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musée de l'économie
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CITÉCO, le 1er musée de l’économie ouvre à Paris

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Ce 14 juin ouvre à Paris le premier musée interactif d’Europe dédié à l’économie. Au cœur de l’hôtel Gaillard, chef-d’œuvre de l’architecture néo-Renaissance et ancienne succursale de la Banque de France, Citéco déploie sur plus de 2 400 m2 une exposition permanente offrant un accès ludique et pédagogique aux concepts, mécanismes et enjeux de l’économie. La programmation culturelle permettra d’accueillir des expositions temporaires, rencontres, conférences, ateliers, projections et spectacles vivants, qui rythmeront chaque saison de cette nouvelle institution culturelle parisienne.
 
Mais pourquoi donc une citée de l’économie à Paris, alors que tout ce qui touche à l’écosystème de la finance n’a pas bonne presse aujourd’hui, notamment en France ? Pour le Gouverneur de la Banque de France, Président de Citéco, « Il faut rendre l’économie plus accessible et compréhensible par tous ».
De cette démarche pédagogique, la Cité de l’Économie veut constituer aujourd’hui l’un des points d’orgue. Projet muséal unique au cœur de Paris, Citéco a en effet pour objectif de répondre aux questions des visiteurs de tous âges ainsi que d’en susciter de nouvelles, inviter au débat et enrichir les échanges, stimuler la curiosité et ouvrir de nouveaux horizons… L’enjeu est de taille : aider les visiteurs – et en particulier les plus jeunes – à se familiariser avec les différentes théories économiques et à mieux comprendre les principaux mécanismes en jeu.
 
Pour le Président de Citéco :« Nous avons souhaité, au travers d’une installation ludo-éducative et d’une muséographie novatrices, mettre notamment à disposition des visiteurs des jeux collectifs et interactifs ainsi qu’une multitude de supports pédagogiques. Espace de rencontres et d’échanges, la Cité dispose de salles d’expositions temporaires et propose cycles de conférences, masterclasses, spectacles vivants… » « Installée au cœur d’un monument historique d’exception, l’hôtel Gaillard, la Cité de l’Économie veut contribuer en outre à la mise en valeur de l’extraordinaire patrimoine français. La Cité de l’Économie est ainsi l’exemple le plus récent et le plus spectaculaire de l’engagement de la banque centrale en faveur d’une démarche pédagogique accessible à tous. Désignée, en 2016, par le gouvernement, comme opérateur de la stratégie nationale d’éducation économique et financière, la Banque de France a développé de nombreuses actions pédagogiques au fil des ans, parmi lesquelles un étroit partenariat avec l’Éducation nationale, des associations et synergie avec de grands établissements universitaires, la participation à des manifestations dans toute la France. Elle est ainsi un partenaire privilégié des Journées de l’Économie, depuis leur création en 2008. Au cœur de l’Europe, au service des Français, la Banque de France a trois missions principales : la stabilité financière, la stratégie mo – nétaire, les services à l’économie. L’éducation économique et budgétaire des citoyens est à cet égard fondamentale. Afin de renforcer les connaissances économiques de tous et permettre à chacun de prendre des décisions financières éclairées. »
 
L’installation de la Cité de l’Économie dans l’hôtel Gaillard dans le XVIIe arrondissement parisien, est l’occasion de découvrir un bâtiment unique, classé Monument historique, typique du XIXe siècle, ayant appartenu au banquier Emile Gaillard (1)

 

La troisième vie d’un bâtiment

Demeure de banquier, puis succursale bancaire, l’histoire de l’hôtel Gaillard le prédestinait à devenir le premier musée interactif européen dédié à l’économie. Pour accueillir les espaces publics et le parcours permanent de Citéco, l’hôtel Gaillard a subi une transformation architecturale et une restauration patrimoniale.
 

