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arts et cultures

Suspension : Une histoire aérienne de la sculpture abstraite 1918–2018

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Un siècle de sculpture suspendue et abstraite (1918–2018), à travers plus de 50 œuvres réalisées par 30 artistes de 15 nationalités différentes, dans une double exposition muséale, est présenté du 1er octobre jusqu’au 15 décembre 2018 au Conseil économique et social (CESE) Paris.
 
L’événement présente un siècle de sculpture abstraite (1918–2018) sous l’angle inédit de la suspension aérienne et rassemble plus de cinquante œuvres phares réalisées depuis 1918 par plus de trente artistes de diverses générations et nationalités.
Cette catégorie artistique apparaît à la fin des années 1910 avec Marcel Duchamp, Man Ray et Alexander Rodtchenko, puis se poursuit au début des années 1930 avec Alexander Calder ou Bruno Munari, se déploie dans les années 1950 avec Soto, François Morellet, Gego, Daniel Buren, Julio Le Parc, puis Sol LeWitt ou encore Robert Morris et trouve ses prolongements les plus récents chez Xavier Veilhan, Ernesto Neto, Tomás Saraceno ou encore Haegue Yang.
 
Sphères-trames, 1962 – François Morellet – Vue de l’exposition «IIIe Biennale de Paris», Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 1963. ©Studio Morellet

 
Si nombre de ces œuvres suspendues demeurent statiques, certaines d’entre elles font écho au principe du « mobile », pour emprunter le terme formulé en 1931 par Duchamp lui-même à propos des premières sculptures de Calder accrochées au plafond et livrées ainsi aux forces invisibles de l’air. Cette typologie esthétique nouvelle est liée à la spatialisation dynamique du regard moderne, tout autant qu’à la remise en question des modalités traditionnelles de monstration. Elle est ainsi indissociable d’un accrochage zénithal, c’est-à-dire à un plafond ou à des câbles, et exclut tout système conventionnel de monstration de la sculpture tels que le sol, le socle, la potence, le portique ou encore le mur.
 
« Hanging Spatial Construction No. 9 », circle in circle from the second series of spatial constructions of the principle of equal forms called « Surfaces Reflecting Light », 1920-1921/1923, peach-tree plywood, 90 x 80 x 85 cm, 32.43 x 31.5 x 33.46 inches – Alexander Rodchenko
©A.Rodchenko & V.Stepanova archive

 
Pour le Palais d’Iéna, une véritable canopée, constituée de câbles tendus horizontalement permettra la suspension verticale exigée par les œuvres. Bien que résolument non-narratif, ce genre est lié à l’imaginaire cosmogonique, à la conquête de l’air puis, après-guerre, à celle de l’espace, mais aussi à la peur du vide, aux lustres, à la pendaison, à l’escalade, à la chute autant qu’à la lévitation ou encore au flottement. Si elle résonne de ces imageries et de ces univers, cette sculpture déroge pourtant à l’idée d’une figuration et d’une représentation qui limiteraient à l’anecdote son sens initial et sa portée interprétative.
 
Elle est ainsi le corollaire, dans le temps et l’espace réels, d’une large part de la peinture abstraite apparue quelques années auparavant, autour de 1912. 3 Notamment afin de limiter la traction exercée, la matière sculpturale s’aère, devient plus légère. Les contours spatialisés des formes marquent une volonté d’échapper à la gravité ou d’entrer en conflit avec celle-ci. Ce que les sculptures perdent en masse inerte, elles le gagnent en transparence, en équilibre, en articulation et, parfois même, en mobilité physique en ce qui concerne les « mobiles ».
Cette esthétique découle tout autant d’un rapport renouvelé au spectateur, à la circulation du regard à travers des structures non plus opaques mais ajourées et dès lors sensibles à leur environnement immédiat, c’est-à-dire à l’espace du lieu qui les accueille. Ce type de sculpture n’est donc plus classiquement érigé, tel un édifice, mais construit sur un modèle aérien, voire astral. Par son maintien à distance du sol, comme en lévitation, il est partiellement extrait de la surface de déambulation. Cette façon de négocier avec l’espace et la gravité s’avère une opération esthétique nécessairement abstraite, c’est-à-dire éloignée de la narration et de la représentation, lesquelles viendraient figer le sens et la présence de ces objets célestes, fruits d’une tension constante entre chute et élévation.
 
Olivier Malingue, Londres, vernissage pendant Frieze 1er oct. – 15 déc. 2018
 
Avec des œuvres d’Alexander Calder, Yves Klein, Artur Lescher, Man Ray, François Morellet, Bruno Munari, Ernesto Neto, Alexander Rodchenko, Tomás Saraceno, Joel Shapiro, Jesús Rafael Soto, Takis and Xavier Veilhan.
 
Palais d’Iéna, Paris, vernissage pendant la FIAC 16 – 28 oct. 2018
 
Avec le parrainage du Ministère de la Culture En collaboration avec Olivier Malingue, Londres Avec des œuvres de Leonor Antunes, Max Bill, Louise Bourgeois, Daniel Buren, Alexander Calder, Carlos Cruz-Diez, Marcel Duchamp, Gego, Antony Gormley, Hans Haacke, Yves Klein, Julio Le Parc, Artur Lescher, Sol LeWitt, Man Ray, Christian Megert, François Morellet, Robert Morris, Bruno Munari, Ernesto Neto, Hélio Oiticica, Alexander Rodchenko, Tomás Saraceno, Joel Shapiro, Monika Sosnowska, Jesús Rafael Soto, Jean Tinguely, Georges Vantongerloo, Xavier Veilhan, Cerith Wyn Evans et Haegue Yang
 
• Des prêts exceptionnels d’institutions et de collections venant du monde entier, présentés pendant deux mois chez Olivier Malingue à Londres et pendant deux semaines dans les 1 500 m2 du Palais d’Iéna, à deux pas du musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et du Palais de Tokyo
 
• La présentation en avant-première, avant sa parution en novembre, du livre « Suspension » de Matthieu Poirier, dédié à ce genre sculptural méconnu, publié avec le soutien d’Olivier Malingue, Londres et Malingue, Paris • Une exposition accueillie par la troisième chambre constitutionnelle française, le Conseil économique, social et environnemental, témoin de la volonté de l’institution de souligner combien la culture doit occuper une place privilégiée dans le débat public et contribuer à enrichir le dialogue entre les citoyens au sein de la société civile organisée
 
• Dans un lieu exceptionnel, le Palais d’Iéna, qui permet de créer un dialogue inédit entre l’abstraction des sculptures exposées et le classicisme moderne des espaces monumentaux conçus par l’architecte Auguste Perret dans les années 1930.
 
Photo d’entête : Modélisation 3D d’une vue of « Suspension » au Palais d’Iéna © Stéphane Deline
 
Informations pratiques :
 
  • Exposition Olivier Malingue 1er octobre- 15 décembre 2018 : Vernissage le 4 octobre au 143 New Bond Street, First floor, London W1S 2TP
  • Exposition au Palais d’Iéna 16-28 octobre 2018 : Vernissage le 15 octobre 9 place d’Iéna, 75016 Paris

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