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Pollution de l’air : Et si on évitait l’airpocalypse ?

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Les Parisiens placent, à juste titre, la pollution atmosphérique au premier rang de leurs préoccupations environnementales. En effet, si elle s’améliore en Île-de-France et à Paris, la qualité de l’air reste insatisfaisante dans tout le pays et de trop nombreux citoyens restent exposés à des niveaux de pollution qui dépassent la réglementation ou les recommandations de l’OMS. Les questions liées à la qualité de l’air dépassent largement l’Île-de-France, la quasi- totalité des métropoles mondiales étant confrontées à cet enjeu. À quelques jours de la date limite (31 mars) fixée par le Conseil d’Etat au gouvernement et à certaines collectivités locales pour qu’elles élaborent de nouveaux plans pour lutter contre la pollution de l’air, des voix s’élèvent parmi les associations et ONG pour rappeler l’urgence d’agir pour réduire le trafic routier et la consommation d’énergies fossiles. L’année 2018 verra-t-elle enfin la France prendre le virage de la transition écologique dans les transports au profit de la santé et du climat ? Avec quelles solutions ?
 
La France est récidiviste en matière de pollution de l’air : depuis 2009, la Commission européenne lui a adressé de manière régulière des avertissements, en vain. Ainsi, l’hexagone se classe au 6ème rang, au sein de l’Union européenne, en ce qui concerne les dépassements des niveaux légaux de pollution de l’air.
Le Conseil d’État, en juillet 2017, a enjoint au Gouvernement français de prendre, avec les collectivités concernées, toutes les mesures nécessaires pour ramener les concentrations de particules et de NOx en-deçà des niveaux légaux avant le 31 mars 2018 (au sein, de nouvelles feuilles de route pour la qualité de l’air dans 14 zones de France). Au début de l’année 2018, la Commission européenne a convoqué la France à Bruxelles pour connaître ses actions contre la pollution de l’air. L’instance doit prendre prochainement sa décision sur d’éventuelles poursuites de la France devant la Cour de justice européenne en conséquence du non-respect des directives européennes sur la pollution de l’air.
Le gouvernement français a communiqué son plan d’action le 13 février 2018 qui reprend les grandes lignes du Plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prépa) publié en mai 2017 par le gouvernement précédent. Pour le Réseau Action climat, il y a un manque d’ambition des mesures envisagées, en particulier dans le secteur des transports, ce qui est inquiétant. À ce jour, le plan d’action du gouvernement, communiqué à Bruxelles reste très insuffisant car il ne convianc pas le commissaire européen à l’environnement, Karmenu Vella, d’abandonner les poursuites. Par ailleurs, les collectivités locales ont avancé des propositions sans garantie aucune qu’elles soient à la hauteur des enjeux.
 
Carte de la pollution de l’air dans le monde – Octobre 2017
 
Le Réseau Action Climat et ses associations membres publient ainsi leur propre proposition de feuille de route pour la qualité de l’air : présentation de mesures concrètes et indispensables qu’il est urgent de mettre en œuvre au niveau national, dans le cadre de la future loi d’orientation sur les mobilités, ainsi qu’au niveau local. Cette feuille de route permettrait de mettre les politiques de transports et de mobilité au service de la santé de tous et de la lutte contre les changements climatiques.
 
Parmi les mesures proposées, les nouveaux projets routiers doivent être abandonnés, et des financements suffisants pour des solutions de transports plus écologiques comme le vélo et les transports en commun doivent être développées. Les véhicules diesel et essence sont interdits de circulation dans des « zones à très faibles émissions » situées dans toutes les agglomérations polluées d’ici à 2025 pour protéger la population. L’application du principe pollueur-payeur, au moyen de la fiscalité écologique dans le transport de marchandises, permettrait de dégager les ressources nécessaires pour financer les alternatives et les mesures d’accompagnement des secteurs et des ménages les plus modestes.
 

Qualité de l’air : une opportunité pour l’innovation ?

Au-delà de l’enjeu de santé publique, l’amélioration de la qualité de l’air pourrait être une grande opportunité pour les filières industrielles parmi lesquelles l’expertise francilienne, voire française, dispose de potentiels importants, qu’il s’agit de mobiliser et d’aider.
Les réponses innovantes qui pourraient ainsi être poussées par des entrepreneurs français ont un potentiel important de reproductibilité dans le monde.
 
