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Biennale internationale du design Saint-Etienne

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La neuvième édition de la Biennale Internationale du Design de Saint Etienne a ouvert ses portes le 12 mars à la Cité du design, avec une soixantaine d’expositions pensées autour d’un thème « Les sens du beau ». Des designers sont venus des quatre coins du monde pour interroger le public sur le design et ses diverses applications : à la croisée de l’art, de la technique et de la société, le design fait partie de nos quotidiens et s’implique dans tous les rouages de l’innovation. Pour favoriser la compréhension qu’il est la base de toutes les activités humaines, notamment auprès des entreprises.

« La beauté est aussi utile que l’inutile. Il ajoute après un silence : Plus, peut-être ». Victor Hugo (Cromwell – 1827)

La Biennale n’est pas tombée du ciel à Saint-Etienne

Elle est le prolongement logique et utile de toute l’identité de Saint-Etienne, ville historique de travailleurs, créateurs, en recherche permanente d’innovations. La ville fait partie du réseau Unesco des villes créatives, la seule en France parmi onze autres villes dans le monde.
La Région stéphannoise fut la première région industrielle de France au même titre que Manchester au Royaune Uni au XXème siècle avec la sidérurgie, l’industrie de la passementerie et des rubans qui a créé les deux leaders mondiaux du textile médical, Gibaud et Thuasne. Une conjonction de l’art et de l’industrie puisque c’est à Saint-Etienne qu’a été créé le premier post-diplôme de design en 1985 dans une école d’art par Jean-Marc Bonnard et Marc Charpin.
C’est Jacques Bonnaval, directeur de l’école régionale des Beaux-Arts, avec Martine Fontannilles, adjointe à la culture à la mairie de 1983 à 2006, qui lança la première Biennale en 1998, puis l’IRDD, Institut régional de la diffusion du design qui a permis de développer des contacts à l’étranger. Cinquante pays étaient alors présents pour cette première édition et ils étaient une centaine en 2000.

Saint-Etienne, ville campus

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La capacité des écoles supérieures de la ville à travailler ensemble n’est plus à démontrer. Ce brassage d’étudiants et d’enseignants permet une grande transdisciplinarité dans les études : des worshops sont organisés en commun, avec une identité commune, la création. Les différences sont là pour capitaliser les compétences, dans des regards qui se complètent et s’enrichissent, tout en surmontant les difficultés des différentes tutelles universitaires.
Ainsi a été créée il y a sept ans l’association Designers +, présidée par Bernard Laroche et coordonnée par Catherine Buisson, et qui a pour mission l’animation et la professionnalisation de la filière design en Rhône-Alpes / Auvergne. La transversalité des compétences de ses adhérents au sein des métiers de la conception permet d’optimiser les réponses, grâce à un regard en ouverture au service du projet. Le design comme outil de recherche et de prospective permet d’anticiper les besoins en s’appuyant sur l’analyse des usages et du contexte. L’objectif de Designers+ est de faire appréhender, à partir d’exemples concrets, la plus value d’une démarche design pour les entreprises. Mieux concevoir ensemble permet d’optimiser les coûts et participe au développement de la stratégie d’entreprise.

Une Biennale au service des entreprises

Depuis plus de cinq ans, 2 500 entreprises ont déjà été sensibilisées au design et 250 autres accompagnées dans leur recherche d’un designer adapté à leurs besoins, grâce à la Cité du design qui met à leur disposition des ressources matérielles – la matériauthèque – ou méthodologiques – le LUPI (laboratoire des usages et des pratiques innovantes).

Pendant la Biennale, pour exemple, l’espace Labos ouvert du 12 mars au 5 avril, permet de faire tester les derniers prototypes de 24 entreprises dont 18 sont en Rhône-Alpes. L’entreprise Yamaha vient exprès du Japon pour faire tester un outil de composition musical expérimental inédit : une guitare, une batterie sphérique, un xylophone circulaire, un ampli et …une moto incroyable sur la base d’une MT07, conçue par Manabu Kawada, designer du Laboratory Yamaha Corporation. Le résultat de la coopération entre les entités de Yamaha Corporation pour l’univers musical et de Yamaha Motor pour l’univers du deux-roues.

