Le ministre néo-zélandais du Changement climatique a annoncé qu’il envisageait la création d’un nouveau type de visa pour les déplacés climatiques. Priorité sera donnée aux habitants des îles du pacifiques menacées par la montée des eaux.
Un nouveau type de visa pour un nouveau type de réfugiés : les déplacés environnementaux. Le gouvernement de Nouvelle-Zélande réfléchit à l’élaboration d’une “nouvelle catégorie expérimentale de visa humanitaire pour les personnes fuyant la montée du niveau des océans”, a annoncé James Shaw, le ministre du Changement climatique, lors d’une interview, mardi 31 octobre, sur les ondes de Radio New Zealand. “C’est une mesure sur laquelle nous comptons travailler en partenariat avec les îles du Pacifique.”
Marshall, Tuvalu ou encore Kiribati risquent d’être rayées des cartes de géographie. Tout comme peuvent être menacées de nombreuses villes, comme New York, Miami, Venise ou Rotterdam. Selon les prévisions de l’ONU, la planète comptera 250 millions de réfugiés climatiques d’ici 2050 en raison de la montée des eaux mais aussi des épisodes météorologiques de plus en plus violents (ouragans, inondations, sécheresse…).
L’annonce du ministre James Shaw s’inscrit dans le sillage de plusieurs décisions de justice ayant conduit à l’expulsion de demandeurs d’asile climatique en Nouvelle-Zélande. La dernière en date : deux familles des Tuvalu ont été déboutées le 24 octobre par une cour de justice qui n’a pu trouver dans le droit actuel les éléments pour justifier l’octroi d’un statut de réfugié, l’argument climatique n’étant pas inscrit dans la loi. Plus d’une douzaine de demandes similaires ont été rejetées ces dernières années, dont celle d’Ioane Teitiota, des Kiribati, qui avait reçu une attention médiatique internationale en 2015. Une seule famille, originaire des Tuvalu, a obtenu gain de cause à ce jour : la justice leur a permis, en appel, de rester en Nouvelle-Zélande grâce à d’autres raisons invoquées, humanitaire et familiale, qui ont pesé dans la balance. Leur demande d’asile climatique pur et simple avait toutefois été rejetée.
“On voit bien qu’il n’existe aucun instrument législatif disponible. La Convention de Genève sur les réfugiés n’est pas applicable au réchauffement climatique, ni le pacte de l’ONU relatif aux droits civils et politiques”, souligne Me Yvon Martinet, joint par France 24. Cet avocat aux barreaux de Paris et Bruxelles se bat depuis 2013 pour la création d’un statut de réfugié environnemental. Bien qu’il déplore “un véritable vide juridique”, il pointe toutefois des progrès notables ces dernières années.
“Il y a une vraie dynamique sur la question et la France se place en tête du mouvement”, se réjouit Me Martinet. “Lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, le président Emmanuel Macron a très clairement fait le lien entre questions climatiques et droit des populations forcées de quitter leur territoire”, rappelle-t-il.
La France a également déposé au même moment à l’ONU un projet de pacte mondial sur les droits environnementaux juridiquement contraignant, dans lequel il est question des réfugiés climatiques. Le texte, composé d’une trentaine d’articles, est déjà soutenu par la Chine et fera bientôt l’objet de négociations internationales. Cependant, dans les îles pacifiques où les conséquences du changement climatique ont déjà commencé à se faire sentir, le temps presse.
Sources : Anne Diandra-Louarn/France 24, The Guardian
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