Selon la récente étude EFMA-Infosys sur l’innovation dans la banque, la ludification, bien qu’étant encore très rarement adoptée, fait partie des sujets qui suscitent le plus d’intérêt à court terme. Des exemples tels que celui que nous donne la première banque bulgare (Banka DSK) avec « DSK Gameo » devraient donc se répandre rapidement.
A l’image de beaucoup des pionniers du genre, ce nouveau jeu cible l’épargne des consommateurs. Disponible sous la forme d’une application mobile (pour iPhone), il propose d’abord aux clients de la banque de se fixer des objectifs budgétaires (financer des vacances, acheter une voiture…) qui leur permettent ensuite d’obtenir des récompenses lorsqu’ils avancent vers leur réalisation (les progrès étant illustrés par l’image d’un verre de champagne se remplissant progressivement).
Pour enrichir ce socle de base et induire un usage plus fréquent de l’application, qui capitalise véritablement sur la psychologie du jeu, des mécanismes ludiques complémentaires sont mis en place – notamment lors de l’exécution de différentes opérations ou de la découverte de nouveaux produits – qui, naturellement, participent aussi à l’accumulation de points. Enfin, ces derniers pourront être convertis en cadeaux réels, tickets de spectacle ou bons d’achat, par exemple.
L’objectif de DSK Bank est double
D’un point de vue « externe », il s’agit en priorité de promouvoir des comportements financiers sains parmi ses clients, et plus particulièrement de les encourager à épargner. A un deuxième niveau, et au-delà des bénéfices immédiats pour la banque d’une augmentation de l’épargne, l’incitation à utiliser fréquemment l’application devrait également multiplier les opportunités de contact avec les joueurs, autant pour des actions marketing que pour collecter des informations sur leur situation et leurs attentes.
Le concept de DSK Gameo est finalement assez proche de l’expérience de Bank of the West (avec la startup SaveUp) déjà évoquée dans ces colonnes. Il apporte cependant quelques variantes, telles qu’une implémentation sur smartphone, plus conforme aux habitudes de jeu du monde moderne (et potentiellement plus addictive), ou encore un modèle de récompenses plus régulières (mais moins excitantes que la loterie à 2 millions de dollars de l’américaine).
En tout état de cause, la ludification dans la banque en est encore à ses balbutiements (témoin en sont les artifices plus ou moins subtils déployés pour maintenir l’intérêt du joueur dans la durée) et il faudra certainement multiplier les tests pour approcher de la solution « idéale ». Malgré tout, comme pour la plupart des innovations en émergence, seuls les établissements qui osent lancer des expérimentations parviendront à tirer rapidement tous les bénéfices de ces approches…
Maryline Passini, Fondatrice et Directrice de l’agence Proâme.