Les résultats préliminaires d’une vaste étude réunissant les contributions de 80 scientifiques fendent le cœur. La Méditerranée, berceau de nos cultures, paysage des mythes fondateurs de nos civilisations, carrefour de trois continents, bassin de vie de 500 millions d’êtres humains, la Méditerranée de Giono, Pagnol, comme celle d’Averroès ou de Maïmonide, la Méditerranée des Romains, des Arabes, des Hébreux, des Grecs, la Méditerranée chantée par Trenet et Brassens, peinte par Matisse, cette Méditerranée est à l’agonie. C’est la région du monde la plus touchée, après l’Arctique, par le changement climatique. Et les conséquences, accumulées comme des dominos, sont terribles. Les membres de l’Union pour la Méditerranée, chefs d’États, ministres, diplomates, chercheurs tirent, tous ensemble, avec toute la force qu’ils peuvent, une sonnette d’alarme tonitruante. Alerte sur la Méditerranée.
Cela fait des années que l’on se doute que la Méditerranée souffre du dérèglement climatique. Les scientifiques observent que la mer change et les espèces qui font la richesse de la biodiversité de cet univers unique au monde disparaissent, se transforment ou sont remplacées. Cela fait longtemps que les agriculteurs s’inquiètent des sécheresses répétées, de la transformation de la flore et de l’apparition de nouveaux prédateurs. Mais jusqu’à présent, même si de nombreuses évaluations des risques ont été entreprises au niveau local ou régional, il n’existait aucune synthèse cohérente de l’état de la Méditerranée. C’est pourquoi l’Union pour la Méditerranée, cette organisation intergouvernementale créée en 2008, qui regroupe 43 pays dont les 28 États membres de l’Union européenne, a lancé une initiative majeure qui fera date : confier au réseau Medecc regroupant plus de 80 scientifiques de toute la région euro-méditerranéenne le soin d’établir le premier rapport d’évaluation scientifique sur les impacts du changement climatique et environnemental dans le bassin méditerranéen.
Les résultats préliminaires de ce travail ont été présentés à Barcelone ce 10 octobre. L’UpM n’a pas voulu attendre la rédaction du rapport définitif pour communiquer ses résultats. Il faut dire que le constat est édifiant et qu’il y a urgence.
Un climat qui change 20 % plus vite que n’importe où ailleurs sur le globe
En région Méditerranée, les températures annuelles moyennes sont aujourd’hui environ 1,5°C au-dessus des moyennes avant la révolution industrielle (1880-1899) et supérieures aux tendances mondiales en matière de réchauffement (+1,1°C).
En Méditerranée, le réchauffement climatique se situe dans une tendance chiffrée à 0.03°C par an, évaluation supérieure aux tendances mondiales. Les scénarios montrent que, sans mesure d’atténuation significative par rapport à ce que l’on fait maintenant, la température augmentera de 2,2°C (par rapport à la période préindustrielle) en région Méditerranée d’ici 2040, voire de 3,8°C dans certaines régions d’ici 2100.
Les périodes estivales seront potentiellement plus impactées par cette augmentation que les périodes hivernales. Des épisodes de fortes températures et des canicules (périodes de chaleur excessive) seront probablement plus fréquents et/ou plus intenses. Les auteurs du rapport précisent que « le mois d’été le plus frais de l’année sera plus chaud que le mois le plus chaud actuellement ». En clair, la canicule sera la norme et les périodes longues de chaleur extrême auront tendance à se généraliser. Le phénomène sera d’autant plus sensible dans les zones urbaines où le phénomène « îlot de chaleur urbaine » exacerbera la fréquence, l’intensité et la durée des vagues de chaleur.
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Sécheresses extrêmes
Les sécheresses extrêmes deviendront plus fréquentes dans tout le bassin méditerranéen, entraînant des impacts importants sur de nombreux systèmes.
