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Epidémie de Mpox : l’Institut Pasteur se tient prêt à tester et vacciner

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Vous avez entendu parler du Mpox /variole du singe en août. Une épidémie sévit en République Démocratique du Congo et dans plusieurs pays voisins et une nouvelle souche virale est apparue. L’OMS a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale. Quelles sont les causes de la maladie ? Comment se transmet-elle ? Quels sont les symptômes ? Que font les instituts de recherche ? Exemple de l’Institut Pasteur. 

En 2022, la «variole du singe» (en anglais monkeypox), a fait brutalement irruption sur la scène internationale. Rebaptisée Mpox par l’OMS, cette maladie est causée par un virus appartenant à la même famille que celui de la variole (officiellement déclarée éradiquée en 1979, grâce à la vaccination). Comme la variole, elle se traduit par de la fièvre et une éruption cutanée, quoique moins sévère.
Le premier cas humain de Mpox a été détecté en 1970 en République Démocratique du Congo (RDC), dans le contexte des campagnes d’éradication de la variole. La maladie est depuis endémique en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.
Longtemps resté relativement peu connu, voire négligé, le Mpox (variole du singe) s’est retrouvé sous la lumière des projecteurs suite à une dissémination mondiale de la maladie, en mai 2022.

Un an et demi plus tard, si l’épidémie s’est calmée dans les pays occidentaux, les deux souches connues du virus à l’origine de la maladie continuent à circuler en Afrique, et le nombre de cas humains est en augmentation.

Face à la circulation active du virus Mpox de clade 1 en Afrique centrale et à l’expansion récente d’un sous-type réputé plus létal et transmissible (1b) en Afrique de l’Est, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré mercredi 14 août une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), ouvrant la voie à une coordination renforcée des systèmes de santé régionaux et à une mobilisation accrue de tous les acteurs pour lutter contre cette épidémie à l’échelle internationale. Le lendemain, jeudi 15 août, la Suède a déclaré le premier cas positif de Mpox de clade 1b sur le sol européen. Dans la foulée, vendredi 16 août, le gouvernement français a placé le système de santé français en état de vigilance maximale et les autorités françaises ont commencé à réévaluer les recommandations sanitaires établies en 2022 lors de la précédente épidémie de Mpox afin de se préparer à l’apparition probable de cas sur le territoire national où l’on recense 143 cas depuis janvier 2024.

Dans ces circonstances, l’Institut Pasteur apporte son concours à la mobilisation nationale en prenant trois mesures d’application immédiate :

1 – Depuis ce week-end, après activation par la Direction Générale de la Santé (DGS), la Cellule d’Intervention Biologique d’Urgence (CIBU) de l’Institut Pasteur analyse, sur demande des autorités sanitaires, les prélèvements suspects réalisés dans les établissements hospitaliers parisiens ou au Centre Médical de l’Institut Pasteur (CMIP) pour établir un diagnostic de Mpox, en complémentarité avec les établissements de santé de référence et en lien avec le Centre National de Référence – Laboratoire Expert (CNR-LE) des Orthopoxvirus.

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2 – Le Centre Médical de l’Institut Pasteur, spécialisé en médecine du voyage (maladies infectieuses tropicales, y compris dermatologiques) et qui avait pris en charge des patients atteints de Mpox lors de la précédente épidémie en 2022, a déclenché son protocole interne lui permettant de tester les patients présentant des symptômes évocateurs de Mpox qui se présenteraient en consultation dans des conditions optimales de sécurité : réalisation des prélèvements dans une chambre d’isolement à pression négative et application d’une procédure éprouvée pour la manipulation, l’emballage et le transport des échantillons vers un laboratoire confiné de niveau de sécurité biologique 3. En cas de test positif, la prise en charge des patients sera assurée en lien avec les établissements de santé de référence, avec lesquels l’Institut Pasteur entretient une collaboration étroite.

3 – Le Centre Médical de l’Institut Pasteur se tient à la disposition des autorités sanitaires pour vacciner dans ses murs toutes les personnes issues des populations ciblées par les recommandations sanitaires en cours de réévaluation, comme il l’avait fait en 2022 auprès de plus de 1 500 personnes présentant un risque accru de contamination.

« Avec la circulation active de cette nouvelle souche de Mpox dans plusieurs pays d’Afrique et son apparition récente en Europe, il est probable que des personnes soient touchées en France. Il s’agit d’une situation sanitaire sérieuse, qui requiert toute notre vigilance. C’est pourquoi l’Institut Pasteur se mobilise, en mettant à profit des années de recherche sur ce virus et l’expérience acquise lors de l’épidémie de 2022. Aujourd’hui, nous sommes prêts à tester et vacciner les patients à la demande des autorités, en application du protocole sanitaire et en lien avec les établissements de santé de référence », déclare Yasmine Belkaid, directrice générale de l’Institut Pasteur.

En complément, l’Institut Pasteur, en collaboration avec l’ANRS-MIE, a décidé d’intensifier les recherches qu’il conduit déjà depuis plusieurs années sur le Mpox, en particulier en Afrique centrale, pour contribuer à combattre et endiguer les épidémies liées à ce virus de manière pérenne.

Ces recherches visent à identifier les réservoirs animaux du virus, ses mécanismes de transmission de l’animal à l’homme et entre êtres humains, ainsi que les dynamiques épidémiques qui en résultent. L’expertise accumulée dans ce cadre est mise à profit par les autorités sanitaires locales pour définir les mesures de santé publique à mettre en place pour contrer la diffusion du virus.
Ces recherches contribuent à renforcer nos capacités de diagnostic à l’aide de tests déployables sur le terrain et notre connaissance des sous-types du virus grâce au séquençage. Les diagnostics de Mpox et l’isolement des différentes souches en circulation qui sont pratiqués aujourd’hui en France et à l’international bénéficient de ce travail.

Des recherches sont en cours à l’Institut Pasteur pour améliorer à plus long terme les traitements et les vaccins contre le Mpox et ses différentes souches. Ainsi, l’Institut conduit actuellement une étude approfondie pour analyser le fonctionnement du Tecovirimat, principal antiviral disponible, pour déterminer son efficacité sur les différentes souches en circulation et identifier des molécules complémentaires qui fonctionneraient contre les souches sur lesquelles le Tecovirimat est inopérant. Par ailleurs, en collaboration avec l’Inserm, l’Institut Pasteur tente de caractériser de nouveaux anticorps monoclonaux, ainsi que des « nanobodies », de petits anticorps, tous dotés d’une activité neutralisante contre le Mpox et pouvant être utilisés dans les thérapies antivirales. Enfin, l’Institut explore des pistes pour évaluer l’efficacité et améliorer les vaccins déjà disponibles (vaccins dits de 3ème génération) ou en cours de développement (vaccins à ARN messager) en utilisant ses propres antigènes.

Pour Yasmine Belkaid,« ce nouvel épisode vient nous rappeler que le risque épidémique fait malheureusement partie de nos vies et qu’il doit faire l’objet d’une mobilisation globale, soutenue et pérenne si nous voulons l’endiguer. D’autant que les bouleversements croissants des écosystèmes et l’intensification des échanges à l’échelle internationale rendent ce risque chaque jour plus prégnant. Pour agir, nous devons soutenir la recherche scientifique sur les maladies infectieuses (virologie, immunologie, vaccinologie, mais aussi épidémiologie, écologie, anthropologie) et intervenir au plus près des foyers épidémiques, souvent au Sud, en permettant aux populations et aux autorités locales et régionales de prévenir et de gérer ce risque d’elles-mêmes et de manière souveraine ».

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