L’intelligence artificielle c’est la « simulation » sur ordinateur d’un cerveau humain qui réfléchit. Le générateur de systèmes-experts, lui, est le seul outil logiciel issu de l’intelligence artificielle parfaitement au point. Sa fonction : enregistrer l’expérience précieuse d’un expert et la restituer à la demande. Démonstration.
Toute structure destinée à traiter des informations numérisées, qu’elle soit constituée de matière inerte comme l’ordinateur ou de matière animée comme le cerveau, se distingue, en première analyse, par deux spécificités majeures :
En premier lieu, par sa capacité à réaliser en un minimum de temps, des suites corrélées de basculements binaires élémentaires : « de 0 à 1 » ou « de 1 à 0 » (d’état non activé à état activé ou d’état activé à état non activé).
Comme unité de mesure et par commodité, nous retiendrons le gobes (10 puissance 9 opérations binaires élémentaires par seconde),
En second lieu, sa mémoire quantifiée en unités binaires de l’information : les bits représentatifs des nombres « 0 » ou « 1 » (non activé ou activé).
Considérons par exemple l’activité des cellules photosensibles qui constituent le fond de l’œil (il s’agit des cônes et des bâtonnets de la rétine situés autour de l’axe visuel).
Compte tenu des processus qui permettent la numérisation, la mémorisation et l’animation d’images, et conscient de la difficulté qu’il y a à mémoriser de manière cohérente, les caractéristiques des ondes lumineuses, de les différencier, …, in fine, de les recomposer pour former dans le domaine de l’abstraction et suivant des processus innés, les images virtuelles qui servent à notre compréhension du monde (des processus beaucoup plus complexes que ceux utilisés dans les caméras numériques), il n’est pas déraisonnable d’admettre que l’analyse d’un point image saisi par le moyen de l’œil nécessite au moins 10 traitements successifs par seconde, chaque traitement impliquant lui-même, 100 opérations binaires élémentaires, soit par cellule biologique photosensible 1000 opérations binaires élémentaires par seconde.
D’autre part, sachant que chaque cellule est un « pôle d’interprétation » en interaction constante avec le cerveau, et que notre corps est constitué de plus de 10.000 milliards de cellules manifestant une activité de traitement binaire semblable et aussi intense que celle des cônes et des bâtonnets de la rétine, le cerveau devrait permettre d’effectuer plus de 10 millions de gobes.
Cette estimation nous semble cependant très en dessous de la réalité. En effet, dans les cellules se déroulent d’incessantes activités de création qui nécessitent, elles aussi, des myriades d’opérations binaires.
Songez au processus immunitaire ; en quelques milliardièmes de seconde sont notamment imaginées, synthétisées, expérimentées et mises en œuvre, en fonction d’expériences vécues et dans le cadre d’un système universel de repères de valeur, diverses molécules destinées à combattre les agents pathogènes, des molécules dont la structure échappera, probablement pour toujours, à l’entendement conscient.
Sans oublier bien évidemment, les concepts, les idées, les anticipations, les rêves, …, qui meublent le (notre) domaine de l’abstraction et présupposent, eux aussi, d’incessants traitements d’informations par le moyen d’opérations binaires.
Pour estimer le nombre de basculements binaires effectués par le moyen du cerveau, il convient donc de se référer au fonctionnement de celui-ci.
C’est pourquoi, connaissant les travaux du prix Nobel John C Ecclès : « L’activité clé d’une synapse consiste en ce qu’une des vésicules synaptiques libère dans la fente intersynaptique la substance transmettrice qu’elle contient : c’est une exocytose … Une impulsion nerveuse envoie un grand nombre d’ions Ca2+ dans un bouton, des milliers de fois plus que pour les quatre ions Ca2+ requis pour l’exocytose. Aussi l’insuffisance d’apport en ions Ca2+ n’est-elle pas la cause de la réaction de conservation que l’on observe invariablement dans le phénomène d’exocytose…l’action de l’intention mentale se résume à modifier la probabilité de l’émission vésiculaire des synapses activés. » (cf. Comment la Conscience Contrôle le Cerveau – How the Self Controls Its Brain), nous avons retenu les estimations de Stuart Hammeroff :
« Si l’on fait l’hypothèse que les microtubes sont disposés en parallèle et espacés de 100 nanomètres, et que l’on prend en compte dans le volume cérébral ce qui correspond au cytoplasme neuronal, on arrive approximativement au nombre de 10 puissance 14 microtubes dans le cerveau humain. Si chacun d’eux peut changer d’état toutes les 10 puissance -9 ou toutes les 10 puissance -11 seconde, l’ensemble des microtubes cérébraux présente donc une capacité de traitement de l’information d’environ 10 puissance 23 à 10 puissance 25 bits par seconde. »
Le cerveau humain serait (est) ainsi capable d’effectuer au moins « 10 puissance 14 » à « 10 puissance 16 » gobes.
