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Avant le déconfinement, il faut prévoir un fonds d’urgence vélo

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Afin d’anticiper et de prévenir un usage massif de la voiture individuelle à l’heure du déconfinement, le Réseau Action Climat demande au Gouvernement de débloquer un fonds d’urgence pour le vélo de 500 millions d’euros, indispensable pour accompagner les collectivités et assurer le déploiement de pistes cyclables temporaires sur l’ensemble du territoire. Une problématique déjà prise en compte en 2019 par le gouvernement depuis son Plan national vélo et mobilités actives, qui devait débloquer 350 millions d’euros afin de cofinancer des infrastructures. Une urgence depuis la crise sanitaire car, face à la prévision d’une activité au ralenti des transports en commun par peur des contaminations, il est essentiel de remettre à profit les avantages de la petite reine …

Déjà en 2018, le Réseau Action Climat militait pour que ce mode de déplacement quotidien économique, écologique et bon pour la santé soit enfin reconnu comme une solution de mobilité à part entière pour réduire la congestion urbaine, améliorer la qualité de l’air et la qualité de vie.

La France s’est fixé l’objectif ambitieux de tripler la part du vélo dans la mobilité d’ici 2024 et a adopté un Plan national pour y parvenir. Le Club des villes et territoires cyclables et les parlementaires mobilisés dans le cadre du Club des élus nationaux pour le vélo confirmaient aussi en 2019 le rôle que le vélo doit enfin jouer dans la transition écologique afin d’accélérer la lutte contre le changement climatique, de préserver la qualité de l’air et la santé et de lutter contre la crise économique et les inégalités.

Aujourd’hui, la crise sanitaire que nous vivons demande une accélération des moyens pour inciter à modifier nos modes de vie.

Prévenir un recours massif à la voiture individuelle

À l’heure du déconfinement, bon nombre d’usagers risquent de privilégier la voiture individuelle aux transports en commun. Ce report doit être évité, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le trafic routier est l’un des premiers secteurs émetteurs de polluants atmosphériques (notamment pour le NOx). Les effets désastreux de la pollution atmosphérique sur la santé ne sont plus à démontrer et plusieurs études semblent indiquer un lien entre pollution de l’air et mortalité au Covid-19.

Il convient donc de prévenir à tout prix une dégradation de la qualité de l’air. De plus, l’espace urbain est limité. Les axes routiers, qui occupent une large part de cet espace, seront très rapidement saturés en cas de report unique vers la voiture individuelle. Les espaces réservés aux cyclistes et aux piétons, eux, demeurent largement insuffisants eu égard aux normes de distanciation physique. Enfin, en plus de la pollution atmosphérique, le transport routier est aussi le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre, sa réduction est indispensable pour lutter contre le dérèglement climatique.

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Mettre le vélo au cœur du dispositif

En complément des dispositifs nécessaires pour garantir la sécurité sanitaire dans les transports en commun (y compris le maintien optimal du télétravail et le lissage des heures de pointe), il est indispensable d’investir fortement dans l’usage du vélo. En effet, il permet de se déplacer rapidement tout en respectant les consignes de distanciation. Le vélo est aussi extrêmement bénéfique pour la santé et il permettra la reprise d’une activité physique après plusieurs semaines de confinement. Dans ce contexte, l’urbanisme tactique répond parfaitement à ce besoin d’adaptation en rendant possible rapidement la création de pistes cyclables temporaires et sécurisées.

Accompagner les collectivités et rendre le vélo accessible au plus grand nombre

Ces aménagements temporaires sont une première étape et ils doivent être encouragés financièrement mais ils ne sauraient être suffisants. D’autres investissements sont nécessaires pour développer la pratique du vélo : généralisation de l’aide à l’achat VAE, instauration d’un chèque réparation, systématisation du forfait mobilités durables, augmentation de l’offre de stationnement, organisation de bourses aux vélos et soutien aux activités des associations, etc. Dans la perspective d’un déconfinement progressif et de longue durée, tous ces leviers devront être actionnés afin de garantir une offre de mobilité cyclable sûre et accessible au plus grand nombre.

Mais pour la mise en œuvre d’un Plan national vélo faudrait-il peut-être commencer par la plus évidente : la généralisation de l’apprentissage du vélo qui appelle la mise œuvre de moyens à la hauteur de l’enjeu et l’implication de l’Education nationale. Le « savoir-rouler » prévoit que chaque enfant sache se déplacer à vélo et connaisse les règles élémentaires du code de la route à son entrée au collège à l’horizon 2022. L’apprentissage accéléré de la mobilité à vélo à l’école est aussi une des demandes du réseau Action Climat.

De même pour le suivi des objectifs assignés à la SNCF en matière de stationnement vélo sécurisé dans les gares d’ici 2024. Rappelons que la Loi portant réforme ferroviaire disposait déjà en 2014 que la SNCF devait élaborer un plan de déploiement et de financement d’équipements de stationnement vélo dans et aux abords des gares prioritaires en concertation avec les collectivités locales… lequel n’a jamais été présenté depuis par l’opérateur malgré les relances du Club des villes et territoires cyclables.