Les modèles climatiques indiquent en effet clairement une tendance vers une réduction des précipitations dans les décennies à venir. La baisse des précipitations associée à l’intensification du réchauffement contribuent à des tendances fortes vers un assèchement du climat. La fréquence et l’intensité des sécheresses ont déjà sensiblement augmenté en Méditerranée depuis 1950. Entre 2008 et 2011, par exemple, le Moyen-Orient a connu une forte période de sécheresse en raison de l’absence prolongée de pluies, une situation exacerbée par l’importante évapotranspiration liée au réchauffement (la température moyenne a augmenté de 1°C entre 1931 et 2008) et par l’augmentation de la demande en eau due à la forte croissance démographique.
Les scientifiques auteurs du rapport précisent qu’une augmentation de 2°C de la température de l’atmosphère à l’échelle mondiale devrait entraîner une baisse d’environ 10 à 15 % des précipitations estivales dans le sud de la France, le nord-ouest de l’Espagne et les Balkans, ainsi qu’une baisse de 30 % en Turquie. Une augmentation de la température de 2 à 4°C dans le sud de l’Europe en 2080 provoquerait une baisse importante et généralisée des précipitations pouvant atteindre jusqu’à 30 %.
Pour chaque degré de hausse de la température au niveau mondial, les experts associent une baisse de 4 % des précipitations dans la majeure partie de la région et notamment dans le sud. Si la température mondiale augmentait à 1.5°C, chiffre dont on s’approche chaque jour, les épisodes de sécheresse croîtraient de 7 % et, en même temps, mais pas au même endroit, les épisodes de pluies diluviennes augmenteraient de 20 %.
La mer chauffe
Le réchauffement de la surface de la mer Méditerranée est actuellement estimé à 0,4°C par décennie sur la période 1985-2006 (+0,3°C par décennie pour la région ouest et +0,5°C par décennie pour la région est). La hausse de la température n’est pas constante sur l’année et a principalement lieu entre mai et juillet. La hausse la plus importante de 0,16°C par an a été identifiée en juin dans les mers Tyrrhénienne, Ligurienne et Adriatique, et dans les eaux proches des côtes africaines. La mer Égée présente la plus forte évolution de la température de la surface de la mer durant le mois d’août.
Les projections pour 2100 sont comprises entre +1,8°C et +3,5°C en moyenne par rapport aux températures relevées entre 1961 et 1990. Les Îles Baléares, la région nord-ouest de la mer Ionienne, la mer Égée et le bassin Levantin sont considérés comme les régions les plus impactées par l’augmentation de la température de la surface de la mer.
La mer monte
L’élévation du niveau de la mer toucherait un tiers de la population dans les zones côtières de la région et mettrait en péril les moyens de subsistance d’au moins 37 millions de personnes en Afrique du Nord.
L’élévation moyenne du niveau de la mer à l’échelle mondiale dans les années à venir reste aujourd’hui incertaine. Selon la méthode utilisée, les scénarios prévoient une élévation moyenne du niveau de la mer à l’échelle mondiale comprise entre 52 et 190 cm à l’horizon 2100. Ces incertitudes auront un impact important sur l’élévation du niveau de la mer Méditerranée en raison de sa connexion au système océanique mondial, via le détroit de Gibraltar.
L’accélération de la fonte de l’inlandsis au Groenland et en Antarctique représente un risque important d’élévation du niveau de la mer, avec une élévation potentielle de plusieurs mètres, même si le réchauffement climatique à l’échelle mondiale se limite à une augmentation de 1,5°C.
D’ici 2050, les villes méditerranéennes représenteront la moitié des 20 villes du monde qui subissent les dommages annuels les plus importants dus à l’élévation du niveau de la mer. Ces coûts vont mettre à rude épreuve les ressources déjà limitées de nombreuses zones urbaines de la région.
La productivité agricole dans les zones côtières est ainsi gravement menacée par l’inondation des sols et les eaux souterraines par l’intrusion d’eau de mer.
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250 millions de « pauvres en eau »
La disponibilité en eau douce diminuera probablement de 15 % au cours des prochaines décennies, soit l’une des plus fortes baisses au niveau mondial ; cette situation créera de graves contraintes pour l’agriculture et l’utilisation par l’Homme dans une région déjà touchée par la pénurie d’eau.
