Après sept années de travaux, le château d’Aubenas, monument le plus emblématique de la ville ardéchoise, ouvre un nouveau centre d’art, qui devient officiellement à partir du 6 juillet « Le château, Centre d’Art Contemporain et du Patrimoine d’Aubenas ». Un écrin historique pour la création artistique.
En 2016, la Ville d’Aubenas a pris la décision de lancer un vaste projet de réhabilitation de son emblématique château et de créer en son sein un Centre d’Art Contemporain. Cette démarche a reçu le soutien du Département de l’Ardèche, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Drac Auvergne-Rhône-Alpes. Après sept années de travaux, ce joyau de l’architecture médiévale se mue désormais en centre d’art contemporain et propose dès le 6 juillet une riche offre de visites patrimoniales, d’expositions d’art contemporain, d’événements (rencontres, concerts…) pour tous les goûts et les publics.
La création du Château – Centre d’Art Contemporain et du Patrimoine d’Aubenas, en tant qu’outil de développement social, culturel et économique, représente un enjeu majeur pour la collectivité et traduit la volonté de faire d’Aubenas un centre culturel et touristique majeur de ce territoire rural.
« La création d’un centre d’art contemporain projette la question du rôle d’un tel équipement dans la fabrique sociale et culturelle d’une ville et d’un territoire. Il s’agit aussi, dans un contexte post crise sanitaire, qui a contribué à fragiliser le vivre-ensemble, d’affirmer l’esprit et la vision d’un service public s’appuyant sur la culture contemporaine pour ce qu’elle offre en termes d’épanouissement, d’émancipation et d’identité, authentiques facteurs de lien entre les individus vivant au sein d’une même communauté.
Le projet artistique et culturel du Château repose notamment sur la volonté d’aller à la rencontre des publics en imaginant l’institution comme un lieu de vie et de convivialité. En s’appuyant sur la grande qualité patrimoniale du lieu, la programmation culturelle aura à cœur de conjuguer l’histoire du Château avec la création contemporaine. Le Château s’inscrira dans l’espace et dans le temps, tout à la fois dans la chair de la ville et dans son histoire. Une institution fédératrice donc, qui conjugue une ambition internationale et la volonté d’un ancrage local, en mesure de réunir autour d’elle les
dynamiques déjà en œuvre sur le territoire et de contribuer généreusement à son rayonnement.
Pour y parvenir, la programmation mise conjointement sur l’exigence et l’accessibilité. Elle s’adresse tant aux publics de proximité qu’éloignés, de tous horizons, qu’ils soient néophytes, simples curieux ou encore amateurs et initiés. La fréquentation sera en outre stimulée par la mise en œuvre d’une politique volontariste d’éducation artistique et culturelle, mais aussi par la capacité des propositions à séduire les flux touristiques pendant la saison estivale. De plus, le projet artistique et culturel du Château repose sur un souci constant de mettre l’écologie au cœur des pratiques. »
Victor Secretan, Directeur du Château – Centre d’Art Contemporain et du Patrimoine d’Aubenas
Un écrin historique pour la création
Le château d’Aubenas – aussi communément appelé Château des Montlaur – est le monument le plus emblématique de la deuxième ville ardéchoise et compte parmi les sites patrimoniaux majeurs du département. La façade nord du château, visible depuis la vallée de l’Ardèche, s’inscrit dans la ligne de crête caractéristique de la cité albenassienne. L’édifice, situé dans le centre-ville historique d’Aubenas est en effet perché sur un éperon calcaire en date du jurassique. De par sa position stratégique entre Le Puy-en-Velay et Montélimar, Aubenas est un point stratégique sur la route du commerce commandant le plus ancien axe de circulation entre la vallée du Rhône et le centre de la France.