Il existe bien le programme d’expérimentations Qualité de l’Air Paris&Co est l’agence d’innovation et de développement économique de Paris. Au travers de l’Urban Lab, le laboratoire d’expérimentations urbaines, Paris&Co expérimente dans la Métropole Parisienne depuis une dizaine d’années : tests en conditions réelles, dans le milieu urbain, d’un dispositif innovant déjà conçu, mais non-commercialisé. Cela représente une phase-clef du processus d’innovation car elle permet de mesurer l’appropriation du dispositif par les usagers et son fonctionnement in situ, permettant aux entrepreneurs d’accélérer le développement de leur solution et de réduire les risques pris.
 
En concertation avec la Ville de Paris, l’Urban Lab lance depuis sept ans des programmes d’expérimentations thématiques afin de tester des solutions innovantes pouvant répondre à de grands enjeux urbains d’intérêt général : efficacité énergétique des bâtiments, métabolisme urbain, logistique urbaine durable, adaptation au changement climatique, sûreté et sécurité… Pour l’année 2018, c’est la thématique de la Qualité de l’Air qui a été choisie, autour des sujets de mesure, de dépollution, de réduction à la source, de changement des comportements ou encore d’information du public. Le programme est lancé en partenariat avec AirParif (1), association agréée de surveillance de la qualité de l’air, qui met à disposition du programme son expertise scientifique. On connaît tous son ballon au-dessus de Paris qui permet d’établir la carte de la pollution atmosphérique à 15 kilomètres de distance. Le dispositif permet de situer et de mesurer les sources de pollution dans Paris.
 
Plus de 45 candidatures ont été reçues à l’issue de l’appel à expérimentations, et parmi elles, au final, 10 projets ont été retenus, jugés comme étant les plus innovants et pertinents à tester dans le cadre d’un programme d’expérimentations. Ces lauréats représentent une variété de porteurs de projets : de la startup au grand groupe en passant par des PME et même un établissement de recherche. Ces 10 lauréats bénéficieront d’un accompagnement gratuit par l’Urban Lab, avec le soutien d’Airparif et de la ville de Paris, dans le déploiement de leur expérimentation. Cet accompagnement repose sur une aide à la recherche et la mise en relation des lauréats avec des terrains pertinents pour les expérimentations (espace public, services de la ville ou entreprises), le suivi du bon déploiement des expérimentations ainsi que l’évaluation de chacune d’entre elles. L’objectif est de déployer les expérimentations dès l’été 2018.
 
« Ces 10 projets prometteurs seront testés sur une durée allant de 6 mois à un an, ce qui permettra d’analyser dans le détail différents facteurs d’influence sur leur pertinence : capacités techniques, appropriation par les usagers, freins éventuels, causes de réussites, efforts de déploiement nécessaires… » précise Albane Godard, directrice de l’Urban Lab.
 
« Airparif accompagnera ces expérimentations afin d’évaluer leur efficacité pour améliorer la qualité de l’air et leur reproductibilité sur d’autres territoires. Les 10 lauréats proposent des projets intéressants : ils répondent à des enjeux tant pour l’air en extérieur qu’à l’intérieur de bâtiments et ils visent donc à permettre, in fine, de réduire l’exposition de la population à la pollution ! » ajoute Frédéric Bouvier, Directeur Général d’Airparif.

 
Dix projets pour « Un air sain dans une ville verte »
 
