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Sabotages en Europe : la main de Moscou ?

Sabotages en Europe : la main de Moscou ?

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Les services de sécurité européens sont en alerte après une série d’incendies mystérieux et d’attaques contre des infrastructures et des sites emblématiques dans les pays baltes, en Allemagne, au Royaume-Uni et même en France. Le quotidien britannique The Guardian relate que, selon les services de sécurité, la vague d’incendies et d’attaques d’infrastructures pourrait faire partie d’une tentative de sabotages et de déstabilisation du continent par la Russie.

La Russie de Vladimir Poutine préparerait une vague de violentes opérations de sabotage en Europe, sans se soucier de faire des victimes parmi les civils, a révélé le 5 mais dernier le « Financial Times ». Le directeur des services de renseignement allemand, Thomas Haldenwang, aurait informé ses homologues français, suédois et britannique que le « risque d’actes de sabotage initiés par l’Etat russe » s’était « considérablement accru ». Selon le quotidien britannique, la Russie intensifierait ses efforts pour mener des attentats à la bombe clandestins, des incendies criminels et endommager des infrastructures sur tout le continent. Le patron des espions allemands aurait insisté sur l’« imminence » de plusieurs attaques dans les différents pays européens, « avec un potentiel élevé de dégâts humains et matériels ».

Le sujet aurait été abordé le 28 mai, lors d’un sommet européen à Bruxelles qui a regroupé les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’Union européenne, ainsi que des responsables néerlandais, estoniens et lituaniens préposés à la sécurité. Ils auraient tous mis en garde contre les vulnérabilités nationales. Un ministre souhaitant rester anonyme a indiqué au Guardian qu’ils étaient très préoccupés par « le sabotage, le sabotage physique, organisé, financé et réalisé par des mandataires russes ».

« Au lendemain de la Guerre froide, les opérations étrangères de renseignement se composaient d’espions et de leurs officiers traitants. Mais à l’ère des réseaux sociaux, des hommes de main peuvent être embauchés, laissant peu de liens avec d’autres attaquants, payés quelques centaines d’euros ou en cryptomonnaie », explique le Guardian.

La Russie serait notamment derrière un projet d’attentat contre une base militaire allemande en Bavière, l’incendie de propriétés d’un homme d’affaires en lien avec l’Ukraine dans l’est de Londres, des attaques sur les voitures du ministère de l’Intérieur et d’un journaliste en Estonie, l’incendie d’un Ikea en Lituanie, ainsi que d’une usine de peinture et d’un grand centre commercial en Pologne, des alertes à la bombe dans des écoles en Grèce, des graffitis antisémites à Paris…

Déstabilisation de l’Occident

Bien qu’il n’y ait aucune preuve que ces incidents à travers le continent soient coordonnés, les services de sécurité pensent qu’ils pourraient faire partie d’une tentative de Moscou de déstabiliser l’Occident, qui soutient l’Ukraine.

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La semaine dernière, M. Tusk a révélé que les autorités polonaises avaient arrêté neuf personnes pour des actes de sabotage qui auraient été commis sur ordre des services russes. Les enquêteurs cherchent à déterminer si la Russie est impliquée dans l’incendie d’un centre commercial à Varsovie, ce que l’ambassade russe a qualifié de théorie du complot.

Un porte-parole d’Ikea a déclaré que l’enquête se poursuivait sur l’origine de l’incendie en Lituanie, mais qu’il faisait partie des exemples, avec une tentative d’incendie criminel dans une usine de peinture en Pologne, que M. Tusk a cités dans sa mise en garde contre une potentielle ingérence étrangère.

En avril, un Britannique a été accusé d’avoir orchestré un incendie criminel contre deux unités liées à un homme d’affaires ukrainien dans une zone industrielle de Leyton, à l’est de Londres, après avoir été prétendument recruté par les services de renseignement russes. Le service des poursuites de la Couronne a affirmé qu’il était « engagé dans un comportement visant des entreprises liées à l’Ukraine afin d’en faire bénéficier l’État russe ».

De manière générale, Martin Kupka, le ministre tchèque des transports, a accusé, dans un entretien accordé au Financial Times début avril, la Russie d’avoir cherché à saboter les infrastructures ferroviaires européennes des « milliers » de fois à travers des groupes de pirates informatiques.

