Des « trésors cachés » à L’Agence du court métrage, ce serait quoi ? Sans doute, pour une bonne part, des œuvres constitutives, des films qui nous sont chers, qui forgent une identité (laquelle serait bien difficile à délimiter d’ailleurs, tant L’Agence du court métrage se place – c’est sa mission – au service de tous les films, de tous les ayants droit).
Dans cette acception, donc, ces « trésors », il ne s’agit pas de les garder pour soi, mais bien entendu de les partager, de les dévoiler, de les donner à voir. Quitte, espérons-le, à ce qu’ils appartiennent – aussi – à d’autres ensuite : les spectateurs, les cinéphiles, les curieux, en premier lieu.
La Cinetek a proposé à La Cinémathèque Française, La Cinémathèque de Toulouse, la Deutsche Kinemathek, l’INA, Lobster Films, Gaumont et désormais L’Agence du court métrage de choisir et de présenter ici leurs « trésors cachés ». Des films rares, qu’ils affectionnent particulièrement et dont ils possèdent les droits ou pour lesquels ils ont œuvré à la restauration.
Cette rubrique est la leur et leur permettra de venir régulièrement enrichir le catalogue. Avec le désir partagé de rendre visibles des films jusque-là presque invisibles.
Alors, répondre à cette invitation de La Cinémathèque des Réalisateurs, rien de plus naturel à vrai dire, puisque la circulation des œuvres, leur exposition est au cœur de leur activité depuis près de 40 ans. En tant que structure essentiellement pensée à l’orée des années 1980 par des cinéastes, L’Agence du court métrage se réjouit d’être maintenant membre de la Cinémathèque des Réalisateurs et de pouvoir ainsi participer activement d’une éditorialisation si nécessaire dans le flux croissant des propositions de cinéma en ligne.
Dès lors, comment choisir ? Comment choisir dans un catalogue de près de 14 000 films, où les œuvres vont d’une minute à une heure, où se mêlent les époques et les genres : de la fiction à l’animation, en passant par le documentaire ou l’expérimental ?
Il s’agit de restreindre d’abord. De se contenter de dix films. Deux fois par an. Bref, d’opérer de vrais choix. Et si les « trésors » sont nombreux à L’Agence du court métrage, ils ne sont pas tous « cachés » (sauf à considérer que le court métrage soit intrinsèquement confidentiel, ce que certains esprits chagrins pensent encore d’ailleurs, mais c’est un autre débat…).
Ainsi, n’est-il pas proposé ici ces « classiques » bien connus d’auteurs passés au long, encore moins ces valeurs sûres, « mini-hits » qui circulent depuis des années en salles, en festivals ou sur les plateformes. Et s’il s’avérait, quand bien même, que certains films de cette première sélection soient signés de cinéastes mieux connus ensuite pour leurs longs métrages, c’est pour bien d’autres raisons qu’ils auraient été ici programmés. Pour leur qualité de mise en scène, leur regard, leur originalité, évidemment. Mais tout autant parce qu’ils appartiennent à l’ADN de l’association. Parce qu’ils ont une histoire, aussi, avec les programmateurs qui s’y sont succédés et qui les ont défendus et promus au fil des ans.
L’autre critère, bien sûr, c’était la rareté, la possibilité précieuse de faire ressortir des films un peu oubliés parfois, mais que l’on gagne à redécouvrir aujourd’hui. Des films discrets par nature, qui constituent pourtant, des jalons essentiels d’une histoire parallèle du cinéma français. Des œuvres, dont nous avons la responsabilité d’assurer la conservation, la circulation, mais surtout la pérennité et la mémoire.
Ainsi, espère-t-on que, de Daisy Lamothe à Henri-François Imbert en passant par Ingrid Gogny, Stéphane Drouot et Lucien Dirat, cette première sélection soit le reflet d’un goût ouvert sur la diversité et la pluralité de propositions qu’offre le court métrage. Un format, faut-il le rappeler, qui n’a finalement que la durée – un critère strictement objectif – pour le définir et le circonscrire.
Les 10 films proposés par l’Agence du court-métrage
In Transit de Cédric Klapisch (1986)
Les mésaventures kafkaïennes de Léopold Pavlovsky, bloqué en transit à New York.
Alias de Marina de Van (1998)
Le jour de son anniversaire, Juliette est trop triste pour se préoccuper de cette inquiétante femme de ménage qui imite ses gestes et convoite ses vêtements.
La Femme papillon de Virginie Bourdin (2003)
Un spectateur, qui est une marionnette, applaudit devant les tours de magie de la femme papillon, dont il est amoureux. Sous la force de ses applaudissements, les fils qui le tiennent en place cèdent.
Rouen, cinq minutes d’arrêt d’Ingrid Gogny (1996)
Un dimanche, Marguerite, jeune rouennaise enceinte, et Mario, un marin espagnol en transit, font connaissance, le temps d’attendre un train.
Roland de Lucien Dirat (1995)
C’est l’histoire de Roland, qui passa 12 années de prison et s’évada souvent. Il joua son propre rôle dans Le Trou de Jacques Becker. Son histoire est racontée à deux voix : la sienne et celle de sa fille.
Star Suburb : la banlieue des étoiles de Stéphane Drouot (1983)
La nuit, dans une H.L.M. galactique. Mireille, petite fille insomniaque, est inquiétée par d’étranges bruits et lumières…
La Peur, petit chasseur de Laurent Achard (2004)
Une maison à la campagne. Un jour de novembre. Silencieux, dans un coin du jardin, un enfant attend.
Les Temps morts de René Laloux (1964)
Un cadavre exquis – sur le thème de l’assassinat – avec des documents filmés et des dessins de Topor.
Devant le mur de Daisy Lamothe (1987)
L’histoire de la vie de Paul aboutit à un signe, après qu’il ait quitté son monastère…
Sur la plage de Belfast de Henri-François Imbert (1996)
Belfast, il y a 12 ans : un film de famille, tourné au bord de la plage. Paris, octobre 1994 : le désir de retrouver cette famille. Un voyage en Irlande du Nord au lendemain du cessez-le-feu. Charmain, la petite fille du film a aujourd’hui 16 ans.
Tous ces films sont disponibles à la location sur LACINETEK.COM rubrique Trésors cachés pour 1,99€ en SD et 2,99€ en HD excepté pour Rouen, 5 minutes d’arrêt qui est à 0,99€ en SD et 1,99€ en HD.
L’Agence du court métrage est née en 1983 de la volonté de nombreux professionnels (réalisateurs, producteurs, exploitants, festivals) de promouvoir et développer la diffusion du court métrage, sur tous les écrans et pour tous les publics.
Son catalogue réunit près de 14 000 films de moins d’une heure, mêlant fiction, animation, documentaire et expérimental, des origines du cinéma aux œuvres les plus récentes.
L’association développe aujourd’hui ses actions autour de 4 grandes missions :
- Distribution, en conseillant et en accompagnant les programmateurs dans leurs différents projets.
- Conservation et numérisation des œuvres de son catalogue.
- Transmission, à travers de nombreuses actions pédagogiques et l’édition de la revue Bref et de sa plateforme Brefcinema.
- Accompagnement de la filière professionnelle, en proposant outils et services à ses différents acteurs.