Encore. Comme un rituel macabre, les attentats sont revenus dans notre vie quotidienne. Les images diffusées ad nauseam ne nous mithridatisent plus. Après l’insolence de Charlie, l’insouciance des Terrasses, c’est maintenant les poussettes, les enfants, les familles qui sont écrasés, sur l’une des plus belles avenues de la planète. Le chant Nizza la bella ne résonnera plus comme avant.
Larmes noyant l’effroi et la sidération dans la même émotion. Et après, toujours le même cortège de rassemblements, de minutes de silence, de dépôts de fleurs et de veilleuses. Et, comme un rituel des temps nouveaux, cette mobilisation des réseaux sociaux, ces témoignages d’entraide et de compassion, à l’échelle du monde.
Nous ne sommes plus capables que de ces réactions si simplement humaines. Face à ce qui n’est rien d’autre que l’inhumanité.
Le terrorisme de Daech est une épidémie dont les miasmes ont choisi leur cible : l’intelligence. Le dernier rempart immunitaire que les humains possèdent pour se défendre.
Les promesses de paradis et de compteurs des pêchés remis à zéro pour les « combattants » du Djihad atteignent les égarés. Les plus faibles sont touchés d’abord. Savamment miné de l’intérieur, n’importe quel esprit suffisamment fragile pour être contaminé, devient alors soit une arme de destruction massive, soit le vecteur d’une bombe à fragmentation des sociétés démocratiques. Daech n’est pas bégueule sur la qualité de ses « soldats ». Et c’est pourquoi ils échappent si facilement aux « radars » de la surveillance, aussi ubiquitaire soit-elle.
Les questions pourquoi ? comment ? que faire ? s’égrènent dans un vide de la pensée. Un trou noir qui dévore la raison. Et quand la raison flanche, c’est la colère qui gronde. Voie royale de l’imbécillité. On aurait pu arrêter le camion fou avec un lance-roquette, on pouvait prévoir cet acte insensé, il faut que, il faut qu’on… Des politiciens tricotent sur ce désastre leur pitoyable nullité. Un carnaval de matamores en carton-pâte.
Certains discours entendus ces dernières heures –chamailleries politiciennes minables, dénonciations, accusations, défausses de responsabilité, harangues populistes martiales – sont les précurseurs symptômes du mal qui se déploie et pénètre les esprits. En y cédant, notre organisme social s’affaiblit, se délite. Il se fractionne, et forge les ressorts des collisions intestines.
Daech a écrit et publié partout depuis 2005 : « il faut faire en sorte que la société, qui est totalement déboussolée, se prépare à une logique de guerre civile ». Voilà le piège des terroristes.
Unissons nos intelligences pour refuser d’y tomber.
Nous avons rendez-vous avec une histoire tragique qui change le cours du temps. Soyons à la hauteur de ce rendez-vous.
Illustration d’en-tête : Mesia
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