La disponibilité de l’eau du bassin méditerranéen sera réduite en raison de trois facteurs : baisse des précipitations, hausse des températures, et croissance démographique, en particulier dans les pays où l’approvisionnement en eau est déjà insuffisant.
La population méditerranéenne considérée comme « pauvre en eau » (c’est-à-dire disposant de moins de 1000 m3 par habitant et par an) devrait passer de 180 millions en 2013 à plus de 250 millions dans les 20 prochaines années. Les populations des régions semi-arides situées au Sud et à l’Est de la Méditerranée sont davantage exposées au manque d’eau et à la forte variabilité interannuelle de leurs ressources en eau. Les personnes habitant dans les bassins versants du Moyen et Proche-Orient seront exposées à de nouvelles pénuries chroniques d’eau, même si le réchauffement climatique se limite à une hausse inférieure à 2°C. En Grèce et en Turquie, la disponibilité de l’eau pourrait passer pour la première fois sous la barre des 1000 m3 par habitant et par an d’ici 2030. La disponibilité actuellement insuffisante en eau par habitant dans le sud-est de l’Espagne et les côtes sud de la Méditerranée pourrait descendre sous les 500 m3 par habitant et par an dans un avenir proche.
Les sécheresses plus fréquentes et l’intensification du réchauffement climatique exposeront les méditerranéens et plus particulièrement les habitants des bassins fluviaux du Moyen-Orient et du Proche-Orient à de lourdes pénuries d’eau. Cette situation, disent les auteurs du rapport, « aura probablement de nombreuses répercussions sur les moyens de subsistance, notamment des sources de conflits accrus entre les peuples et une migration de masse accrue ».
Des écosystèmes polytraumatisés
Le bassin méditerranéen est un haut lieu de la biodiversité dans le monde, mais de nombreux écosystèmes sont menacés par le changement climatique, la gestion des sols, la pollution et la surexploitation. L’acidification de l’eau de mer et l’augmentation de la température de la mer ont déjà entraîné la perte de 41% des principaux prédateurs y compris les mammifères marins. 34 % des espèces de poissons sont perdues à cause de la surpêche.
Sur la terre ferme, les changements de la biodiversité en Méditerranée incluent la dégradation des forêts et la perte de zones humides, mais aussi la perte d’habitats ouverts en raison de l’abandon de l’agropastoralisme. Les paysages agricoles perdent de nombreuses espèces de plantes, oiseaux et autres animaux en raison de l’intensification du réchauffement climatique. Les dérèglements à venir et l’utilisation non durable des terres exacerberont ces tendances. L’inondation et l’intrusion d’eau salée affecteront de nombreuses zones humides côtières délicatement équilibrées.
L’invasion des moustiques tigres (Aedes albopictus) s’est aggravée par les changements climatiques et de l’environnement. Plus de 700 espèces de plantes et d’animaux marins non indigènes indiquent des conditions plus chaudes (venant souvent de la mer Rouge). Certains prédateurs exotiques, tels que les poissons-lions, peuvent leur conférer des avantages par rapport aux espèces indigènes, entraînant une extinction régionale ou la perte de leur habitat. Au cours des dernières décennies, l’augmentation de la température de l’eau a contribué à l’ampleur et à l’intensité des épidémies de méduses, qui sont devenues une espèce parasite car elles perturbent d’autres écosystèmes très équilibrés.
Les méga incendies, causés par des conditions chaudes et sèches mais également des changements de paysage, ont détruit des superficies forestières record ces dernières années, nuisant ainsi à la biodiversité et à leur capacité d’absorption du CO2. La future zone brûlée pourrait augmenter de 40%, avec un scénario de réchauffement de 1,5°C.