Agressivité

Mardi, le ministre estonien de la défense, Hanno Pevkur, présent à Bruxelles au sommet européen sur la défense, a déclaré que son pays avait déjà été victime de sabotages russes. « Ils ont mené des opérations similaires en Estonie. Ils ont engagé dix personnes pour attaquer la voiture du ministre de l’Intérieur et celle d’un journaliste. C’est un comportement normal de la part de la Russie. Nous sommes désolés de le dire, mais nous devons comprendre que la Russie est de plus en plus agressive envers les pays européens et les pays de l’OTAN« , a-t-il déclaré.

Il faisait référence aux incidents survenus en février lorsque les vitres des voitures du ministre de l’Intérieur, Lauri Läänemets, et d’un journaliste ont été brisées. Six personnes ont été arrêtées peu après, dont des ressortissants russes et des personnes ayant la double nationalité russe et estonienne, a déclaré le procureur.

En Allemagne, on soupçonne également des attaques menées par des services de renseignement étrangers, en plus de la vague de cyberattaques menée en 2023 par un groupe de pirates informatiques lié aux services de renseignement russes. Le mois dernier, deux ressortissants germano-russes ont été arrêtés, soupçonnés de préparer des attaques de sabotage, notamment contre une base militaire en Bavière. Le principal suspect a été accusé de préparer une explosion, un incendie criminel et d’entretenir des contacts avec les services de renseignement russes.

La France n’est pas épargnée

Avant les Jeux olympiques et les élections européennes, la France est également prise pour cible. « Tout cela va passer par la désinformation via des proxy. Nous avons eu l’exemple récemment avec l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie« , explique à BFM, le général Jérôme Pellistrandi. En marge des graves émeutes qui ont touché l’archipel du pacifique ces dernières semaines, l’Azerbaïdjan, allié de Moscou, a été accusé d’ingérence par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Par ailleurs, les enquêteurs français cherchent à savoir si les graffitis peints la semaine dernière sur le mémorial de l’Holocauste à Paris ont été commandés par les services de sécurité russes. Ces graffitis font écho à une attaque perpétrée l’année dernière, au cours de laquelle l’étoile de David a été peinte à la bombe sur des bâtiments de Paris et de la région parisienne, ce qui a fait craindre une répétition des tentatives de l’époque nazie visant à identifier les maisons des personnes de confession juive. Les autorités ont par la suite déclaré qu’elles pensaient que l’attaque pouvait être une « demande » d’un individu vivant à l’étranger.

Désinformation

Les responsables européens craignent que ces attaques ne viennent s’ajouter à une campagne de désinformation qui prolifère déjà. La semaine dernière, plusieurs écoles de la région d’Athènes ont été évacuées à la suite d’une fausse alerte à la bombe. La police est remontée jusqu’à un serveur russe et a déclaré que ce canular visait à « perturber l’ordre public ».

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Les pays de l’UE suivent de près ces événements. Le centre national de gestion des crises (NKVC) de Lituanie a invité les entreprises, y compris les centres commerciaux et les organisations soutenant l’Ukraine, à redoubler de vigilance. Vilmantas Vitkauskas, directeur du NKVC, a déclaré aux journalistes il y a deux semaines : « Le niveau de menace est assez élevé. Nous demandons au public de rester vigilant ».

Lundi, le coordinateur national néerlandais pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme, a mis en garde contre le risque d’opérations subversives aux Pays-Bas, notamment « l’espionnage et le prépositionnement en vue du sabotage d’infrastructures vitales ».

À Bruxelles, la ministre néerlandaise de la défense, Kajsa Ollongren, a déclaré que la Russie « essayait d’intimider » les pays de l’OTAN, ce qui rendait les États membres de l’UE vulnérables : « Oui, nous sommes vulnérables. Je pense que nous le sommes tous. Nous avons des infrastructures vitales. Nous avons des infrastructures dans les fonds marins, nous avons des approvisionnements en électricité, en eau, nous sommes vulnérables aux cyber-attaques. Nous constatons aujourd’hui dans plusieurs pays européens que la Russie tente de nous déstabiliser et de nous intimider ». « Je pense que la Russie et l’Union soviétique ont agi de la sorte tout au long de l’histoire récente ; au cours des 75 années d’existence de l’OTAN, je pense que nous l’avons souvent constaté », a-t-elle ajouté.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a également pointé du doigt Moscou : « Nous avons assisté à plusieurs arrestations dans l’Alliance et dans différents pays alliés de l’OTAN de personnes accusées d’incendie criminel ou de sabotage. Il s’agit bien sûr de procédures judiciaires en cours« , a-t-il déclaré. « Mais ce que je peux dire, c’est que nous avons constaté une augmentation de l’activité des services de renseignement russes dans l’ensemble de l’alliance. C’est pourquoi nous avons renforcé notre vigilance.« 

Source The Guardian

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