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Institut Giacometti

Institut Giacometti : nouvelle institution de l’art à Paris

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Ce mercredi 21 juin la Fondation Giacometti ouvre l’Institut Giacometti à Montparnasse. La Fondation a regroupé et restauré plus de 300 sculptures, 90 peintures, plus de 5 000 œuvres sur papier, mais aussi un remarquable fonds d’archives et de photographies conservés par la veuve de l’artiste, Annette. Un patrimoine resté largement inaccessible au public depuis la mort de l’artiste, il y a plus de cinquante ans, et qui a fait l’objet de plusieurs expositions d’envergure ces dernières années, en France comme à l’étranger, va enfin être accessible au plus grand nombre. Un moment rare qui va permettre de découvrir l’intimité de l’artiste suisse mais aussi un lieu de référence pour l’œuvre de Giacometti consacré aux expositions, à la recherche et à la pédagogie.
 
D’une superficie de 350 m2, l’Institut Giacometti se situe au 5, rue Victor Schœlcher dans le 14ème arrondissement, quartier de Montparnasse où Alberto Giacometti a vécu et travaillé pendant toute sa carrière. II est installé dans l’ancien atelier de l’artiste-décorateur et ébébiste Paul Follot, un hôtel particulier classé de style Art Déco, dont les décors ont été préservés, restaurés et réaménagés.
Avec une particularité : le lieu n’accueillera que 40 personnes à la fois et sera accessible uniquement sur réservation par internet. Son objectif est de créer un rapport optimal entre les objets exposés et le regard du public. « Un espace d’un nouveau type » qui se détache du carcan muséal.
 
© Pascal Grasso, architecte – Pierre- Antoine Gatier, architecte ACMH associé – Image : Bild, Bildstudio.net
 
Pour Catherine Grenier, directrice et conservatrice de la fondation, ex-directrice adjointe du Musée national d’art moderne du Centre Pompidou, « Ce que nous souhaitons faire à l’Institut Giacometti, c’est porter un regard nouveau sur Giacometti : celui des historiens, ou bien des artistes qui entrent en dialogue avec lui dans leurs œuvres. »
Tout l’art du passé, de toutes les époques, de toutes les civilisations, surgit devant moi, tout est simultané comme si l’espace prenait la place du temps. « 
Alberto Giacometti
L’Institut présentera de manière permanente, l’atelier reconstitué d’Alberto Giacometti composé de son mobilier, d’objets personnels, de murs peints par l’artiste et d’œuvres, pour certaines encore jamais exposées, soit plus de 70 sculptures, parmi lesquelles ses toutes dernières œuvres en terre, encore jamais montrées, son mobilier et ses murs peints.
 
Reconstitution de l’atelier de Giacometti (© Succession Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2018)
 
Des expositions temporaires (de trois à quatre par an) offriront un nouvel éclairage sur l’œuvre de l’artiste, à ses liens avec les artistes et écrivains de son époque ainsi qu’aux échos de son œuvre dans les générations suivantes.
 
Jean Genet & Alberto Giacometti dans l’atelier. 1957. Photographie Isaku Yanaihara. Archives de la Fondation Giacometti, Paris ©Succession Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2018.

 
L’exposition inaugurale, intitulée « L’Atelier d’Alberto Giacometti par Jean Genet » (de juin à septembre 2018), rendra compte des relations d’amitié et d’admiration entre l’artiste et l’écrivain, qui s’étaient rencontrés en 1954 par l’intermédiaire de Jean-Paul Sartre. Une première à Paris à partir de cet ouvrage de Jean Genet qui demeure l’un des témoignages les plus précieux sur le travail de l’artiste et une description unique de son univers de création.
 
Comme expliqué sur le site de l’Institut Giacometti, « avec la reconstitution permanente de l’atelier de l’artiste, le visiteur découvrira ce que Genet, considérait comme « la plus importante et la plus totale » des œuvres de Giacometti, « son autre moi, l’essence et le résidu ultime de son apport artistique ». C’est dans cet espace mythique, environné de poussière et plongé dans le silence, que Genet, assis sur une chaise en paille inconfortable, pose à plusieurs reprises, entre 1954 et 1957. Entre les deux hommes s’établit un dialogue intense, qui dévoile l’essence même de l’art et de la personnalité de Giacometti. » (Commissaire de l’exposition :  Serena Bucalo-Mussely).
 
