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Le cocktail ravageur de la crise climatique et du Covid-19 exige une révolution mondiale des consciences
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Le cocktail ravageur de la crise climatique et du Covid-19 exige une révolution mondiale des consciences

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Pendant le Covid-19, la crise climatique continue. De plus belle. Les médias, tout focalisés sur la pandémie l’ont un peu oubliée, mais la crise du climat n’a pas disparu et les phénomènes extrêmes se sont multipliés un peu partout dans le monde ces dernières semaines. Ils surviennent au plus mauvais moment, celui où les économies s’effondrent et où les populations sont à bout. Le scénario d’une collision entre les risques climatiques et les risques pandémiques est en train de se dérouler ; il se reproduira car le climat est déréglé et les pandémies vont se succéder tant l’homme empiète sur les habitats naturels. Pour répondre à ce cocktail explosif, les populations, les États et les organisations internationales doivent se mobiliser dès maintenant. Des solutions existent, il faudra les mettre en œuvre sans tarder. Elles exigeront une révolution mondiale des consciences.

L’urgence de la crise du Covid-19 a mobilisé toutes les attentions et a fortement occulté la crise climatique. Pourtant, pendant que l’épidémie se développait partout dans le monde et faisait à ce jour plus de 517 000 victimes, pendant que des contraintes inédites affectaient la vie quotidienne de milliards d’êtres humains, pendant que les économies se retrouvaient sur le flanc, pendant ce temps de sidération, les événements climatiques s’accéléraient. Les fermetures d’usines dans le monde entier ont entraîné une forte baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais cette baisse est loin d’avoir suffi à ébranler l’épaisse couche de gaz qui enveloppe déjà la planète. Plusieurs risques climatiques sont entrés en collision avec l’épidémie elle-même ou ont mis en péril des actions de santé publique sensibles. Si la nature spécifique des menaces va changer au fil des saisons et des régions, le problème global est universel et doit être considéré comme un signal qui donne à réfléchir sur ce qui attend les pays du monde entier.

Événements cumulatifs

Entendons-nous bien : quand nous parlons de risques climatiques, nous ne parlons pas de risques futurs, situés dans un horizon incertain. Nous parlons de risques qui se déroulent en ce moment même et qui frappent la planète partout à la fois. Un rapport publié par la revue Nature Climate Change en fait un inventaire non exhaustif.  

 

Événements climatiques extrêmes survenus pendant la pandémie de Covid-19

Les Fidji ont été frappées par un cyclone tropical de catégorie 5 au début de l’épidémie ; Vanuatu, les îles Salomon et Tonga devront également faire face à des difficultés environnementales tout en empêchant l’introduction du virus. La côte du golfe du Mexique aux États-Unis se prépare à une saison d’ouragans violents, tandis que l’État de Louisiane est devenu un point chaud national de mortalité due au Covid-19, en partie à cause d’une discrimination raciale héritée du passé et d’un sous-investissement dans les soins de santé. En Afrique du Sud, les autorités locales se demandent comment maintenir une distance sociale pendant les inondations dans les quartiers informels où la politique est déjà extrêmement difficile à mettre en œuvre. Au Zimbabwe, la sécheresse a privé des millions de personnes d’accès à l’eau potable et les expose à une insécurité alimentaire aiguë pendant la période juin-septembre 2020. Ces conséquences, ainsi que les coupures d’électricité liées à la sécheresse dans les pays d’Afrique australe fortement dépendants de l’hydroélectricité, affecteront la réaction de ces pays au virus.

