Regardez le monde
avec les yeux ouverts

Inscrit ou abonné ?
CONNEXION

UP', média libre
grâce à ses lecteurs
Je rejoins

rejoignez gratuitement le cercle des lecteurs de UP’

Day After Tomorrow

Le réchauffement climatique pourrait nous mener vers une nouvelle ère glaciaire

Commencez
Cela ressemble à une mauvaise blague à la façon de celles dont Donald Trump commence à nous habituer. Le réchauffement climatique va nous conduire vers une période de glaciation ! Cette affirmation n’a rien d’une plaisanterie. Il s’agit d’une hypothèse déjà envisagée il y a une quinzaine d’années et qui revient sur le devant de la scène avec des données plus précises publiées par le CNRS et l’Université de Southampton dans l’éminente revue Nature Communications. Le réchauffement climatique est en train de perturber la circulation des courants marins, et notamment le Gulf Stream, ce qui nous amènerait, dans une probabilité de 50 % vers une ère de refroidissement brutal impactant l’hémisphère nord d’ici quelques décennies.
 
Le titre du communiqué du CNRS est on ne peut plus clair : « Atlantique Nord : le risque d’un refroidissement rapide au XXIe siècle revu à la hausse ». Dès l’aube des années 2000, l’hypothèse selon laquelle le réchauffement climatique provoquera l’émergence relativement brutale d’une période de glaciation fit l’objet de nombreuses études et rapports plus ou moins alarmistes. Hollywood s’empara même du thème en sortant un film catastrophe à succès : « Le jour d’après » de Joseph Emmerich (2002). L’hypothèse d’un refroidissement brutal de l’hémisphère nord est fondée sur la modification de la circulation thermohaline du courant océanique en Atlantique Nord. L’afflux d’eau douce provenant de la fonte de la banquise, les crues des grands fleuves du Nord de l’Europe et l’augmentation des précipitations seraient les facteurs principaux d’une rupture de la circulation océanique ; si ce seuil était atteint, il s’ensuivrait des conséquences planétaires apocalyptiques.
 
Depuis cette époque, les scientifiques se sont penché avec des moyens considérables sur l’analyse du changement climatique en général et de la circulation des courants océaniques en particulier. Parmi ceux-ci, le Gulf Stream est le moteur des climats tempérés de l’hémisphère nord. Il joue le rôle d’un gigantesque « tapis roulant » qui apporte dans son flux les eaux chaudes de Floride vers l’Arctique, en passant par les côtes européennes dont il garantit un climat tempéré. Arrivé vers les froids polaires, le courant océanique repart dans l’autre sens mais, ses eaux devenues plus froides, plonge vers les fonds marins. L’eau chaude allant vers le Nord est plus proche de la surface alors que les eaux froides revenues du pôle se situent dans les couches basses du courant. C’est ce que les scientifiques appellent la circulation océanique de retournement. Il s’agit en quelque sorte du moteur du Gulf Stream. Si le moteur ne fonctionne plus correctement, c’est toute la circulation océanique qui s’en trouvera perturbée et en conséquence, tout le climat des régions concernées.
 
Le GIEC, s’appuyant sur une longue série de mesures et d’une quarantaine de projections climatiques avait estimé en 2013 que ce ralentissement s’installerait progressivement et sur une échelle de temps longue. Un refroidissement rapide de l’Atlantique Nord au cours du XXIe siècle semblait donc peu probable. Or dans le cadre du projet européen EMBRACE, une équipe d’océanographes a réexaminé ces 40 projections climatiques en se focalisant sur un point névralgique au nord-ouest de l’Atlantique Nord : la mer du Labrador. Située au sud-ouest du Groenland, cette mer est un siège majeur de convection de l’océan Atlantique. Giovanni Sgubin, un des chercheurs cosignataires de l’étude publiée par Nature  explique le phénomène : pendant l’hiver, lorsque les températures de l’atmosphère sont très froides, les eaux superficielles, déjà relativement salées, donc denses, se refroidissent. Ce refroidissement augmente encore leur densité et elles finissent par tomber en profondeur. S’opère alors un mélange des eaux superficielles et de fond, plus chaudes. Tout cela conduit au final à un transfert de chaleur vers la surface. Le changement climatique va bouleverser deux choses : d’abord, la température va sensiblement augmenter. Mais surtout, du fait d’un accroissement des précipitations dans cette région, l’eau de surface va devenir moins salée. Cela va réduire sa densité. Passé un certain seuil, elle ne plongera plus au fond, et le transfert de chaleur n’aura plus lieu.
 
Choisissant d’étudier ce phénomène de convection en détail, les chercheurs ont développé un algorithme capable de repérer les variations rapides des températures à la surface de l’océan. Cette « moulinette statistique » a révélé que sept des quarante modèles climatiques étudiés projetaient un arrêt complet de la convection, engendrant des refroidissements abrupts de la mer du Labrador, induisant de fortes baisses des températures dans les régions côtières de l’Atlantique Nord. Les résultats de cette nouvelle étude font grimper la probabilité d’un refroidissement rapide de l’Atlantique nord au cours du XXIe siècle à près de 50 %.
 