Une Biennale qui bouscule

Cette édition va durer un mois entier (du 12 mars au 12 avril 2015) afin que tous les publics puissent profiter d’une programmation vaste et éclatée sur tout le territoire de Saint-Etienne. De la Cité du design (site de l’ancienne Manufacture d’armes), au musée des Arts et Techniques, en passant par une multitude d’événements « Off » dans une cinquantaine de sites insolites où acteurs associatifs, collectifs d’artistes, d’architectes et designers, galeristes mais aussi étudiants, enseignants, vont proposer le design comme art de vivre, de penser et de créer : dans un monde où la production industrielle est toujours plus largement mondialisée, comment concilier les besoins pluriels des individus ? Quel rôle joue le design dans l’industrie ? Quelles valeurs sont véhiculées par l’esthétique ? Avec quelles intentions ?

De multiples questions auxquelles les différents commissaires d’exposition tentent de répondre. Benjamin Loyauté, co-commissaire général de cette 9ème Biennale, met le doigt sur l’urgence de décloisonner le design dans son exposition « HyperVital », de le sortir des concepts d’esthétisme et de faire comprendre qu’il doit répondre davantage aux enjeux actuels de nos sociétés que sont les problèmes d’environnement, de climat, ou d’anonymat de nos vies face au big data, … Il nous donne ici des clés de compréhension de la thématique générale de la Biennale Internationale Design 2015 pour mieux appréhender cette nouvelle édition :

Il en est de même dans l’exposition « No Randomness » (rien n’arrive pas hasard) d’Oscar Lhermitte, designer élu Design Of The Year 2014 par the Design Museum of London, qui démontre simplement que le design est affaire de simplicité, de cohérence. Photo : Oscar Lhermitte

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Sam Baron, dans son exposition démontrant « L’essence du Beau », met à l’honneur la jeune génération des écoles de design, à travers un florilège de concepts accompagnants des productions pour le coup très « design », illustrées de citations telles que La beauté est une énigme faite d’intuition et de connotations » par Pablo Mateu-Ardujar, designer espagnol  ; ou encore de Pascal Hien, designer Artificial Purity (Allemagne) : « La beauté se trouve dans l’imperfection » ; de Diego Alvès, designer portugais : « Je perçois la beauté quand quelque chose d’honnête et de simple génère des sensations sensées » ; « C’est lorsque le chemin d’éléments fonctionnels crée des objets particuliers » par Julien Lizé, designer Intervalle France. Tout un programme…

Et si vous voulez être bousculé dans votre quotidien, l’exposition « Vous avez dit bizarre ? » déploie une scénographie inédite et originale mélangeant théâtre, jeux, découvertes pour une parodie et une lecture grotesque de la consommation :
La disproportion des volumes nous pousse à réfléchir sur l’objet (il prend une autre signification), sa relation à l’environnement (nous percevons différemment ce dernier), mais aussi sur notre relation à lui et notre propre identité. Cette brosse est le reflet de notre vanité, du temps consacré à parfaire notre aspect extérieur pour répondre aux diktats changeants d’une société du paraître. En voulant correspondre à la norme, nous respectons une notion d’ordre social critiqué par le grotesque.
Des mains anonymes nous enlacent pour nous câliner – à moins que cela ne soit pour nous étouffer ? Entre réconfort et malaise, la veste du designer Si Chan est toute en subversivité. Le confort matériel nous rassure et nous protège de manière immédiate et illusoire. Il satisfait provisoirement nos angoisses liées au manque, répond aux objectifs de la société de consommation. Mais n’est-ce pas notre surconsommation, cette jouissance superficielle de toujours posséder plus, qui nous asphyxie ?

Et si les meubles et les objets subissaient les incessants changements de taille d’Alice au pays des merveilles ? Le mobilier de poupée n’est pas censé être converti à l’échelle humaine. La designer l’a pourtant agrandi grâce à une imprimante 3D qui a parfaitement reproduit toutes les minuscules imperfections. Les objets, à l’échelle 1, montrent tout l’univers de leurs déformations et de leur bizarrerie. Nous sommes là les témoins de la création d’un théâtre, les explorateurs d’une autre réalité. 

Voir L’exposition d’Oscar Lhermitte : petite leçon de design !

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