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Le transhumanisme libéral contre l’égalitarisme écologique

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On observe trois tendances politiques qui se dessinent dans la société à venir et commencent déjà à s’affronter un peu. Il s’agit des libéraux pro-technologiques, les conservateurs pro-écologies et les égalitaristes pro-écologies, l’éternel combat entre la liberté, l’ordre et l’égalité. 

La liberté humaine sera conquise par la technologie, selon les transhumanistes libéraux

La modernité à certaines vertus, mais comme tout principe, lorsqu’il n’est pas rééquilibré par son contraire, il sombre dans l’excès. Ainsi, l’hypermodernité, génère notamment la volonté d’exercer sa liberté et sa connaissance sans limite, jusqu’aux développements technologiques des transhumanistes, de la géo-ingénierie, de l’homme cyborg.

LIRE DANS UP’ : Des technologies pourraient-elles réguler l’embrasement du climat ?

Par exemple, Paul J. Crutzen, prix Nobel de chimie 1995, « préconisait un remède de cheval pour refroidir la planète au cas où l’humanité se révélait incapable de maîtriser ses émissions de gaz à effet de serre »[1]. Il proposait d’injecter du soufre dans l’atmosphère, c’est à dire « des tonnes de minuscules aérosols sulfatés. Ces aérosols augmentent l’albédo de la Terre, la proportion de l’énergie solaire directement renvoyée dans l’espace par la stratosphère, sans qu’elle puisse réchauffer la basse atmosphère ou le sol ». Or, dans « la revue Science, trois spécialistes de la chimie atmosphérique, cette géo-ingénierie aurait une autre conséquence, négative celle-là : détruire la couche d’ozone stratosphérique, indispensable à la protection des animaux et des végétaux des rayons ultraviolets agressifs du Soleil »[2]. « Selon l’Organisation mondiale de la santé, les aérosols sulfatés seraient responsables d’environ 500 000 décès prématurés dans le monde, surtout en raison de la pollution urbaine. Les spécialistes des forêts ne sont pas plus heureux : qui dit soufre, dit pluies acides, sait-on depuis longtemps, même si elles ne sont pas seules en cause dans les problèmes forestiers »[3].

La géo-ingénierie a d’autres projets très coûteux et très risqués du même type : Roger Angel, astronome américain d’origine britannique, a par exemple proposé en 2006 d’envoyer 1 600 milliards de petits engins en orbite, tous équipés d’un miroir, pour réfléchir 1% du rayonnement solaire. En octobre 2013, une entreprise américaine a « déversé 100 tonnes de sulfate de fer dans l’océan Pacifique, menant ainsi la plus grande expérience – et la plus controversée – jamais enregistrée en la matière. L’objectif : fertiliser l’océan, ou plutôt stimuler le plancton grâce aux particules de fer, avec la promesse » de capturer du carbone absorbé par le plancton »[4].

Il y aussi le projet de « capter le Co2 et l’injecter dans les couches profondes du sol (…). Le problème : il faut stocker le dioxyde de carbone durant un long laps de temps. Et si le  » réservoir  » se fracture, le dioxyde de carbone peut se relâcher dans l’atmosphère. ».

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LIRE DANS UP’ : Ils sont fous ! Des scientifiques ont un plan pour stopper le changement climatique : diminuer le soleil

Chercher dans la technologie des solutions pour régler le problème du climat conduit donc à guérir le mal par le mal. Cela fonctionne parfois ; cependant,c’est très risqué à l’instar de celle de l’apprenti sorcier… C’est pourquoi l’usage, l’excès de liberté d’user de sa raison, la liberté de créer des objets dangereux au plan biologique (biotechnologie, OGM, transformation de l’ADN…), chimique (pesticide, engrais), physique (nucléaire, nanotechnologie…) doit être rééquilibré grâce à la promotion de principes opposés, tel celui de l’ordre collectif et de l’égalité. C’est-à-dire la possibilité de décider de manière collective et démocratique de la légitimité des créations technologiques qui mettent potentiellement en danger la pérennité de l’humanité. Le principe d’harmonisation des conflits permet justement de trouver une dialectique dynamique et donc équilibrée entre le triangle liberté, ordre, égalité.

