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lutte contre frelon asiatique

Soutenir un moyen de lutte non chimique contre les frelons asiatiques

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Avez-vous déjà eu l’occasion d’observer la méthode de chasse impitoyable du frelon asiatique lorsqu’il s’attaque aux abeilles ? Introduit « par erreur » en France en 2004, le frelon asiatique met en péril l’écosystème déjà fragilisé par les mauvaises pratiques de l’agriculture intensive. Espèce non endémique, il remet en cause les rapports proie-prédateur traditionnels, et menace l’ensemble de la biodiversité française.
Des ingénieurs ont trouvé un moyen efficace et écologique de détruire les nids de frelons asiatiques. Un appel est lancé pour trouver le budget nécessaire qui pourra permettre à des milliers d’apiculteurs de protéger leurs ruches contre l’invasion de frelons asiatiques. Explications.
 
Un bataillon d’une dizaine de frelons se met en formation devant l’entrée de la ruche. En vol stationnaire, les chasseurs guettent avec attention le moindre mouvement provenant de l’intérieur…
Dans la ruche, c’est l’émoi : les abeilles savent bien ce qui les attend si elles s’aventurent hors des murs protecteurs de leur abri. Et pourtant, il faut bien aller butiner, pour récolter le pollen nécessaire à nourrir les larves, et le nectar essentiel pour produire les réserves de miel qui assureront la survie de la colonie.
Quelques abeilles courageuses se dévouent et tentent une sortie. Elles sont immédiatement attrapées au vol par les frelons en embuscade, instantanément décapitées, et leurs corps ramenés au nid pour être dévorés par la progéniture frelone.
Puis l’escouade se remet en place devant la ruche, et renouvelle l’opération. Les abeilles n’ont aucune chance face à ces prédateurs, six à sept fois plus grand qu’elles et organisés en véritable commando !
On estime qu’un seul nid de frelons asiatiques près d’un rucher peut l’anéantir en quelques semaines.
Pour les apiculteurs, c’est l’horreur : ils n’ont aucun moyen de protéger leurs abeilles de ces attaques. Ils peuvent toujours essayer d’attraper les frelons un par un (en essayant de ne pas se faire piquer, car une seule piqure peut être dangereuse) mais les larves grandissent vite : l’armée de frelons se reconstitue à toute vitesse, et il suffit de quelques jours pour que le bataillon de chasseurs soit de nouveau en embuscade devant les ruches.

Une destruction indispensable

Son front d’invasion progresse de 100 km par an.  Aujourd’hui, plus de la moitié de l’Hexagone est envahie par l’hyménoptère (En 2012, le ministère de l’Agriculture a classé le frelon asiatique comme danger sanitaire de deuxième catégorie)Quentin Rome, entomologiste au Muséum national d’histoire naturelle de Paris (MNHN), déclare que ce phénomène est « facteur d’affaiblissement des abeilles, comme les pesticides ou d’autres parasites »S’en débarrasser relève de l’impossible. Les pièges censés neutraliser la bête ne servent à rien, tranche également Quentin Rome. Pire, »plus on essaie de le piéger, plus on multiplie sa capacité de nuisance », rappelant qu’« un insecte, on ne s’en débarrasse pas. Pour ça, il faudrait une chape chimique au-dessus de tout le territoire. » Pour vraiment se débarrasser de ces nuisibles, il faut détruire leurs nids. Seulement voilà : à l’heure actuelle, on ne dispose que de moyens chimiques très polluants pour les neutraliser.
 
 
Les produits utilisés par les pompiers ou les apiculteurs pour exterminer les nids sont très nocifs pour leur propre santé. Sans parler des dommages par effet de ricochet sur les oiseaux qui se nourrissent des carcasses de frelons, et sont à leur tour empoisonnés…
 
C’est pour tenter de trouver une solution efficace et écologique à ce problème de grande ampleur qu’une équipe s’est mise en place, aux côtés de l’association POLLINIS, pour élaborer un système novateur de destruction des nids de frelons asiatiques. Ils font appel à tous aujourd’hui pour les aider à concrétiser ce système.
 
