Dans les réalisations de l’architecte Junya Ishigami, la poésie et la science se rencontrent en vue de créer un univers enfantin, qui alterne entre différents médiums permettant une représentation précise et méticuleuse de la réalité. Mais c’est aussi une approche humaniste sous la question de savoir comment réenchanter le monde ou concevoir d’autres façons d’habiter ou de nouvelles manières de vivre qui caractérisent son travail. Freeing Architecture, première grande exposition personnelle de Junya Ishigami à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, incarnera le « paradoxe de la culture japonaise moderne, où la nature est culture et où la culture est portée en avant par la nature. »
Ishigami illustre parfaitement la recherche contemporaine japonaise vers la dématérialisation, par leur légèreté, cultivant l’ambiguïté entre présence et absence, plein et vide, architecture artificielle et organique. La douceur et la richesse qui se dégagent de son travail permettent de dépasser la technicité des sciences dites dures en vue de concevoir de nouvelles formes habitables, suite à une analyse et une observation très fine des formes actuelles de l’espace domestique.
Junya Ishigami
Il crée une architecture qui s’efface au profit de la nature. En adoptant cette philosophie, ses travaux s’inscrivent avec justesse dans la lignée de la pensée de Kazuyo Sejima, pour qui « l’architecture est une création au milieu de laquelle naît la création ».
C’est Koen Van Synghel, architecte et critique belge, qui en parle le mieux : Un architecte étudiant les nuages. « Entrer dans l’architecture d’Ishigami, c’est pénétrer dans le monde d’Alice au pays des merveilles. Pour Ishigami, l’architecture est, après tout, une vaste expérimentation. Le poète et le scientifique sont tous deux présents dans sa pratique, et l’imaginaire enfantin n’est jamais loin, comme dans la Maison de la pluie et la Maison du vent. […] Intégrer la nature dans l’architecture. Permettre à l’architecture d’inhaler et d’exhaler la nature. La manière radicale avec laquelle Ishigami redessine l’architecture en la reliant à la nature n’est pas seulement une nouvelle mode ou tendance. Elle le place fondamentalement au cœur de la tradition animiste japonaise dans laquelle les montagnes sont sacrées, et où en automne les cerisiers et les érables en fleurs constituent le point culminant de l’année. Mais Ishigami sait aussi élever tout cela à un niveau abstrait. En tant qu’architecte-ingénieur, il est capable de repousser les limites techniques qu’un édifice est capable d’atteindre. »
« Hope »
Du 30 mars au 10 juin, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente Freeing Architecture, la première grande exposition personnelle de Junya Ishigami. Figure majeure et singulière de la jeune scène architecturale japonaise, Lion d’or à la Biennale d’architecture de Venise en 2010, Junya Ishigami est l’auteur d’une œuvre conceptuelle et poétique.
À l’occasion de cette exposition, conçue spécialement pour la Fondation Cartier, Junya Ishigami dévoile une vingtaine de ses projets architecturaux finalisés ou en cours de réalisation, en Asie et en Europe, à travers une série de maquettes à grande échelle, accompagnées de films et de dessins documentant leurs différentes étapes de conception et de construction.
Dans ses œuvres architecturales qu’il compare volontiers à des paysages, des nuages ou des forêts, Junya Ishigami fait disparaître la frontière entre environnement extérieur et espace intérieur. Puisant son inspiration dans la nature et revendiquant une part de rêve dans ses créations, il érige la délicatesse au rang de vertu.
Photographie de la maquette réalisée pour le projet House and Restaurant. ©junya.ishigami+associates
Né en 1974 dans la préfecture de Kanagawa, au Japon, Junya Ishigami appartient à la jeune génération d’architectes japonais qui a émergé dans les années 2000 dans le sillage de Toyo Ito et Kazuyo Seijima, et à laquelle le Museum of Modern Art de New York a récemment consacré une grande exposition. Formé à l’université des Beaux-Arts de Tokyo, il fait ses armes en tant qu’architecte au sein de la fameuse agence SANAA avant de fonder junya.ishigami+associates en 2004.
Institut de technologie de Kanagawa (Japon) – Finishing building
Semblant s’affranchir des contraintes et des règles de l’architecture, son œuvre est rapidement reconnue pour sa singularité et couronnée par de nombreux prix. Parmi ses projets de grande envergure, figurent la construction en 2008 de l’atelier des étudiants de l’Institut de technologie de Kanagawa au Japon, un bâtiment exceptionnel par sa légèreté et la continuité qu’il offre entre espace intérieur et environnement extérieur ; la rénovation et la transformation en musée-jardin du musée polytechnique de Moscou ; et la conception en 2014 de la House of Peace à Copenhague, un immense bâtiment en forme de nuage conçu comme un symbole de paix et reposant sur la surface de la mer.
Junya Ishigami « Freeing Architecture » à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, du 30 mars au 10 juin 2018
261, boulevard Raspail – 75014 Paris
Nuits de l’Incertitude en présence de Junya Ishigami
Au cours de l’exposition, plusieurs Nuits de l’Incertitude seront consacrées à l’univers de Junya Ishigami, en présence de l’architecte. Elles proposeront des dialogues avec d’autres architectes, des interventions de philosophes, d’ingénieurs ou de critiques, une carte blanche musicale et un ensemble de conversations autour de « l’architecture des sens ».
Renseignements : www.fondation.cartier.com
Photo : Vue en perspective du projet Art Biofarm. © junya.ishigami+associates
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