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Un appel aux géants de l’alimentaire : Mettez de la biodiversité dans nos assiettes !

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En France, le modèle agricole industriel actuel appauvrit la biodiversité, privant les agriculteurs des services écologiques offerts par la nature, et menaçant à terme notre capacité à nous nourrir. Il faut donc accélérer la transition agroécologique pour sortir d’une agriculture dépendante des intrants. Pour cela, l’association Noé demande, à travers un manifeste, aux six marques alimentaires les plus achetées en France (1), de devenir leaders de cette transition en augmentant leur offre de produits issus de l’agroécologie et de l’agriculture Bio. Bonduelle, Fleury-Michon, Harry’s, Herta, Panzani, Président, aidez-nous à remettre la biodiversité dans nos assiettes !
 
Plus de la moitié du territoire français est agricole (2). Le modèle industriel qui y est largement pratiqué favorise la monoculture et simplifie les écosystèmes agricoles (destruction des haies et des mares, érosion des sols). Il est dépendant de l’utilisation de grandes quantités de pesticides et de fertilisants de synthèse, d’un travail mécanisé intensif du sol et de la consommation d’énergies fossiles.
Ces pratiques ont un impact majeur sur la biodiversité. Elles sont responsables de la disparition d’un tiers des populations d’oiseaux des milieux agricoles en France en vingt ans (3), et sont la première cause du déclin mondial des insectes (4).
Pourtant, en ayant recours à des pratiques qui détruisent les équilibres écologiques naturels et qui nuisent aux organismes auxiliaires (insectes pollinisateurs, vers de terre), les agriculteurs se privent d’alliés précieux. Pour maintenir les rendements, ils doivent remplacer les services que la biodiversité leur offrait gratuitement par une utilisation croissante d’intrants. C’est un cercle vicieux.
 

La perte de biodiversité menace à terme notre capacité à nous nourrir

Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, notre capacité à produire de la nourriture dépend directement de la biodiversité (5). 85 % de nos cultures dépendent des insectes pollinisateurs (6). Les auxiliaires des cultures assurent au minimum 50 % du contrôle des organismes nuisibles, comme par exemple la coccinelle qui dévore les pucerons (7).
Un sol vivant, c’est-à-dire riche en organismes divers (bactéries, champignons, vers de terre), recycle la matière organique et fournit naturellement des nutriments, stocke et restitue l’eau, permettant ainsi de réduire les besoins en irrigation (8).
La diversité des cultures et des variétés favorise leur résilience face aux agressions biologiques et climatiques.
 
Les 12 fondamentaux de l’agroécologie (Source : Terre et humanisme)
 

Une solution : l’agroécologie

L’agroécologie consiste à maximiser les services écologiques que nous offre la nature pour faire de la biodiversité une alliée de l’agriculture. Elle préserve la fertilité naturelle du sol, et met en place une diversification des cultures et des infrastructures écologiques (haies, mares, prairies, etc.). Ces pratiques permettent de rétablir le bon fonctionnement des systèmes écologiques. L’agriculteur peut ainsi diminuer, voire arrêter l’utilisation de produits chimiques, et préserve ainsi les nombreux organismes vivants qui l’aident au quotidien (9). C’est un cercle vertueux.
Nous savons aujourd’hui qu’il est possible de nourrir l’Europe sur ce modèle. De surcroît, cela permettrait de baisser de 40 % les émissions de gaz à effet de serre des Européens (10).