Puis d’octobre 2018 à janvier 2019, carte blanche sera donnée à la plasticienne Annette Messager qui s’est souvent référée aux œuvres de Giacometti. 
Suivra une exposition des photographies de sculptures de Giacometti prises par Peter Lindbergh dans les réserves de la fondation (début 2019). Celle-ci poursuivra ensuite sa programmation hors les murs, avec en 2018 six expositions dans de grandes institutions internationales, à Séoul, Québec, Bâle, New York et Bilbao, ainsi qu’au Musée Maillol à Paris.
 

Un centre de recherche ouvert à tous

L’Institut se veut également centre de recherche composé de bourses de recherche, d’une collection de publications, mais surtout d’une bibliothèque de référence sur l’art moderne constituée en partie par la bibliothèque personnelle d’Alberto Giacometti et d’un cabinet d’art graphique permettant d’accéder à l’exceptionnelle collection de la Fondation Giacometti comprenant plus de 5000 dessins, lithographies et carnets personnels de l’artiste, pour la plupart inédits.
Un programme de recherche en histoire de l’art, L’Ecole des modernités sera également ouvert aux chercheurs, étudiants et amateurs ; des colloques, des conférences et masterclass donneront la parole à des historiens d’art et conservateurs qui présenteront leurs travaux et l’actualité́ de la recherche.
 
Un programme pédagogique est organisé à destination du grand public, des scolaires et des publics empêchés avec proposition de visites et d’ateliers pratiques.
 

Un lieu emblématique 

Jusque-là, la Fondation, créée en 2003, organisait des expositions à partir de son fonds mais elle ne disposait pas de locaux d’exposition permanente pour en montrer les œuvres.
L’achat de l’hôtel particulier de la rue Victor Schœlcher et les travaux, (4,5 millions d’euros) ont été financés par la vente en 1915 chez Sotheby’s d’un tableau que Miro avait offert à Giacometti, pour environ 8,8 millions d’euros.
 
Daté de la période de transition stylistique entre Art Nouveau et Art Déco, le bâtiment a été construit entre 1912 et 1914. L’atelier de Paul Follot constitue un remarquable témoignage du quartier Montparnasse, lieu d’élection des artistes. Les décors ont été préservés et restaurés par l’architecte des monuments historiques Pierre-Antoine Gatier. Le réaménagement de l’espace et la scénographie ont été confiés à l’architecte Pascal Grasso. Pour lui l’enjeu était triple : respecter le monument historique, donner toute sa place à l’œuvre de Giacometti, tout en imaginant un lieu contemporain possédant sa propre identité.
« Nous avons choisi une approche contextuelle consistant à conserver les traces de l’Histoire et à transformer les contraintes imposées par le bâtiment existant en atouts pour une création contemporaine. » explique Pascal Grasso, l’architecte des lieux.
 
L’architecte a tiré parti des différences de niveaux, qui permettent de créer des perspectives et des points de vue singuliers et organisé un parcours scénographique labyrinthique où l’alternance des hauteurs de plafond et le dédale des circulations offrent des expériences variées. Pour Pascal Grasso, 
« Nous avons créé un parcours scénographique, ponctué de surprises et d’événements grâce à une approche contextuelle et une intervention adaptée minimaliste ».
 
Les visiteurs accèdent aux salles d’expositions par un patio intégré à l’espace scénographique grâce à une verrière créée par l’architecte.
 
Pour Pascal Grasso et Pierre-Antoine Gatier, le parti pris d’intervention sur les espaces protégés a été de travailler sur une « conservation des décors », mais pas sur une restauration à l’identique. L’objectif était de conserver les marques du temps, les traces historiques et d’y ajouter par un geste contemporain, les éléments nécessaires à la nouvelle vocation du lieu.
 
L’intervention respecte les principes de réversibilité et limite les interventions contemporaines, en maintenant une distance avec les décors historiques.
« Cloisons, cimaises, socles, luminaires, de couleur blanche, se détachent des décors historiques et semblent flotter. La forme des luminaires suspendus est inspirée par la géométrie des plafonds historiques qui les accueillent pour en faire des nouveaux lustres contemporains qui poursuivent la stratification historique du lieu » complète Pascal Grasso.
 
 
L’Institut Giacometti – Ouverture le 21 juin 2018 – 5 rue Victor Schoelcher 75014 Paris
Visites sur réservation en ligne www.fondation-giacometti.fr/institut
 
 
Photo d’entête d’Alberto Giacometti – ©Jean-Régis Roustan – Roger-Viollet/AFP
 

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