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Climat : canular ou urgence ? Tel est l’enjeu des élections US

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Nous sommes engagés sur le long terme dans une transition énergétique globale. Il s’agit de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et de mettre au point des structures s’appuyant sur des énergies renouvelables et plus efficaces. Ce changement profond présente de multiples aspects positifs : des créations d’emplois, la baisse de la pollution de l’air, moins d’émissions de gaz à effet de serre, une exposition réduite aux risques liés à l’extraction, au stockage et au transport des combustibles fossiles. Ceci offre également aux individus, aux foyers et aux communautés, un contrôle accru sur leurs systèmes énergétiques. Le prochain président des États-Unis aura évidemment un rôle essentiel à jouer dans la façon dont le pays abordera cette transition.

Les renouvelables connaissent une croissance rapide et entraînent des évolutions sociales et institutionnelles de l’usage de l’énergie dans les réseaux électriques, le bâtiment et les transports. Deux types de mesures influencent la vitesse à laquelle les États-Unis passeront des combustibles fossiles aux énergies renouvelables : celles qui soutiennent l’efficacité énergétique et les renouvelables ; celles qui affaiblissent le soutien et le recours aux combustibles fossiles.

Il existe sur ces questions de très nettes différences entre les programmes des actuels candidats à la Maison Blanche.

Du côté des républicains

La plupart des principaux candidats républicains rejettent l’existence d’un lien de cause à effet entre l’utilisation des combustibles fossiles et le changement climatique ; ils soutiennent très fortement les énergies fossiles et s’opposent au développement des énergies renouvelables.

Donald Trump a répété à maintes reprises qu’il ne croyait pas au changement climatique, le qualifiant de canular. Trump n’a pas vraiment livré d’analyse de fond de la question, se bornant à affirmer que les éoliennes étaient fatales aux oiseaux. Il a d’ailleurs tenté de bloquer – sans obtenir gain de cause – la construction d’éoliennes offshore à proximité d’un de ses hôtels-golf en Écosse, arguant que ces dernières gâchaient la vue et risquaient de nuire au tourisme.

Le sénateur Ted Cruz a qualifié le changement climatique de « théorie pseudo-scientifique ». Farouche défenseur d’une stratégie énergétique faisant feu de tout bois, il a appelé à la fin de toutes les subventions et critiqué l’administration Obama pour avoir déclaré une « guerre » aux charbon, pétrole et gaz naturel. Bien qu’il représente le Texas, l’État au plus fort potentiel éolien, Cruz n’a jamais reconnu les opportunités d’une transition énergétique s’appuyant sur les renouvelables.

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Si le sénateur Marco Rubio a déclaré croire en l’existence du changement climatique, il nie cependant que ce dernier soit d’origine anthropique. Rubio a rendu public un plan détaillé axé sur l’indépendance énergétique des États-Unis vis-à-vis du pétrole du Moyen-Orient grâce à l’efficacité énergétique et à la production nationale de combustibles fossiles.

 

Des étudiants en pleine élaboration de prototypes de moteurs pour éoliennes.

Cruz et Rubio ont voté contre le prolongement des crédits d’impôt pour la production d’énergie éolienne, le soutien au développement d’installations solaires sur les toits et l’instauration d’un objectif de 25 % de l’électricité consommée aux Etats-Unis issue de sources renouvelables d’ici à 2025.

À l’inverse des autres candidats républicains, John Kasich s’est montré concerné par le changement climatique. Mais ce petit-fils d’un mineur de charbon n’envisage nullement de faire baisser le recours aux combustibles fossiles, même s’il a encouragé la capture et le stockage du carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des centrales électriques au charbon.

Son plan pour l’énergie présente les ressources énergétiques fiables et bon marché comme « la colonne vertébrale » de l’économie américaine ; il soutient ainsi la diversification des sources de production, dont une très large part les combustibles fossiles, le nucléaire et les énergies renouvelables. Kasich s’est dit favorable à la hausse de la production pétrolière et gazière sur les terres fédérales, à la construction de l’oléoduc Keystone XL, et à l’annulation du Clean Power Plan de l’administration Obama qui vise à limiter les émissions de carbone provenant des centrales électriques.

LIRE DANS UP : Obama : son ambitieux plan pour le climat stoppé net par les Républicains

 

Du côté des démocrates

Hillary Clinton et Bernie Sanders affirment en cœur qu’il est urgent pour les Etats-Unis d’accélérer leur transition vers une énergie propre et durable. Ils affirment que cette transition sera créatrice d’emplois et contribuera à atténuer les effets du changement climatique.