Un premier château fort est donc construit par les Montlaur au XIIIe siècle avec son donjon de 26m50 toujours existant. L’entrée actuelle du château se fait par la façade sud, constituée de tours massives surmontées de mâchicoulis et d’une toiture recouverte de tuiles vernissées. Cet édifice est connu pour avoir été la propriété successive de plusieurs grandes familles seigneuriales depuis l’ère féodale : les Montlaur, les Maubec, les Modène, les Ornano, les Harcourt Lorraine et les Vogüé. Les différents états architecturaux du château sont guidés par l’évolution de ses usages : à la fin du XIIIe
siècle – date des premiers travaux – le site est une construction défensive aux contours très réduits par rapport à l’actuelle emprise au sol de l’édifice. Au fil des siècles, il évolue progressivement vers des usages plus résidentiels.
De 1441 à 1551, le château revient aux Maubec à qui on doit la tourelle aux fenêtres à meneaux qui orne la cour intérieure ; puis aux Modène jusqu’au début du XVIIe siècle. Ils firent établir de remarquables galeries superposées sur trois niveaux, semblables aux loggias des palais italiens.
À partir de 1611, les Ornano poursuivent la transformation de la forteresse en une demeure de plaisance. De larges ouvertures sont percées dans
la façade du château et des balcons et terrasses sont aménagés. On leur doit également les toitures vernissées ainsi que les échauguettes encadrant le
donjon. Au milieu du XVIIe siècle, le château passe aux Harcourt-Lorraine, puis en 1716 aux Vogüé. Ils aménageront un impressionnant escalier d’honneur et différents appartements dans le style de l’époque.
Le site devient propriété de la Ville en 1810 et accueille par la suite diverses institutions et activités publiques : mairie, tribunal des prudhommes,
espaces dédiés aux activités économiques autour de la soie.
Inscrit au titre des monuments historiques en mars 1943, le château est constitutif de l’identité de la ville et est en cela un véritable « lieu de mémoire » albenassien. Le départ du tribunal en 2014 offrit l’opportunité d’un projet de réhabilitation totale, avec pour objectif de valoriser la richesse de ce formidable patrimoine architectural tout en permettant l’accueil du public dans des conditions optimales de sécurité et d’accessibilité.
Des travaux respectueux de l’histoire
L’agence Archipat a été retenue pour mener à bien cette entreprise de réhabilitation de grande ampleur souhaitée par la Ville d’Aubenas ; celle-ci s’est spécialisée depuis 2001 dans la valorisation du patrimoine architectural, urbain et paysager, en France et à l’étranger. Les architectes Laurent Volay (architecte DPLG 1993 – architecte du patrimoine 1999) et Cyril Accary (architecte DPLG 2001– ingénieur QEB 2009) ont pensé la restauration et l’adaptation du château de façon à pouvoir accueillir des milliers de visiteurs. Au total, ce sont 6 000m2 qui seront ouverts au public dont 2 000m2 dédiés aux expositions d’art contemporain.
Ces interventions ont été accompagnées par une équipe d’historiens, d’archéologues et de restaurateurs et suivies par des architectes du patrimoine, en lien avec les institutions publiques en charge de la conservation du patrimoine (Service de la Drac Auvergne-Rhône-Alpes notamment). Les choix architecturaux ont été réalisés en prenant en compte l’ensemble du château afin de conserver le patrimoine bâti, tout en y intégrant des touches plus contemporaines. Les visiteurs découvriront ainsi un nouvel escalier et un ascenseur, proposant une vue panoramique sur l’Ardèche.
Le projet de réhabilitation s’est attaché à valoriser les éléments porteurs de l’intérêt historique et architectural du site. Les toitures sont restaurées dans leur diversité, notamment dans les dispositions de ses tuiles vernissées : parfois en trame losangée à la mode bourguignonne, parfois avec un semis multicolore, parfois unie à l’économie. Les architectes ont rendu possible une préservation patrimoniale de grande qualité et une connaissance
approfondie du lieu à travers une meilleure lecture – in situ- de l’histoire complexe du château.
Révéler des espaces oubliés au public
Les découvertes dues à l’opération de réhabilitation seront visibles lors des visites du site et intégreront le parcours des visiteurs. On compte parmi elles la mise en valeur des vestiges d’une salle appelée « Aula » – lieu emblématique de la vie du château et de la cité à l’époque médiévale -, la découverte de décors peints datant de la Monarchie de Juillet dans la salle dite des « pas perdus », ou bien encore la restitution de l’espace en terrasse nord-ouest imaginé par la famille d’Ornano au XVIIe siècle. Les vestiges de l’« Aula », précédemment citée sont valorisés notamment par le dégagement de la salle basse qui conserve un reste de décor peint du XIIIe siècle. Cette salle accueillera d’ailleurs à l’automne 2024 une muséographie dédiée à l’histoire du château.