Parallèlement à l’accroissement de la démocratisation de la science et de l’industrie technologique, certains courants écologistes cherchent à limiter l’usage de la technique. Les plus radicaux souhaitent revenir à l’époque précédant l’ère industrielle. Par exemple, en se limitant à l’usage de la charrette en bois, comme le font les communautés quakers aux Etats Unis. Les anarcho-primitivistes vont plus loin encore en prônant le retour au mode de vie paléolithique des chasseurs cueilleurs ! Mais bien peu joignent le geste à la parole à long terme. Entre le refus total de la technologie et l’hyper-technologisme, les pratiques plus modérées, plus proches du juste milieu visent à freiner l’usage et l’emballement technologique, à limiter la dépendance face à l’électronique, à l’informatique, aux NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) et à développer plutôt des technologies appropriées et maîtrisées.

L’ordre naturel de l’écologie peut s’exercer contre la liberté de la raison

En effet, un des risques de l’écologie consiste à défendre l’ordre naturel traditionnel contre la modernité (la liberté politique, la liberté des idées, la raison, l’humanisme…). L’autre risque de l’ordre naturel relève de la religion. Cette dernière se révèle généralement conservatrice et traditionaliste. Le danger consiste à considérer que l’ordre naturel est celui des lois naturelles et des lois divines. Par conséquent, seuls les clercs, les théologiens et à leur tête les chefs religieux, tel le pape, s’avère en mesure de déterminer la vérité divine et l’erreur humaine, les bonnes ou mauvaises valeurs, les techniques justes ou dangereuses pour la société, tels la procréation assistée, la sélection génétique des embryons ou l’usage des OGM. Entre l’ordre religieux anti-rationaliste et l’ordre soi-disant scientifique des experts au service des intérêts des transnationales capitalistes, il y a un nouvel équilibre à trouver. Il réside sans doute dans la démocratisation de la science et de la religion, en plus de la séparation des religions et de l’Etat.

On le voit, l’écologie politique, comme les différentes politiques économiques, sont parcourues par trois principes majeurs opposés et complémentaires. Les deux principes centraux pour l’écologie sont ceux de l’ordre (naturel, religieux…) et celui de la liberté (de la raison, de la science, de la politique…). Le troisième principe est plus secondaire dans l’écologie, c’est celui de l’égalité.

L’équilibre entre la part de l’ordre et de la liberté limite leurs excès

En effet, l’ordre comme la liberté peuvent être constructifs ou destructifs du point de vu de l’intérêt collectif. La protection de l’environnement suppose le respect des cycles de la nature, des lois de la biologie et des écosystèmes, donc de l’ordre naturel du vivant. De même, la mise en œuvre de la démocratie suppose la création de lois démocratiques, donc d’un ordre collectif décidé par tous, d’une autorité légitime. Cependant, l’ordre peut devenir autoritaire, tyrannique puis dictatorial, tel l’écofascisme. Au plan psychologique, le besoin d’ordre, de pouvoir, peut devenir besoin de pouvoir, de dominer par peur d’être faible ou devenir besoin névrotique d’ordre obsessionnel, par peur de ne pas maîtriser, par manque d’organisation.

De même, la liberté de la modernité permet la liberté politique, la liberté de conscience (la raison, la science…), la liberté individuelle, l’humanisme… Cependant, l’excès de liberté engendre la liberté du plus fort du néolibéralisme et de l’anarcho-capitaliste, la liberté du scientifique apprenti-sorcier. Telle la liberté des transhumanistes, qui peut faire de l’être humain un homme-machine ou bien la liberté technologique sans limite de la géo-ingénierie qui, pour réguler le climat, peut générer de plus grandes catastrophes écologiques encore. La liberté scientifique conférée par la biotechnologie permet de modifier le génome des plantes, des animaux et des humains aux conséquences au minimum très risquées, tels les OGM « terminators » et aux pires, créer des hommes hybrides, des mutants, qui peuvent devenir des êtres difformes ou des individus construits pour travailler comme des esclaves.

Le transhumanisme libéral prône un contrôle social des classes populaires, par un gouvernement des experts

Laurent Alexandre est l’auteur de « L’IA (l’intelligence artificielle), va-t-elle aussi tuer la démocratie ? »,[5]  s’avérant néanmoins fervent partisan du transhumaniste, qui passe principalement par l’intelligence artificielle. Il est aussi membre du think-tanks le Siècle et actionnaire à 28 % du capital du journal « La Tribune ».

