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Renzo Piano passe de Beaubourg au tribunal

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Avec le bâtiment du Tribunal de grande instance de Paris, l’architecte italien Renzo Piano signe une œuvre audacieuse pour laquelle il vient d’obtenir sa deuxième Équerre d’argent. Une récompense qui couronne l’histoire passionnée que le génial architecte entretient, depuis le projet du Centre Pompidou en 1971, avec la capitale française. Portrait.
 
Est-ce à la suite de l’ouverture, en 2000, des bureaux du siège français de son agence, le Renzo Piano Building Workshop (RPBW), rue des Archives, en plein cœur du IVe arrondissement, à Paris, qu’il est devenu le « plus parisien des architectes italiens » ? Ou est-ce que tout s’est joué le 16 juillet 1971, lorsque le projet révolutionnaire conçu par deux jeunes architectes inconnus, Renzo Piano et Richard Rogers, a été sélectionné parmi 681 propositions pour la construction du Centre Pompidou ? Quelle que soit la réponse à cette question, une certitude s’impose : Renzo Piano n’a manifestement pas fini de redessiner les contours de l’urbanisme parisien.
 
 
Lauréat de l’Equerre d’argent 2017, il fait désormais partie, avec Jean Nouvel, Henri Gaudin et Yves Lion, des rares architectes ayant obtenu deux fois cette distinction, considérée comme le Goncourt de l’architecture. En 1991, ce sont les 220 logements construits pour la régie immobilière de la ville de Paris, rue de Meaux (XIXe arrondissement), qui lui valent cette récompense. Renzo Piano avait su, dans le cadre de ce programme HLM, déployer la même inventivité que pour ses projets culturels les plus prestigieux : construit autour d’un paisible jardin de bouleaux et de chèvrefeuilles, l’ouvrage forme un vaste quadrilatère au sein duquel architecture et nature entretiennent de subtiles correspondances, en opposition avec le bruit et l’agitation de la ville environnante.
Je me suis toujours considéré comme un peu anormal dans le monde des architectes »
Renzo Piano

« Un bâtiment qui exprime son rôle, pas sa force »

26 ans après les 220 logements de la rue de Meaux, c’est de nouveau à un bâtiment au service de l’intérêt général – le tribunal de grande instance (TGI) de Paris – que Renzo Piano doit l’obtention de l’édition 2017 de l’Equerre d’argent.
Entretemps, l’architecte, dont la créativité n’aura jamais souffert de la réussite précoce du Centre Pompidou, bien au contraire, a signé plus de 120 projets à travers le monde, dont la London Bridge Tower (The Shard), le nouveau Campus de la Colombia University à New York ou le Centre culturel de la Fondation Stravros Niarchos à Athènes. En France, on lui doit notamment la Cité Internationale de Lyon, le Centre culturel Jean-Marie Tjibaou de Nouméa et, plus récemment, la Fondation Pathé, à Paris.
« Je me suis toujours considéré comme un peu anormal dans le monde des architectes », dira-t-il en 1998, lorsque le prix Pritzker, la plus haute récompense internationale en matière d’architecture, lui est décerné pour l’ensemble de son œuvre.
 
Une « anormalité » que l’on retrouve dans la démesure maîtrisée de son projet pour le Tribunal de grande instance (TGI) de Paris. Financé par un partenariat public-privé, le TGI de Paris, qui ouvrira en avril 2018, dans le XVIIe arrondissement, est une composition urbaine puissante, qui relève d’un véritable tour de force. Malgré ses 160 mètres de hauteur – sa dimension en fait le deuxième bâtiment habité le plus haut de Paris derrière la tour Montparnasse -, le TGI voit son caractère imposant atténué par la transparence que lui confèrent les quatre immenses blocs vitrés dont il est constitué. « L’édifice ne devait pas apparaître comme obscur ou hermétique », explique l’architecte dans une interview accordée au Moniteur. « Il devait exprimer son rôle, pas sa force ; c’est un bâtiment photosensible, le verre de ses façades reflète le ciel et la ville ».
 
Renzo Piano a, une fois encore, donné à la nature une place de choix dans son projet architectural. En le décomposant en volumes superposés de taille décroissante, il a doté le bâtiment d’un système à gradins permettant l’installation de grandes terrasses, où seront plantées 500 arbres. Il a également pris soin d’intégrer l’institution au tissu urbain environnant en l’enracinant sur un parvis de granit faisant office de vaste place publique piétonne. Un dispositif qui n’est pas sans rappeler une autre « piazza » célèbre, celle du Centre Pompidou, conçue plus de quatre décennie auparavant.
(Source : Ministère de la Culture, Paris)
 

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