MVAW (startup) : Solution de dépollution de l’air par biofiltration végétalisée (au travers de l’action de substrat, végétaux et des microorganismes), à tester en conditions réelles et en air extérieur, sur l’espace public.www.mvaw-technologies.com
Réseau de microcapteurs par Clarity & Citeos (groupement startup + grand groupe) : Système de surveillance de la qualité de l’air, basée sur des capteurs low-cost, installés sur les mâts d’éclairage public gérés par Citeos, un système de calibration de ces capteurs, et un portail cloud. www.clarity.io
« AntiSmog » par Net SAS (startup) : Solution de réduction des émissions polluantes à la source des véhicules, au travers de l’amélioration du combustible à l’hydrogène. www.antismog.co
Stations de mesures multi-physiques par SimEnginerring (PME) : Evaluation en conditions réelles de stations de mesure multi-physiques : station air/bruit/circulation et station bruit/poussière, notamment à destination des chantiers. www.engineering.com
Willbee, l’IoT au service de la qualité de l’air par l’IFPEN (EPIC) : Sensibilisation des conducteurs sur leur capacité à réduire leur empreinte polluante au travers d’une vignette connectée et de l’application GecoAir (calcul des émissions polluantes par type de véhicule), créant un lien entre l’impact de la conduite et la qualité de l’air. www.ifpen.fr
« Air4Kids » par VentilairSec (PME) : Améliorer la qualité de l’air dans les Etablissement d’Accueil du Jeune Enfant, au travers d’un système de ventilation innovant, qui filtre les polluants extérieurs entrants, ventile les locaux pour maitriser le renouvellement d’air et chasser l’air vicié. www.ventilairsec.com
« Moanho » par Blue Industry and Science (PME) : Solution de mesure de concentrations d’anesthésiants dans l’air ambiant des salles d’opération, via un spectromètre largement accordable (équivalent de 400 lasers). www.blueindustryandscience.com
« UMPAI » par AirLiquide (Grand groupe) : Solution d’amélioration de la qualité de l’air intérieur, via une technologie de filtration par adsorption des COVs et du formaldéhyde, dérivée du principe industriel éprouvé d’AirLiquide sur la purification de l’air. www.airliquide.com
« Smart QAI » par NanoSense (PME) : Test d’algorithmes de contrôle automatique et de régulation du triptyque ventilation, chauffage, climatisation selon des objectifs de productivité basés sur la qualité de l’air intérieur. www.nano-sense.com
« Monitoring QAI » par Zaack (startup) : Etude de l’impact du monitoring précis et continu de la pollution de l’air intérieur en crèches. www.zaack.io
 

Des chiffres alarmants

Les chiffres aident à mesurer l’ampleur du problème. L’impact de la pollution atmosphérique sur notre santé est un fait avéré : selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’air crée plus de 3 millions de morts, soit 5% des décès annuels mondiaux. De nombreuses études font désormais état du lien de causalité entre l’environnement et la santé, en provoquant notamment la genèse, l’aggravation ou l’exacerbation de maladies cardio-respiratoires : Une étude de l’agence Santé publique, parue en juin 2016, estime que le nombre de morts dus aux particules fines s’élève à au moins 48.000 par an, soit 9% de la mortalité nationale. Toujours selon la même étude, à Paris, 2.500 personnes meurent chaque année de pollution atmosphérique.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la pollution de l’air n’affecte pas que les grandes villes précise l’étude. “Les villes moyennes et petites ainsi que les milieux ruraux sont aussi concernés” peut-on lire. Certes dans les zones urbaines de plus de 100 000 habitants les résultats montrent, en moyenne, une perte de 15 mois d’espérance de vie à 30 ans du fait des PM2.5, ces particules fines que recrachent notamment les véhicules diesel. Mais dans les zones moins peuplées – entre 2.000 et 100 000 habitants – la perte d’espérance de vie est aussi très élevée : 10 mois en moyenne. Enfin dans les zones rurales, à l’inverse de ce que l’on pourrait imaginer, ce sont en moyenne 9 mois d’espérance vie qui sont estimés perdus.

 
 

(1 )Aiparif Observatoire, indépendant de la qualité de l’air au service de la santé et de l’action, est l’association chargée de la surveillance et de l’information sur la qualité de l’air en Ile-de- France, agréé par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire. Il a pour mission de mettre en œuvre une surveillance de la qualité de l’air et de fournir une information fiable et régulière aux autorités et au public, afin de permettre l’amélioration durable de la santé des franciliens et de l’environnement. Airparif regroupe près de 150 membres qui sont représentés au sein de 4 collèges : l’Etat, les collectivités territoriales, les acteurs économiques et le monde associatif – personnes qualifiées. La stratégie d’Airparif est déclinée suivant trois axes : Surveiller / Comprendre / Accompagner.
 
Pour aller plus loin :
 
– Livre « La Bataille de l’Air – Enjeux économiques de la qualité de l’air » de Thomas Kerting, (diplômé de l’ESCP, fondateur d’Aircology et président d’Air Sur), de Frédéric Gonand (professeur d’économie à Paris-Dauphine) et Mathilde Lorenzi (Les Respirations) – Edition Descartes&Cie.
 
Photo d’entête : Vélo du projet « Smog Free Bicycle » © Studio Roosegaarde
 

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