Enfin, le pilotage du Plan vélo et mobilités actives n’est toujours pas précisé. Il est pourtant indispensable à sa réussite, avec la mise en œuvre de toutes les mesures et le respect des échéances.

Les freins à l’utilisation du vélo en France

Le principal frein à l’utilisation du vélo est l’urbanisme peu favorable à sa pratique. Même dans une ville aux ambitions écologiques comme Paris, les pistes cyclables ne couvrent pas tous les axes et n’offrent ni le confort de circulation ni la sécurité nécessaire aux cyclistes.

En exprimant une volonté politique et mettant en place des actions dans ce sens, la part du vélo dans les transports cesse de se dégrader. Le déconfinement permettrait-il au vélo de tirer son épingle » du jeu, comme à Bordeaux où la ville a prévu de doubler les lignes de transport par des aménagements cyclables pour le 11 mai ? Ou Montpellier qui a d’ores et déjà inauguré de nouveaux tronçons cyclistes. Ou encore Nice, Rennes, Lille, Lyon, Grenoble, … D’autre villes n’ont pas attendu la crise du coronavirus pour revoir leur politique de transports. Par exemple, la ville de Strasbourg a ainsi constaté une multiplication des déplacements à vélo, qui représente désormais 15% des déplacements. A Angers, 25 nouvelles mesures ont été mises en place pour tripler la part de la bicyclette dans les déplacements quotidiens d’ici à 2024.

Cependant, il ne faut pas s’étonner de la résistance de la motorisation. En effet, devant le prix du logement dans les grandes villes, les actifs vivent souvent en périphérie, à plusieurs kilomètres de leur lieu de travail. L’usage du vélo est pratique pour les trajets inférieurs à 5 km, mais il est difficile de se rendre en voiture au travail, lorsque le trajet fait 35 km.

Autre raison : Le manque d’aménagement dédié au stockage du vélo en zone urbaine et périurbaine. Sans oublier la peur des vols et la difficulté à concilier vélo et météo.

Bien que le vélo soit bénéfique pour la santé et la société, il est le seul moyen de transport à ne donner lieu à aucun défraiement. En incitant les employés à privilégier ce mode de transport agile, certaines entreprises ont constaté une baisse des retards et du nombre d’arrêts maladie.

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La loi d’orientation des mobilités

Cette loi votée le 24 décembre 2019 veut réformer en profondeur le cadre général des politiques de mobilités, en intégrant les enjeux environnementaux. Élaborée à la suite des assises nationales de la mobilité, elle vise quatre objectifs :

  • Sortir de la dépendance automobile : supprimer les zones blanches de la mobilité, en renforçant le rôle des régions comme chefs de file de la mobilité pour organiser notamment des services tels que l’autopartage, le covoiturage, le transport à la demande. –
  • Accélérer la croissance des nouvelles mobilités avec l’ouverture des données de l’offre de mobilité de manière à obtenir en temps réel les informations sur les perturbations, disponibilités…des transports en commun ou à la demande et les données des réseaux routiers et de stationnements. Il s’agit de permettre que 100% des informations sur les solutions de transports disponibles soient accessibles en un clic. –
  • Réussir la transition écologique : Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’objectif d’une neutralité carbone des transports terrestres d’ici 2050 est inscrit dans la loi. Cet objectif s’accompagne de l’interdiction des ventes de voitures à énergies fossiles carbonnées (essence ou diesel) d’ici 2040. Un plan vélo est mis en œuvre (le troisième !) avec l’objectif de tripler la part modale du vélo d’ici 2024. Un fonds vélo est créé pour lutter contre les ruptures de pistes cyclables, généraliser le marquage des vélos contre le vol… Un forfait mobilité durable (en remplacement de l’indemnité kilométrique vélo) est instauré. Il permet aux employeurs de verser jusqu’à 400 euros par an aux salariés se rendant à leur travail en vélo ou pratiquant le covoiturage. L’État généralisera ce forfait à ses agents en 2020, à hauteur de 200 euros par an.
    Le texte favorise, en outre, le déploiement des véhicules électriques et fixe l’objectif de multiplier par cinq les bornes de recharges publiques d’ici 2022. –
  • Programmer les investissements dans les infrastructures de transport : 13,4 milliards d’euros d’investissements sont prévus pour les infrastructures de transport d’ici 2022 et 14,3 milliards pour la période 2023-2027, dont les 3/4 des investissements sont consacrés d’ici 2022 aux transports ferroviaires.
    Les investissements sont réorientés vers l’entretien et modernisation des réseaux routiers, ferroviaires et fluviaux existants, désaturation des grands nœuds ferroviaires, désenclavement routier des villes moyennes et des territoires ruraux…
    Pour en savoir plus

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