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Couscous, pain, pâtes : 1°C de plus =7.5 % de production de blé en moins
Les changements climatiques, environnementaux et socio-économiques représentent une menace pour la sécurité alimentaire en région Méditerranée. Les pressions ne sont pas homogènes dans la région et pour les différents secteurs de production. Les facteurs affectant les secteurs de l’agriculture et de l’élevage dans le bassin méditerranéen sont la pénurie en eau, la dégradation des sols et l’érosion. Les événements climatiques extrêmes, comme les sécheresses, les canicules et les fortes précipitations, entraînent des pertes de production imprévues et contribuent à la variabilité du rendement des cultures.
Au niveau des deltas qui revêtent une importance capitale pour la production agricole (le delta du Nil par exemple), la zone agricole disponible est réduite en raison de l’élévation du niveau de la mer et de la subsidence des terres. La sécurité alimentaire est également menacée par les parasites et les mycotoxines (substances toxiques produites par des champignons, plus particulièrement par des moisissures) qui se développent sur des plantes dans la nature ou dans les espaces de stockage.
Le rendement de nombreuses cultures d’hiver et d’été devrait baisser en raison des effets du changement climatique, particulièrement dans les régions du sud. D’ici 2050, on anticipe une baisse de 40 % de la production de légumes en Égypte et de 12 % de la production de tournesol et de 14 % de la production de tubercules en Europe du Sud. Le réchauffement climatique devrait également affecter la production d’olives tout comme la vigne.
La floraison précoce et l’insuffisance de la période de temps froid (« chilling ») devraient également entraîner une baisse du rendement des arbres fruitiers. Pour les légumes comme les tomates, la disponibilité réduite de l’eau sera le principal facteur limitant leur rendement.
Pour certaines cultures, une hausse du rendement pourrait provenir de l’effet fertilisant du CO2, causant une efficacité accrue de l’utilisation de l’eau et une meilleure productivité de la biomasse. Cependant, pour plusieurs types de céréales, ces rendements accrus devraient être associés à une dégradation de la qualité (par exemple, faible teneur en protéines).
La pêche et l’aquaculture contribuent largement à la sécurité alimentaire et à l’économie de la région Méditerranée. Depuis des millénaires, la pêche est une activité importante en Méditerranée et il en a résulté une surexploitation des principales espèces commerciales, avec 90 % des stocks en état de surpêche. Les scénarios les plus pessimistes projettent que plus de 20 % des poissons et invertébrés exploités actuellement dans l’est de la Méditerranée vont disparaître de la région entre 2040 et 2059.
Entre 2070 et 2099, 45 espèces devraient être ajoutées à la liste rouge des espèces menacées de l’UICN et 14 autres devraient disparaître. Le potentiel maximal de prélèvement au niveau des côtes sud de la mer Méditerranée devrait diminuer de plus de 20 % d’ici 2050 par rapport aux années 1990.
Insécurité sanitaire
La santé humaine est également menacée : les maladies et les décès liés à la chaleur devraient devenir plus fréquents, en particulier dans les villes en raison de l’effet d’îlot thermique urbain et pour les groupes de population vulnérables tels que les personnes âgées, les jeunes et les plus pauvres.
Même si une grande partie de la population méditerranéenne est habituée aux températures élevées, une augmentation de l’intensité et de la fréquence des vagues de chaleur, ou un changement de saisonnalité, expose les populations vulnérables à d’importants risques de santé, notamment les populations pauvres vivant dans des conditions précaires et ayant un accès limité aux espaces climatisés. La mesure dans laquelle les taux de morbidité et de mortalité liés à la chaleur augmenteront au cours des prochaines décennies dépend donc de la capacité d’adaptation des populations méditerranéennes, de la capacité de l’environnement urbain à réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain, de la mise en œuvre de programmes de sensibilisation du public et du niveau de préparation du système de santé.
