Parmi ces pièces rares, figurent certains objets exposés en France par le père Aupiais lui-même.

Frédéric Gadmer – Portrait de la sœur et des femmes du chef Justin Aho, Abomey, Dahomey (Bénin), 8 mars 1930
autochrome © CD92 – Musée départemental Albert-Kahn – Archives de la Planète

Des regards d’artistes issus du continent africain

Bénin aller-retour questionne en outre la réception contemporaine des images de 1930 grâce aux regards d’artistes issus du continent africain. Servant de mise en perspective et de contrepoint critique, les œuvres de Ishola Akpo, Thulani Chauke, Sènami Donoumassou, Bronwyn Lace, Roméo Mivekannin, Angelo Moustapha, et Marcus Neustetter, dont plusieurs ont été créées spécialement pour l’exposition, mêlent peinture, photographie, installation et performances, comme autant de réappropriations – et de réactivation – des photographies et des films.
Tout au long du parcours, l’exposition propose un véritable partage des regards pour construire de nouveaux récits respectueuxdes sensibilités etdes savoirs béninois.Cette approchea étérendue possible grâce aux nombreuses collaborations établies avec des experts du patrimoine au Bénin, tant dans lecadre du comité scientifique du projet que dans celui de deux missions de documentation menées sur place par le musée départemental Albert-Kahn en 2023-2024, poursuivant ainsi le programme d’Albert Kahn : « s’entrainer à voir, s’entrainer à savoir ».

Frédéric Gadmer – Portait du chef Zodéougan, Zado, Dahomey (Bénin), 28 février 1930, autochrome
© CD92 – Musée départemental Albert-Kahn – Archives de la Planète

Scénographie et parcours de l’exposition

L’exposition propose une immersion dans les images de 1930 à travers une scénographie moderne et épurée, la mise en regard des photographies et des films avec de nombreux objets et la présentation spectaculaire des films sous forme de projections grand format.
Le parcours, qui réunit près de 300 œuvres, se compose de cinq sections correspondant à autant d’environnements scénographiques distincts :

Le Dahomey du père Aupiais : Cette section introductive présente le contexte historique ainsi que la figure de Francis Aupiais, l’initiateur de cette mission des Archives de la Planète.
La mission Aupiais-Gadmer de 1930 : Cette partie présente le second protagoniste de l’aventure, Frédéric Gadmer, et donne aux visiteurs des clés pour comprendre la mission de 1930 (durée, parcours, sujets traités, double corpus filmique, etc.) avant d’y plonger de façon plus complète dans la section suivante.
Un portrait du Dahomey : Cette troisième section, la plus vaste de l’exposition, explore tour à tour les trois grandes thématiques dont traitent les photographies et les films de la mission :

o Colonisation et évangélisation
Compte tenu des circonstances, l’emprise coloniale et les activités missionnaires sont bien sûr au cœur du corpus. Cet espace est notamment l’occasion de présenter Le Dahomey chrétien, film de propagande missionnaire conçu par Aupiais en parallèle de sa documentation de la culture traditionnelle dahoméenne.

o Pouvoir et royauté
L’un des principaux sujets d’étude d’Aupiais concerne le cérémonial entourant les manifestations du pouvoir et les cérémonies royales, notamment funéraires, dans la culture dahoméenne.

o Vodún
Cet espace explore la manière dont Aupiais a documenté les cérémonies vodun, non pas dans le but de les dénigrer mais, au contraire, de démontrer la respectabilité de cette religion qui est, plus globalement, un mode de pensée.
• La fabrique des films
Cette quatrième section propose un pas de côté en examinant les coulisses de la mission et ce que supposait la réalisation d’un film, en 1930, pour les Archives de la Planète. La question de la mise en scène est également abordée et expliquée.

• Partage et héritage
Enfin, le parcours s’achève sur l’évocation de la diffusion de ces images au retour de la mission et leur postérité jusqu’à aujourd’hui. Sont notamment abordées l’Exposition coloniale de Vincennes de 1931, les conférences du pères Aupiais, mais également les travaux menés sur ce fonds depuis 1945 et les réactivations contemporaines proposées par les artistes du Centre for the Less Good Idea de Johannesburg.
Comme lors des expositions précédentes, un parcours destiné aux familles, présenté « à hauteur d’enfants », permet d’aborder les grands thèmes du parcours sous une forme pédagogique et ludique, intégrant des dispositifs de manipulation.