En outre, l’année à venir pourrait être la plus chaude jamais enregistrée. Les épisodes de chaleur extrême, comme ceux qui commencent en Europe du Nord comme du Sud, au Moyen-Orient où se sont déjà produits cette année en Floride et dans le Sud-Ouest des États-Unis, pourraient entraîner une surmortalité et une morbidité particulièrement élevées, et perturberont probablement l’approvisionnement en électricité, les hôpitaux et les services d’urgence, notamment dans les villes. Cela risque d’avoir de graves conséquences pour les personnes déjà très exposées aux maladies liées à la chaleur, notamment les personnes âgées, les personnes vivant dans la pauvreté (en particulier celles qui n’ont pas les moyens de s’offrir la climatisation), les personnes ayant des problèmes de santé préexistants, les personnes incarcérées, les personnes sans abri et les personnes à mobilité réduite ou handicapées. Les incendies de forêt se croiseront également avec la propagation de Covid-19 dans l’Ouest des États-Unis au cours des prochains mois, d’autant plus que la pandémie perturbe les mesures de prévention des incendies de forêt et les programmes de formation des pompiers. Ce défi est déjà apparent en Australie, où les effets durables sur la santé de la pollution atmosphérique causée par une saison de feux de brousse extrême vont probablement exacerber la morbidité liée à Covid-19, et où l’épidémie va encore mettre à rude épreuve les services de santé et l’économie.

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Aggravation des phénomènes extrêmes

À une échelle encore plus vaste, une combinaison de facteurs de stress climatiques et géopolitiques entraîne des migrations forcées. Les populations déplacées, comme celles qui résident dans les camps de réfugiés, sont exposées plus que d’autres aux épidémies de Covid-19, en raison de conditions de vie incompatibles avec l’éloignement social et le manque d’accès aux tests ou aux soins de santé. Les fermetures de frontières liées aux pandémies exacerbent encore ces problèmes.

Ces problèmes ne sont pas nouveaux ; les changements drastiques des conditions météorologiques, le rétrécissement des habitats, la dégradation des terres et l’augmentation du nombre d’incendies provoqués par le dérèglement climatique ont un effet direct sur l’émergence de nouvelles maladies.

Toutefois, l’ampleur de ces événements les rend de plus en plus inédits. Et plus leurs effets durent longtemps, plus ils paralysent également les économies locales. Cela a pour effet d’allonger le temps de rétablissement d’un pays, le rendant ainsi plus vulnérable que d’habitude à d’autres catastrophes.

Toute catastrophe entraîne son lot de souffrances mais les choses se compliquent avec des catastrophes qui se cumulent. Il ne s’agit pas seulement de deux phénomènes qui se produisent en même temps. Il s’agit de deux phénomènes qui s’aggravent l’un l’autre. Par exemple, les Australiens craignent qu’une saison de feux de brousse extrêmes n’augmente la pollution atmosphérique régionale, ce qui les rendrait plus vulnérables au développement de Covid-19 graves, et n’affecte gravement les personnes déjà très exposées aux maladies liées à la chaleur, notamment les personnes âgées, les pauvres, les handicapés et les sans-abris. Ces conséquences mettront bien entendu à rude épreuve les systèmes de santé et l’économie.

Cet effet synergique est accentué non seulement par la force de la catastrophe elle-même, mais aussi par les conditions sous-jacentes telles que la malnutrition généralisée, la pauvreté, les systèmes de santé plus faibles et la suspension des programmes de santé publique de routine contre d’autres maladies en raison de la concentration excessive sur une seule maladie, comme le Covid-19. Les impacts négatifs supplémentaires des événements climatiques extrêmes sur les économies et les moyens de subsistance, renforcés par le changement climatique, menacent de pousser les pays, notamment ceux qui sont en développement, à leur point de rupture, faisant reculer des décennies de travail pour réduire la pauvreté et améliorer le bien-être humain.

Notre lot à l’avenir

Pour comprendre la situation, il faut imaginer, par exemple, comment le cyclone Amphan est apparu en Inde et au Bengladesh en plein moment où l’épidémie de Covid-19 sévissait. Ces pays ont pris l’habitude de gérer ces situations climatiques à répétition : ils ont fait d’énormes progrès en matière d’alerte précoce et d’infrastructures liées à ces catastrophes. Mais la collision entre la situation épidémique et la situation climatique a tout bouleversé, accentuant les menaces de l’une et de l’autre. Arivudai Nambi Appadurai, directeur du World Resources Institute à Bengaluru en Inde, estime que ces « extrêmes composés » seront notre lot à l’avenir. « Les défis sont multiples, notamment les abris anti-tempête surpeuplés qui peuvent se transformer en grappes virales et les épidémies d’autres maladies déclenchées par les effets d’un cyclone, principalement en raison d’inondations », a-t-il expliqué. « Le risque de propagation du choléra et d’infections bactériennes comme la diarrhée est élevé dans les abris anti-tempête. Le manque d’eau et d’installations sanitaires exacerbera la propagation de l’épidémie et de la pandémie ».