Introduit « par erreur » en France en 2004 transporté dans des poteries venant de Chine, le frelon asiatique, espèce non endémique, remet en cause les rapports proie-prédateur traditionnels, et menace l’ensemble de la biodiversité française.
Surtout, en s’attaquant aux colonies d’abeilles – déjà bien affaiblies par les produits chimiques déversés dans les champs, les parasites, et la perte de diversité de la flore agricole – le frelon asiatique est un risque supplémentaire de voir s’effondrer ces colonies.
Et avec elles, le potentiel de pollinisation indispensable pour maintenir les cultures et sécuriser l’alimentation de toute la population. Il ne s’agit pas seulement d’un nuisible dont il faut se protéger pour éviter la piqûre – par exemple, lors des repas d’été en terrasse – comme c’est le cas avec le frelon européen.
Ici, l’enjeu est bien plus grave : sans les abeilles et leur travail de pollinisation, quel avenir laissons-nous à nos enfants ? Comment pourront-ils se nourrir convenablement et rester en bonne santé, si l’équilibre fragile qui permet la reproduction des plantes dont nous avons besoin est détruit ?
 

Le projet « Thermo-balling »

Il y a beaucoup de choses à faire pour sauver les abeilles. Les protéger de prédateurs comme le frelon asiatique, capable de décimer les colonies en quelques jours, en fait partie.
L’équipe de chercheurs et d’apiculteurs avec laquelle travaille POLLINIS a trouvé un système efficace pour détruire proprement – sans produits chimiques – les nids de frelons.
Mais pour aller au bout de ce projet, il faut trouver très vite 40 000 euros.
Grâce à une première vague de donations des membres de l’association mobilisés pour protéger les abeilles face à ce prédateur redoutable, François Espinet et Jérémie Laurent, les deux ingénieurs polytechniciens de l’équipe, ont pu élaborer un système innovant qui peut être manipulé par tous les apiculteurs, et distribué à moindre coût.
Ils se sont inspirés d’abeilles asiatiques, Apis ceranae, qui contrairement à leurs cousines européennes, savent se défendre contre le frelon asiatique : elles forment une boule autour du frelon, et en agitant leurs ailes, produisent une chaleur et une humidité fatales à l’agresseur. C’est la technique dite du “thermo-balling”.
Les chercheurs ont donc imaginé une technique leur permettant d’introduire une chaleur intense directement à l’intérieur du nid de frelons, à l’aide d’une perche télescopique à longueur modulable (pour atteindre même les nids perchés en hauteur dans les châtaigneraies et les pinèdes) et tête foreuse (pour entrer dans le nid).
Cette invention, pratique, facile à utiliser et peu coûteuse, pourra permettre à des milliers d’apiculteurs de protéger leurs ruches contre l’invasion de frelons asiatiques. Comme aucun produit chimique n’est utilisé, la nature n’est pas endommagée par cette pratique et les oiseaux peuvent se nourrir des frelons ainsi neutralisés.

Appel à contribution

C’est pour finaliser ce système et permettre l’aboutissement du projet qu’un appel à participation financière a été lancé par l’association POLLINIS : la première phase du projet a déjà coûté 37 000 euros, financés grâce à la générosité et l’engagement de plusieurs milliers de membres de POLLINIS.
Des recherches approfondies ont été menées, ainsi que l’élaboration de plusieurs prototypes et de tests en laboratoire et sur le terrain. Les machines nécessaires ont été achetées, et le prototype final est prêt : il faut maintenant en produire plusieurs exemplaires pour des tests grandeur nature avec pompiers et apiculteurs, puis préparer la production à grande échelle qui sera assurée par le réseau de réinsertion EBS Espérance, affilié au réseau Emmaüs.
Il faut prévoir de former les techniciens, de les équiper, d’installer dans leurs locaux les machines, leur fournir le matériel nécessaire et faire le transfert de technologie intégrant les procédés de fabrication.
 
Grégory Bize, pompier en Ile de France qui fait partie du panel amené à réaliser le test grandeur nature résume les enjeux : « Pour moi, les principaux intérêts de l’outil de POLLINIS, c’est de ne pas mettre ma santé en danger en utilisant de la poudre insecticide, et de ne pas polluer l’environnement. »
Ce panel, composé de pompiers et d’apiculteurs, est dans l’attente de tester le système en conditions réelles pour plusieurs mois ; il faut juste leur fournir suffisamment de matériel – et rapidement.
 
En parallèle, le Muséum National d’Histoire Naturelle, constamment en quête d’informations sur cet insecte envahissant, considère le projet avec le plus grand intérêt pour ses propres recherches : une application sera développée qui permettra de leur transmettre directement les informations sur les frelons et leurs nids, pour qu’ils puissent mieux évaluer le danger à l’échelle nationale. Ce sera également l’occasion d’une meilleure information auprès du grand public sur cet insecte à la piqûre particulièrement redoutable, surtout pour les enfants.
Cette contribution est primordiale pour permettre d’achever cette dernière phase et développer enfin à grande échelle le système d’élimination simple et propre des nids de frelon dont les apiculteurs ont tant besoin pour protéger leurs ruchers.
 
 
 
 

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