Un projet complexe

Citéco prend place dans un bâtiment classé, une structure aux volumes disparates qu’il a fallu transformer en une cité culturelle accessible à tous les publics, en conformité avec les normes de sécurité et d’accessibilité. En raison de la nature du bâtiment, le projet architectural a été précédé d’une analyse historique et d’une auscultation minutieuse de l’état sanitaire de la façade, des toitures, des planchers, des ouvertures, des menuiseries. « Nous avons glissé le projet dans le bâtiment existant », précise Éric Pallot, architecte des Monuments historiques. Une formule qui résume parfaitement la démarche ayant présidé à l’élaboration de ce projet complexe, fruit d’une réflexion commune avec les Ateliers Lion Associés, mandataire du groupement lauréat du concours en 2010. « Nous sommes dans une architecture néo-Renaissance, ligérienne, un bâtiment représentatif de l’œuvre de l’architecte Jules Février, qui a été réinterprétée respectueusement par Alphonse Defrasse, poursuit-il. La même démarche nous a animés. Ainsi, Gaillard III est conçu dans le respect de Gaillard I et de Gaillard II. Par ailleurs, nous avons intégré une approche contemporaine, la plus discrète et la moins invasive possible. Une dissimulation qui a demandé un gros travail et un dialogue permanent avec les scénographes. »
Gaillard III ne laisse pas deviner que le système de traitement de l’air est caché dans les mobiliers de la scénographie, que les fenêtres et les vitraux sont dotés de doubles vitrages invisibles, que des portes dans l’esprit néo-Renaissance ont été ajoutées et que toute la structure a été traitée sur les plans thermique et acoustique.

Trois interventions majeures

Le projet architectural consiste en priorité à faire « respirer » l’hôtel Gaillard : purger l’intérieur des îlots, et ainsi rendre visibles les différentes strates architecturales du bâtiment, inonder de lumière l’intérieur de l’édifice et créer une terrasse avec vue sur les toits. L’interstice entre le bâtiment de Jules Février et le hall bâti par Alphonse Defrasse avait disparu à la suite d’additions en béton. Cet espace a été purgé, dégageant ainsi une cour intérieure et permettant de libérer des ouvertures qui avaient été obstruées. Protégée par une verrière qui épouse les contours du bâtiment, la cour accueille le café et offre également un lieu de passage clé au cœur de l’édifice. La nature composite du bâtiment devient apparente et l’on peut à nouveau admirer les volumes de l’élégante tourelle intérieure, qui abritait l’escalier de service. Elle a été entièrement restaurée.
Au niveau des toitures, la création d’un espace terrasse, qui ne se voit pas depuis la façade, constitue le « geste » contemporain des Ateliers Lion Associés. Ce nouveau plateau, destiné aux réceptions et aux expositions temporaires, est entièrement vitré et permet de découvrir l’architecture des toits d’origine. Enfin, le rez-de-chaussée a été repensé pour y accueillir, à droite de l’entrée principale, le hall d’accueil. Situé sous la salle de bal et juste au-dessus du nouvel auditorium en sous-sol, ce hall comprend la billetterie et la boutique.

L’excellence au service de Gaillard III

Du sol aux épis de faîtage, la restauration du bâtiment a nécessité l’intervention de nombreux corps de métiers aux savoir-faire reconnus dans le traitement de la pierre, de la brique, du plomb, du zinc, de l’ardoise, du bois, du fer, du stuc… Citons notamment l’entreprise Lefèvre pour la façade, dont une partie des briques a dû être refaite à la même dimension, dans la coloration rouge ou la glaçure noire pour les motifs en losange ; les Ateliers Tollis pour les sculptures, les Ateliers Duchemin pour les vitraux ; Mathieu Lustrerie pour l’éclairage, ou encore UTB pour les toitures.

Échos du chantier

La métamorphose de l’hôtel Gaillard a nécessité plusieurs années de travaux : un chantier compliqué, comme l’explique David Jolly, architecte des Ateliers Lion Associés : « L’hôtel Gaillard est un bâtiment complexe, classé Monument historique. C’est un patchwork hétérogène – entre la structure d’origine et les réaménagements réalisés par la Banque de France – qui pré – sente des volumes très disparates, des sols discontinus. Les architectes précédents y ont multiplié les effets. Par ailleurs, bien que l’hôtel donne de l’extérieur une impression de solidité, il a ses fragilités. L’intérieur est fait de fer, d’acier, de fausses briques, de moulages et de décors en stuc. Ces fragilités n’étaient pas apparentes, tout était « emballé » dans les aménagements réalisés en 1920 pour créer la succursale de la Banque de France. Le chantier a révélé des faiblesses qui ont nécessité des interventions lourdes : renforcement des planchers, flocage des poutres, consolidation de la structure. Il a fallu également procéder au désamiantage et au déplombage. » Des interventions qui expliquent en partie la durée du chantier.
 

