Capital agricole,
La rencontre entre la ville et la campagne n’est pas une question nouvelle. En 1873, l’écrivain Edmond About disait déjà à propos de la transformation des modes de vie de son époque : « Vous introduisez la campagne dans les habitations de la ville, et vous urbanisez l’entourage, les habitudes, le labeur même du campagnard. » Avant même la révolution industrielle, Paris et la plupart des grandes villes européennes s’étaient développées là où il y avait des terres fertiles et une agriculture organisée. Ainsi, si on a coutume de les opposer, ville et campagne sont loin d’être les territoires homogènes et parfaitement cloisonnés que l’imaginaire collectif, nourri par les beauxarts et la littérature, nous impose volontiers. L’ouvrage et la passionnante exposition qu’il accompagne s’attachent à nous faire découvrir ces interactions anciennes, multiples et variées, tout en nous invitant à réinventer le pacte multiséculaire qui les unit. L’urbanisation est aujourd’hui un phénomène incontestable, qui touche le monde entier. C’est aussi une réalité qui se vit à l’échelle locale, renforcée par l’avènement des métropoles et par la crise migratoire, qui produit ses premiers effets aux portes des villes. En parallèle, notre planète fait face à un défi écologique et alimentaire majeur. Prenant enfin conscience que les ressources de la Terre sont limitées et que le changement climatique fait peser sur notre avenir un grand danger, nous interrogeons nos façons de produire et de consommer. Nous avons une responsabilité civique et politique : celle de tout faire pour léguer aux générations futures un monde respectueux du vivant et de son environnement. Dans ce monde en évolution, l’opposition entre ville(s) et campagne(s) n’apparaît plus appropriée, tant elle induit de déséquilibres entre les territoires. Il nous faut décloisonner les espaces, rendre les frontières plus poreuses, accroître les échanges entre urbains et ruraux. La préservation des terres agricoles, notamment en lisière des villes, ainsi que la compréhension des enjeux de l’agriculture sont essentiels pour le devenir de la planète et de ses habitants. Au-delà, nous devons repenser la métropole parisienne dans son ensemble afin d’en faire un espace plus intelligent: un espace où peut s’épanouir la biodiversité, où urbains et ruraux s’enrichissent mutuellement grâce à de nouveaux échanges marchands et non marchands. Les circuits courts, la production d’énergies renouvelables, le développement des agro-matériaux, des biodéchets ou l’arboriculture sont des gisements d’emplois colossaux, des passerelles entre territoires et des manières de lutter contre la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Devançant souvent les décisions politiques, de nombreuses solutions alternatives émergent chez les agriculteurs, dans la société civile. Elles visent à redonner de l’équilibre, du sens et des racines – diversification des productions, transformation des produits, réduction traitements phytosanitaires, Amap, agriculture urbaine, jardins partagés en ville… Notre responsabilité est d’encourager ces initiatives et de faciliter leur mise en œuvre à grande échelle, afin de renouer avec une alimentation durable, de favoriser la proximité, la diversité et les pratiques respectueuses de l’environnement, de la santé des consommateurs et des producteurs. C’est ce que nous avons fait à Paris en nous engageant, début 2017, pour une agriculture urbaine créatrice de nouveaux liens entre urbains et ruraux, à travers le déploiement de la végétalisation, l’appel à projets «Les Parisculteurs», le programme « Cultiver en ville» ou encore le Plan alimentation durable, qui fait de notre collectivité le premier acheteur public d’alimentation biologique en France. La participation citoyenne est au cœur de ces projets, et essentielle à leur réussite. Consolider et repenser notre système agricole, réinventer les échanges, transformer nos villes et nos vies: tous ces défis ne pourront être relevés sans le concours de celles et ceux qui font vivre nos territoires. Cette manifestation parvient à nous plonger dans nos racines tout en dévoilant de nouveaux possibles. Retraçant une part méconnue de notre histoire qui se poursuit et se renouvelle aujourd’hui, elle dessine l’avenir.’Anne Hidalgo, Maire de Paris
Utopies – Visions radicales (1930-2016)
Aujourd’hui, la nature en crise
Les femmes y sont sous-représentées en proportion de leur investissement dans notre resensibilisation au vivant, je regrette de n’avoir pas su trouver les mots justes pour les convaincre d’afficher leur place. L’autre écueil vient du fait que ces propositions se heurtent quasiment toutes à la légalité. Souvent tolérées par les instances publiques car évidemment bénéfiques socialement, elles n’existent que par la conviction de leurs auteurs. Un long travail de négociation politique, au sens noble du terme, reste à réaliser pour instituer ces zones hors structure susceptibles de faire émerger les solutions de demain. À cette fin, doivent être mis autour de la table les acteurs, les citoyens, les décideurs… et les artistes. »Sylvain Gouraud
Demain, l’urbanisme agricole
Retrouver les sols
Relier pour mieux nourir
Réinventer les fermes
Cultiver la nature
Demain, changer la règle
- Face à l’urbanisation aveugle, corréler valeur foncière et valeur agronomique des sols.
- 2- Relier pratique et recherche, mobiliser les moyens techniques et promouvoir les connaissances nécessaires à la création de filières agricoles métropolitaines et pallier ainsi la pénibilité ancestrale du travail et le désamour du métier.
- 3- En finir collectivement et définitivement avec l’héritage moderne qui dissocie une Nature conçue comme un lieu de jouissance et de liberté et une Agriculture conçue comme un espace laborieux dédié à la seule production.
- 4- Convaincre les décideurs de la ville d’intégrer le temps long des saisons agricoles pour qu’advienne enfin une politique Urbaine-Agricole.
- 5- Entreprendre une réforme agraire et urbaine capable d’entraîner un dézonage territorial pour encadrer l’habitat agricole dans les espaces cultivés et toute forme de culture en ville. Le capital régional commun de demain sera largement agricole. «