Clinton a fixé deux objectifs clés pour le développement des énergies durables. Elle a tout d’abord déclaré son souhait de voir installer 50 millions de panneaux solaires au terme de son mandat, soit 7 fois plus que le nombre actuel. Mais l’énergie solaire connaissant déjà une croissance rapide aux États-Unis – plus 17 % en 2015 – cette promesse pourrait bien se réaliser d’elle-même. Clinton a également déclaré que dans les dix années suivant sa prise de fonction, les États-Unis produiront suffisamment d’énergies renouvelables pour alimenter tous les foyers du pays.

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Clinton a mis l’accent sur l’importance de faire bénéficier les communautés aux faibles revenus d’une énergie efficace et renouvelable ; elle a également appelé de ses vœux un plan pour moderniser les infrastuctures américaines, par des investissements dans l’hydroélectricité et la modernisation du réseau électrique notamment. Dans son discours de lancement de campagne, elle s’est déclarée pour une hausse des frais et redevances sur la production des combustibles fossiles, l’argent ainsi récolté serait investi en faveur d’une transition énergétique propre. Clinton soutient les crédits d’impots à la production d’énergie éolienne et solaire.

De tous les principaux candidats, c’est Bernie Sanders qui a fait les propositions les plus avancées pour atteindre les 100 % de production d’énergie renouvelable, taxer le carbone et laisser les combustibles fossiles dans le sol. Sanders s’est réclamé des déclarations du pape François qui considère que l’abandon des énergies fossiles constitue un impératif moral à l’égard de la planète.

 

 

Au Joint Bioenergy Institute, une structure née du partenariat entre des laboratoires fédéraux, la Carnegie Institution for Science et l’Université de Californie.

 

Au Sénat, Sanders a proposé plusieurs projets de loi pour développer l’accès aux énergies renouvelables (Low-Income Solar Act, Residential Energy Savings Act, Green Jobs Act). Il a également proposé un projet de loi visant à interdire tous les nouveaux baux de production de combustibles fossiles sur les terrains appartenant à l’État. Comme Clinton, il est favorable aux crédits d’impôts pour la production d’énergie éolienne et solaire.

Mais l’industrie des combustibles fossiles est très puissantes aux États-Unis : ces derniers fournissent plus de 80 % de la consommation énergétique totale du pays. Il n’est donc pas étonnant que peu de candidats osent s’y opposer frontalement.

Si Clinton et Sanders réclament tous deux une réglementation plus stricte de la fraturation hydraulique, Sanders a également proposé une série d’actions spécifiques pour limiter cette pratique. Clinton et Sanders regrettent que certains de leurs collègues n’admettent pas le lien entre combustion fossile et changement climatique.

Penser l’énergie autrement

S’engager vers des systèmes énergétiques plus efficaces et renouvelables est à n’en pas douter une entreprise qui comporte des risques et des incertitudes. Des travaux menés sur les transitions énergétiques suggèrent que les acteurs qui profitent actuellement du régime des combustibles fossiles se sentent de plus en plus menacés et qu’il faut s’attendre à ce que leur résistance s’intensifie.

La transition vers des énergies renouvelables change fondamentalement la façon dont nous produisons, utilisons et distribuons l’énergie. Il nous réévaluer et repenser les assises culturelles et institutionnelles de la planification énergétique. Les progrès réalisés dans les domaines de l’énergie solaire (sur les toits particulièrement), du stockage ou des véhicules électriques ont ouvert la voie à de nouvelles possibilités pour la gestion d’un système énergétique décentralisé.

Alors que les services publics, les entrepreneurs des renouvelables, les collectivités et les clients acquièrent de plus en plus d’expérience, il devient plus aisé de tourner le dos aux vieilles croyances selon lesquelles l’énergie alternative serait plus limitée que les combustibles fossiles. On l’a vu, dans la course présidentielle, les candidats démocrates mettent clairement en avant le potentiel positif de la transition inévitable des États-Unis vers des systèmes d’énergies renouvelables, alors que les candidats républicains résistent au changement et s’accrochent aux structures et réflexes de l’ère des combustibles fossiles.

Jennie C. Stephens, Associate Professor of Sustainability Science and Policy, University of Vermont

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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