Quant à ses capacités mémoire, elles sont corrélativement grandissimes, à la limite de l’entendement, quasiment sans commune mesure avec celles permises par les configurations des ordinateurs et ce, d’autant plus que le cerveau ne peut être dissocié de l’ensemble des cellules du corps ; pensez entre autres aux myriades d’informations et d’organisations de processus à effet biologique, de processus à effet comportemental, voire à effet mortifère, mémorisées par le biais d’atomes, sur l’ADN et l’ARN.
En conséquence, il nous semble utopique de chercher à quantifier avec précision l’équivalent mémoire de l’indissociable ensemble « cerveau – corps ».
Nous estimons néanmoins qu’il est amplement supérieur à « 10 puissance 25 » bits.
Quant aux super ordinateurs, selon l’Université de Mannheim (Allemagne) qui met régulièrement à jour son classement des 500 ordinateurs les plus performants, le plus puissant en cette année 2013, serait le Tiahne-2 chinois (appelé aussi Milky Way 2) capable d’effectuer 33,8 petaflops, soit quelques 33,8 millions de milliards d’opérations binaires élémentaires par seconde (33,8 x 10 puissance 15).
Notre cerveau (« 10 puissance 14 » à « 10 puissance 16 » gobes) équivaudrait ainsi à de plus de 3 millions de super ordinateurs qui seraient, individuellement, capables de traiter quelque 30 petaflops (30 x 10 puissance 6 gobes ) !
La suprématie du cerveau humain apparaît évidemment incontestable et ce, bien que l’homme ne puisse pas rivaliser avec les ordinateurs, dans de nombreux domaines.
Autres remarques majeures :
– l’ordinateur, de la matière inerte, ne peut pas juger et prendre en compte le « sens » des lettres, des mots, des phrases, …, des concepts, des idées et des discours, sans que lui soient « impliqués » des logiciels qui traduisent les facultés et les intentions de l’homme.
C’est un outil qui n’a aucune conscience des choses et qui ne se pose jamais un problème ; un esprit, celui de l’homme, doit le faire pour lui.
En d’autres termes, la réactivité et le pouvoir des ordinateurs dépendent des technologies que nous avons de la matière inerte, leurs « intentions » sont celles des hommes qui font les logiciels.
– lorsque nous nous remémorons un mot, celui-ci jaillit presque toujours associé à plusieurs concepts, idées, …, et situations passées.
Bien que mémorisés dans des zones cérébrales précises et spécifiques, les objets virtuels sont donc reliés entre eux, traduisant ainsi le formatage du cerveau, effectué notamment lors de l’éducation et par la prise en compte des expériences vécues.
Dès lors, comment ne pas songer à la fragmentation qui affecte les disques durs après un long usage, et ralentit le fonctionnement des ordinateurs ? Et en conséquence, comment ne pas envisager des défragmentations du cerveau ?Défragmentations qui d’ailleurs pourraient être, dans certains cas, une thérapie.
Avoir « Des cerveaux mieux formatés plutôt que bien pleins », Michel de Montaigne (1533 – 1592) ne nous démentirait point !
Chacun d’entre vous jugera du niveau d’intelligence de l’ordinateur et du contenu à donner au concept d’intelligence artificielle ! Autant de faits essentiels que les prosélytes de cette intelligence se gardent de rappeler !
Paul Moyne