Les besoins en blé devraient augmenter de 60% d’ici 2050 pour répondre à la demande d’une population mondiale grandissante (9 milliards d’humains prévus sur la planète). Une coordination des recherches et un renforcement des investissements au niveau international sont nécessaires pour accroître la production de blé mondiale tout en prenant en compte des objectifs de durabilité environnementale, économique et sociale. La « Wheat Initiative », consortium international de recherche sur le blé, regroupant des institutions publiques et des entreprises privées (1), présentait fin juillet son Agenda de Recherche Stratégique (ARS) aux responsables scientifiques agricoles des pays du G20 réunis en Turquie.
Il est désormais prouvé que le réchauffement climatique va réduire la production du blé. Une étude publiée dans le Proceedings of the National Academy of Sciences est plutôt alarmante. Elle suggère que le réchauffement climatique va baisser considérablement la production du blé que ce soit aux Etats-Unis ou dans le reste du monde.
Pour qu’on puisse nourrir tout le monde, il faut que la production mondiale de blé augmente au minimum de 1,6 %. Actuellement, cette production est inférieure à 1 %.
Le blé, un enjeu majeur pour la sécurité alimentaire mondiale
Avec des surfaces cultivées d’environ 220 millions d’hectares chaque année, le blé est la céréale la plus cultivée au monde. Dix pays/régions produisent aujourd’hui 85% de la récole mondiale de blé, l’EU-28, la Chine et l’Inde y contribuant à eux seuls à hauteur de 50%. 70% des 700 millions de tonnes produites annuellement sont destinés à l’alimentation humaine. Le blé est la base de l’alimentation pour environ 3 milliards de personnes, dont 1.2 milliard de pauvres. La stabilité de la production de blé, et le maintien des prix à un niveau raisonnable sont donc indispensables pour la sécurité alimentaire et la stabilité politique mondiales.
Le blé constitue la base de l’alimentation de nombreux pays et fournit 20% des protéines et des calories dans les pays développés et en développement.
Cependant, entre 1998 et 2013, la consommation de blé a été plus importante que la production une année sur deux. Les pays producteurs de blé partagent la même vision de la responsabilité d’augmenter son potentiel de rendement, de protéger le blé des pertes liées aux maladies et aux ravageurs, de maintenir des rendements élevés malgré des conditions climatiques de plus en plus variables, d’accroître la durabilité des systèmes de production pour respecter l’environnement, afin qu’une quantité suffisante de blé de qualité soit produite. Ceci ne sera possible que si les ressources et les technologies appropriées sont disponibles pour les biologistes, les sélectionneurs et les agronomes et si la communauté de recherche internationale se développe à travers le partage de connaissances et la formation.
L’action de la « Weat Initiative »
La « Wheat Initiative » a été créée dans le cadre du plan d’action 2011 du G20 agricole pour coordonner les recherches sur le blé dans le monde et contribuer à la sécurité alimentaire globale. Elle est inscrite dans le plan d’action des ministres de l’agriculture sur la volatilité des prix agricoles et sur l’agriculture. Elle regroupe aujourd’hui seize pays, deux organismes de recherche internationaux et neuf entreprises de sélection privées. La « Wheat Initiative » a pour objectifs de coordonner les efforts de recherche internationaux sur le blé et de créer un cadre pour mieux utiliser et augmenter les ressources et les financements disponibles par l’alignement des stratégies nationales, régionales et privées.
Pour répondre à ces défis, leur Agenda de Recherche Stratégique identifie des cibles de recherches prioritaires pour le court, moyen et long terme ainsi que quelques éléments susceptibles de révolutionner les méthodes d’amélioration du blé. Ceux-ci incluent : la mise à disposition de la séquence de référence du génome du blé, l’accès aux données scientifiques et aux outils d’analyse de celles-ci par l’intermédiaire d’un système d’information dédié au blé, la possibilité de créer des variétés de blé plus performantes par l’utilisation de nouvelles méthodes de sélection. Une initiative mondiale pour le blé pour améliorer les variétés par croisement classique, sans faire entrer de gêne étranger.
Hélène Lucas (Inra), coordinatrice scientifique de la Wheat Initiative explique : « Les priorités de recherche identifiées dans l’Agenda de Recherche Stratégique de la Wheat Initiative nécessiteront des actions intégrées ou coordonnées au niveau international. L’ARS fournit un cadre de référence pour que les scientifiques publics et privés, les financeurs et les pouvoirs publics travaillent ensemble pour résoudre le défi de l’augmentation de la production de blé et contribuer ainsi à la sécurité alimentaire mondiale. »
Steve Visscher (BBSRC, UK), Président du comité de coordination institutionnel de la « Wheat Initiative » ajoute : « Les membres de la Wheat Initiative définiront ensemble les priorités de recherche initiales. Le Comité de Coordination Institutionnel proposera un catalogue de mécanismes pour mettre en œuvre l’Agenda de Recherche Stratégique, incluant des mesures d’encouragement aux collaborations internationales, l’alignement des stratégies nationales et régionales publiques et privées sur les priorités de l’ARS, des mécanismes de financement d’appels à projets internationaux, ainsi que des cadres de partenariat public-privé. »
L’Agenda de Recherche Stratégique de la Wheat Initiative a été élaboré par la communauté de recherche internationale représentée dans les comités et les groupes d’experts de la Wheat Initiative. Les parties prenantes de la filière ont également eu l’opportunité de commenter et de contribuer au document via un processus de consultation sur les défis et priorités identifiés dans l’ARS.
(Source : INRA – Juillet 2015)
Souhaitons que la « Wheat Initiative » permette vraiment de construire ces liens essentiels entre scientifiques de pointe, institutions de recherche et financeurs dans le domaine du blé, afin d’amplifier les collaborations au sein de la communauté de recherche internationale par la mise en commun des priorités de recherche nationales et en facilitant les interactions entre public et privé.
(1) Membres de la Wheat Initiative : Argentine, Australie, Canada, France, Allemagne, Inde, Irlande, Italie, Japon, Royaume Uni, Turquie, USA, CIMMYT, ICARDA, Arvalis, Bayer CropScience, Florimond Desprez Veuve & Fils, KWS, Limagrain, Monsanto Company, RAGT 2N, Saaten Union, Syngenta Crop Protection – Observateurs : Brésil, Chine, Espagne, Hongrie.
– Lire « La Géopolitique du blé » de Sébastien Abis, chercheur à l’Iris (Edition Armand Colin – Juillet 2015)
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