Le rapport Mettling va-t-il bouleverser la conduite de la transformation numérique dans le fonctionnement de l’entreprise ? Et se résume-t-il à adapter l’homme à la machinerie numérique, dont il est indispensable et bon de développer le marché ? Ou l’inverse ?
Bruno Mettling, directeur général adjoint d’Orange, a remis en septembre dernier à Myriam El Khomri, ministre du Travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, un rapport sur les effets de la transformation digitale sur le travail. Il préconise notamment de « compléter le droit à la déconnexion par un devoir de déconnexion du salarié » et de « professionnaliser les salariés et prioritairement les managers afin d’accélérer l’évolution numérique ».
L’objectif de cette étude était d’identifier les nouvelles formes du travail, les transformations menées par les entreprises et leurs initiatives à venir pour redonner du sens au travail et améliorer le bien-être des collaborateurs.
Pour cela, Bruno Mettling s’est intéressé aux conditions de travail en 2015 (notamment avec la diffusion massive de nouvelles technologies), l’organisation du travail, le management (nouvelles compétences, nouveaux métiers, nouvelles formes de travail hors salariat, etc.). Le Medef a été associé aux travaux menés par Bruno Mettling, dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par le Ministre du travail, relatifs à l’impact de la transformation numérique sur le travail. Les associations syndicales FO, CGT, CFDT et CFE-CGC ont également apporté leurs contributions.
Les processus ininterrompus d’innovation, d’utilisation et d’amélioration des outils numériques sont présentés par Bruno Mettling comme naturels et sources énormes de « création de valeur ». Mais pour cela plusieurs conditions doivent être remplies :
– Former élèves, étudiants, « managés » et « managers » tout au long de la hiérarchie à l’utilisation et à l’amélioration des outils numériques ;
– Obtenir l’adhésion de tous ;
– Adapter le droit pour optimiser l’usage du travail :
• « sécuriser » le forfait-jours ;
• Développer la « porosité » entre salariat et non salariat (notamment l’UBERISATION), y compris en s’appuyant sur des dispositifs fiscaux et sur le concours des collectivités territoriales ;
• Supprimer de fait les contraintes en matière de durée du travail et en matière de rémunération ;
• Compléter les moyens déjà existants d’assurer la traçabilité totale de chaque travailleur (étudiant, salarié, chômeur, indépendant…) ;
• Développer le « partenariat » numérique avec les syndicats ;
Mais sans conduire à la disparition de tout système d’assurances sociales, en organisant le marché des assurances sociales privées et, pour tenir compte des risques de destruction de la ressource humaine, recourir à la formation individuelle, à la signature de « chartes », au développement de « bonnes pratiques » d’entreprise et de recommandations issues d’ « indicateurs » chiffrés.
Ce rapport est divisé en trois grandes parties qui examinent les effets de la transformation numérique. Tout d’abord, il liste les principaux impacts du numérique. Sur le management mais aussi sur le travail des cadres, sur les métiers. Il prend également en compte les nouvelles formes de travail hors salariat.
Dans la deuxième partie, le rapport analyse les effets du numérique sur l’évolution du cadre de travail (lieu et temps de travail), sur la qualité de vie au travail (charge de travail, santé au travail) et sur la fonction managériale (management de proximité, management participatif et management des télétravailleurs).
La troisième partie fait des propositions pour réussir la transformation numérique en entreprise ; propositions relatives à l’éducation au numérique, à l’adaptation du cadre de travail, à la qualité de vie au travail et à la co-innovation.
En conclusion, le rapport présente 36 préconisations pour l’accompagnement de cette transformation digitale des entreprises.
Entretien de Bruno Mettling sur Radio-Classique en septembre 2015
Plusieurs études sur l’impact du digital ont déjà été menées dans les champs de l’économie ou des savoirs. Le rapport Mettling est le premier en France à porter exclusivement sur l’entreprise et le monde du travail. Notons enfin qu’un second rapport sur l’effet de la transformation digitale sur l’emploi sera remis en décembre 2015, témoignant ainsi de la prise de conscience au niveau politique de l’impact sociétal majeur du digital.
(Source : www.travail-emploi.gouv.fr)
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