En novembre 2019, l’Union européenne (UE) a ouvert la voie à une initiative, le Green Deal (ou Pacte vert), pour l’Europe – idéalement pour le monde. Pour en relever réellement les défis « complexes et interdépendants » dans une « réponse politique qui doit être audacieuse et globale », selon ses termes même, il est impératif que celle-ci intègre complètement cette dimension irréductible de ces interdépendances. Une analyse de cette initiative vient d’être effectuée par Jacques de Gerlache. Synthèse introductive en avant-première pour UP’ Magazine.
Le changement climatique et la dégradation de l’environnement constituent une menace existentielle pour l’Europe et le reste du monde. Pour y faire face, l’Europe a travaillé sur une feuille de route ayant pour objectif de rendre l’économie de l’UE durable, le Pacte vert pour l’Europe : une nouvelle stratégie de croissance qui transformerait l’Union en une économie moderne, compétitive et efficace dans l’utilisation des ressources, afin de réponde aux défis posés par le changement climatique.
Dans sa formulation originale, ce Pacte Vert intègre en effet le lancement d’une nouvelle stratégie de croissance pour l’UE et le soutien de sa transition vers une société plus juste, soutenable et prospère qui réponde aux défis posés par le changement climatique et la dégradation de l’environnement mais aussi aux autres défis, telles les crises sanitaires ou alimentaires. Ceci tout en préservant la qualité de vie des générations futures.
Cette dimension systémique fondamentale des interdépendances reste cependant trop souvent absente de la gestion opérationnelle de processus complexes associant des enjeux multifactoriels, ce qui hypothèque souvent leur mise en œuvre cohérente et efficace et donc leurs résultats dans les délais imposés par les faits.
C’est dans ce contexte que la présente initiative d’analyse a pour objet, au moyen d’une méthode opérationnelle déjà adoptée par des acteurs tant institutionnels qu’industriels, une interprétation harmonisée de ces interactions irréductibles entre les différents enjeux du Pacte Vert : sociales et environnementales, économiques et financières, mais aussi éthiques et, bien sûr, politiques.
L’amplification à la fois conceptuelle et opérationnelle de cette dimension systémique conduit alors à un certain nombre de (re)formulations avancées des objectifs du Pacte Vert et mène à l’élaboration de six concepts-pivots intégrant cette dimension systémique, concepts qui sont articulés en plans directeurs selon quatre axes stratégiques constituant les quatre pôles de sa Boussole.
Au travers d’une structure matricielle combinant les enjeux, les contraintes et les parties prenantes, un premier portefeuille d’Actions-clés issu de ces axes stratégiques est alors identifié, portefeuille qui constitue une passerelle vers la mise en œuvre de plans d’action concrets.
S’ouvre ainsi pour chaque partie prenante impliquée une réelle opportunité de mettre symbiotiquement en œuvre, à son niveau d’intervention (local, régional ou (inter)national) et dans toutes leurs dimensions irréductibles, les engagements du Pacte Vert : que cette partie prenante soit experte dans les domaines concernés, actrice sociale, économique ou environnementale, en charge de décisions politiques ou tout simplement simple citoyenne. Permettre à chacune en particulier d’identifier les contraintes, les limites, les moyens et ses responsabilités propres, mais aussi les indicateurs de suivi appropriés.
Ainsi harmonieusement orchestrés, ces plans d’action, éclairés par cette forme de « lucidité » complémentaire catalysant l’esprit du Pacte, auront un maximum de chance d’atteindre leurs objectifs et de contribuer à la matérialisation d’une symbiose homme-planète plus soutenable et plus équilibrée. Et contribuer de cette manière à la construction d’une communauté mondiale plus épanouie échappant peut-être aux multiples bouleversements annoncés.
Jacques de Gerlache, (Éco)toxicologue, professeur à l’institut Paul-Lambin à Bruxelles. Conseiller scientifique auprès du Conseil fédéral belge du développement durable. Manager du site multilingue www.greenfacts.org
Excellent article. La dimension ‘systémique’ parait nouveau, mais il s’agit d’une qualité déjà présent en nous et tout ce qui est vivant. Les structures et systèmes que nous avons construits, académiques, économiques, administratifs, ne le sont pas. Et notre éducation a cherché l’ignorer. Nous avons tout à gagner si on cherche re-connecter avec cette dimension systémique. Au cœur du concept Innovation Systémique développé par Innovblue.