Comme le note le rapport de Nature Climate Change, « à une échelle encore plus large, une combinaison de facteurs de stress climatiques et géopolitiques entraîne des migrations forcées ». Les personnes déplacées, y compris les migrants et les réfugiés dans les camps, sont particulièrement exposées aux risques d’épidémies de maladies infectieuses en raison de leurs conditions de vie, de la place centrale qu’occupe la promiscuité —une sorte d’antidistance sociale — dans leur vie et, bien sûr, de leur manque d’accès aux tests et aux soins. D’une manière ou d’une autre, la migration à grande échelle affectera directement la dynamique locale des maladies infectieuses. « Les populations locales se seraient habituées aux infections locales », a expliqué Rajan Patil, un épidémiologiste spécialiste des questions de santé publique à l’université de Chenai en Inde. « Mais l’exposition de populations aussi naïves, qui n’ont jamais été exposées à de nouvelles infections comme le COVID-19, déclenchera une épidémie car elles n’auront aucune immunité ».

Dilemme

Mais l’évacuation et le déplacement « sont le genre de situations qui pourraient causer des dommages inévitables – c’est pourquoi plus tôt nous pourrons mettre fin aux épidémies, mieux ce sera », affirme Colin Carlson, professeur au Centre pour la science et la sécurité de la santé mondiale de l’université de Georgetown et co-auteur du rapport. « Plus la pandémie dure longtemps, plus il y aura de tragédies inévitables, où les évacuations produisent une super propagation et où les gens meurent inutilement ».

Au moment où cet article est écrit, l’Inde et le Bangladesh, aux prises avec le Covid-19, déplacent des centaines de milliers de personnes dans des abris surpeuplés pour éviter d’être frappés par le cyclone. L’évacuation des personnes vers des abris anticycloniques a permis de sauver des centaines de milliers de vies lors des tempêtes précédentes, mais les travailleurs humanitaires craignent désormais que le virus ne se propage rapidement dans les abris.

À l’autre bout du monde, la Croix-Rouge, en prévision d’une saison « chargée » des ouragans de l’Atlantique, a commencé à envisager des chambres d’hôtel plutôt que des abris collectifs, et a élaboré des plans pour un dépistage supplémentaire, des masques, la distance entre les lits, le nettoyage et la désinfection.

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Il faut comprendre le dilemme des services de secours et de santé publique : si les efforts pour contenir la transmission de l’épidémie entre humains devaient s’essouffler au milieu d’un ouragan, d’une vague de chaleur ou d’une inondation majeure, on pourrait facilement imaginer une nouvelle série de flambées épidémiques. Rappelons que Covid-19 a débuté avec un seul individu et s’est rapidement répandu sur toute la planète. Une stratégie fortement basée sur l’endiguement — avec le risque inévitable d’une défaillance — peut être compromise par des événements climatiques extrêmes.

Le Programme des Nations unies pour le développement a averti cette semaine que le développement humain mondial, qui prend en compte l’éducation, la santé et le niveau de vie, allait décliner cette année « pour la première fois depuis l’introduction du concept de développement humain en 1990 ».

Les événements climatiques extrêmes de ces derniers jours, qui viennent s’ajouter à la pandémie de coronavirus, mettent en évidence, selon Corinne Le Quéré, climatologue à l’Université d’East Anglia en Angleterre, les dangers de sous-estimer l’impact des risques cumulés. Les politiques de relance économique que les gouvernements mettent en place après la levée de la pandémie, a-t-elle dit au New York Times, auront un impact sur la trajectoire des émissions pour les décennies à venir. « La reconstruction après la catastrophe de Covid-19 devrait être conçue de manière à réduire notre vulnérabilité », a-t-elle déclaré. « Cela signifie à la fois se préparer à des risques climatiques extrêmes, et réduire les émissions qui sous-tendent les risques climatiques ».