Dans une conférence sur le Transhumanisme à Centrale Supélec, les 16 et 17 janvier 2019, il s’adresse à certains des meilleurs étudiants ingénieurs français. Son analyse parait paradoxale : d’un côté il se dit pro-élitiste, c’est à dire que du fait de la complexité croissante du monde à venir, seules les élites seront en capacité de le comprendre, donc ils seront les seuls qui devraient être en mesure de décider dans nos sociétés. Même s’il n’en dit pas plus, on peut donc estimer, qu’il est favorable, à la promotion d’une « géniocratie », d’un pouvoir des génies, d’une aristocratie, d’un pouvoir des meilleurs, d’une technocratie, d’un pouvoir des techniciens, ou d’une « expertocratie », d’un pouvoir des experts.

Mais d’un autre côté, il affirme que la croissance de la complexité du système technologique et sociétale, va créer des écarts de plus en plus grands entre les meilleurs et les plus faibles, entre les mieux payés et les moins rémunérés, c’est à dire que va advenir le cauchemar transhumaniste inégalitaire décrit par l’Historien Harrari, dans son livre Homo Deus[6].

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Contre ce danger, il affirme qu’il faut au contraire réduire cet écart sans « se moquer des gens moins doués », qu’il ne faut pas « laisser de côté les gens moins doués », donc qu’il s’avère nécessaire de créer « une société de solidarité intellectuelle ».
Par conséquent, d’un côté, il se dit pro-élitiste, pro-gouvernement des experts, contre le gouvernement du peuple et de l’autre, il défend la solidarité avec eux… Il estime que l’élitisme gouvernemental est nécessaire, mais de l’autre, qu’il ne faut pas laisser les plus pauvres trop en arrière, car cela générerait des écarts, qui créeront des tensions et des révoltes préjudiciables à tous, donc à la bonne marche de la société.
Cette analyse diffère donc d’une politique démocratique égalitariste, telle que la démocratie directe, tel le référendum, ou le RIC. Il ne défend pas non plus son inverse c’est à dire une approche pyramidale, verticale, d’un gouvernement non démocratique par les seules élites. Il propose plutôt un gouvernement par les élites, qui prennent en compte les problèmes des plus fragiles, afin qu’ils n’enrayent pas l’évolution globale du système des élites, du transhumanisme, du capitalisme cognitif, de la société d’hypertechnologie.

Mais Alexandre Laurent, ne précise pas vraiment par quels moyens : plus d’éducation en général, plus de redistribution des richesses afin de permettre plus d’éducation pour les plus pauvres et les moins éduqués ? Ce qui relèverait d’une politique sociale, donc de gauche. En effet, les partisans d’une société conservatrice ou libérale économiquement propose de leur côté de développer l’eugénisme, grâce à l’éradication des enfants génétiquement moins intelligents avant leur naissance et ils considèrent qu’il faut au minimum de ne pas soutenir économiquement les enfants des classes les plus pauvres et les handicapés.
Alexandre Laurent nous rappelle que nombreux sont ceux, tel le leader des transhumanistes, Elon Musk, qui cherchent aussi à doper l’intelligence des moins intelligents par les neuro-technologies et la neuro-sciences[7]. Mais Laurent Alexandre ne croit pas que cela pour advenir avant 2070 au moins, donc que ce sera beaucoup trop long.
Cependant, pour le transhumanisme libéral, dont Alexandre Laurent est un fervent partisan, cela se fera seulement, si les moins intelligents, disposent des capacités financières de payer, ou si cela peut être utile aux dominants, de former des techniciens ou des soldats d’élite, pour les protéger et les servir.

Alexandre Laurent estime que le progrès technologique, la complexité sociétale, va accroître le nombre des plus faibles, des plus pauvres. Par conséquent, cela va conduire à une amplification des révoltes des classes populaires – le nombre de gilets jaunes révoltés – moins éduquées et moins payées, qui risque de s’accroitre, ce qui mettra en danger les élites, si elles ne parviennent pas à les contrôler. Cette pacification sociale pourra se faire, par la solidarité et/ou le contrôle. Cependant, il ne précise pas dans quelle direction il faut pacifier la société, ni s’il faut le faire par une politique de solidarité économique (donc de gauche), ou par une politique eugéniste ou un transhumaniste libéral, par l’homme augmenté, donc de droite.

