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Anthropocène

Anthropocène, l’ère où l’homme moderne a laissé son empreinte durable et irréversible

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Notre impact global sur la planète continue d’augmenter dangereusement vite… mais moins vite que la croissance de la population. Ce qui signifie que « nous devenons plus efficaces dans l’utilisation de nos ressources naturelles ». Bien sûr, cette bonne nouvelle s’accompagne d’une mauvaise. Les trois quarts de la planète continuent de subir une pression à la hausse de l’activité humaine. Autrement dit, l’humanité continue d’altérer l’environnement, mais l’impact moyen de chaque personne est à la baisse.
 
C’est ce que révèle une étude parue le 23 août dans la revue Nature Communications. Entre 1993 et 2009, la population mondiale s’est accrue de 23 % et l’activité économique, de 153 %. Mais « l’empreinte humaine », elle, n’a grossi que de 9 % — une raison de se montrer un peu optimiste, selon le chercheur principal, Oscar Venter, de l’University of Northern British Columbia.
 
Les chercheurs considèrent que dans l’ensemble, et sans compter l’Antarctique, 9 % des habitats – soit 23 millions de kilomètres carrés – qui étaient à l’abri des pressions humaines en 1993 ne le sont plus. Les dernières zones préservées se trouvent dans les toundras et les déserts du Sahara, de Gobi et d’Australie, ou dans les parties les plus reculées des forêts de l’Amazonie et du bassin du Congo. Les scientifiques qui ont mené cette étude estiment que zones les plus rudement affectées apparaissent « terriblement vastes » et très dispersées : forêts tempérées d’Europe de l’ouest, de l’est des États-Unis et de la Chine, forêts tropicales d’Inde, du Brésil, de l’Asie du Sud-est. « Nos cartes montrent que les trois quarts de la planète sont maintenant significativement altérés, et 97 % des endroits les plus riches du point de vue de la biodiversité sont sérieusement touchés », déclare au journal Le Monde, James Watson, l’un des coauteurs de l’étude, de l’Université du Queensland.
 
Cette nouvelle arrive en même temps qu’une décision d’un comité de géologues attendue depuis longtemps : oui, ont tranché ces experts de la longue durée, nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique, l’anthropocène — une ère caractérisée par une trace tangible de l’humanité dans les couches géologiques.

L’empreinte humaine

Les deux nouvelles ont pour origine les deux mêmes questions : qu’est-ce qu’une « empreinte humaine » et comment la mesurer ? Et les deux groupes ont jonglé avec les mêmes variables : les traces laissées par nos constructions, notre agriculture, nos déplacements, nos déchets.
 
Mais alors que la recherche publiée dans Nature Communications s’est concentrée sur le présent et sur l’avenir proche, le Groupe de travail sur l’anthropocène plongeait dans le passé le plus lointain de la Terre… et son avenir le plus lointain : si un extraterrestre, dans des dizaines de millions d’années, observait les couches géologiques, pourrait-il déterminer une « frontière » entre l’holocène — la fin de la dernière ère glaciaire, il y a 12 000 ans — et « l’époque suivante » ? De l’avis du groupe de 35 experts, qui a présenté ses recommandations le 29 août lors du Congrès international des géologues, cette frontière pourrait être tracée autour de 1950, avec la dispersion un peu partout dans le monde d’éléments radioactifs résultant des premières bombes atomiques.
 
D’autres « empreintes » auront une durée de vie moins longue, géologiquement parlant, mais ont également été examinées par le groupe de travail : les déchets de plastique, la suie des centrales au charbon, le béton, le phosphate dans le sol résultant de notre agriculture et… les os de poulet, qui pourraient apprendre à un paléontologue du futur que l’humanité du XXe siècle avait élevé cet animal à une échelle industrielle.

LIRE DANS UP : L’invasion du plastique en fera le fossile de l’Anthropocène

Une nouvelle ère géologique

Ce Groupe de travail sur l’anthropocène avait été formé en 2009 dans le but de répondre à un débat récurrent chez les géologues, sur l’opportunité de désigner ou non une nouvelle ère géologique. « Être capable de pointer un intervalle de temps nous dit quelque chose sur l’impact incroyable que nous avons eu sur l’environnement de notre planète », a résumé au quotidien britannique The Guardian le secrétaire de ce groupe de travail, le géologue britannique Colin Waters.
 
N’est-il pas trop tôt pour désigner une ère géologique, sachant combien, pour la géologie, cette période entamée en 1950 est d’une durée minuscule ? Pour le président du Groupe de travail sur l’anthropocène, le géologue de l’université de Leicester Jan Zalasiewicz, « notre réponse est que plusieurs de ces changements sont irréversibles ».
 
Le groupe d’experts a été formé par la Commission internationale de stratigraphie, le plus grand des groupes de l’Union internationale des sciences géologiques. Si la Commission accepte ces recommandations, la discussion passera à une autre étape : où peut-on trouver dans le monde le meilleur endroit pour illustrer ce changement d’époque ? Par exemple, la météorite qui a causé la perte des dinosaures et de quantité d’espèces vivantes il y a 65 millions d’années a laissé une fine couche d’iridium un peu partout dans le monde, mais si vous êtes un géologue, le meilleur endroit pour l’observer est en Tunisie, à El Kef. Quel sera l’équivalent pour les traces d’éléments radioactifs du milieu du XXe siècle ? Le débat en a encore pour quelques années.
 
 
avec Agence Science Presse (ASP)
 
Image d’en-tête : Jason deCaires Taylor’s sculpture, Anthropocene.
 

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