A la découverte d’un nouveau musée – Deux atouts : le patrimoine et l’économie

Le parcours : du sous-sol aux toitures
L’accès principal se fait par l’entrée historique située place du Général-Catroux. Le hall du rez-de-chaussée, ouvert sur la cour intérieure du bâtiment et le café Gaillard, donne accès à la billetterie et à la boutique. Pour débuter le parcours de l’exposition permanente, les visiteurs peuvent gravir l’escalier d’honneur, dans une chronologie de parcours ou aller directement à la salle des coffres. Le premier contact est spectaculaire : les arcades et les colonnes de l’escalier monumental servent de fond d’écran à des projections graphiques animées illustrant les grandes questions de l’économie. L’exposition permanente se déploie sur 2 400  m2, sur trois niveaux, du sous-sol au niveau 1. Épousant la distribution initiale des pièces de l’hôtel Gaillard, le parcours se déroule sur plusieurs salles, notamment dans les étages. Sur deux niveaux, la salle des coffres, entourée d’une douve remplie d’eau, est devenue un espace emblématique de la fonction bancaire, où sont présentés les objets de collections : billets, pièces et machines. Le plateau des expositions temporaires est situé au 3e étage, d’une surface de 430 m² et accessible depuis l’accueil. Ce plateau s’insère dans la volumétrie des toits du bâtiment en liaison avec la terrasse autour du dôme du Hall Defrasse. Deux ateliers pédagogiques ont également été créés au niveau 3 et bénéficient des nouveaux volumes vitrés en toiture. Deux salles de projection sont intégrées au parcours, l’une à l’entresol pour parcourir 200 ans d’économie et l’autre, dans l’ancien bureau d’Émile Gaillard.
 
La scénographie, un geste radical
Mettre en scène un parcours d’initiation à l’économie dans les anciennes pièces d’un hôtel particulier et les espaces d’une succursale bancaire : le défi était de taille, comme l’explique Véronique Rozen, de l’agence « Explosition » en charge de la maîtrise d’œuvre de la scénographie, suite à la cessation d’activité de l’agence Confino : « Nous avons travaillé dans un cadre exceptionnel, mais contraignant. La cohérence de l’approche économique, avec ses 6 thématiques, jointe à la structure du bâtiment ont dicté le parcours. Par ailleurs, à l’exception de la Galerie Thann, tous les espaces dans lesquels se déploie ce parcours sont des zones patrimoniales. La question s’est donc posée : soit la scénographie se fondait dans le décor, soit elle se donnait à voir. C’est cette dernière option – avec laquelle nous avons gagné le concours en 2010 – qui a été retenue. Ainsi, dans le décor néo-Renaissance conçu pour Émile Gaillard, la scénographie contemporaine est un geste radical avec une identité forte. Le parcours muséal se distingue par les couleurs des murs et du mobiler, il est ponctué de dispositifs, pour certains spectaculaires, et n’interfère pas avec le parcours patrimonial. Toutefois, lorsque cela était possible, nous avons intégré à la scénographie, en les traitant de façon contemporaine, des éléments existants : ainsi, par exemple, nous avons habillé les lustres patrimoniaux de l’entresol, transformé en vitrines les anciennes armoires fortes de la salle des coffres, utilisé le mobilier existant (isoloirs, comptoirs, guichets) pour y intégrer des dispositifs, valorisé le carrelage du cabinet de toilette du bureau du directeur pour y projeter les mots liés à l’argent. »
 
Les repères : 6 séquences, des couleurs et des totems
Le parcours aborde pas à pas les notions économiques. Les trois premières séquences décrivent les fondamentaux de l’économie : l’échange, les acteurs et les marchés. Les deux séquences suivantes abordent les instabilités et les crises que les institutions cherchent à réguler. La dernière séquence, « Trésors », présente des objets liés à la fonction bancaire. Chaque séquence, numérotée, est introduite par un grand totem d’entrée rétro-éclairé. Des totems de salles ponctuent le parcours et synthétisent les thèmes abordés par les différents dispositifs. Des totems « focus » approfondissent un sujet, des totems « patrimoine », de couleur marron, racontent l’histoire du bâtiment, ses évolutions architecturales et signalent les décors remarquables. Cartels et totems sont déclinés en trois langues : français, anglais, espagnol. Chaque séquence a sa propre couleur dont le choix a été fait avec soin. Pour la séquence 1, la dominante bleu canard est un rappel de la teinte de tapisserie de la salle à manger d’Émile Gaillard. Le rouge, signature de l’agence Confino qui a initialement conçu la scénographie, a été choisi pour la séquence 2, déployée dans les anciennes salles de réception de l’hôtel particulier. Des teintes gris-vert habillent le mobilier de l’ancienne salle des guichets du hall
 

Un défi : Rendre l’économie attrayante

Seul musée dédié à l’économie, en France, Citéco revendique sa mission éducative. Dans un cadre inattendu, la muséographie interactive et son offre culturelle, ambitionnent de séduire tous les publics.
 
