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La révolution numérique dans le secteur financier. Mythes, réalités et contradictions

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Difficile de trouver une presse professionnelle qui ne soit pas truffée d’attracteurs tels que ‘révolution numérique’ ‘digitalisation’ ‘technologie disruptive’, ‘big data’, ‘bitcoins’, ‘cloud computing’ … annonçant (comme ici) autant d’évolutions ‘majeures’ susceptibles de bouleverser notre quotidien. Qu’est-ce qui a déclenché ce tsunami technologique ? Comment ne pas s’étonner devant ces néologismes qualifiant des mouvements amorcés depuis des décennies ! 
 
Depuis les années 80, bien des activités se sont digitalisées : achats ou locations en ligne, automobile (fabrication et pilotage), domotique, agriculture, relations avec les opérateurs financiers et les administrations publiques… Sectorielle, cette transformation a été accélérée par les vecteurs « I » et autres tablettes ; elle s’accompagne d’une mutation biologique avec l’apparition d’un organe supplémentaire prolongeant le bras ainsi que du retour vers une posture simiesque. WEB 3.0 – IOT: l’internet des objets, autre révolution. Avec IPV6 (finalisée en 1998, en cours de déploiement) il sera possible d’affecter une adresse IP au plus petit objet de vos maisons et vous serez donc averti à temps lorsque vous devrez racheter du dentifrice ou remplir votre cuve à mazout. 
Avec une tablette (et bientôt montre, lunettes…), vous disposez en permanence d’une fenêtre ouverte sur le monde. Les smartphones comme instrument de paiement et sorte de « super télécommande » permettant de piloter GoPros, chauffage, musique, TV, bilan médical, investissements…tout en servant de lampe de poche, GPS, station météo, etc. Les technologies 3D permettront bientôt de construire automatiquement des maisons (sic : on remplace l’encre par du béton.). Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) sont les nouveaux maîtres du monde et principaux artisans de ce chambardement technique et mental ; peut-être sauveront-ils la planète grâce notamment à une « I-mobile » électrique. 
 
 
Le « Cloud computing » désigne l’externalisation des ressources informatiques, soit la location de capacités de stockage et/ou des services (hébergement, administration réseau, exploitation). Vieille idée. Ce qui a changé : une offre beaucoup plus large et professionnelle, des normes (CMMI, Tier …), un cadre légal. AasS, Iaas, Paas.. et bientôt BaaS (Banking as a Service) ? Avec le WEB 3.0, le volume de  « Big data » va croître de manière exponentielle, facilitant le marketing prospectif, la recherche scientifique et notamment médicale … à condition de ne pas confondre corrélation et causalité : la viande rouge serait cancéro(ri)gène mais sommes-nous sûrs que la cause n’est pas la graisse de cuisson ou le comportement des gros consommateurs ? Voir le cas d’école du « Beta » (biais) entre la vente de couches culottes et de bacs de bières. Toutes ces variations statistiques liées simplement à une meilleure collecte de données : « la quantité ne fait pas nécessairement la vérité ». De plus l’intérêt de ces mega-données  pourrait bien se réduire avec l’émergence de nouvelles technologies permettant de les ‘anonymiser’ , à l’exemple de celles en cours d’élaboration dans les laboratoires du MIT : PDS, Enigma, Clearchain.
 
Dans le secteur financier, le foisonnement et la complexification des processus peuvent demander de nombreuses adaptations de logiciels (sondes à placer) pour générer les bigdata permettant l’analyse comportementale des clients… mais aussi de ces mêmes processus (mesure du lead time, Activity Based Costing). Affronter ce big-bang numérique peut également demander un re-engineering des activités en mode Lean Six Sigma.
 
Comme l’innovation, la digitalisation n’est utile que si elle permet de créer de la valeur et elle ne doit donc pas être un but en soi ! Méfions-nous des gadgets, de toutes ces « Apps »  et objets dont nous savions pas « que nous ne pouvions pas nous en passer ». Il faut, bien évidemment, surfer sur cette ‘quatrième vague’ (allusion au livre d’Alvin Toffler) et saisir ces opportunités de croissance et compétitivité, notamment en facilitant le développement de ces nouveaux services avec tous les leviers possibles (technologiques, légaux, financiers, associatifs, « silicon valley »). Ces révolutions ont au moins ceci de bon, c’est qu’elles bousculent nos habitudes, elles induisent des ‘tensions créatives’ et sont des vecteurs d’innovations : espérons que ceux-ci seront bénéfiques, pour tous.
 
Il faut s’interroger sur les conséquences de cette révolution que l’on nous annonce destructrice d’emplois, du fait de la robotisation à outrance. Les avis sont pour le moins partagés : 
Selon le WEF (Forum économique mondial), c’est le domaine de la santé qui devrait être le plus touché en termes d’emploi, suivi par les secteurs de l’énergie et des services financiers.
Selon d’autres études, les managers et professions médicales, intellectuelles, scientifiques, artistiques sont moins susceptibles d’être robotisés car elles reposent sur les relations humaines et font appel à la créativité… cela semble évident. 
Bien évidemment ce sont les emplois créant le moins de valeur qui continueront à être les plus menacés, typiquement les fonctions d’encodage (re-saisie d’informations), le ‘retail banking’…. 
 
Le secteur financier est appelé à se redessiner mais pour d’autres raisons que simplement technologiques : 
Open Banking. Arrivées de Fintech, startups profitant du nouveau cadre légal et capables de proposer rapidement des produits bancaires de crédits, placements et transferts, changes, règlement/livraison… Elles peuvent « ubériser » le secteur financier en opérant à des conditions très compétitives, supportant moins de coûts de structures et court-circuitant les organes de contrôle et les réseaux bancaires traditionnels, grâce notamment aux Bitcoins et Blockchains. Ces nouveaux challengers sont également susceptibles de distribuer des nouveaux services de conseil fondés notamment sur l’exploitation des big data.
Le manque d’attractivité des placements financiers pour les investisseurs Lambda, causé par l’effet conjugué d’une déflation structurelle, d’une trop forte volatilité et de frais financiers parfois perçus comme excessifs.  
Les pressions légales vers plus de transparence fiscale mais aussi de protection de la vie privée et de sécurisation des flux financiers (E.g. : PSD2 – Directive on Payment Services). 
Sans oublier : une conjoncture économique pesant sur la rentabilité, le nouveau choc pétrolier et ses impacts croisés sur nos fournisseurs et clients, la cybercriminalité, les flux migratoires… 
 
Autant de défis : fidélisation des clients, formations et compétences, calendriers, concurrences ; autant d’opportunités.
 
Bernard Timmermans
 
 
 

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