Équipe et partenaires

  • Commissariat : Julien Faure-Conorton et David-Sean Thomas, musée départemental Albert-Kahn
  • Scénographie : Agence Explosition
  • Graphisme : Paula Mutel
  • Audiovisuels : Fleur de papier
  • La numérisation et la restauration numérique des films ont été rendues possibles par le soutien du Centre national du cinéma (CNC) et de la fondation Neuflize OBC.
  • La libre utilisation du film Le Dahomey chrétien a été gracieusement accordée par le Carrefour des cultures africaines de Lyon.
  • La création de l’œuvre de Roméo Mivekannin, Adangba, a bénéficié du soutien financier de l’Association des Amis du musée départemental Albert-Kahn.

Les Archives de la Planète, une ambition documentaire au bénéfice des générations futures

Désireux de témoigner des transformations de son temps, le banquier et philanthrope Albert Kahn (1860-1940) emploie sa fortune à la réalisation d’un vaste programme de documentation du monde. Dès 1912, il initie, selon ses propres dires : « une sorte d’inventaire photographique de la surface du globe, occupée et aménagée par l’homme, telle qu’elle se présente au début du XXe siècle ».
Le cœur des collections du musée départemental Albert-Kahn consiste en des dizaines de milliers de photographies couleur sur plaques de verre appelées autochromes, réalisées par une douzaine d’opérateurs employés jusqu’en 1931 par le banquier philanthrope, ainsi qu’une centaine d’heures de film noir et blanc, ce qui en fait la plus importante collection de ce type au monde. La photographie en couleurs et le cinéma, innovations alors récentes, agissent aux yeux d’Albert Kahn comme une véritable « empreinte » mémorielle du réel, un moyen de conserver « vivants quoique disparus » tous les « phénomènes d’intérêt général ».

Le musée départemental Albert-Kahn

Situé à Boulogne-Billancourt, le musée départemental Albert-Kahn conserve et valorise l’œuvre d’Albert Kahn (1860-1940), banquier et philanthrope français qui mit sa fortune au service de la connaissance et de l’entente entre les peuples. Outre la collection de photographies et films des Archives de la Planète, il comporte un jardin à scènes paysagères de quatre hectares, incarnation végétale du rêve universaliste de son commanditaire.
Une ambitieuse rénovation parachevée en 2022 a permis d’accroître significativement la surface dédiée aux expositions, notamment grâce à un nouveau bâtiment de 2 300 mètres carrés conçu par l’architecte japonais Kengo Kuma, qui fait dialoguer collections d’images et jardin. Le musée a accueilli plus de 600 000 visiteurs depuis sa réouverture.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur : albert-kahn.hauts-de-seine.fr

Le Département des Hauts-de-Seine engagé dans un programme de coopération internationale avec le Bénin

De nombreuses collaborations ont été établies avec des experts du patrimoine au Bénin, tant dans le cadre du comité scientifique du projet que dans celui de deux missions de documentation menées sur place par le musée départemental Albert-Kahn en 2023-2024, poursuivant ainsi le programme d’Albert Kahn : « s’entrainer à voir, s’entrainer à savoir ». Ces missions de terrain ont été réalisées dans le cadre du programme de coopération entre le Département des Hauts-de-Seine et la Communauté de communes du Zou au Bénin.
Dans le cadre de sa politique de solidarité internationale, le Département des Hauts-de-Seine participe, à son échelle, à un développement mondial plus équilibré. Cela se traduit notamment par des relations de coopération internationale avec le Bénin, mais aussi l’Arménie, le Cambodge, et Haïti, avec pour principal objectif de lutter contre l’insécurité alimentaire.
Le programme de coopération internationale avec le Bénin a été lancé en 2017 avec pour enjeux la lutte contre l’insécurité alimentaire des populations vulnérables, la sécurisation des revenus des petits producteurs, le développement d’un entrepreneuriat agricole connecté au marché,et la promotion d’un développement durable et d’actions positives grâce à l’agro-écologie.
Ce dispositif a notamment abouti au déploiement d’un programme de développement agricole dans le territoire du Zou. Pour poursuivre le travail engagé, le programme a été renouvelé en 2022 pour une durée de quatre ans. Objectif : renforcer l’agriculture familiale et soutenir les ménages et entrepreneurs sociaux des zones rurales et périurbaines.

Retrouver les photographies et les films des Archives de la Planète en accès libre sur le portail des collections : collections.albert-kahn.hauts-de-seine.fr

Exposition Bénin aller-retour. Regards sur le Dahomey de 1930 – Du 14 octobre 2025 au 14 juin 2026 – Musée départemental Albert-Kahn – 2 rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt

(Mardi à dimanche : 11h-18h (19h d’avril à septembre) – Entrée : 9€/6€/gratuit pour les -26 ans (fermeture le 25 décembre, en janvier, et le 1er mai)).

Photo d’en-tête : Frédéric Gadmer – Vodúnon exécutant la danse d’Héviosso – Dahomey (Bénin) 1930 photogramme © CD92 – Musée départemental Albert-Kahn

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