L’acte de naissance
 
Il faut traverser l’Atlantique pour trouver l’équivalent de Citéco et se rendre, comme l’avait fait le gouverneur de la Banque de France à l’origine du projet, à Mexico pour visiter le MIDE, Museo Interactivo de Economia, premier musée au monde consacré à l’économie, créé en 2006 par la Banque centrale du Mexique. Un exemple inspirant pour la Banque de France. Disposant des espaces monumentaux de l’hôtel Gaillard – vide de toute activité bancaire depuis 2006  – et forte des enseignements du MIDE, elle a choisi de concevoir non pas un musée de banque mais un musée plus généraliste, une cité de vulgarisation de l’économie. L’exposition : « L’économie : krach, boom, mue ? », à la Cité des sciences et de l’industrie, en 2013, dont la Banque de France était partenaire, préfigura Citéco. Les bases étaient jetées, restait à transformer l’idée. Il a fallu 10 ans pour mener à bien ce projet complexe.
 
Une mission éducative
 
Citéco s’inscrit dans le cadre d’une stratégie nationale d’éducation économique, confiée à la Banque de France en 2015. Conformément à la volonté affichée par sa tutelle, le Conseil Général de la Banque de France, Citéco s’adresse en priorité à un public jeune. L’objectif est de faire venir les scolaires, les étudiants pour leur faire découvrir autrement une discipline qui n’entre pleinement dans le cursus scolaire qu’en seconde.
La vocation pédagogique de Citéco part d’un constat : l’économie est omniprésente dans notre quotidien. Toutefois, la discipline peut faire peur car elle fait intervenir les sciences sociales, les sciences humaines, l’histoire mais aussi les mathématiques.
 
Un lieu d’acculturation à l’économie
 
Citéco n’a pas la prétention d’enseigner l’économie en quelques heures de visite, mais a pour objectif de séduire tous les publics avec ses atouts : l’interactivité et le caractère exceptionnel du bâtiment. La hauteur sous plafond, les sculptures des portes, les culots, les fenêtres à meneaux et traverses… l’étonnement ne se limite pas à la façade, elle va crescendo jusqu’à la salle des coffres. La présence de dispositifs très pointus dans des décors néo-Renaissance, confère à Citéco une identité unique. « L’atout patrimoine est un vecteur de séduction très important », souligne Xavier Limagne, muséographe, qui a suivi le projet depuis 2009. Et d’ajouter : « sur un sujet aussi riche que l’économie, il faut ne pas vouloir tout dire, mais il faut être intéressant, aiguiser la curiosité, susciter des questionnements ; offrir plusieurs niveaux de compréhension : très simples, moyennement savant et très savant et proposer au visiteur des dispositifs ergonomiques qui répondent au quart de tour ». Comme au MIDE, l’interactivité est le maître mot du parcours permanent, ainsi que le souligne Xavier Limagne : « L’économie est une discipline qui suscite du débat. La quantité de conversations générées, à l’issue d’une manipe ou d’un jeu, sera pour nous un critère de succès. L’attractivité des jeux collectifs est un des challenges de Citéco, une cité concue pour être un lieu où l’on échange, où l’on débat avec ses amis, ses professeurs et avec des médiateurs ».
 

Une découverte en 6 séquences : Échanges – Acteurs – Marchés – Instabilités – Régulations – Trésors

Le parcours de l’exposition permanente débute dans l’escalier monumental : un spectacle audiovisuel immersif met en scène les grandes questions de l’économie : la production, la consommation, l’échange et la monnaie, qui concernent au quotidien chacun d’entre nous. Le parcours n’est pas contraint mais l’ordre des séquences a été pensé pour permettre à chacun d’apprivoiser, à son rythme, les mécanismes économiques.

Les échanges de biens et de services 

Le fondement même de l’activité économique. Dans la vie courante, nous nous procurons des biens (exemple : un vélo) ou des services (exemple : la location d’un vélo), nous achetons ou nous vendons. Ces échanges de biens et de services sont le fondement de l’activité économique. Afin de mieux répondre aux besoins des uns et des autres, certains se spécialisent dans des domaines particuliers de production. Mais pour que des transactions aient lieu, il faut pouvoir fixer des valeurs et disposer de moyens de paiement. En fonction de quoi varient ces valeurs d’échange ? Quel rôle joue la monnaie ? Et quelles formes ces échanges peuvent-ils prendre ? Quelle influence ont-ils sur le développement économique ?
 
