Le réchauffement climatique subi par Paris, où la température a déjà augmenté de 2,3 degrés par rapport à l’ère préindustrielle, fait augmenter de 20% le risque de crues décennales et de 40% celui de crues centennales, estime la mairie dans un rapport présenté cette semaine. Face à ces risques, Paris ne renonce pas et se prépare pour mieux les affronter.
Le cap symbolique des 2°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle est désormais franchi à l’échelle du territoire parisien. Deux petits degrés Celsius qui ne sont pas sans conséquence, avec de nouveaux aléas climatiques auxquels il va falloir faire face. Car sans surprise, les périodes caniculaires vont être de plus en plus courantes dans les décennies à venir et les pluies torrentielles causant parfois des inondations seront plus fréquentes.
Inondations
Dans les années à venir, « le volume de précipitations devrait légèrement augmenter et le nombre de jours de pluie plutôt baisser, avec une tendance à l’augmentation de l’intensité des précipitations et donc des risques d’inondation plus importants », résume la mairie dans la synthèse du rapport « Paris face aux changements climatiques ».
Un épisode de crue majeure en région parisienne « serait susceptible de détruire ou perturber certaines infrastructures vulnérables ». L’ensemble du tissu économique parisien est exposé au risque d’inondation de façon directe et indirecte. En premier lieu, les places de pouvoir comme le palais de l’Élysée, l’Assemblée Nationale, ou Bercy situées en zone inondable. Une crue du type de celle de 1910 pourrait entraîner la paralysie des institutions tout comme celle du quartier d’affaires de Paris en plein VIIIe arrondissement et de nombreuses entreprises localisées, elles aussi, en zone inondable. Selon une étude de l’OCDE, les activités économiques seraient perturbées durant un à deux mois. Avec les problèmes de déplacements, de communication, de stocks détruits… elle pourrait engendrer des pertes directes de l’ordre de 60 millions d’euros. 430 000 emplois pourraient être menacés. Les coûts pour les assurances « pourraient osciller entre 3 et 30 milliards d’euros », dit encore le rapport.
Risques sur l’eau
Ressource stratégique, l’eau risque d’être soumise à de fortes tensions d’ici à la fin du siècle. Aujourd’hui, une consommation d’eau potable stable et des sources d’approvisionnement variées assurent une eau de qualité et en quantité pour Paris. Mais les effets du réchauffement climatique avec davantage de sécheresses et davantage de besoins, pour rafraîchir la ville ou pour l’agriculture régionale par exemple, font craindre des pénuries au-delà de 2050.
Certains scénarios climatiques extrêmes laissent entrevoir des coupures d’eau prolongées pour 5 millions d’abonnés, entreprises, ménages ou services publics. Ce risque pourrait par exemple intervenir au détour d’un épisode de crue majeure en région parisienne. Un tel événement serait en effet susceptible de détruire ou perturber certaines infrastructures vulnérables : inondation des puits, submersion des équipements électriques, ruptures de canalisations, usines de potabilisation…
Un tel scénario impacterait également fortement la qualité des eaux, avec un risque de pollution pour 1,3 million d’abonnés.
Vulnérabilités énergétiques
Globalement robuste aux aléas climatiques, certaines vulnérabilités au changement climatique peuvent entrainer des dommages importants sur l’alimentation énergétique par effet domino. Une coupure à grande échelle du réseau électrique (par exemple à la suite d’une inondation), entraînerait la perturbation, voire la coupure, de la quasi-totalité des autres systèmes : transports publics, télécommunications, gestion des déchets…
Avec quelques 10 000 kilomètres de réseaux électriques enterrés, Paris affiche une forte résistance à plusieurs aléas. Toutefois, quelques éléments en surface, comme les postes sources et boîtes de jonction, présentent un risque fort face à l’évolution des températures moyennes, aux épisodes de grand froid, aux tempêtes, aux canicules…
Chaleur extrême
Des siècles d’urbanisme ont façonné Paris. Bâtiments, voiries, espaces publics et privés forment un système hautement sophistiqué dans lequel évoluent quotidiennement tous les habitants, travailleurs et visiteurs de Paris. Se transformant très progressivement, au rythme des projets urbains et du renouvellement spontané de la ville, ce système hétéroclite est lui aussi soumis aux nouveaux aléas climatiques.
