D’ici 2021, un nouveau quartier de 6 hectares sortira de terre à Paris dans le 18ème arrondissement. Baptisé « Chapelle International », il accueillera 900 logements, plus de 30 000m² bureaux, une crèche, un gymnase, une école, mais aussi une plateforme ferroviaire de frêt de 40 000 m². Sa particularité ? Il sera chauffé par un data center spécialement construit pour produire de l’énergie et devenir ainsi un exemple en matière de consommation énergétique.
Reconvertir de vastes emprises foncières sous-exploités ou en friches de part et d’autre du périphérique et des maréchaux pour en faire de nouveaux quartiers parisiens, tel est l’enjeu Paris Nord Est, l’un des derniers grands projets d’urbanisme parisien dont la concertation a débuté en 2004. Le site sera construit sur une ex-friche ferroviaire de six hectares, au nord de Paris, et permettra l’éclosion d’un nouveau quartier de 3.000 habitants et 1 500 salariés, dans des normes environnementales drastiques et innovantes, dont l’utilisation de data centers pour chauffer les infrastructures.
La Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), opérateur de la fourniture énergétique sur le futur quartier urbain et logistique, vient de lancer les travaux d’un réseau de chaleur inédit, en partie alimentée en énergie par le data center de la Ville de Paris installé sur le site.
Un data center est l’un des éléments nécessaires au traitement et stockage des données numériques. Indispensable à Internet, il a connu un fort développement avec l’essor du cloud. Concrètement, il s’agit d’un lieu physique contenant les serveurs informatiques qui stockent les données numériques et dans lequel les entreprises peuvent notamment louer un espace de stockage et ainsi éviter la présence de serveurs dans leurs locaux, bénéficiant d’une hyper sécurité. Mais ils sont bruyants, bouillants, très gourmands en énergie … Ils consomment aujourd’hui 3 % de l’électricité mondiale, dont une grande partie sert à refroidir des salles remplies de serveurs informatiques qui tournent 24h/24 et 7j/7.
Et si, justement, on arrêtait de refroidir ces serveurs qui implique de fortes dépenses d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre ? Autant récupérer la chaleur qu’ils émettent pour chauffer des bâtiments … Pour fonctionner, un data center a besoin d’être rafraichi par un système de climatisation car il génère beaucoup de chaleur. Or les systèmes nécessaires au refroidissement produisent eux-mêmes de la chaleur qui est habituellement perdue. L’idée est donc de la récupérer grâce à un échangeur thermique, qui va la transformer en une eau à 55 °C distribuée par le réseau de chauffage urbain via une centrale de production d’énergie.
C’est exactement ce qui va se passer sur le site de la Chapelle International. Une boucle d’eau chaude locale et indépendante, alimentée à 50 % en énergies renouvelables et de récupération, chauffera les 144.000 m2 de constructions neuves prévues d’ici 2021 à la Chapelle. Cette boucle autonome de 500 mètres de long, dispose d’un centre de production thermique d’une puissance de 6,6 MW.
« La chaleur est ensuite montée en niveau de température grâce à des pompes à chaleur puis véhiculée jusqu’aux immeubles où elle va permettre de les chauffer et de faire de l’eau chaude sanitaire », explique Bruno Vinatier, directeur stratégie de la Compagnie parisienne de chauffage urbain, à nos confrères de bfmtv.
L’expérience de chauffage des bâtiments grâce à l’énergie de data center n’est pas nouvelle. La piscine de la Butte aux Cailles dans le 13ème arrondissement de Paris fonctionne depuis cet automne avec cette technologie : dans son sous-sol plusieurs centaines de serveurs de la start-up grenobloise Stimergy. Ou encore à Nantes où, depuis l’été 2016, 36 serveurs informatiques tournent 24h sur 24 pour chauffer l’eau de 40 logements sociaux.
Piscine de la Butte-aux-cailles
Pour le fondateur de Stimergy, Christophe Perron, « Les data center de demain seront bien plus petits que les monstres d’aujourd’hui et ils seront répartis partout sur le territoire, à l’image d’un réseau de neurones. Chaque nœud sera installé dans un immeuble d’habitation. La chaleur dégagée par les serveurs sera réutilisée pour chauffer l’eau chaude sanitaire. Nous réinventons le concept de data center pour les intégrer dans l’écosystème de la ville intelligente en prenant en compte les problématiques techniques d’aujourd’hui et avec l’objectif de proposer un modèle de développement plus soutenable ». (Source : greenit.fr)
Autre exemple : un immeuble de logements sociaux, rue Ballard dans le 15ème arrondissement parisien où, depuis deux ans, le chauffage est gratuit pour les occupants de cent logements chauffés par des Q. rads, des radiateurs numériques mis au point par la startup de Montrouge Qarnot Computing. Comme l’explique Paul Benoît, dirigeant de Qarnot, l’idée, cette fois-ci, n’est plus de créer de grands data centers centralisés, mais d’embarquer des processeurs informatiques à l’intérieur de radiateurs dispersés dans tout le bâtiment qu’on souhaite chauffer : « Les processeurs effectuent à distance des calculs pour des banques, des studios d’animation 3D, des centres de recherches… Et diffusent autour d’eux la chaleur générée par cette activité. »
L’aménagement du quartier Chapelle International a été confié à une filiale immobilière de la SNCF, Espaces ferroviaires, pour la réalisation de plus de 100.000 m². Une dizaine d’immeubles de 28 à 50 mètres de haut accueilleront 900 logements (soit 56.000 m² au total), dont 600 logements familiaux (social, à la vente et en loyer maîtrisé) et 300 logements spécifiques (pour étudiants, travailleurs migrants…). Dans son projet élaboré en 2010, le cabinet d’architecte AUC Djamel Klouche a également imaginé 33.000 m² de bureaux, 6.000 m² d’équipements publics, et 8.000 m² de « Small office home office » (Soho). Ce concept d’inspiration new-yorkaise, mêlant ateliers en RDC et appartements, est destiné aux professions libérales, aux artisans ou aux métiers de la création. Les espaces publics de 22.000 m² au total – venelles, coulée verte, square, placettes – seront majoritairement dédiés aux piétons. Les travaux démarrés l’an dernier, s’échelonneront entre 2018 et 2021. (Source : Les echos.fr)
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