Dans l’ancienne salle à manger d’Émile Gaillard trône un grille-pain
La séquence 1 se déroule dans les appartements privés d’Émile, on y aborde le thème des échanges dans de petites pièces nanties de somptueuses cheminées et aux murs couverts de boiseries. Dès l’entrée le ton est donné, deux dispositifs occupent la salle à manger : un jeu interactif et l’histoire originale d’un objet du quotidien, un grille-pain. Ses composantes illustrent le fait que l’on ne peut pas tout faire soi-même pour satisfaire ses besoins, comme le montre l’expérience (filmée) de l’artiste l’anglais Thomas Thwaites : ce banal objet est en réalité d’une grande complexité, avec quelques quatre cents pièces issues d’une multitude de matières premières qu’il faut savoir produire et assembler. Le jeune artiste a passé neuf mois à courir de mine désaffectée en décharge de plastique afin de réunir les éléments indispensables à son projet. De tâtonnements en ratages, il a fini par réussir à confectionner un objet d’apparence très singulière, qui n’a fonctionné que quelques secondes avant de fondre sur lui-même avant que le pain soit grillé…
 
Troc ou monnaie …
 
Troc ou monnaie :  L’échange économique repose généralement sur l’usage de l’argent. Mais il peut aussi prendre la forme du troc, qui consiste à échanger un bien contre un autre bien – sans utiliser la monnaie. Ce thème est abordé par un dispositif qui sollicite cinq joueurs. Chacun doit nourrir ses oisillons qui réclament à manger, par l’échange avec les autres joueurs. Au début du jeu, uniquement au moyen du troc, et en fin de jeu, l’usage de la monnaie facilite les échanges.
 
La diversité des moyens de paiement utilisés au gré des époques et des civilisations Instrument de mesure de la valeur des marchandises, instrument d’échanges et de réserve, une série de dispositifs et d’exemples familiarisent le visiteur avec ce que les économistes appellent la monnaie et nous, l’argent, le blé ou l’oseille comme l’évoque avec humour une projection de mots sur le carrelage du cabinet de toilette attenant à ce qui fut le bureau du directeur de la succursale. Dans l’Antiquité, le bétail servait d’unité de compte, voire de monnaie d’échange, aussi bien en Égypte qu’en Inde ou en Afrique. Une vache grandeur nature en métal recyclé, œuvre du sculpteur Christian Champin, le rappelle au visiteur.

Les acteurs : États, entreprises, banques…

L’économie repose sur des interactions multiples et continues entre différents acteurs comme les entreprises, les banques, les associations, l’État ou les ménages (les occupants d’un même logement) – c’est-à-dire nous tous. Des biens et des services, de l’argent s’échangent et circulent entre ces acteurs. Quelles sont les spécificités de chacun ? Comment se financent-ils ? Et quelles interdépendances existent entre eux -elles ? La séquence 2 se déploie dans les salles de réception peintes en rouge. On y accède par le petit salon richement décoré où est installé un premier dispositif original : des objets du quotidien passent au scanner, comme lors d’un contrôle d’aéroport, et révèlent la diversité des étapes et de lieux de leur réalisation. Puis on pénètre dans la somptueuse salle de bal pour y découvrir le rôle des différents acteurs économiques.
 
Le rôle de l’État : Pour apprécier le rôle des États en tant qu’acteurs économiques, une série de dispositifs décrypte les formes d’interventions et invite à regarder le monde dans sa diversité. Un jeu collectif propose d’identifier dans une ville donnée, les services financés par l’État.
 
Dans la peau d’un banquier : Pour rendre concret le rôle des banques en tant qu’acteurs économiques, un dispositif propose au visiteur de se mettre dans la peau d’un banquier qui reçoit des clients, demandeurs de prêts ou soucieux de bien placer leur épargne. À lui de répondre à ces demandes, en tenant compte du profil de ses clients et du facteur risque pour la banque.
 
La tour des entreprises : Diverses par leur taille, leur statut et leurs objectifs, les entreprises ont en commun de tirer la majeure partie de leurs ressources de la vente de produits sur les marchés. Une installation monumentale – la tour des entreprises – illustre leur diversité. Les fenêtres du rez-de-chaussée, des 4 façades de cet immeuble-décor, donnent accès à des portraits, des diaporamas, des vidéos. 52 photos ont été prises par des artistes pour valoriser la variété des situations entreprenariales. La « tour » est traversante et propose à l’intérieur trois dispositifs : un jeu en duo pour mettre en place, dans deux entreprises concurrentes, des stratégies de développement, en agissant au choix sur trois variables (baisse des coûts, innovation, communication) ; une manipe pour s’initier à la comptabilité d’une entreprise en prenant en compte les postes de recettes et de dépenses ; un audiovisuel présentant le cas de six entreprises différentes.