LIRE DANS UP’ : Le transhumanisme est une machine de guerre contre la vie, de Jean-Michel Besnier

Les errements de la technologie

La technologie a déjà engendré la naissance de milliers de cancers et de nouveaux nés aux organes déformés et monstrueux, notamment causés par la radioactivité nucléaire de Tchernobyl, l’irradiation des aliments, les produits chimiques, tels les pesticides dans les champs, les hormones de synthèse dans la viande, etc. De même, la biotechnologie des OGM met en danger l’équilibre des écosystèmes, des espèces végétales et des lois de la nature. Les OGM accroissent le taux de cancer sur les rats, comme l’ont montré les recherches du professeur Séralini publiées en 2011, puis à nouveau publiées en 2014 dans une grande revue scientifique, après avoir été controversées[8]. Par conséquent, les effets sur l’être humain ne sont très probablement pas inoffensifs.

Dans le cadre de la technologie transhumaniste, seuls les plus riches peuvent se soigner grâce aux technologies de pointe. Or l’alliance homme-machine du transhumanisme peut conduire à dénaturer l’humanité dans sa capacité de libre-arbitre, sa sensibilité, ses sentiments… Car c’est bien la capacité à ressentir qui manque aux machines et aux métaux. Voilà donc certains des excès de la vision réductionniste du matérialisme scientifique et technique, qui se situent dans le pôle de la liberté de la raison.

Pour d’autres, tels les partisans de l’écologie de la postmodernité, la solution réside donc dans la recherche de l’équilibre entre les excès de « l’hyperliberté », de l’hypermodernité, de l’ordre conservateur, de l’ordre traditionaliste et de l’ordre autoritariste. Il s’agit donc de défendre et développer la liberté individuelle, la liberté démocratique, la liberté scientifique tout en veillant, grâce à la démocratie politique, économique et scientifique, à respecter les cycles naturels, les lois du vivant et des écosystèmes environnementaux, c’est-à-dire l’ordre naturel écologique.

Ils cherchent donc à promouvoir une liberté respectueuse de l’ordre collectif et naturel, donc aussi de l’égalité économique. Or les trois principes liberté, égalité, ordre sont à la fois complémentaires et opposés, dans le cadre d’une dialectique dynamique.

Les idéologies écologiques, même si elles s’intéressent logiquement au respect de l’ordre de la nature peuvent très bien s’articuler avec la plupart des courants politiques. Même si certains sont a priori moins proches de l’écologie, en termes de valeurs, comme les courants politiques fondés prioritairement sur la liberté. C’est le cas du capitalisme libéral ou du socialisme libertaire et plus encore de l’anarcho-capitalisme des libertariens, qui refuse non seulement l’Etat, mais même la fédération à la différence de la majorité des libertaires. Ainsi, les écosocialismes libertaires réunissent les valeurs de l’écologie avec celles de la liberté démocratique et de l’égalité économique.

 

 

 

 

Auteur du livre « Etre humain en système capitaliste », Edition Yves Michel, 2015

[1] P. J. Crutzen « Climatic Change », volume 77, page 211 (août 2006) in Huet 2008.
[2] Simone Tilmes et al. « Science », 25 avril 2008, in Huet 2008.
[3] Sylvestre Huet, « Le dilemme du géoingénieur », Libération, 29 avril 2008.
[4] Philippe Vion Dury, « Les projets fous des géo-ingénieurs pour réparer le climat », Nouvel observateur, 19/07/2013.
[5] Laurent Alexandre, Jean-François Cope, « L’IA va-t-elle aussi tuer la démocratie ?» Edition  JC Lattes, 2019.
[6] Yuval Noah Harari, « Homo Deus, une brève histoire de l’avenir », Albin Michel, 2017.

[7] Vance Ashlee, « Elon Musk, Tesla, PayPal, SpaceX : l’entrepreneur qui va changer le monde », Paris, Eyrolles, 2016.
[8] Gilles-Eric Séralini (and all), “Republished study: long-term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerantgenetically modified maize”, Environmental Sciences Europe Bridging Science and Regulation at the Regional and European Level, 2014 26:14, DOI: 10.1186/s12302-014-0014-5.

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Invité
Emmanuel Pont
4 années

Sur les OGM et Seralini vous pouvez lire Sylvestre Huet que vous citez plus tôt : https://www.lemonde.fr/blog/huet/2018/12/11/ogm-poisons-la-vraie-fin-de-laffaire-seralini/

Invité
Emmanuel Pont
4 années

Sur les OGM et Seralini vous pouvez lire Sylvestre Huet que vous citez plus tôt : https://www.lemonde.fr/blog/huet/2018/12/11/ogm-poisons-la-vraie-fin-de-laffaire-seralini/

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