Plus que jamais, nos sociétés ont besoin de regarder vers l’avenir. Ces projections vers un monde en devenir doivent nous permettre d’avancer vers une construction désirable et porteuse de sens pour le plus grand nombre. La 8ème édition du concours international d’architecture de la Fondation Jacques Rougerie 2018 trace sa route vers toujours plus de création, d’audace et une capacité à imaginer les visions d’anticipation d’un monde à venir, dans le respect des préceptes du développement durable, tournées vers l’océan et l’espace. Le 17 janvier 2019, à l’Institut de France, la Fondation a récompensé les lauréats de cette 8ème édition-promotion 2018 Laurent Fayat.
Première partie du palmarès : Architecture, Design et Technologie pour l’Espace.
Depuis 2011, plus de 7.200 candidatures, 150 projets sélectionnés par an, en moyenne, 135 nationalités issues des cinq continents et, enfin, 705 participants pour cette édition 2018. Créée en 2009, au sein de l’Institut de France, la Fondation Jacques Rougerie poursuit son soutien aux projets éducatifs, culturels, artistiques, sur les thèmes de la connaissance et la préservation du monde marin, de l’univers de l’eau ou de l’espace ; l’analyse et la compréhension du comportement humain notamment en habitat extrême ; mais aussi l’évolution des rapports humains et des technologies permettant notamment la présence de l’homme sous la mer ou dans l’espace.
Quelle magnifique palette pour les architectes, designers, ingénieurs, et urbanistes qui ont encore une fois l’occasion géniale de proposer des projets novateurs, audacieux et disruptifs ! Des projets architecturaux fondés sur des progrès émergents, qui offrent une vision prospective et des compétences transversales (science, sociologie, climatologie, géographie, etc.) – et doivent d’urgence répondre aux grands enjeux environnementaux actuels et à venir pour une plus grande responsabilité industrielle et technique.
L’enjeu est de tenir compte des préceptes du développement durable et contribuer à l’intégration de la mer et de l’espace dans le développement de notre société : matériaux innovants, techniques et avancées fondamentales en termes de conception et d’élaboration, d’économie en matière d’énergie ou de ressources naturelles, de recyclabilité, etc.
Toutes les feuilles de route de l’exploration spatiale incluent la Lune comme étant la prochaine étape avant un voyage vers Mars. Notre présence sur ce satellite de la terre dans une infrastructure permanente constituerait donc un véritable tremplin avant une exploration encore plus lointaine.
Jan Woerner, directeur général de l’ESA (Agence Spatiale Européenne), a proposé en 2015, le concept du “Village sur la Lune” « Moon Village ». Cette vision implique une expansion progressive d’infrastructures habitables, adaptée à de multiples usages et différents types de résidents et utilisateurs.
Le village lunaire devra être imaginé comme un projet ouvert, inclusif et durable au service de l’humanité, soutenant la science internationale, proposant de nouvelles opportunités de coopérations avec des acteurs spatiaux et non spatiaux, ouvertes à toutes les nations et élargissant les utilisations potentielles qu’elles soient industrielles, commerciales, touristiques, éducatives ou culturelles.
A la surface de la lune…
L’absence d’atmosphère protectrice, rend sa surface très dure et très exposée aux températures extrêmes (de – 110°C à + 130°C). La lune est également régulièrement bombardée par des météorites. Sa surface est recouverte d’une fine poussière enrobée par une coquille vitreuse qui la rend très abrasive, mais aussi électrostatique du fait de son exposition aux ondes du rayonnement solaire. La gravité de la lune est égale à 1/6è de celle de la terre.
L’objectif du concours est de proposer des systèmes d’habitation indépendants de la Terre, autonomes, utilisant les ressources in-situ, dans une démarche d’économie circulaire. Ces systèmes de support-vie en boucle fermée, devront englober la régulation de l’atmosphère, la fabrication de nourriture et d’eau, le recyclage des déchets, les équipements indispensables à la vie (exercice, mobilité…).
Les projets retenus entrent dans l’une de ces trois catégories : des unités pré-intégrées, des systèmes modulaires apportés de terre et assemblés sur site, et des systèmes construits in situ avec des matériaux et systèmes par exemple à base de régolithe, en surface ou dans les cavités-tunnels de lave.
