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Russie-Ukraine : La guerre du blé aura-t-elle lieu ?

La guerre du blé ?

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La crise russo-ukrainienne fait craindre, à terme, le pire en Europe. A plus courte échéance, on s’inquiète des conséquences du conflit sur l’approvisionnement énergétique, et sur les prix risquant de flamber pour les consommateurs européens. Ce que l’on mesure moins, c’est la conséquence du conflit sur le marché des céréales et notamment du blé. Car l’Ukraine et la Russie font partie des plus gros producteurs mondiaux, l’Ukraine étant même baptisée le « grenier à blé de l’Europe ». Circonstance aggravante, les conditions météorologiques extrêmes en Europe et Amérique du Nord liées au dérèglement climatique laissent craindre une pénurie de blé dur, base de fabrication des pâtes et des semoules. La Russie pourrait en profiter pour presser là où ça fait mal : sur l’approvisionnement alimentaire d’une grande partie du monde.

Les images que l’on voit à la télévision de la région du Donbass, la zone de guerre au cœur du conflit russo-ukrainien, sont celles de villages en ruine, de paysans apeurés et de tranchées militaires. Pourtant, cette région possède des plaines fertiles où poussent blé et maïs ; ici l’on produit 40 % du blé ukrainien. L’Ukraine est le quatrième exportateur mondial de céréales et les incertitudes au sujet de cette région ont fait encore monter les cours mondiaux à 270 euros la tonne de blé, soit 20 % de hausse en quelques semaines.

Les bruits de bottes font grimper les prix

Ces tensions extrêmes ont fait rebondir les cours du blé, de la Bourse de Chicago au bassin de la mer Noire. Selon l’AFP, les opérateurs redoutent « de probables ruptures d’approvisionnement » en provenance de Russie, grand pays exportateur. Dans ce contexte, les exportations de blé russe ont déjà baissé au cours de la semaine du 20 janvier, alors qu’est déjà annoncé un prochain quota d’exportations, de 8 millions de tonnes, à partir de la mi-février, rapporte l’agence spécialisée Agritel. Les exportations totales de blé russe depuis juillet s’élèvent à 23 millions de tonnes, contre plus de 29 millions un an plus tôt, selon la même source, qui souligne que « les exportations totales tous grains depuis début juillet ont atteint 27,3 millions de tonnes », en baisse de 21% par rapport à l’an dernier à la même date.

Les bruits de bottes font donc grimper les prix des céréales alors que la dynamique était déjà haussière en raison des problèmes d’acheminement qui pèsent sur l’économie mondiale depuis plusieurs mois. L’occupation russe de l’est de l’Ukraine pourrait priver cette dernière de 30 % en orges, et jusqu’à 40 % de sa production de tournesol, blé ou maïs. Ces tensions risquent donc d’impulser une nouvelle hausse des prix des matières premières agricoles, avec une mise en risque de la sécurité alimentaire de nombreux pays pour des raisons de prix, et de disponibilités.

Dépendance au blé

Selon le site spécialisé terre-net, si les hauts risques de conflit concernent les ports de la mer d’Azov, qui ne représentent que 6 % des volumes de produits agricoles exportés par l’Ukraine, 70 % des marchandises à exporter sont acheminées par train vers les ports de la mer Noire, et seraient exposées à une très forte vulnérabilité en cas de guerre.

Il faut savoir qu’en l’espace d’une vingtaine d’années seulement, la Russie est devenue la championne du monde des céréales. En 2001, elle produisait 36 millions de tonnes de blé ; en 2020 elle est passée à 80 millions de tonnes, dont 35 millions sont exportées. De ce fait, elle dispose ainsi d’une arme géopolitique majeure.

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De nombreux pays sont dépendants du blé russe et ukrainien.  Les Russes ont complètement réorganisé leurs infrastructures au bord de la mer Noire pour alimenter en blé une grande partie des pays du nord de l’Afrique. L’Égypte est devenue ultra-dépendante du blé russe, au point de provoquer une crise diplomatique entre les deux pays en 2016, sur fond de critères sanitaires des blés importés. L’Ukraine est un gros pays exportateur qui alimente le Maroc, des pays européens pour le maïs, mais aussi des pays du Moyen-Orient. C’est le cas du Liban qui importe la moitié de son blé d’Ukraine et qui, dans un contexte de crise économique violente, ne supporterait pas des tensions supplémentaires liées au blé.

Ces pays du Maghreb et du Proche-Orient sont des marqueurs de prix pour d’autres pays. Ce qui s’y passe a en effet une influence directe sur le marché européen et sur le marché mondial. D’autant que la crise ne touche pas que le maïs ou le blé, mais également les oléagineux. L’Ukraine est le premier pays producteur mondial de tournesol et le premier pays exportateur d’huile. Même en Europe, on importe de l’huile ukrainienne.

Une production qui se complique avec le changement climatique

D’autres pays exportateurs pourraient prendre le relai de l’Ukraine et de la Russie si les flux logistiques s’arrêtaient. En revanche, si deux des plus grands fournisseurs à l’échelle mondiale font défaut, les stocks d’autres pays exportateurs comme la France ou les États-Unis ne seront sans doute pas suffisants pour combler la différence. Et plus on aura besoin de tirer sur ces sources d’approvisionnement, plus les prix risquent de monter et les tensions s’accroître.

En outre, le changement climatique, et les événements météorologiques extrêmes qu’il provoque, rend les moissons de blé plus incertaines, baissant les rendements voire détruisant des champs. En 2019, une étude publiée dans la revue Nature Climate Change soulignait « une augmentation significative de la probabilité » de mauvaises récoltes liées au climat dans plusieurs régions productrices en même temps. Conséquences attendues par les chercheurs : des « pics de prix » et des « famines ».

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