Mais un tel refroidissement rapide, simulé seulement par quelques modèles, est-il vraisemblable ? Pour répondre à cette question, les chercheurs se sont penché sur la variable clé du déclenchement de la convection hivernale : la stratification océanique. Ces variations verticales de la densité des masses d’eau sont bien reproduites dans onze des quarante modèles. Le communiqué du CNRS affirme que parmi ces onze modèles, qui peuvent être considérés comme les plus fiables, cinq simulent une baisse rapide des températures de l’Atlantique Nord, soit 45 % !
 
Représentation schématique de la circulation dans la mer du Labrador, au cœur du gyre subpolaire schématisé par le contour rouge. © Giovanni Sgubin – EPOC
 
 
Exemple d’un refroidissement rapide dans le gyre prédit par l’une des projections climatiques. A gauche : évolution temporelle de la température de surface de la mer. A droite : écarte entre la température de l’air à la surface de la mer, entre le début et la fin du XXIe siècle. © Giovanni Sgubin – EPOC
 
Les auteurs de l’étude précisent que ces résultats, issus de modèles climatiques, seront confrontés aux futures données du projet international OSNAP qui prévoit l’installation de bouées fixes dans le gyre subpolaire, ce gigantesque tourbillon d’eau océanique formé d’un ensemble de courants marins et provoqué par la force de Coriolis, afin d’anticiper de possibles refroidissements rapides dans les années à venir. Les scientifiques avertissent :  ce risque devrait être pris en compte dans les politiques d’adaptation au changement climatique des régions bordant l’Atlantique nord.
 
Alors nous qui pensions nous équiper de bermudas, de tongs et de lunettes de soleil pour affronter les années qui viennent, faudra-t-il que nous changions notre garde-robe pour nous équiper de doudounes, duvets et grosses couettes ?
 
 

Nous avons un message pour vous…

Dès sa création, il y a plus de dix ans,  nous avons pris l’engagement que UP’ Magazine accordera au dérèglement climatique, à l’extinction des espèces sauvages, à la pollution, à la qualité de notre alimentation et à la transition écologique l’attention et l’importance urgentes que ces défis exigent. Cet engagement s’est traduit, en 2020, par le partenariat de UP’ Magazine avec Covering Climate Now, une collaboration mondiale de 300 médias sélectionnés pour renforcer la couverture journalistique des enjeux climatiques. En septembre 2022, UP’ Magazine a adhéré à la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique.

Nous promettons de vous tenir informés des mesures que nous prenons pour nous responsabiliser à ce moment décisif de notre vie. La désinformation sur le climat étant monnaie courante, et jamais plus dangereuse qu’aujourd’hui, il est essentiel que UP’ Magazine publie des rapports précis et relaye des informations faisant autorité – et nous ne resterons pas silencieux.

Notre indépendance éditoriale signifie que nous sommes libres d’enquêter et de contester l’inaction de ceux qui sont au pouvoir. Nous informerons nos lecteurs des menaces qui pèsent sur l’environnement en nous fondant sur des faits scientifiques et non sur des intérêts commerciaux ou politiques. Et nous avons apporté plusieurs modifications importantes à notre expression éditoriale pour que le langage que nous utilisons reflète fidèlement, mais sans catastrophisme, l’urgence écologique.

UP’ Magazine estime que les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans le cadre de la crise climatique sont systémiques et qu’un changement sociétal fondamental est nécessaire. Nous continuerons à rendre compte des efforts des individus et des communautés du monde entier qui prennent courageusement position pour les générations futures et la préservation de la vie humaine sur terre. Nous voulons que leurs histoires inspirent l’espoir.

Nous espérons que vous envisagerez de nous soutenir aujourd’hui. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à offrir un journalisme de qualité, ouvert et indépendant. Chaque abonnement des lecteurs, quelle que soit sa taille, est précieux. Soutenez UP’ Magazine à partir d’1.90 € par semaine seulement – et cela ne prend qu’une minute. Merci de votre soutien.

Je m’abonne →

S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents Le plus de votes
Inline Feedbacks
View all comments
planète
Article précédent

Ma vie zéro déchet

salon Produrable
Prochain article

Produrable : quand les transitions s’emballent et font système

Derniers articles de Climat

REJOIGNEZ

LE CERCLE DE CEUX QUI VEULENT COMPRENDRE NOTRE EPOQUE DE TRANSITION, REGARDER LE MONDE AVEC LES YEUX OUVERTS. ET AGIR.
logo-UP-menu150

Déjà inscrit ? Je me connecte

Inscrivez-vous et lisez trois articles gratuitement. Recevez aussi notre newsletter pour être informé des dernières infos publiées.

→ Inscrivez-vous gratuitement pour poursuivre votre lecture.

REJOIGNEZ

LE CERCLE DE CEUX QUI VEULENT COMPRENDRE NOTRE EPOQUE DE TRANSITION, REGARDER LE MONDE AVEC LES YEUX OUVERTS ET AGIR

Vous avez bénéficié de 3 articles gratuits pour découvrir UP’.

Profitez d'un accès illimité à nos contenus !

A partir de 1.70 € par semaine seulement.

Profitez d'un accès illimité à nos contenus !

A partir de $1.99 par semaine seulement.
Partagez
Tweetez
Partagez
WhatsApp
Email
Print