Projet The Oasis
1/Samer el Sayary, Architecte – Egypte : « The Oasis »
Ils fournirront nourriture et hébergement dans un endroit où il n’y a pas de vie. Créer un environnement autosuffisant et durable. Une oasis est une zone isolée dans un désert, entourant généralement une source d’eau, comme un étang ou un petit lac. Les oasis lunaires sont rendues fertiles lorsque des sources d’eau douce, provenant d’aquifères gelés, irriguent la surface après sa fonte et la purifient dans le réacteur du cœur.
La géométrie circulaire de l’oasis introvertie est destinée à en faire un environnement sûr et propre pour les résidents, où aucune poussière ne peut pénétrer à l’intérieur de la colonie, en raison de l’absence de l’atmosphère. Toutes les unités d’accès en surface sont équipées de dispositifs d’aspiration, de dépoussiérage et d’élimination des poussières. Aussi l’arène intérieure est bien éclairée par des arbres gonflables pour soutenir l’aspect psychologique des résidents de l’espace, où il a été prouvé que la vue sur les arbres améliore l’humeur.
Projet Sélénia
2/ Sylve Truyman, Architecte et Pierre-Jacques Truyman, Ingénieur – France : « Sélénia », un village sous la lune
En 2017, la sonde LRO de la NASA découvre des trous sur la Lune qui débouchent sur d’anciens tubes de laves de plusieurs dizaines de kilomètres de long. Une opportunité qui solutionne des problèmes récurrents auxquels faisaient face les agences spatiales de notre planète : comment protéger les futurs habitants lunaires des radiations mortelles, des micrométéorites et des fortes variations de température ?
C’est cette nouvelle enthousiasmante qui a inspiré le travail de recherche de l’équipe. Aujourd’hui, 50 ans après le premier alunissage d’Apollo 11, ils ont imaginé et dessiné un village sous la Lune conçu pour être mobile.
Chaque Capsule sera comme une tortue avec sa carapace solide qui peut loger ses pattes et des ouvertures qui permettent de se raccorder les unes aux autres. Elle s’assemblera comme les cellules des plantes. Le village pourra s’adapter et évoluer en épousant les contours accidentés de notre satellite tant en surface que dans les tunnels de lave comme une étoile de mer se déplace au fond de l’eau. Il bénéficiera d’une lumière produite par un Phytoplancton Bioluminescent. Il est possible d’en loger plusieurs dans la future fusée SLS de la NASA dont la première version décollera dans un an !
Un demi siècle nous sépare aussi du film de Stanley Kubrick «2001, I’Odyssée de l’espace» auquel ils ont voulu rendre hommage avec leur esquisse. Un siècle avant lui, Jules Verne imaginait dans son roman « De la Terre à la Lune » un voyage en quatre jours. Les habitants sur la Lune étaient appelés les Sélénites. Ils ont donc nommé ce village sous la Lune : « Sélénia ».
Projet Quintessence
Grand prix 2018 : Jordan Hugues, Architecte – Royaume-Uni : Quintessence – Architecture Spatiale Millénaire
Le projet, inspiré par la découverte en 2017 de TRAPPIST-1, est le résultat de recherches approfondies, tirées des domaines du film, de la science-fiction, de la science prouvée et de l’avenir imaginé pour produire une thèse écrite, un portfolio et un film.
Le projet Quintessence ne consiste pas à abandonner notre planète dans un avenir dystopique. Au lieu de cela, il rêve de ce qui pourrait être une architecture possible de se développer dans l’espace. Bien que l’espace recèle une pléthore de défis complexes pour les architectes et les ingénieurs, il est possible de créer une architecture spectaculaire manipulant la gravité, programmant le temps et construisant la nature.
Projet Infinity
Mention Spéciale du Grand Prix 2018 : Thomas Goessler, Architecte – Autriche : Infinity. Mars est là, attendant d’être atteint
Des dizaines de vaisseaux spatiaux ont été envoyés sur Mars, mais seulement une mission sur trois a été un succès. Cette statistique incitant à réfléchir souligne à quel point il est difficile d’envoyer un engin sur Mars et de le voir arriver en bon état de marche pour transmettre des données à la Terre. Mais il arrivera un jour où les hommes pourront partir pour Mars.
Ce projet est une base d’expédition sur Mars, qui offre aux humains tout ce dont ils ont besoin. La conception présente un système autonome qui non seulement fournit aux humains ce qui est nécessaire pour survivre, mais qui répond également à leurs besoins sociaux et psychologiques. En outre, des laboratoires et des infrastructures nécessaires pour explorer un nouveau monde sont fournis.
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