LIRE DANS UP’ : Pour nourrir dix milliards d’humains, il faudra une révolution agricole et alimentaire

Un objectif fédérateur : 2/3 de la surface agricole française en agroécologie et en bio d’ici 2030

Les États Généraux de l’Alimentation en 2017 ont réuni les parties prenantes de l’agriculture et de l’alimentation (11). Celles-ci ont convenu des modalités à mettre en œuvre (12) pour offrir en 2030 une nourriture « de toutes les qualités » aux Français (13).
Leur conclusion est qu’il est nécessaire de parvenir à « une production agricole constituée pour un tiers de produits Bio, un tiers de produits équivalents à la Haute Valeur Environnementale -HVE- et un tiers de produits bénéficiant de la certification environnementale de niveau 2. »
Pour résumer, 2/3 de la production agricole serait issue de pratiques agricoles n’utilisant pas ou peu de pesticides et favorisant la biodiversité, et le tiers restant serait engagé dans une démarche de progrès vers l’agroécologie. Cet objectif à 2030 serait une étape vers un modèle agricole entièrement basé sur l’agroécologie d’ici 2050.
 

Les industriels de l’agroalimentaire ont le pouvoir de provoquer un changement d’échelle

Les industriels et la grande distribution ont un rôle essentiel à jouer en faveur de la transition agroécologique. A travers leurs relations avec les fournisseurs (producteurs et coopératives), ils peuvent soutenir et créer des filières vertueuses pour la biodiversité et notre santé. Ils peuvent par exemple mettre en place avec les producteurs des contrats incitatifs qui donnent à ces derniers les moyens de faire évoluer leurs pratiques vers les certifications Bio et HVE.
 
A quoi reconnaît-on un produit issu de l’agroécologie ?
Le logo Haute Valeur Environnementale (HVE) permet d’identifier les produits des agriculteurs qui mettent en place des pratiques agroécologiques. La présence de ce logo sur un produit signifie que l’agriculteur favorise la biodiversité sur son exploitation en ayant faiblement recours aux produits chimiques et en maintenant des éléments naturels (arbres, haies, bandes enherbées, etc.). Cette certification s’adresse aujourd’hui uniquement aux exploitations situées sur le territoire national, garantissant de ce fait le soutien à la production agricole française.
 
La certification environnementale de niveau 2, moins exigeante que la certification HVE (niveau 3), certifie que l’agriculteur limite ses apports d’intrants (pesticides et fertilisants de synthèse). Les produits HVE sont encore peu présents dans les rayons des supermarchés français. Cependant le nombre d’exploitations certifiées est en hausse rapide, et des enseignes comme Intermarché et Leclerc ont fait le choix d’engager leurs filières dans cette démarche (blé, fruits, légumes, vin…).
 
HVE et Agriculture bio : des démarches complémentaires

Le label Bio garantit l’absence de pesticides de synthèse. Bien que ne faisant pas directement référence à la biodiversité, c’est également un mode de production qui lui est favorable. En cela, demander davantage de produits bio et HVE dans nos assiettes permet de valoriser des pratiques complémentaires, et toutes deux nécessaires dans le contexte d’urgence environnementale actuel

 
 
 
 
Le manifeste de l’association Noé, soutenue par la Fondation GoodPlanet, REFEDD, Fermes d’avenir et l’association nationale pour le développement de la certification Haute Valeur Environnementale, demande aux six marques préférées des Français qu’elles s’engagent dans la transition agroécologique.
Ces six marques sont leaders au sein des filières de production de lait, porc, poulet, bœuf, légumes, blé et œufs, qui sont par ailleurs celles sur lesquelles l’offre en produits bio et durables français peine à suivre la demande (18). Certaines de ces marques ont déjà engagé des démarches de progrès.
Elles doivent devenir pionnières de la transition agroécologique et créer ainsi un effet de levier au sein de leurs filières en s’engageant dès aujourd’hui à proposer d’ici 2030 aux consommateurs français 1/3 de produits Bio issus de l’agriculture française, 1/3 de produits certifiés Haute Valeur Environnementale et 1/3 de produits équivalents à la certification environnementale de niveau 2.
 