Marchés – Le jeu de l’offre et de la demande

Nous nous procurons la plupart des biens et services sur des marchés. Ces marchés sont très divers. Ainsi en existe-t-il pour le travail, l’immobilier, ou encore la finance… Sur ces marchés, la rencontre entre des vendeurs et des acheteurs débouche sur la fixation des prix auxquels les échanges ou les transactions se réalisent. Quels sont les modes d’organisation des marchés ? Quels sont les mécanismes à l’œuvre ? Quelles sont les règles nécessaires à leur bon fonctionnement ?
 
Stratégies et mises en situation : Après avoir pris la mesure des différents types de marchés par le biais de films d’animation, le visiteur est mis en situation pour en appréhender le fonctionnement par des manipulations simples. En grand démiurge, il peut actionner deux molettes géantes – celle de l’offre et celle de la demande – pour mieux comprendre comment, sur un marché donné, la rencontre entre ces données détermine les prix et les quantités échangées. Un jeu collectif le plonge, s’il le souhaite, dans le marché fluctuant des actions.
 
Relance ou politique libérale ? L’efficacité de l’économie de marché est discutée d’un point de vue théorique. Le thème des marchés est ainsi l’occasion d’élargir la réflexion sur les différentes facettes du métier d’économiste et sur l’histoire des pensées économiques. Une grande fresque interactive présente les courants et les figures marquantes de l’histoire de l’économie. Enfin, à partir d’une sélection de questions, le visiteur peut initier un dialogue imaginaire entre deux des plus influents économistes du XXe siècle dont les thèses opposées continuent d’être débattues : John Maynard Keynes et Milton Friedman.

Instabilités – Turbulences en tous genres

L’économie de marché connaît des dysfonctionnements qui peuvent déboucher sur des crises. L’interdépendance des acteurs y constitue à la fois une force et une fragilité, ce qui se traduit par des fluctuations de l’activité économique. Dans les phases d’expansion, la production de biens et services augmente chaque année. Dans celles de récession, elle se réduit. Les crises sont ces moments particuliers où l’activité économique se retourne, au début d’une période de récession. Comment ces processus se déclenchent-ils ? Quelles en sont les conséquences ?
 
Dépression, récession, chômage… Dès l’entrée de la séquence, le visiteur est bousculé : il est invité à pénétrer dans un grand cylindre en métal, espace traversant, qui présente sous la forme d’une installation, sonore et visuelle, les chocs liés aux crises. De la légère récession à la dépression profonde, d’autres dispositifs abordent les causes, les formes et les mécanismes des crises : la hausse du prix des matières premières, l’éclatement des bulles spéculatives et le cortège de manifestations liées aux récessions : crise de confiance, crise sociale, chômage.
 
Déséquilibres : Au sein des économies, nombre de facteurs peuvent générer des instabilités. La contrebande et l’économie souterraine, la hausse des prix des matières premières énergétiques en font partie. Un jeu interactif invite quatre participants, dans le rôle de marins-pêcheurs, à résoudre un déséquilibre dans l’exploitation des ressources naturelles marines afin qu’elles soient reproductibles. Une installation originale illustre l’effet-domino et l’interdépendance des acteurs économiques, ou comment la faillite d’un acteur sur le marché entraîne la chute des autres. La manipe permet d’enclencher un domino salvateur pour arrêter le processus.
 
Quatre crises majeures du XXe siècle : Quatre films d’interviews évoquent les spécificités de crises historiques : l’hyperinflation de 1923 en Allemagne, la crise mondiale des années 1930, le choc pétrolier de 1973 et, plus près de nous, la crise des subprimes de 2007. Des extraits de films de fiction (La vie est belle de Franck Capra) offrent une échappatoire et permettent de prendre du recul par rapport à la dure réalité des crises.

Régulations – A titre préventif ou correctif

Les objectifs de la régulation, multiples, peuvent viser le court terme ou le plus long terme. À chacun d’entre eux correspondent des instruments spécifiques. Comment les met-on en œuvre ? Quelle est leur efficacité ? Corriger des déséquilibres, améliorer le bien-être collectif ou tenter de modifier les comportements des acteurs… comment les objectifs et les instruments de la régulation permettent-ils de prévenir les dérèglements ? De quels moyens disposent les États pour réguler ?
 
Le rôle des institutions publiques : La politique budgétaire, la politique fiscale, les prélèvements obligatoires… sont autant d’outils dont disposent les états pour réguler, pour réorienter les moyens de production, soutenir l’innovation, stabiliser l’activité économique, faire évoluer le pouvoir d’achat, réduire les inégalités sociales. Le degré d’intervention dépend des choix politiques et sociaux des différents pays. La régulation est aussi l’affaire des instances européennes et internationales.
 