Actions politiques

Dans cette crise qui se déroule rapidement, les auteurs du rapport publié par Nature appellent les gouvernements, les organismes de santé et les experts en maladies à prendre des mesures immédiates pour faire face au Covid-19, mais à également s’attaquer aux inévitables catastrophes liées au climat pour contribuer à minimiser les pertes de vies humaines. Les organismes d’intervention d’urgence et les premiers intervenants sont particulièrement susceptibles de se trouver déployés simultanément dans plusieurs crises, ce qui les met à rude épreuve.

Selon les auteurs, une coordination est nécessaire à tous les niveaux de gouvernement pour prévenir les conflits potentiels de stratégie entre les agences, les secteurs et les échelles. Par exemple, ce printemps, des communautés du Midwest américain ont dû faire face à la perspective d’une évacuation en raison d’inondations alors que des ordres de rester chez soi étaient en place.

Dans ces communautés et dans d’autres communautés exposées (par exemple, les zones d’ouragans ou les régions touchées par des incendies de forêt), « des décisions politiques difficiles doivent être prises, notamment pour savoir si et comment les hôpitaux – en particulier les unités de soins intensifs – peuvent être évacués en toute sécurité, et comment gérer les risques sanitaires plus généraux en cas de besoins d’hébergement d’urgence à grande échelle ».

En plus des réponses aux situations d’urgence aiguës, le rapport de Nature souligne que des mesures politiques sont nécessaires pour assurer la continuité des services de base. « Il sera essentiel d’assurer la continuité des services d’électricité, d’eau et autres pour limiter les pertes de vies humaines lors des vagues de chaleur, des incendies et des ouragans ». De même, lorsque les agences de l’eau interrompent le service pour non-paiement des factures — une situation plus susceptible de toucher les personnes qui vivent dans la pauvreté ou qui ont perdu leur emploi pendant la crise économique actuelle — le lavage des mains devient impossible. « Dans les régions du Sud, les pays riches doivent fournir une aide budgétaire à la fois pour maintenir ces services de base à court terme et pour investir dans des infrastructures résistantes au climat afin de gérer les risques à long terme ».

Pour Carly Phillips, auteur principal du rapport, « les pays devront élaborer des plans détaillés de préparation aux risques aggravés, en tenant compte des différences régionales en matière de vulnérabilité climatique, de la solidité des systèmes de santé et de sécurité sociale existants et de la trajectoire des épidémies ». Dans tous les cas, proposent les rapporteurs, les gouvernements et les institutions multilatérales qui répondent au Covid-19, à la crise climatique et à leur intersection doivent reconnaître que les interventions et les orientations doivent être adaptées aux vulnérabilités, aux besoins et aux circonstances particulières des populations touchées.

Une stratégie de préparation à une pandémie pour l’adaptation au climat

Le dérèglement climatique rend les phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses. Aujourd’hui, en raison de la pandémie, ils surviennent à un moment où les économies nationales s’effondrent et où les populations sont exténuées. La communauté internationale se retrouve dans l’obligation d’élaborer une stratégie à long terme pour la préparation aux pandémies, car le Covid-19 n’est ni la première ni la dernière fois que notre société mondialisée sera confrontée à ce type de risques composés.

Les auteurs du rapport notent que les structures de gouvernance et institutionnelles actuelles — et les cadres de risques utilisés dans les rapports du GIEC et de l’évaluation nationale du climat — sont vulnérables au cloisonnement, en particulier dans le secteur de la santé. Il faut davantage d’évaluations interdisciplinaires et intersectorielles des risques, y compris la planification d’événements à faible probabilité et à fort impact. Ces évaluations doivent explicitement tenir compte de la coïncidence spatiale et temporelle des dangers physiques et des facteurs de risque sanitaires ou socio-économiques, des interdépendances entre les secteurs (par exemple, le lien entre l’alimentation, l’énergie, l’eau et la santé) et du potentiel de boucles de rétroaction. De même, les solutions doivent être plus intégrées et plus robustes, en tenant compte des interactions, des compromis et des co-bénéfices entre les secteurs et à différentes échelles selon une série de scénarios.

