Le principe de l’ingénierie écologique est simple.
Il consiste à utiliser la nature pour réparer les dégâts de l’homme.
Ce sont les espèces animales locales comme les vers, les fourmis, les coccinelles qui vont intervenir pour restaurer l’harmonie des sols et des cultures.
Les vers de terre coopératifs
La pollution des sols par les pesticides est un fléau avéré. Des chercheurs du CNRS de Rennes travaillent sur l’élimination des herbicides répandus pendant des décennies dans les sols. Ces traitements chimiques ont asphyxié la terre. Or les recherches menées démontrent que certaines bactéries présentes dans le sol détruisent ces pesticides ; mais ce qui est plus étonnant c’est que la présence de vers de terre va faciliter le travail des bactéries. Un bel exemple de coopération sur le terrain.
Les fourmis jardiniers du paysage
D’autres expérimentations d’ingénierie écologique sont aujourd’hui conduites. Ainsi dans la plaine du Crau près d’Arles. Un paysage désertique d’exception dans le sous-sol duquel s’entrecroisent des kilomètres d’oléoducs. Au cours de l’été 2009 une rupture de canalisation laissa déverser 4500 m3 de pétrole. Un désastre écologique, La terre étant apparemment définitivement condamnée. C’était sans compter sur les fourmis. Pour restaurer le sol, les scientifiques du CNRS décidèrent d’utiliser les forces de la nature en introduisant des colonies de fourmis afin de retrouver la végétation d’origine. Comment cela est-il possible ? En faisant appel aux dessinateurs d’origine, aux génies naturels qui avaient autrefois dessiné ce paysage : les fourmis dites « moissonneuses ». Elles ont la particularité de transporter les graines dont elles se nourrissent sur leur dos vers leurs colonies. Pendant le voyage une infime quantité de graines est perdue. C’est pourtant suffisant pour ressemer le sol dans le dessin naturel et la répartition des espèces botaniques qui est le propre de la plaine du Crau. Une revégétalisation naturelle, rapide et écologique, les fourmis jouant le rôle de jardinier avec une précision impossible à atteindre par l’homme. C’est la première fois au monde que les fourmis sont utilisées ainsi pour restaurer la flore.
Les coccinelles s’en vont en guerre
Introduire des insectes en grande quantité serait donc une solution pour entretenir les champs. C’est le pari que relève la société Biotop dans la Drôme avec son concept d’élevage intensif d’insectes prédateurs. Plus de 150 milliards d’insectes sortent chaque année de cette entreprise. Plus de vingt espèces sont commercialisées comme par exemple des guêpes microscopiques qui vont détruire avec une efficacité redoutable les parasites du maïs ou des punaises prédatrices qui éliminent des plants de tomates les insectes ravageurs comme la mouche blanche ou les insectes acariens. Plus connues, les coccinelles ou leurs larves font un festin des pucerons, les éliminant dans une joie orgiaque de nos jardins potagers, de nos roseraies ou de nos vergers. L’ingénierie écologique utilise ici les bons insectes pour lutter contre les mauvais insectes.
Source : Futur Mag – Production Le Monde et Arte / Universcience. Voir la vidéo :