Inscrite sur la Liste du patrimoine mondial par l’Unesco, la Saline royale d’Arc-et-Senans (Doubs) aménage un îlot de biodiversité unique dans l’Est de la France en prolongeant, 240 ans plus tard, le rêve de son architecte, Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806). Dans le cadre de son programme Biodiversité & Écosystèmes, la Fondation d’entreprise Hermès accompagne ce projet qui conjugue haute qualité environnementale et expérimentation sur un site d’architecture industrielle remarquable.
La saline Royale d’Arc-et-Senans aménage un îlot de biodiversité unique dans l’Est de la France, en miroir du site édifié par Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806). Il a pour objectif de devenir un lieu de référence internationale pour la création de jardins. Face aux bouleversements climatiques, « Un Cercle immense » constituera à terme un patrimoine unique résilient, associant créativité, biodiversité et histoire, à transmettre aux générations futures.
Manufacture dédiée à la production de sel, la Saline royale a été construite entre 1775 et 1779 à la demande de Louis XV. Des dessins d’époque témoignent toutefois du projet de cité idéale donnant au site existant la forme d’un cercle parfait, véritable utopie politique, sociale et architecturale imaginée par l’architecte visionnaire Claude-Nicolas Ledoux. Architecte, ingénieur et urbaniste, Claude Nicolas Ledoux a été reconnu comme l’un des cinq architectes les plus talentueux et célèbres du XVIIIe siècle. Néanmoins, il est l’un des bâtisseurs dont l’œuvre a le plus disparu : les 4/5 de ses travaux ont été détruits, notamment au moment de la Révolution. Son chantier le plus remarquable reste celui de la Saline royale d’Arc-et-Senans, partiellement réalisé.
Dès 2022, le « Cercle immense » entend rendre visible ce rêve demeuré inachevé et en faire un lieu de référence international pour la création de jardins, à partir des travaux du jardinier et paysagiste engagé Gilles Clément.
Sur son site, le jardinier, à la fois paysagiste, botaniste, entomologiste et écrivain, explique ce concept du Jardin en Mouvement selon lequel le jardinier tient un rôle d’observateur coopérant avec la nature. S’inspirant de la friche, le Jardin en Mouvement « offre un espace de vie laissé au libre développement des espèces qui s’y installent. Dans ce genre d’espace les énergies en présence – croissances, luttes, déplacements, échanges – ne rencontrent pas les obstacles ordinairement dressés pour contraindre la nature à la géométrie, à la propreté ou à toute autre principe culturel privilégiant l’aspect. Elles rencontrent le jardinier qui tente de les infléchir pour les tourner à son meilleur usage sans en altérer la richesse. « Faire le plus possible avec, le moins possible contre » résume la position du jardinier du Jardin en Mouvement. »
Le projet comprend tout d’abord un réaménagement de la Saline royale, tandis que le nouveau demi-cercle sera conçu de manière complémentaire au site actuel : 12 jardins seront répartis en quatre triptyques visitables toute l’année dont le centre d’intérêt est le végétal sous ses différents aspects : la graine, le sol, la vie, l’adaptation, la photosynthèse, la collaboration…
Des jardins pédagogiques propices aux ateliers, dont les thématiques font écho aux jardins en mouvement du 1er demi-cercle, seront réalisés : jardin des couleurs et des odeurs, jardin de plantes médicinales et aromatiques, jardin de céréales anciennes, potager en permaculture. Ce 2e demi-cercle accueillera les jardins éphémères du Festival pensés chaque année par les étudiants-paysagistes comme des laboratoires du paysage.
Ainsi, en miroir de la pelouse, une prairie fleurie ; dans la continuité des espaces culturels, des jardins pédagogiques ; en contrepoint de nouveaux jardins permanents, des jardins éphémères. Enfin, une promenade comestible prolongera un cheminement poétique dédié à la pensée de Ledoux.
Les jardins du Cercle immense seront dédiés à la transmission de connaissance (permaculture, céréales anciennes, plantes aromatiques et médicinales, traitement du sol, gestion de l’eau…), ils constituent le socle d’un projet pédagogique et citoyen ambitieux auquel seront associés plus de 400 élèves (du CAP au BTS) et 30 écoles chaque année.
Le « Cercle immense » a pour vocation de devenir un véritable laboratoire des métiers du paysage. La priorité accordée au respect des ressources naturelles du site constitue à la fois un défi, une source de créativité et un tremplin d’apprentissage pour les étudiants : limiter au maximum l’imperméabilisation des sols, utiliser le paillage pour limiter l’assèchement des sols, développer le système de compostage au sein du site, privilégier les matériaux locaux et les espèces végétales ne nécessitant pas d’arrosage, etc. Classé Espace Naturel Sensible, et labellisée Refuge LPO, la Saline royale est gérée en zérophyto depuis 2014.
Le grand public pourra aussi découvrir dès le début du mois de juin la créativité et la richesse de ce site agrandi selon le concept de « Jardin planétaire » énoncé par Gilles Clément : produire avec le vivant et non contre lui, entretenir et préserver ce que la terre nous offre pour construire un avenir durable et plus solidaire. Pour une immersion pédagogique, sensible et poétique au cœur d’un immense jardin en mouvement.
La biodiversité offre des services irremplaçables à l’humanité : oxygène, nourriture, médicaments. Aujourd’hui, l’utilisation planétaire des ressources pose des problèmes majeurs : changement climatique, effondrement de la biodiversité, or nous n’avons pas de deuxième planète.
L’ambition de Gilles Clément est d’établir à la Saline une école du Jardin planétaire. L’enjeu est d’éveiller les potentiels individuels et collectifs, de partager les savoirs et les techniques pour produire avec le vivant, et non contre lui, afin de donner à tout un chacun les outils d’un mieux vivre, pour coopérer, s’entraider et construire ensemble un avenir plus durable et plus solidaire.
Depuis l’automne 2020, la Fondation d’entreprise Hermès soutient ce projet (1). Inscrite sur la Liste du patrimoine mondial par l’Unesco, la Saline royale prolonge avec cet aménagement le rêve d’une cité idéale, cher à l’architecte utopiste : des jardins expérimentaux, pédagogiques et éphémères, dédiés à la transmission de connaissances en matière de préservation de notre biodiversité, complèteront bientôt le demi-cercle existant.
(1) Projet associé à l’agence paysagiste Mayot &Toussaint, le paysagiste Gilles Clément, le philosophe Sébastien Appert, Soberco environnement, l’architecte du patrimoine Philippe Allart (agence Alep Architectes)
Pour aller plus loin :
- Voir l’avancement des travaux de la Saline (au 17 mars 2021)
- Ecouter sur France culture : « Gilles Clément : « Un jardin, c’est l’enclos et le paradis » »
Photo d’en-tête : © Vents du futur