 
(1) Selon l’étude annuelle des marques nationales PGC-FLS les plus achetées en France, hors boissons – Brand Footprint 2018 – Kan­tar Worldpanel. https://www.kantarworldpanel.com/fr/A-la-une/brand-footprint-2018#
(2) Statistique agricole annuelle 2016-2017. Agreste Chiffres et données. Février 2019. http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/cd2019-1fevrier2019v2.pdf
(3) Agriculture et biodiversité – Valoriser les synergies. Synthèse du rapport d’expertise réalisé par l’INRA, juillet 2008. http://inra.dam.front.pad.wedia-group.com/ressources/afile/234057-4fc50-resource-expertise-agriculture-et-biodiversite-synthese.html
(4) Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers. F. Sanchez-Bayo, K.A.G. Whyckhuys. Avril 2019. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0006320718313636
(5) The state of the world’s biodiversity for food and agriculture. Rapport de la Food and Agriculture Organization of the United Na­tions. 2019. http://www.fao.org/3/CA3129EN/CA3129EN.pdf
(6) Rapport d’évaluation sur les pollinisateurs, la pollinisation et la production alimentaire. Résumé à l’intention des décideurs par l’IPBES, 2016. http://www.fondationbiodiversite.fr/images/decisionspubliques/IPBES/resumes_ipbes_2016/rapport_V_longue_BD.pdf
(8) Les services écosystémiques rendus par les écosystèmes agricoles. INRA Science & Impact. Novembre 2017.
(9) Agriculture et biodiversité – Valoriser les synergies. Synthèse du rapport d’expertise réalisé par l’INRA, juillet 2008. http://inra.dam.front.pad.wedia-group.com/ressources/afile/234057-4fc50-resource-expertise-agriculture-et-biodiversite-synthese.html
(10) Une Europe agroécologique en 2050 : une agriculture multifonctionnelle pour une alimentation saine. Enseignements d’une modéli­sation du système alimentaire européen. Xavier Poux et Pierre-Marie Aubert. IDDRI. Septembre 2018. https://www.iddri.org/sites/default/files/PDF/Publications/Catalogue%20Iddri/Etude/201809-ST0918-tyfa.pdf
(11) Tenus en 2017. Ils ont regroupés représentants de producteurs, syndicats, acteurs de l’agroalimentaire, associations environne­mentales et agricoles, cabinets de conseil, chercheurs.
(12) Seules la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) et Coop de France ont émis des réserves sur cet objectif.
(13) Définie comme durable, saine et diversifiée. Définition issue de l’atelier 11 des États Généraux de l’Alimentation : « Réussir la transition écologique et solidaire de notre agriculture en promouvant une alimentation durable ». http://www2.assemblee-nationale.fr/static/15/commissions/CAffEco/egalim-atelier11.pdf
(14) Ci-dessous les démarches reconnues, dont Carrefour qui bénéficie d’une reconnaissance sectorielle sur les pommes Engage­ment Qualité Carrefour. https://agriculture.gouv.fr/certification-environnementale-liste-des-demarches-reconnues-par-le-minis­tere-de-lagriculture
(15) Source : Une certification environnementale pour les exploitations agricoles. Pour concilier agriculture et environnement. Pla­quette du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Janvier 2018. https://agriculture.gouv.fr/certification-environnemen­tale-mode-demploi-pour-les-exploitations
(16) 800 exploitations en 2017, presque 1500 en 2018, soit + 80 % en 2018. https://hve-asso.com/hve-quesako/
(17) Agriculture et biodiversité – Valoriser les synergies. Synthèse du rapport d’expertise réalisé par l’INRA, juillet 2008. http://inra.dam.front.pad.wedia-group.com/ressources/afile/234057-4fc50-resource-expertise-agriculture-et-biodiversite-synthese.html
(18) Dans la bio, « le temps du marketing n’est pas celui de l’agriculteur ». Sébastien Pommier pour l’Express l’Expansion, 24 février 2018. https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/dans-le-bio-le-temps-du-marketing-n-est-pas-celui-de-l-agricul­teur_1987498.html
 
 

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