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Empreinte de Buzz Aldrin sur la Lune

On va remarcher sur la Lune… et même s’y installer

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La dernière fois, c’était le 14 décembre 1972. L’astronaute Gene Cernan gravait ses empreintes dans  les traces laissées par ses augustes prédécesseurs, Neil  Armstrong et Buzz Aldrin. Depuis, plus rien. L’homme n’a plus jamais remis les pieds sur la Lune. Aujourd’hui, la Russie dévoile son intention d’y retourner. Et avec l’Agence spatiale européenne (ESA), d’y installer une communauté humaine en 2029.
 
«La Russie planifie son premier vol habité vers la Lune et un alunissage en 2029», a annoncé mardi Vladimir Solntsev, le directeur de l’entreprise publique russe Energia, qui conçoit et développe des véhicules spatiaux, à l’occasion d’une conférence sur les technologies spatiales à Moscou. Selon lui, la Russie lancera dès 2021 les essais d’un vaisseau spatial spécialement conçu pour alunir. Cet engin devra effectuer plusieurs vols vers la station spatiale (ISS) avant de partir pour l’objectif Lune en 2025.
Cette annonce intervient dans un contexte marqué par un secteur spatial russe longtemps miné par la corruption et les coupes budgétaires mais aujourd’hui en pleine restructuration. Les russes ont toujours en travers de la gorge l’affront d’avoir été doublés par les américains dans la conquête de notre satellite. Ils se remettent difficilement d’une série d’échecs dans le lancement de leurs fusées et veulent désormais mettre un point d’honneur à corriger leurs déficiences. Le vice-premier-ministre russe Dmitri Rogozine avait ainsi affirmé devant la Douma en mai dernier : « Nous ne pouvons pas perdre cette compétence qui contribue à notre souveraineté ».
 
L’ambition des russes pour la Lune rejoint ainsi celle des européens. L’Agence spatiale européenne (ESA) vient en effet de dévoiler son intention de construire un Village lunaire international. En coopération avec plusieurs nations spatiales et bien sûr les russes. Le nouveau directeur général de l’ESA, Johann-Dietrich Woerner, a défendu son idée de « Moon village » devant la communauté spatiale lors du 66e Congrès international d’astronautique (IAC) organisé à Jérusalem du 12 au 16 octobre dernier.
L’idée trouve son origine dans le constat que l’aventure de la Station spatiale internationale (ISS), lancée en 1998, devrait se terminer vraisemblablement aux alentours de 2024.
 
« Il faut réfléchir à ce que nous voulons faire après. D’où l’idée d’inciter la communauté internationale à réaliser quelque chose ensemble sur la Lune », explique Franco Bonacina le porte-parole de  l’ESA. « Il s’agit de rassembler et de fédérer des idées » autour du satellite de la Terre, qui a encore beaucoup à nous apprendre. Le directeur général de l’ESA, pour qui l’espace n’a pas de frontières, veut permettre à tout le monde de contribuer à ce village lunaire. La Chine, qui ne participe pas à la Station spatiale internationale, mais conduit un programme ambitieux sur la Lune, pourrait être la bienvenue.
 
Bernard Foing, qui dirige le Groupe international pour l’exploration lunaire, décrit à l’AFP ce que pourrait être le « Moon village » : « Il y aura une étape de village robotique. Puis une étape de station habitée. Mais cela nous servira aussi à préparer des expéditions vers des destinations encore plus lointaines ».
 
L’association de l’ESA et la Russie dans la mission Luna 27 permettrait d’installer des bases lunaires et de commencer l’exploration de notre satellite, et notamment ses régions polaires dans lesquelles ont été trouvés des dépôts de glace. « Au pôle sud, nous avons localisé des sites qui contiennent de la glace dans le sous-sol proche, qui sont assez bien illuminés et offrent une bonne possibilité de communication », précise Bernard Foing.
Autant d’éléments nécessaires pour installer une base habitée, s’installer, prospecter, et rêver d’aller plus loin.
 
Lever de Terre sur la Lune – Photo NASA
 
Certains diront que nous ferions mieux de nous occuper de la Terre plutôt que de repartir dans ces aventures lunaires. D’autres rappelleront que jamais l’homme n’avait pris conscience de la beauté et de l’immense fragilité de notre planète qu’après avoir vus les clichés pris par les astronautes sur la Lune d’un superbe lever de Terre. Peut-être aussi que, si  la Lune redevient un objectif, nous retrouverons nos fantasmes d’enfants et rejoindront enfin tous ces rêveurs du futur qui nous la promettent depuis Jules Verne. Et nous ferons plaisir à David Graeber qui, dans son dernier livre Bureaucratie, s’afflige d’observer que le futur que nous imaginions avant 1970 n’aie, depuis, jamais réellement tenu ses belles promesses.
 
 
Photo : Empreinte de Buzz Aldrin sur la Lune, 20 juillet 1969 © NASA

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