La contre-culture domestiquée – Art, espace et politique dans la ville gentrifiée, de Luca Pattaroni – Edition MétisPresses, Collection vuesDensemble, décembre 2019 – 296 pages
Longtemps moteurs de la contestation des modèles de développement urbain et foyer d’expérimentations artistiques, les milieux de la culture alternative sont aujourd’hui amplement intégrés aux formes contemporaines de production de la ville. Examiner la genèse et les enjeux contemporains de ce renversement permet de comprendre les ambiguïtés propres aux villes européennes qui voient les derniers espaces de liberté et de créativité disparaître à mesure que progresse la gentrification.
Pour étudier cette institutionnalisation des contre-cultures, l’ouvrage s’appuie sur une série d’études de terrain à Genève, Lisbonne et Ljubljana qui met en lumière un nouveau régime de « post contre-culture », dans lequel questions urbaines et culturelles sont désormais indissociables.
La contre-culture domestiquée propose ainsi un regard inédit sur les métamorphoses spatiales et politiques des villes européennes et interroge en particulier l’aporie de la « ville créative » qui proclame la réconciliation entre la culture et l’économie, alors même qu’elle exclut physiquement les franges les plus marginales et radicales des mondes de l’art et de la société civile.
Textes de Leticia Carmo, Guillaume Drevon, Thierry Maeder, Luca Pattaroni, Yves Pedrazzini, Mischa Piraud et Emmanuel Ravalet.
Luca Pattaroni est docteur en sociologie et maître d’enseignement et de recherche à l’EPFL, où il dirige le groupe de recherche « Ville, habitat et action collective » du Laboratoire de sociologie urbaine. Il a été professeur invité à l’Université fédérale de Rio de Janeiro, ainsi que chercheur invité à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et à l’Université de Columbia (New York). Membre de différents comités éditoriaux et scientifiques, il est en outre membre du Conseil consultatif de la culture (État de Genève) et président de la coopérative d’artiste Ressources Urbaines. Depuis une vingtaine d’années, il explore l’expression des différences et de la marginalité dans la ville, en termes de précarité, de contestation, de création ou encore de débordement. L’enjeu est d’ouvrir une pensée renouvelée et critique des formes d’émancipation et d’oppression rencontrées dans les villes contemporaines.