L’équipe du Château proposera par ailleurs une offre de médiation spécifiquement dédiée à l’histoire du lieu, permettant aux publics, de découvrir les
éléments architecturaux castraux ainsi que les traces d’une histoire à échelle d’Homme, comme en témoignent les graffitis datant des guerres de
religion découverts dans les anciennes cellules carcérales situées dans les sous-sols du château.
Une rénovation résolument contemporaine
Le travail de rénovation permet au Château d’accueillir des œuvres dans ses différents espaces, en prenant en compte la complexité du site et en respectant son patrimoine architectural. Durant les travaux de restauration, certaines zones ont été préservées dans leur configuration d’origine, conservant ainsi les teintes des murs et le système d’éclairage, à l’instar des salons datant du XVIIIe siècle. En revanche, pour d’autres espaces tels que les anciens tribunaux, des cimaises ont été installées pour exposer les œuvres, permettant une plus grande flexibilité dans leur utilisation.
En vue de sa transformation en Établissement Recevant du Public, des aménagements ont été entrepris pour répondre aux normes de sécurité tout en facilitant la circulation des visiteurs. Par exemple, un nouvel escalier contemporain a été intégré – dans l’esprit des escaliers construits sur le site au gré des périodes historiques – pour des raisons de sécurité incendie et pour faciliter les déplacements entre les différents niveaux.
L’accessibilité a été une préoccupation majeure durant ce projet. Grâce à l’installation de deux ascenseurs et de deux monte-personnes, 90% de ce site historique sont désormais accessibles aux personnes à mobilité réduite.
La programmation artistique
Le projet artistique imaginé par Victor Secretan, Directeur du Château – Centre d’Art Contemporain et du Patrimoine d’Aubenas vise l’équilibre entre une offre exigeante et résolument accessible à toutes et tous. La programmation s’attachera à mettre en dialogue le vivier artistique régional avec la scène nationale et internationale. Elle inclura des projets originaux d’expositions, de productions, de résidences, de publications et de médiations, favorisant la rencontre entre les œuvres d’art, les artistes et les publics.
Cette programmation se veut transgénérationnelle, pluridisciplinaire et portée par des formats et des temporalités diverses, à l’instar de l’exposition inaugurale Habiter le Monde.
Avec à l’année cinq à sept expositions, rythmées autour de deux saisons (été/hiver), la programmation cherchera à rendre compte de la richesse de la création contemporaine en donnant à voir différentes formes d’expressions et différents récits. Le Château sera ainsi ouvert aux différentes cultures
contemporaines et populaires : de l’art contemporain à la photographie et la vidéo, en passant par la bande dessinée, la performance ou l’art dans l’espace public.
La saison artistique inaugurale du Château – Centre d’Art Contemporain et du Patrimoine d’Aubenas, s’articule autour de deux expositions.
Habiter le Monde, du 16 juillet au 13 octobre 2024
Commissariat : Victor Secretan
Habiter le Monde remet la création actuelle en perspective avec notre époque et entend témoigner des formes nouvelles de l’art contemporain à l’ère de l’anthropocène. Cette exposition collective compose un paysage sensible au sein duquel cohabitent des approches et des écritures hybrides d’artistes de toutes origines et de générations différentes. Leurs œuvres décryptent en filigrane l’état du monde expérimentant, à travers des formes qui leur sont propres (peintures, vidéos, installations, sculptures, etc.), de nouveaux écosystèmes.
Avec Hicham Berrada, Bianca Bondi, Céleste Boursier‐Mougenot, Ruben Brulat, Seyni Awa Camara, Daniel Crews‐Chubb, Gino De Dominicis, Sheila
Hicks, Vojtěch Kovařík, Yein Lee, Kiki Smith et Xiyao Wang.