Travaux pratiques : Après avoir assimilé les instruments de régulation et abordé les règles qui encadrent les échanges entre les États, le visiteur peut passer aux travaux pratiques et se confronter, par exemple, au délicat problème du financement des retraites, en faisant jouer deux variables : l’âge du départ et le montant des pensions. Une seconde manipe lui propose de faire varier le taux directeur de BCE, l’objectif étant de maintenir l’inflation annuelle aux alentours de 2%.
 
La « salle du conseil » pour simuler une prise de décision collégiale : En plein cœur du hall public s’élèvent les parois d’une grande salle, un volume semi ouvert où 9 joueurs en tout et 4 au minimum peuvent prendre place autour d’une grande table. Ils sont dans le rôle de négociateurs pour le compte d’un pays et mènent à bien une négociation multilatérale sur le climat. Objectif : produire de l’électricité en augmentant la part d’énergies renouvelables tout en prenant en compte différents paramètres : les objectifs définis dans le cadre de l’Union européenne, les accords entre pays, le budget, les taxations des énergies non renouvelables. Sur les parois de la salle, deux grands écrans diffusent des images contextualisées.

Trésors – L’argent sous toutes ses formes

Au sous-sol, les deux niveaux de l’ancienne salle des coffres sont détournés de leur usage d’origine pour révéler des trésors aux visiteurs. Les armoires fortes, transformées en vitrines, n’abritent plus les richesses des anciens clients de la succursale Malesherbes, mais des objets de collection. Les mobiliers bancaires d’origine, les anciens isoloirs, dans lesquels les clients se préservaient des regards indiscrets, servent d’assises à des dispositifs audiovisuels ou à des manipulations.
 
Dix alcôves thématiques abordent l’argent sous toutes ses facettes : sa fabrication, sa circulation, son évocation dans le cinéma, l’art et la littérature, avec notamment un texte étonnant de l’écrivain Stefan Zweig sur la « Souterraine », nom donné à la salle qui abrite les réserves d’or gardée par la Banque de France. Des proto-monnaies (coquillages, perles) aux chèques et cartes bancaires, les moyens d’échanges témoignent de savoir-faire spécifiques et racontent des pans entiers de l’histoire économique et politique. Les profils des empereurs romains et des rois de France, gravés dans le métal, constituent les premiers médias de diffusion pour les hommes au pouvoir. Des pièces exceptionnelles prennent place dans des vitrines, notamment l’écu d’or de Saint Louis, frappé en 1266, ou le premier franc de 1360, créé pour payer la rançon du roi Jean le Bon, prisonnier des Anglais.
 
Trois grosses machines témoignent des techniques d’impression et de frappe en lien avec l’évolution des techniques : une presse à assignats du XVIIIe siècle, la presse tailledouce, qui donne un léger relief et rend la contrefaçon des billets plus difficile et la célèbre presse de Nicolas Thonnelier qui a supplanté les presses manuelles à balancier, pour la frappe des monnaies.
 
L’attrait de l’or : Une alcôve est dédiée au métal précieux avec la présentation d’un vrai lingot (sous vitrine très sécurisée) et d’une fausse barre d’or (26,5 cm de long pour un poids de 12,5 kg) pour apprécier la densité du métal. On pourra suivre en direct le cours de l’or et se rassurer en contemplant les photos des stocks d’or de la Banque de France (photos imprimées sur les anciennes armoires fortes).
 
La vie d’un billet de banque : De la matière première qui le compose au choix de son graphisme, à son impression et son usure ou encore à sa contrefaçon, on apprend tout de la vie d’un billet de banque. Le processus créatif s’apparente à un travail d’artiste, comme en témoigne une sélection de billets emblématiques du style français. On s’attarde sur les pièces remarquables : les premiers billets, les assignats, les coupures aux valeurs extrêmes, tel le Bonaparte de 10 000 francs (émis en 1955). Et on s’amuse à créer son propre billet… qui n’aura que la © Banque de France / Confino valeur du souvenir de la visite.
 

L’offre culturelle : Aborder l’économie autrement

Comment rendre l’économie accessible ?
 
L’économie n’est, a priori, pas un sujet de musée et, dans l’approche de cette discipline, tous les visiteurs ne sont pas égaux. La médiation sur le parcours de l’exposition permanente et la pertinence de la programmation culturelle constituent donc des enjeux majeurs. Il s’agit de mettre l’économie à portée de tous les publics, de donner une traduction concrète aux concepts développés par la muséographie.
 
