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Mobilisation internationale pour protéger l’un des derniers fleuves sauvages d’Europe

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Le gouvernement albanais a annoncé cette semaine sa volonté de faire du bassin de la Vjosa, au nord-ouest de la Grèce et au sud-ouest de l’Albanieréputé être « l’un des derniers fleuves sauvages d’Europe », une réserve de biosphère de l’UNESCO. Ce classement permettrait de protéger durablement ce fleuve dont les eaux s’écoulent sans contrainte de sa source à la mer Adriatique. Il s’agit surtout de le protéger des barrages et centrales hydroélectriques qui abondent en Albanie comme dans le reste des Balkans.

Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, était en visite officielle en Albanie les 15 et 16 février. En amont d’une réunion de travail avec le Premier Ministre Edi Rama à Tirana, elle s’est rendue dans le centre historique de Gjirokastra, inscrit depuis 2005 au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces dernières années, l’Organisation a soutenu l’Albanie dans la réhabilitation des maisons patrimoniales de la cité et dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la ville, dans le cadre d’une approche de promotion d’un tourisme durable qui soutient le développement local.

À quelques dizaines de kilomètres de Gjirokastra se trouve le fleuve Vjosa, long de 273 kilomètres, souvent qualifié de « dernier fleuve sauvage d’Europe » car ses eaux s’écoulent quasiment sans contrainte de sa source située en Grèce jusqu’à la mer Adriatique. Le bassin de la Vjosa est un refuge pour près de 1 100 espèces animales et végétales, dont treize espèces animales et deux espèces végétales menacées à l’échelle mondiale.

Considéré comme le dernier grand fleuve sauvage d’Europe (Russie à part), son cours n’est interrompu par aucune infrastructure humaine. La préservation de ses débits naturels et l’absence d’obstacles à son transport sédimentaire ont permis d’y maintenir l’équilibre des habitats naturels favorables à de nombreuses espèces animales (Loutre d’Europe, Anguille européenne, Loche des montagnes du Pinde…). Ses larges plaines alluviales témoignent de l’importance des milieux influencés par la dynamique des crues annuelles. Soumises aux changements, les communautés végétales qui s’y trouvent se succèdent de manière cyclique, au rythme des inondations.

Vue aérienne de la Vjosa, près de la ville de Tepelena, en Albanie – Wikipédia/© AFP/Gent Shkullaku

Un avenir incertain

Le gouvernement albanais a décidé de renforcer la protection de cet écosystème exceptionnel. Depuis 2013, il a progressivement suspendu les projets de barrages hydroélectriques qui auraient pu avoir un impact négatif sur la faune et la flore. Il souhaite à présent protéger durablement le bassin de la Vjosa en instituant une aire protégée soumise aux « plus hauts standards internationaux ». En effet, il devient urgent de protéger le fleuve devant la consommation croissante en électricité car, dans une volonté d’indépendance énergétique, un schéma d’aménagement hydroélectrique à grande échelle est en développement dans les états des Balkans. Le bassin de la Vjosa compte huit projets de barrages répertoriés, dont deux sont encore appuyés par le gouvernement.

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Des ONG sont activement impliquées sous la bannière de la campagne « Save the Blue Heart of Europe »  contre les entreprises d’aménagement du fleuve. Elles mobilisent des acteurs locaux comme internationaux, militants citoyens, scientifiques et hommes politiques et plaident pour la signature d’un moratoire sur la construction des barrages. Résonnant depuis peu à l’international, leurs revendications sont relayées par des journaux comme The Times (USA), l’hebdomadaire Der Spiegel (Allemagne), ou encore par l’intervention de la vice-présidente du parlement Européen en faveur de la préservation de la Vjosa. (Source : Rivières sauvages)

Candidature pour créer une réserve de biosphère de l’UNESCO

À l’occasion de la visite d’Audrey Azoulay sur place, la ministre du Tourisme et de l’Environnement de l’Albanie, Mirela Kumbaro, a annoncé vouloir soumettre dans les mois à venir la candidature du bassin de la Vjosa au titre de réserve de biosphère de l’UNESCO.  « Les réserves de biosphère sont un modèle formidable, en ce qu’elles permettent de protéger la nature tout en améliorant la qualité de vie des habitants. La candidature du bassin de la Vjosa à ce programme de l’UNESCO se fondera sur trois priorités : améliorer la qualité de l’eau, lutter contre la déforestation et dynamiser les villages grâce au tourisme rural », a annoncé Mirela Kumbaro.

Audrey Azoulay « salue cette belle initiative de l’Albanie, qui ouvre une nouvelle page dans l’histoire très forte qui lie ce pays et notre Organisation. L’UNESCO se tient à la disposition des autorités albanaises pour les accompagner dans la définition de cette aire protégée et la préparation de sa candidature à notre programme des réserves de biosphère ».

Une importante coopération régionale dans le domaine de l’eau

Cette initiative renforce la collaboration entre l’UNESCO et l’Albanie déjà très riche en matière de coopération régionale dans le domaine de l’eau, avec plusieurs projets allant de la gestion des eaux souterraines du bassin étendu de la rivière Drin à la gestion des aquifères côtiers et des écosystèmes associés de l’aquifère transfrontalier de Buna/Bojana.

Une nouvelle grande initiative régionale de gouvernance des eaux souterraines vient d’être signée en janvier 2023 : il s’agira pour l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et le Monténégro d’assurer, avec l’assistance de l’UNESCO, une utilisation et une protection communes durables et équitables du système aquifère karst dinarique et de ses ressources écologiques.

1,3 million de km² d’aires protégées à travers le monde

Créé il y a cinquante et un ans, le programme L’Homme et la Biosphère de l’UNESCO soutient les États dans la recherche d’un équilibre entre les êtres humains et leur environnement. Il repose sur un mode de gouvernance partagé, où les autorités nationales et locales, les acteurs économiques, la population et les experts travaillent de concert au développement durable du territoire.

Il existe aujourd’hui 738 réserves de biosphère de l’UNESCO dans 134 pays, qui représentent un total de 1,3 million de km² d’aires protégées : l’équivalent de la superficie totale du Pérou.

Photo d’en-tête : Vue aérienne de la Vjosa, près de la ville de Tepelena, en Albanie – Wikipédia/ © AFP/Gent SHKULLAKU

Source : UNESCO

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