Menacé par les lignes moyennes tension ou directement par l’Homme, victime de la fermeture des milieux, parfois trop isolée pour se reproduire, l’aigle de Bonelli a connu une chute brutale de sa population dans les années 70 et 90 en Europe. Aujourd’hui, le travail accompli par les équipes de l’UFCS et de la LPO pour contribuer à la conservation de ce rapace commence à porter ses fruits.
Avec ses 1,50m à 1,80m d’envergure et sa poitrine blanche striée de larmes noires, l’Aigle de Bonelli est un rapace très discret qui sait se fondre dans les paysages de garrigues et de falaises du bassin méditerranéen. Discret et menacé en Europe, en raison de sa faible population de 1 000 à 1 100 couples, l’espèce est en déclin depuis les années 1970, principalement dû aux électrocutions, aux persécutions et à la fermeture des milieux. Mais il fait aujourd’hui l’objet d’un programme de conservation international : le programme LIFE AQUILA a-LIFE, qui a pour objectif la restauration de ses populations en Espagne.
C’est dans le cadre de ce programme, au sein du centre de l’UFCS1 -LPO Vendée, que 68 aiglons sont nés sur huit ans (2014-2021), soit une moyenne de 8,5 aiglons par an, supérieure à l’objectif initialement défini (3 à 4). Le site français a ainsi fourni 34% des aigles réintroduits entre 2014 et 2021 dans le cadre de ces deux programmes successifs : LIFE Bonelli et Life Aquila.
Les 201 Aigles de Bonelli libérés dans le cadre de ces deux projets LIFE ont des origines diverses : ce sont des aiglons nés en captivité dans les deux centres d’élevage français (UFCS-LPO) et espagnol (GREFA). Mais aussi des aiglons prélevés dans la nature souvent en Andalousie où l’espèce est encore abondante. Ou encore des aigles recueillis et soignés dans des centres de soins.
Au total, 102 aiglons ont été élevés en captivité dans les deux centres d’élevage français (UFCS-LPO : 68) et espagnol (GREFA : 34), soit 50% des Aigles de Bonelli réintroduits, ce qui limite d’autant les prélèvements dans la population sauvage d’Andalousie.
Et depuis 2001, 74 aiglons de Bonelli ont été produits par le centre d’élevage de l’UFCS-LPO Vendée. 71 d’entre eux ont été envoyés en Espagne pour être réintroduits et 3 ont été confiés à des centres d’élevage.
Pour Christian Pacteau, qui dirige le centre de Vendée, cette année s’annonce sous de bons auspices. C’est une prouesse car cette espèce en déclin ne se reproduit que de manière rarissime en captivité. En France, on comptait 42 couples en 2021 dans les départements du pourtour méditerranéen.
Le programme européen AQUILA a-LIFE vise à favoriser la distribution de l’aigle de Bonelli en Méditerranée occidentale et à inverser sa tendance démographique régressive, en restaurant les écosystèmes où il vivait autrefois. Pour ce faire, les aiglons seront libérés après avoir été équipés de balises, à la fin de l’été, dans la région de Madrid, à Navarre, Alava et l’ile de Majorque puis sur l’île de la Sardaigne en Italie, site nouvellement identifié.
Le nombre de couples reproducteurs a été multiplié par 5 pour l’ensemble des sites concernés. Un succès indéniable est déjà constaté dans les régions de Madrid, Navarre et sur l’île de Majorque.
Le nombre important d’individus non territoriaux sur les différents sites dont l’île de Sardaigne et l’Alava laisse présager la formation de nouveaux couples dans les prochaines années.
Un autre axe de travail essentiel d’AQUILA a-LIFE sera d’aborder les principales menaces qui touchent l’aigle de Bonelli, en mettant l’accent sur la prévention et la réduction des électrocutions, en collaborant avec des secteurs clés tels que les compagnies d’électricité, les administrations locales et les experts.