Couverture santé

Les auteurs du rapport affirment en outre, que le racisme structurel et les inégalités systémiques exposent les personnes de couleur et les personnes économiquement vulnérables à un risque accru face au changement climatique et aux pandémies, une situation que nous voyons déjà se développer. L’une des politiques visant à remédier aux inégalités structurelles mises en évidence dans le cadre du changement climatique et de l’épidémie de Covid-19 est une couverture de santé universelle abordable qui corrige l’accès inéquitable aux soins préventifs (en s’attaquant aux comorbidités potentielles lors des pandémies et des catastrophes liées au climat) et aigus (en garantissant un traitement rapide en cas d’urgence). Dans de nombreux endroits, les crises actuelles, qui se chevauchent, mettent à nu des lacunes préexistantes dans les soins de santé et les services sociaux auxquelles il faut remédier. Pour les rapporteurs, « il est essentiel d’atteindre l’objectif de l’Organisation mondiale de la santé, à savoir une couverture sanitaire universelle à l’échelle mondiale d’ici 2030, afin de réduire la vulnérabilité des systèmes de santé et de minimiser les effets à long terme sur la santé des événements imputables au climat ». Des solutions qui placent l’équité, la justice et les droits de l’homme au centre, garantiront la résilience à la fois de l’adaptation au changement climatique et de la préparation à la pandémie.

Au-delà de la couverture sanitaire universelle et des mesures proactives de résilience au climat, l’adaptation au changement climatique et la préparation aux pandémies peuvent être considérées pour les auteurs du rapport comme faisant partie de l’obligation légale des pays de réaliser le droit à la santé par le biais de leurs lois, politiques et budgets. « En vertu des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, tels que le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966), les pays ont l’obligation de respecter, de protéger et de réaliser le droit à la santé, notamment en prenant des mesures pour prévenir les maladies épidémiques ».

Il est de plus en plus reconnu que la lutte contre le changement climatique est une composante de la réalisation du droit à la santé : l’accord de Paris reconnaît qu’en prenant des mesures pour lutter contre le changement climatique, les pays doivent prendre en compte, respecter et promouvoir leurs obligations en matière de droit à la santé. Une coopération et une gouvernance mondiales solides, avec une approche centrée sur les droits de l’homme – soutenue par des cadres juridiques et institutionnels appropriés – est une condition préalable pour relever avec succès ces défis multidimensionnels qui se chevauchent, grâce à des solutions intégrées.

Révolution des consciences

Mettre en œuvre ces solutions exigera une révolution des consciences. Celle-ci n’est que la partie émergée d’une évolution plus fondamentale de la civilisation contemporaine, celle d’un changement d’épistémologie. L’historien Antoine Arjakovsky rappelle dans un article récent que l’expansion rapide et incontrôlée, mais aussi extrêmement médiatisée, de la pandémie du Covid-19 a fait ressortir l’angoisse de la mort et ébranlé l’illusion de sociétés industrialisées, individualistes et vieillissantes, qui se croyaient inébranlables, voire immortelles. « Aucun individu sur la planète ne peut se sentir à l’abri d’un risque de contamination ». L’horizon de progrès sans fin qui se ferait au détriment de la vie de la planète et de la société est remis en question ; tout comme les conceptions somme toute pessimistes du développement durable et de l’économie soutenable.

La prise de conscience d’un avenir possible qui satisferait les besoins de chacun tout en préservant le monde dont nous dépendons est un enjeu crucial. Cette conscience s’efforce d’émerger entre deux territoires hostiles : celui de la pénurie de bien-être humain et celui des excès de pression sur les systèmes à la source de la vie. Jusqu’à très récemment, beaucoup pensaient que les conséquences vraiment graves d’une planète surchauffée ne se feraient sentir que dans quelques années voire décennies. Le Covid-19 nous a fait prendre conscience que ce n’était pas le cas. Pour la première fois, les liens inextricables entre le réchauffement climatique et les pandémies ne peuvent plus être ignorés. La pandémie a joué, comme dans d’autres domaines, le rôle de grand révélateur. Si la révolution de conscience a lieu, ce sera, malgré les morts et les drames que la pandémie produit, son immense apport à l’humanité.

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Matendajoseph@gmail.com
4 années

Nous vous remercions sincerement avec ce très breuf éclaircissement qui nous protège contre ce pendemie covid19.

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