Le rôle essentiel des médiateurs sur le parcours permanent
 
S’il le souhaite, le visiteur peut faire la visite en toute autonomie, guidé par les totems des salles et les cartels. Cependant pour permettre à chacun de mieux apprivoiser la discipline, l’équipe en charge des publics a souhaité mettre en place une nouvelle forme de médiation. Des médiateurs, des facilitateurs seront présents à différents points du parcours pour répondre aux questions des visiteurs, faciliter l’accès à un jeu, à une manipulation, ou développer un thème en rapport avec un dispositif. Cette animation en direct, avec prise de parole ou proposition originale (des triporteurs mobiles dans les espaces d’exposition), est un engagement fort des équipes de Citéco afin que chacun trouve son rythme de visite. Dans le cadre de cette médiation-conversation, les médiateurs feront le lien avec des sujets d’actualité, tout en s’appuyant sur les dispositifs du parcours de l’exposition permanente.
 
Citéco se visite en solo, en tribu, en famille ou avec sa classe
 
En raison de son attrait patrimonial et de la variété de ses propositions en matière de sciences économiques, Citéco a le potentiel pour séduire des publics très divers : scolaires, étudiants, jeunes adultes, familles, séniors, entrepreneurs… Prenant en compte cette diversité, l’offre culturelle de Citéco propose des formats généralistes accessibles à tous les publics et des formats plus ciblés. Les événements réguliers sont proposés à des horaires adaptés (ateliers le week-end pour les familles, nocturnes pour les jeunes adultes).
 
Une attention toute particulière est portée au jeune public et au public scolaire (30% des visiteurs en prévision).
 
Des formats spécifiques leur sont dédiés, en lien notamment avec les établissements et les programmes scolaires. 100 jours avant la fin de l’année scolaire, à quelques mois des épreuves du baccalauréat, Citéco proposera des animations pour célébrer ce temps fort de la dernière année du secondaire (rencontres inter-lycées). La programmation épousera le rythme scolaire par des propositions jeune public, à découvrir en famille, durant les vacances (ateliers thématiques, projections) ; par des rendez-vous festifs pour annoncer, lors d’une soirée de rentrée, les thématiques de la saison et fêter la fin de l’année scolaire avec un Festival Écocotiers.
 
Les formats tous publics
 
L’économie est l’affaire de tous et le patrimoine un centre d’intérêt très partagé. Citéco a les atouts pour séduire les habitués des lieux culturels et tous les curieux. Toute l’année seront proposés des visites guidées patrimoniales, des ateliers thématiques, des conférences et un jeudi par mois, jusqu’à 22h, Citéco organisera une soirée sérieuse et festive, propre à séduire les 18- 35 ans. Au menu : des conférences dans l’auditorium, mais également des spectacles vivants (musique, danse) dans les espaces de réception et le bel escalier d’honneur. Enfin, Citéco participera à sa manière aux grands événements nationaux : la Nuit des musées, la Fête de la musique, Nuit blanche, les Journées européennes du patrimoine. Aussi, chaque trimestre, Citéco donnera carte blanche à un fablab pour animer un moment de création ouvert à tous ceux qui ont envie de « faire par eux-mêmes ». Une fois tous les deux mois, « Le déjeuner des entrepreneurs » sera un moment d’échange sur une thématique donnée.
 
Les formats ciblés : Citéco se veut à la fois un lieu de rencontres et d’échanges (tables rondes, conférences, masterclasses), de création (ateliers, workshops, fablab, game jam) et d’innovation (hackathon, présentations de prototypes, réemploi…). Les acteurs de l’économie, les entrepreneurs, les startups, seront invités à faire vivre Citéco lors de rendez-vous réguliers. Enfin, annuellement, la Masterclass de l’innovation réunira étudiants et entrepreneurs.
 
Citéco – Musée de l’économie, 1, place du Général-Catroux – 75017 Paris – Ouverture : 14 juin 2019
www.citeco.fr
 
(1) En 1878, Émile Gaillard achète deux terrains contigus à la plaine Monceau. Anciennement zone de pâturages et de cultures maraîchères, la plaine s’urbanise à la fin du XIXe siècle ; des hommes d’affaires avisés investissent et y achètent des parcelles pour les revendre. Le quartier a de solides atouts : il est bien desservi par le boulevard Malesherbes et l’avenue de Villiers ; il y a de la place, c’est chic, bourgeois et bien fréquenté, notamment par des artistes. Claude Debussy, Sarah Bernhardt y ont leur résidence. 
 
Photos : ©Banque de France  – Atelier Confino
 

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