Notamment, la question des variations de température, des grands froids et des grandes chaleurs, se pose avec acuité : tout particulièrement, le bâti d’après-guerre, jusqu’au tournant des années 2000, souffre d’une trop faible prise en considération du confort thermique. Particulièrement ressentis à l’intérieur des logements, les effets négatifs liés aux canicules sont d’autant plus aigus lorsque les espaces publics sont peu végétalisés, et que le bitume emmagasine la chaleur : c’est l’effet d’îlot de chaleur urbain.
Conséquence de l’augmentation des températures, le nombre de jours caniculaires pourrait passer de 13 en 2010 à 34 en 2085. « Pour rafraîchir Paris, nous prévoyons de planter 170.000 arbres », fait valoir Christophe Najdovski, adjoint EELV en charge des espaces verts. Le rapport souligne ainsi le besoin d’amplifier les solutions déjà déployées et inscrites dans les grands documents planificateurs de la Ville de Paris, notamment en matière de végétalisation, de création d’îlots de fraîcheur, et de solutions d’adaptation des bâtiments leur permettant d’être utilisés, quels que soient leurs usages, en fonction de l’évolution du climat.
Une autre piste développée par l’exécutif de gauche pour rafraîchir la capitale est l’installation d’ombrières, comme des toiles tendues. « Là où nous ne pourrions pas planter d’arbres rapidement, nous allons travailler avec urbanistes et architectes pour qu’elles s’insèrent de façon harmonieuse dans le paysage parisien », a promis Dan Lert, adjoint (EELV) en charge de la transition écologique.
Vulnérabilité des systèmes de santé
« L’offre de soins à Paris est exposée à de nombreux aléas » écrivent les rapporteurs. Chaque équipement devant à tout moment rester approvisionné en eau potable, courant électrique, ainsi qu’en chaud et en froid, le système de santé est particulièrement sensible aux aléas climatiques et aux effets dominos. En 2008, une panne d’électricité à l’hôpital Saint-Antoine avait par exemple conduit à l’évacuation temporaire des personnes en réanimation.
Outre les risques d’interruption partielle des services de santé, des risques sont par ailleurs susceptibles de faire grandir les besoins de la population. Les vagues de grand froid, et plus encore les vagues de grandes chaleurs, peuvent entraîner des pics d’hospitalisation et de mortalité, en particulier chez les personnes vulnérables : personnes âgées, jeunes enfants, personnes à la rue…
Quant à la pollution de l’air, elle demeure aujourd’hui encore le premier stress sanitaire pour les Parisiens, équivalent à l’alcool ou au tabac. Plus particulièrement, l’ozone et les particules fines contribuent à la dégradation de la qualité de l’air et impacte le système de santé avec davantage de maladies respiratoires ou cardio-vasculaires et des décès prématurés.
« Le temps est compté : il nous faut agir, et vite ! » écrit en préambule du rapport Anne Hidalgo, la Maire de Paris. Le 6e rapport du GIEC nous y presse, poursuit-elle : « nous devons massivement réduire nos émissions de gaz à effets de serre et préparer nos villes au changement climatique afin d’éviter d’en subir des effets dramatiques. » « Mais l’espoir reste permis si nous tenons nos engagements » espère-t-elle.
Pourtant, les engagements déposés par les États signataires de l’Accord de Paris mènent le monde à un réchauffement « catastrophique » de +2,7°C, très loin de l’objectif de 1,5°C espéré pour limiter ses retombées destructrices, s’est alarmée le 17 septembre dernier le secrétaire général de l’ONU.
Avec AFP
Toujours la même fable pour faire peur ! Que dire de la crue centennale de 1910 , suivie d’un été caniculaire en 1911 , sans parler de la canicule de 1893 ? Réchauffement climatique ?? Nous vivons la fin de l’âge glacière avec un réchauffement progressif et régulier depuis 10000 ans , en dehors du petit âge glacière du 14eme au 19eme siècle ?. Ne pas confondre météorologie et climat. Mais c’est à la mode…