Le changement climatique favorise l’apparition de maladies d’origine hydrique ou vectorielle. Les dynamiques de cycle de vie des espèces vecteur de ces maladies, des organismes pathogènes et des espèces réservoirs sont toutes sensibles aux conditions climatiques. Les auteurs du rapport sont formels : « Nous pouvons dire avec certitude que le réchauffement climatique ainsi que l’augmentation de la fréquence des événements climatiques extrêmes, comme les inondations, contribueront au potentiel de transmission vectorielle ou hydrique des maladies dans la région.«
La dégradation de la qualité de l’air, du sol et de l’eau a des conséquences sur la santé humaine par le biais de maladies respiratoires et cardiovasculaires, ainsi que sur un accès réduit à une alimentation saine. La concentration des gaz et des particules dans l’air augmente en raison de la désertification et des feux de forêt provoqués par le changement climatique, mais aussi à cause des activités humaines directes, notamment dans les grandes villes. Par boucle de rétroaction, la dégradation de la qualité de l’air impacte également le changement climatique puisque les nombreux polluants atmosphériques sont aussi des gaz à effet de serre.
Enfin, en Méditerranée, la santé humaine est largement conditionnée par les tendances sociétales et les situations politiques. Dans certains pays ou régions, les mauvaises conditions sanitaires entraînent des risques de consommation d’aliments ou d’eau potable contaminés (par exemple dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord où sévissent des conflits). L’urbanisation et l’augmentation de la densité de population dans les régions côtières contribuent à la pollution de l’air et augmentent les risques de transmission des maladies infectieuses. L’instabilité sociale et les conflits politiques provoquent des flux migratoires qui favorisent la transmission de maladies.
Sécurité humaine
Les changements climatiques et environnementaux ainsi que les instabilités sociales, économiques et politiques menacent la sécurité humaine de diverses manières. En région Méditerranée, près de 40 % du littoral est bâti. Un tiers de la population (soit environ 150 millions de personnes) vit près de la mer et les infrastructures sont généralement à proximité immédiate du niveau moyen de la mer en raison des ondes de tempête limitées et de la faible amplitude des marées. Par conséquent, l’élévation du niveau de la mer, les ondes de tempête, les crues, l’érosion et les subsidences locales affecteront directement les ports, les villes portuaires, les infrastructures côtières ainsi que les zones humides et les plages de la région Méditerranée.
Environ 15 métropoles (villes portuaires d’une population supérieure à 1 million d’habitants en 2005) sont menacées par des risques de crues en raison de l’élévation du niveau de la mer. Les villes méditerranéennes constitueront la moitié des 20 villes au monde ayant la plus forte augmentation de dégâts annuels moyens. Pour des raisons socio-économiques, la capacité d’adaptation des régions méridionales et orientales de la Méditerranée est généralement inférieure à celles des régions septentrionales, ce qui les rend particulièrement vulnérables à ces impacts côtiers. Les régions exposées aux risques les plus extrêmes sont principalement situées au sud et à l’est de la Méditerranée (le Maroc, l’Algérie, la Libye, l’Égypte, la Palestine et la Syrie). Dans les pays de l’Afrique du Nord, une élévation de 1 mètre du niveau de la mer pourrait affecter environ 37 millions d’habitants.
Concernant l’instabilité sociale, les conflits et les flux migratoires, la sécurité humaine du pourtour méditerranéen dépend grandement des conditions socio-politiques mais aussi des changements environnementaux. De façon générale, le changement climatique provoque une baisse des ressources naturelles et économiques disponibles et contribue donc au durcissement des conflits.
Les révoltes en Syrie qui ont débuté en mars 2011 sont le fruit de plusieurs facteurs complexes étroitement liés. Bien que les conflits armés soient principalement liés au changement de régime politique, il est possible que la révolte ait été déclenchée par des facteurs socio-économiques, religieux et politiques entraînant l’effondrement de l’économie rurale syrienne et accentuant ainsi les écarts entre le développement urbain et rural, le chômage et l’augmentation de la population en état de pauvreté. L’hypothèse selon laquelle le climat aurait joué un rôle important a été fermement contestée. Même si le lien de causalité ne peut pas être directement établi, certains pensent que les récentes sécheresses ont joué un rôle important dans son déclenchement, ces sécheresses comptant parmi les plus longues et les plus graves de ces 900 dernières années. Outre la situation en Syrie, les changements environnementaux et sociopolitiques sont connus pour être aujourd’hui une source de migrations humaines forcées vers des régions plus stables partout dans le monde.
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