La pollinisation est au cœur de la nature et de ses processus de reproduction, une sorte de service d’échange gratuit indispensable aux végétaux qui assure la survie et l’adaptation des plantes. On savait les pesticides néonicotinoïdes dangereux pour les abeilles, on sait maintenant qu’ils menacent le processus de pollinisation.
En effet, une nouvelle étude de la Royal Holloway University of London publiée le 18 novembre 2015 vient de démontrer pour la première fois un impact direct d’un pesticide de la famille des néonicotinoïdes (classe de pesticides qui agit sur le système nerveux des insectes) sur la pollinisation des pommiers par les bourdons, l’un des pollinisateurs essentiels de l’arbre fruitier en question.
Selon les résultats de cette étude, les colonies de bourdons exposées à un pesticide néonicotinoïde butineraient beaucoup moins régulièrement les fleurs des pommiers. Les chercheurs qui ont réalisé ce travail alertent aussi sur le fait que les pommiers pollinisés par des bourdons exposés à des pesticides néonicotinoïdes contenaient 36% moins de graines que ceux pollinisés par des abeilles non exposées.
Le 19 mars 2015, l’Assemblée nationale a voté l’interdiction à compter de janvier 2016 des produits phytosanitaires de la famille des néonicotinoïdes tant leur toxicité sur les insectes hyménoptères (abeilles, bourdons) a été démontrée à plusieurs reprises. Malheureusement, cette proposition avait été retoquée par le Sénat le mois suivant.
Pourtant, se débarrasser de ces pesticides néonicotinoïdes doit rester une priorité. Les interdire, c’est d’abord protéger l’agriculture en général car les cultures qui dépendent des pollinisateurs assurent plus d’un tiers de la production mondiale de nourriture selon l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique). Mais prohiber ces substances nocives c’est aussi protéger la santé des agriculteurs et agricultrices, qui connaissent déjà de nombreux soucis économiques.
Grâce au travail effectué par le gouvernement français au niveau européen, la Commission européenne avait décidé en décembre 2013 d’interdire pour une période d’au moins deux ans l’utilisation de trois néonicotinoïdes dans certaines circonstances.
Si cette décision était un premier pas dans la bonne direction, elle ne suffit plus aujourd’hui en 2015 considérant la littérature scientifique dont cette étude la Royal Holloway University of London.
Si le gouvernement n’a pas soutenu le vote de l’Assemblée nationale du 19 mars 2015, il a désormais aujourd’hui tous les éléments scientifiques en mains pour interdire définitivement le recours aux pesticides néonicotinoïdes en France et faire pression sur la Commission européenne dans le cadre de la réévaluation de certaines de ces substances au cours des prochaines semaines.
Le programme national nutrition santé lancé en 2001 par le ministère de la santé en France nous dit de manger cinq fruits et légumes par jour…mais pour cela, faut-il encore que ces produits soient sains, traités sans pesticides que les grossistes agriculteurs utilisent pour éliminer les parasites.
(Source : Michèle Rivasi – change.org – Janvier 2016)
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