Une exposition monographique, Gérard Lattier, mythologies ardéchoises, du 6 juillet 2024 au 5 janvier 2025
Commissariat : Élodie Kuhn et Reno Leplat‐Torti
Artiste peintre et conteur, Gérard Lattier (né en 1937, vit et travaille à Poulx) pose un regard sensible, malicieux et lucide sur l’humanité. Ses œuvres
donnent à lire et à voir des histoires locales, mais qui, par les sujets abordés et le prisme de l’art, ouvrent sur des réflexions plus larges questionnant le
monde actuel et ses enjeux.
L’exposition présentera un ensemble de peintures racontant tout aussi bien l’histoire de l’Ardèche que des histoires ardéchoises. Ce territoire, personnage à part entière dans l’œuvre de Lattier, est le pays de l’enfance et des « petites gens » de sa connaissance auxquels il tient tant. Ses contes picturaux forment une œuvre singulière et inclassable. Le parcours de l’exposition intégrera la voix du peintre conteur grâce à des écoutes sonores proposées face aux œuvres, ainsi qu’une réflexion filmée sur la place de l’écrit dans son travail artistique.
Une programmation culturelle ouverte et pluridisciplinaire
La programmation culturelle du centre d’art a vocation à faire vivre le lieu et à attirer, de par la diversité de ses propositions, un public large et varié. Elle s’articulera ainsi :
- Une programmation faisant résonance aux enjeux soulevés dans les expositions du Château : invitations des artistes pour des rencontres avec le public, lectures, conférences et table-rondes, concerts, performances, danse, activations d’œuvres.
- Une programmation pour les grands événements nationaux, qui bénéficient d’une communication importante et d’une forte fréquentation : les Nuits de la lecture, le Printemps des poètes, la Nuit européenne des musées ou les Journées européennes du patrimoine. Il s’agira toujours de faire des propositions qui font écho aux thématiques et artistes présentés dans le Château.
- Des visites guidées des expositions et des visites guidées patrimoniales pour le public individuel de tous âges.
- Une politique d’activités diversifiée et régulière : ateliers pour enfants, adultes et familles, accompagnés par les médiateurs du lieu ou des artistes plasticiens.
L’hospitalité aux artistes
Lieu de grande proximité avec les artistes, le centre d’art mise sur le développement des résidences de production dans le cadre de ses expositions. Ce volet permettra à la fois l’invitation d’artistes français et internationaux sur le territoire et, au Château, de se positionner comme un outil de professionnalisation au plan local.
La présence physique d’artistes au travail constitue une richesse unique pour un territoire, par les perspectives de productions d’œuvres en circuit court qu’elle offre, mais aussi pour les interactions qu’elle génère avec les habitants et leur écosystème. Les résidences sont ainsi pensées comme des
moments privilégiés de rencontres entre artistes et citoyens, propices à inspirer la production d’œuvres dans lesquelles les citoyens peuvent être associés au processus de création.
Le Château – Centre d’Art Contemporain et du Patrimoine d’Aubenas – Place de l’Hôtel de ville – 07200 Aubenas
www.lechateauaubenas.com
Horaires d’ouverture
Du 6 juillet au 13 octobre 2024, ouvert 6 j/7, du mardi au dimanche de 10h à 19h
Du 10 juillet au 28 août 2024, horaire différent le mercredi : de 12h à 21h
Du 16 novembre 2024 au 30 mars 2025, ouvert les mercredi, samedi et dimanche de 11h à 18h et pendant les vacances scolaires du mercredi au dimanche de 11h à 18h.
Accessibilité
En train :
• Gares les plus proches : Montélimar (Paris – Montélimar 2h55) et Valence (Paris – Valence 2h10)
En bus :
• Depuis Montélimar : Ligne X74
• Depuis Valence : Ligne X73
• Depuis Avignon : E15
En voiture :
• Depuis Paris : A6 puis A7 vers Lyon/Marseille – Sortie 16 Loriol-Sur-Drôme – Suivre D104
• Depuis Marseille : A7 vers Lyon/Paris – Sortie 18 Montélimar – Suivre D107 puis N102