Il est urgent de repenser notre relation à la mer, ainsi que la façon dont nous organisons et conduisons nos activités. Nous devons passer d’une logique de cueilleurs-profiteurs à une logique de gestionnaires éclairés et responsables des océans, afin de préserver le capital environnemental que constituent les océans.
Les océans comptent pour 99% de la biosphère, produisent la moitié de l’oxygène que nous respirons, régulent notre climat et sont la source de protéines principale de plus du tiers de la population mondiale. L’humanité se tourne toujours plus et de façon avide vers les immenses potentialités des océans, dont nous entendons tirer toujours plus de poissons, mais aussi des ressources énergétiques et minérales, ainsi que le cadre de vie et de loisirs d’une population de plus en plus attirée vers les côtes.
Non, les océans ne peuvent plus être considérés par l’homme comme un espace infini et inaltérable, réserve inépuisable de poissons et de ressources naturelles et décharge aux capacités illimitées. Nous ne pouvons plus prétendre ignorer leur dégradation continue.
Il est urgent de repenser notre relation à la mer, ainsi que la façon dont nous organisons et conduisons nos activités. Nous devons passer d’une logique de cueilleurs-profiteurs à une logique de gestionnaires éclairés et responsables des océans, afin de préserver le capital environnemental que constituent les océans.
Les aires marines protégées sont un excellent outil pour envisager la préservation des écosystèmes marins. Celle-ci est indispensable pour assurer la pérennisation d’activités existantes au premier rang desquelles la pêche, ou le développement d’activités nouvelles telles que l’écotourisme, l’aquaculture, les énergies renouvelables…
Les projets d’aires marines protégées doivent ainsi être l’occasion de repenser chaque activité, mais aussi de les intégrer dans un projet local compris et approprié par les acteurs économiques locaux, qui doivent trouver leur intérêt à respecter ce nouveau cadre.
Le terme d’aires marines protégées couvre de façon souple toutes les mesures de protection localisées de l’environnement marin, qui peuvent prendre des formes très diverses, depuis l’établissement de très grandes aires protégées telles que le sanctuaire des requins déclaré par les Palaos, situé en Micronésie, sur une surface équivalente à celle de la France, à des aires de quelques kilomètres carrés, visant un biotope très particulier dans les mers les plus densément utilisées, telle que la réserve du Larvotto à Monaco.
Alors que les plus grandes aires couvrent des zones peu habitées et peu exploitées, l’Institut océanographique souligne l’intérêt de développer des aires marines protégées sur des zones très exploitées, pour rassembler l’ensemble des parties prenantes, examiner précisément les conditions d’exercice des activités humaines et leurs conséquences sur l’environnement, et convenir collectivement de mesures de gestion visant à préserver pour l’avenir – voire à restaurer – le fonctionnement naturel des écosystèmes. L’exemple récent du Parc national des Calanques a montré la richesse et la difficulté de l’exercice.
L’Institut océanographique et la Fondation Prince Albert II de Monaco organiseront le 4 juin dans le cadre de l’exposition internationale « Pour des côtes et des océans vivants » à Yeosu, en Corée, la 3ème édition de la Monaco Blue Initiative. Sous l’égide de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, les expertises complémentaires de scientifiques, acteurs économiques, décideurs politiques et représentants de la société civile seront mobilisées, pour préciser comment faire des aires marines protégées de véritables projets de développement durable en mer, visant à préserver le fonctionnement des écosystèmes marins, tout en ouvrant la voie à une nouvelle forme de développement économique lié à la mer.
Les Présidents des Palaos et des Kiribati (Etats insulaires d’Océanie) seront notamment aux côtés de S.A.S. le Prince Albert II pour échanger avec les représentants des principales organisations environnementales telles que l’UICN, les grands organismes de recherche scientifique, mais aussi des acteurs économiques de premier plan désireux d’asseoir leur activité (pêche, aquaculture, tourisme ou énergies renouvelables) sur des bases réellement durables.
ROBERT CALCAGNO, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE MONACO
(Source : Pour une Planète plus intelligente / Le Monde.fr – Juin 2012)