C’est en France que sera organisée, fin 2015, la prochaine conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), dont l’objectif est de parvenir à un accord international en vue de limiter le réchauffement climatique à 2 °C d’ici la fin du siècle (par rapport au niveau de 1990). Dans leur numéro de mars-avril, Futuribles publie deux articles visant à alimenter les réflexions en amont de cette conférence.
La biosphère comme première condition du bien commun, par Frédéric-Paul Piguet
Cet article questionne les fondements philosophiques qui sous-tendent les discussions relatives aux mécanismes, notamment économiques, susceptibles d’infléchir les comportements des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. La réflexion porte ici sur la notion de « justice climatique ». Après un rappel des principes de la justice distributive telle qu’elle s’applique dans le domaine de l’environnement, l’auteur montre l’incapacité de cette théorie à envisager la biosphère pour ce qu’elle est : la première condition du bien commun de l’humanité dont le respect doit transcender les générations et dont l’équilibre doit primer sur toute autre considération. Dans cette conception, les limites de la biosphère doivent être considérées selon un jugement évaluatif non pas « sociologisé » (comme c’est le cas actuellement), mais « écologisé », « en reconnaissant l’indisponible de la biosphère, la part à ne pas toucher » ; d’où l’impossibilité de distribuer des droits d’émission pour les niveaux dépassant cette part, et l’inadéquation des théories de la justice distributive en la matière.
Insistant sur le fait que les capacités de la biosphère ne sauraient être assimilées à un butin élastique à se partager, l’auteur voit en l’interdiction de nuire le principe qui peut positionner la biosphère comme première condition du bien commun. Dès lors, les hauts niveaux d’émission ne peuvent faire l’objet que de « tolérances transitoires » (et non de « permis » ou « droits »), soulignant ainsi leur peu de légitimité.
Prendre en compte les objectifs de développement, par Sandrine Mathy
Sandrine Mathy préconise la prise en compte des Objectifs de développement pour le millénaire dans la négociation climat à venir. Comme l’ont montré les COP des dernières années, l’un des obstacles à la conclusion d’un accord concerne le développement des pays émergents et en développement : pourquoi contraindrait-on ces pays à limiter leur développement économique alors que le « passif climatique » est surtout à mettre sur le compte des pays développés ?
Cette question est tout à fait légitime, c’est pourquoi il serait sans doute plus constructif, comme le préconise cet article, de négocier en associant les réflexions sur les objectifs de développement et celles relatives aux objectifs climatiques. Selon l’auteur, il est tout à fait possible d’opérer des convergences entre ces deux types d’objectifs, et de favoriser le développement économique et la réduction de la pauvreté, tout en s’efforçant de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Sandrine Mathy montre quels sont ces éléments de convergence et formule des recommandations concrètes en vue de l’établissement d’un mécanisme favorisant cette convergence entre réduction de la pauvreté et préservation du climat.
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