Descendre des étoiles, monter de la Terre – La trajection de l’architecture d’Augustin Berque
Editions éoliennes, février 2019 – 80 Pages
L‘humanité est-elle en train de se déterrestrer ? Pouvons-nous recosmiser l’architecture ? La question n’est pas moins profonde que celle de l’origine de toute réalité…
L’architecture moderne a revendiqué un « espace universel » qui, perdant tout lien avec la singularité des lieux concerts, aboutit aujourd’hui à l’acosmie d ’un « espace foutoir » (junkspace) où une starchiteture – une architecture E.T. », comme descendue des étoiles – se pose ici ou là comme elle se poserait ailleurs.
Comment en est-on arrivé là et pouvons-nous recosmiser l’architecture ? La question n’est pas moins profonde que celle de l’origine de toute réalité …
« Placer ainsi l’architecture dans un cadre qui la dépasse largement pour mieux en saisir l’essence, n’est pas nouvelle. N’en donnons pour le moment qu’un exemple, l’étude célèbre d’Erwin Panofsky (1892-1968), Gothic architecture and scholasticien (1951) qui a été traduite par Pierre Bourdieu sous le titre Architecture gothique et pensée scolastique (Edition Paris Minuit, 1967). »
« »Descendre des étoiles » c’est évidement une allusion au mot-valise starchitect, dont on peut facilement dériver l’idée de star-chitecture », et en profiter pour un élargissement de sens : il s’agira là non plus seulement de l’architecture produite par des stars comme Gehry ou Nouvel, mais du courant général d’une architecture indifférente aux lieux où elle s’étalit, comme si elle s’y posait en escendant des étoiles. »
Cet ouvrage est le résultat, avec certains aménagements, de textes donnés lors d’une conférence le 19 juin 2018 au CIVA ( Centre international pour la ville, & l’architecture et le paysage, Ixelles, Belgique).
Né en 1942 à Rabat, géographe et orientaliste, Augustin Berque est directeur d’études en retraite à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, où il a enseigné la mésologie. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le rapport des sociétés, l’espace et à la nature, notamment au Japon. Membre de l’Académie européenne, il a été en 2009 le premier Occidental à recevoir le Grand Prix de Fukuoka pour les cultures d’Asie, et a reçu en avril 2018 le Prix international Cosmos qui récompense une œuvre ayant promis la coexistence harmonieuse entre le genre humain et la nature.