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Des minicentrales nucléaires pour faire tourner l’intelligence artificielle
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Des minicentrales nucléaires pour faire tourner l’intelligence artificielle

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Google a signé un accord pour obtenir de l’électricité à partir de petits réacteurs nucléaires afin d’aider à alimenter l’intelligence artificielle. L’accord d’achat d’énergie provenant de réacteurs construits par Kairos Power est intervenu quelques semaines après l’annonce que Three Mile Island, le site du pire accident nucléaire américain, allait redémarrer ses activités pour fournir de l’énergie à Microsoft.

« Nous pensons que l’énergie nucléaire a un rôle essentiel à jouer dans le soutien de notre croissance propre et dans la réalisation des progrès de l’IA », a déclaré le directeur principal de l’énergie et du climat de Google lors d’une réunion d’information. « Le réseau a besoin de ce type de sources d’énergie propres et fiables qui peuvent soutenir le développement de ces technologies. » Aucun détail financier n’a été divulgué.

L’IA insatiable

Les géants de la technologie tels que Microsoft, Amazon et Google développent rapidement leurs centres de données pour répondre aux besoins informatiques de la révolution de l’IA, tout en parcourant le monde à la recherche de sources d’électricité.

L’IA, surtout avec les systèmes avancés tels que l’apprentissage automatique (machine learning) et l’apprentissage profond (deep learning), nécessite des centres de données massifs qui consomment énormément d’énergie. Cette consommation est principalement due aux puissants serveurs informatiques, au refroidissement de ces équipements, et aux besoins croissants d’alimentation électrique pour maintenir une performance continue. L’un des grands avantages de l’énergie nucléaire est qu’elle fournit une production d’énergie stable et continue, ce qui est essentiel pour les centres de données. Contrairement aux énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire, qui dépendent des conditions météorologiques, l’énergie nucléaire fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

À la différence de réacteurs traditionnels, qui affichent une puissance comprise entre 900 et 1650 mégawatts – comme l’EPR de Flamanville, les SMR peuvent produire de 25 à 300 mégawatts par unité. Le premier d’une série de petits réacteurs modulaires (SMR) développés par Kairos dans le cadre de son accord avec Google devrait être mis en service d’ici la fin de la décennie, selon les entreprises. D’autres petits réacteurs devraient être mis en service jusqu’en 2035, générant un total combiné de 500 mégawatts d’électricité.

Les SMR (pour Small modular reactor), sont des unités de production bien moins onéreuses à terme qu’une centrale nucléaire. Modulaires, elles sont conçues pour être fabriquées en usines, transportables par camion puis assemblées sur site, au plus près des besoins industriels.

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En raison de leur petite taille, les SMR sont plus flexibles et plus faciles à adapter à des besoins énergétiques localisés. Ils peuvent être installés près des centres de données ou dans des zones où la demande énergétique croît rapidement. Cela les rend idéaux pour les applications industrielles comme les centres de traitement de données massifs utilisés pour l’intelligence artificielle, qui ont souvent des besoins énergétiques concentrés dans des régions spécifiques. Le fondateur de Microsoft, Bill Gates, ne s’y est pas trompé et a investi de manière significative dans ce secteur à travers sa société TerraPower, une entreprise qu’il a cofondée en 2006. TerraPower est un acteur clé dans le développement de réacteurs nucléaires de nouvelle génération, et son projet phare est le réacteur Natrium, un type de réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium. En 2021, Bill Gates a annoncé la construction d’une première centrale Natrium à Kemmerer, dans le Wyoming, un projet pilote de 4 milliards de dollars, dont la moitié serait financée par le gouvernement américain.

Vent en poupe

Si les SMR ont le vent en poupe chez les Gafam, la technologie en est encore toutefois à ses débuts et n’a pas encore été approuvée par les autorités réglementaires, ce qui incite les entreprises à se tourner vers les options existantes en matière d’énergie nucléaire. « Nous considérons qu’il s’agit d’un partenariat très important », a déclaré Mike Laufer, cofondateur et directeur général de Kairos, lors de la réunion d’information. L’accord permet à la technologie SMR « de mûrir et d’apprendre en cours de route », a ajouté M. Laufer.

« Le réseau a besoin de nouvelles sources d’électricité propres pour soutenir l’IA à mesure que ses capacités et ses utilisations s’accélèrent » promet Michael Terrell, directeur de l’énergie et du climat chez Google, ajoutant que l’énergie nucléaire fait partie d’une campagne menée par le géant de la technologie pour disposer d’une énergie abondante et sans carbone disponible 24 heures sur 24. « Il s’agit d’un pari incroyablement prometteur », précise-t-il à propos de l’accord. « Si nous parvenons à mettre ces projets à l’échelle, puis à l’échelle mondiale, ils apporteront d’énormes avantages aux communautés et aux réseaux électriques du monde entier. »

Si l’actualité braque aujourd’hui ses projecteurs sur Kairos Power, la société est loin d’être la seule à se lancer sur le terrain très prometteur des énergies bas carbone produites par les futurs SMR. D’autres sociétés comme NuScale, Holtec (aux USA), Rolls-Royce (Royaume-Uni), la filiale d’EDF Nuward ou Naarea (France) se sont emparées de ce sujet qui n’intéresse pas seulement les Gafam aux besoins en électricité et en énergie renouvelable de plus en plus importants pour leurs centres de stockage.

Pouvant également être utilisés pour produire de la chaleur, les SMR pourraient aussi progressivement se substituer aux centrales à charbon pour le chauffage urbain, mais aussi être utilisés pour alimenter des usines de dessalement afin de produire de l’eau douce. Des perspectives qui sur le papier peuvent réjouir. Reste une technologie qui devra faire ses preuves tant en matière de production que de sécurité.

Est-ce sûr ?

Considérées comme une source d’énergie plus régulière que le solaire et l’éolien, de nombreuses entreprises technologiques misent sur le développement rapide de l’énergie nucléaire pour répondre à la demande d’électricité de l’IA.

L’utilisation par Microsoft de l’énergie nucléaire de Three Mile Island renforcera un réseau électrique couvrant treize États. Cette zone est mise à rude épreuve par la consommation massive d’énergie des centres de données, ce qui soulève des inquiétudes quant à la stabilité du réseau face à l’augmentation de la demande en matière d’IA.

En mars, la société AWS d’Amazon a accepté d’investir 650 millions de dollars dans un campus de centres de données alimenté par une autre centrale nucléaire de Pennsylvanie.

L’énergie nucléaire a de fervents opposants en raison des inquiétudes liées à l’élimination des déchets radioactifs, au risque d’accidents catastrophiques et aux coûts élevés associés à la construction et au démantèlement des centrales. En 1979, la fusion partielle de l’unité 2 de Three Mile Island a semé la panique aux États-Unis et stoppé net l’expansion de l’énergie nucléaire.

La Commission de réglementation nucléaire a estimé qu’il s’agissait de « l’accident le plus grave dans l’histoire de l’exploitation des centrales nucléaires commerciales aux États-Unis », bien qu’elle n’ait constaté aucun effet détectable sur la santé des travailleurs ou du public à la suite des faibles rejets radioactifs. Il faudra attendre 2030 pour éventuellement voir si les premières promesses sont tenues tant au plan de l’efficacité que de la sécurité…

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Avec AFP

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